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Puisqu’on aborde maintenant la seconde moitié de la Wonder Week horlogère et qu’on se prépare à l’atterrissage pour cette édition de Genève 2010, quelques nouvelles du front, mais aussi de la périphérie nocturneet ludique des différentes expositions : votre Quotidien des Montres a veillé tard pour explorer les nuits genevoises.

…À SON POSTE, LE FRANC-TIREUR A…

••• DÉCERNÉ À L’ÉQUIPE DE THE HOUR GLASS (SINGAPOUR)…
…le Prix de la meilleure blague de tout Genève 2010 (non, il ne s’agit pas de « Coups de coeur de la presse horlogère !) : imaginez Mike Tay et sa douzaine de cadres débarquant chez une des stars de la profession et affichant d’emblée une impassibilité totale, un insensibilité de marbre aux nouveautés et des intentions de commandes plus que sceptiques, tout juste à l’unité, presque consenties par politesse et du bout des lèvres. Imaginez la star en question changeant de couleur, blêmissant, serrant les mâchoires et se demandant déjà où et pourquoi il avait tout faux en imaginant son année compromise. Imaginez le sérieux imperturbable de nos amis singapouriens…
Evidemment, c’était une blague et une bonne farce, dénouée sur quelques mots en chinois et une hilarité générale, avec le retour d’un peu de couleur sur les joues de la star horlogère et un niveau de commandes qui explosait des compteurs déjà hauts en pression. A ce niveau de rigolade, on ne perd pas la face : on prouve que la nouvelle génération horlogère – côté marques ou côté détaillants – est avant tout une affaire d’état d’esprit, de complicité et de coopération…


••• VÉRIFIÉ QU’UNE DES PLUS BELLES FÊTES…
…de tout Genève 2010 n’était pas une grande messe compassée, mais la sympathique soirée Rudis Sylva,, avec ses spécialités franche-montagnardes (liste publiée par Business Montres le 14 janvier) qui prouvaient que la saucisse – motif historique de fâcherie entre Baselworld et le SIHH – avait décidément partie liée avec la haute horlogerie. Pire aux yeux des puristes : cette saucisse grillée, médaille d’or des saveurs suisses, était même accompagnée de quelques flacons fournis par la Brasserie des Franches-Montagnes. Bière et saucisses à Genève : Alain-Dominique Perrin y survivra-t-il ? Le fort contingent journalistique suisse [ils étaient tous là, ou presque !] qui avait fait le déplacement pour cette farandole de spécialités jurassiennes tendrait d’ailleurs à prouver que les mondanités au champagne ne sauraient remplacer un solide saucisson de cheval arrosé à la Mandragore (toujours BFM). D’autant que, fines mouches, ces journalistes horlogers savaient qu’ils allaient croiser chez Rudis Sylva la fine fleur des fournisseurs de la haute horlogerie suisse. Fournisseurs qui sont les vrais magiciens de ces complications présentées comme « 100 % manufacture » par les grandes marques. Il ne manquait plus qu’un choeur chantant la Rauracienne, mais c'était pour plus tard dans la nuit mouillée de Genève en janvier…


••• FAIT UN SAUT CULTUREL ET GÉNÉRATIONNEL…
…en enchaînant sur la traditionnelle Nuit Cvstos au Java de Genève, rendez-vous des jolies filles et des jeunes gens friqués-chic à en croire l’impressionnante collection de voitures garées devant le club : c’est le milieu de la semaine et les jeux sont faits, les principaux détaillants commençant à repartir de Genève. A en juger par le moral de Sassoun Sirmakes, la récolte 2010 doit être très loin d’être mauvaise ! Avec un étonnement : l’excellente santé du marché français – généralement plus maussade – pour une jeune marque qui y surperforme pour des raisons encore un peu mystérieuses. Avec cette Cvstos Night très cosmopolite, on était loin du robuste humour des Franc-Montagnards, mais les discussions témoignaient d’une même passion : il faut vraiment être « mordu » pour passer sa journée à parler de montres et remettre ça toute la nuit sans se lasser. C’est ça, la magie de Genève 2010 !


••• SENTI NETTEMENT LA TEMPÉRATURE RETOMBER
…au Parc des Bastions, où le SIHH avait très opportunément repris cette année sa tradition de l’After : déjà beaucoup moins de monde – et donc d’ambiance – ce mercredi soir pour la traditionnelle « décompression » d’après-salon. Le choix des Bastions n’était pas forcément l’idéal pour des invités étrangers : c’est un peu loin des hôtels et la situation un trop agreste (style le pavillon au fond du jardin) pour ne pas créer de rupture avec l’esprit hyper-urbain et très tendance de la jeune génération SIHH.


••• DÉNICHÉ UNE PIERRE ULTRA-CHIC CHEZ JEAN DUNAND…
…qui propose un « saphir noir » encore plus rare que le classique saphir bleu : selon la lumière, le bleu profond de cette pierre plutôt rare tourne au noir et permet de superbes effets de sertissage sur la lunette. Effets qui ne doivent pas faire oublier le travail de Jean Dunand sur les cadrans en pierre dure : la collection devient impressionnante pour habiller son Tourbillon orbital, toujours aussi impressionnant et contemporain, quoiqu’il ait maintenant cinq ans. A voir au Beau Rivage, où Jean Dunand tient salon avec Maîtres du Temps et Horus, présent pour la première fois à Genève…


••• APPLAUDI LE VIRAGE FRANCHEMENT MÉCANIQUE DE PIAGET…
…qui met cette année en valeur son patrimoine manufacturier : après les années Pierre & Gilles, il était temps pour une marque on ne peut plus intègre, qui n’emboîte dans ses collections que ses propres mouvements (100 % vraiment manufacture) ! Patrimoine mis en valeur cette année au SIHH par un immense « tableau de bord » qui présente une vingtaine de mouvements de la marque, avec la possibilité de les passer à la loupe, de façon très classique et très littéralement, mais aussi sur grand écran intégré, avec fiches techniques et agrandissement à l’appui. Une très belle idée pédagogique, qui rend hommage à l’héritage mécanique d’une marque qui a inventé l’ultra-plat, coqueluche de l’année dans la haute horlogerie…


••• DÉCOUVERT UNE NOUVELLE RÉPÉTITION MINUTES CHEZ GUY ELLIA…
…venu cette année s’initier aux subtilités de la Wonder Week genevoise : au détour d’un couloir de l’hôtel des Bergues, il présentait quelques pièces post-Baselworld (désormais en production) plutôt que des nouveautés pré-Bâle, mais une de ses répétition minutes méritait le détour. Cette Zephir très particulière (ne serait-ce que par son parti-pris de transparence : elle paraît taillée dans le saphir, flancs compris) propose à la fois une répétition minutes à timbre cathédrale et un quintuple affichage de fuseaux horaires par « rouleaux », sans oublier la réserve de marche (image ci-dessus). Cinq fuseaux horaires, donc : celui de la montre, ainsi que celui des deux « rouleaux » visibles côté cadran (heure et ville de référence), plus les deux références (ville et heure) lisibles sur ces mêmes « rouleaux », mais cette fois au dos de la montre (fond saphir). Complication supplémentaire de cette montre imposante au poignet sans être ridicule (53 x 47 mm), dont la structure en titane et le corps en saphir favorisent la résonance : le poussoir déclencheur de la sonnerie est logé à 6 h, et non plus à 10 h dans sa position latérale traditionnelle. Une pièce impressionnante dans sa dynamique multi-sensorielle (vue, toucher, ouïe)…


••• CROISÉ SUR LES SALONS BEAUCOUP DE DESIGNERS…
…horlogers, venus s’en mettre « plein les yeux », avec beaucoup de jeunes espoirs dans leur sillage, comme la sympathique équipe parisienne d’Artime-Designby8 (concept révélé par Business Montres en octobre dernier), qui est en train de lancer la fabrication de son premier prototype d’horloge masquée à heures « secrètes », secondes « singulières », affichage digital et temps « rattrapant ». Très pointu sur le plan électro-mécanique, mais très excitant et d’autant plus à suivre qu’un réseau d’excellents fournisseurs Swiss Made – c’était une des conditions-clés du cahier des charges – vient de se mettre en place pour jouer les bonnes fées au-dessus du berceau : si ce n’est pas pour Baselworld, ce sera pour plus tard, mais on reparlera certainement de cette néo-horlogerie « proustienne » !


••• ENTENDU PLUSIEURS DÉTAILLANTS PARLER DE MARVIN…
…(marque présentée à GTE) pour en dire beaucoup de bien et en faire une des références les plus « chaudes » de Genève 2010 : apparemment, la requalification horlogère des nouvelles collections plaît beaucoup, de même que le positionnement prix (moins de 1 000 francs suisses, 650 euros), idéal pour ces temps de crise quand le produit est à la hauteur. Le partenariat avec Sébastien Loeb et le coaching du tourbillonnant Jean-François Ruchonnet laissent également penser que les prochains mois seront plus rock n’roll que les précédentes années, au cours desquelles la marque en pleine renaissance se cherchait un peu…


••• FAIT LE POINT (ENTRE QUATRE YEUX)…
…avec plusieurs patrons de marques du SIHH qui avouent, très sincèrement, leur manque de certitudes pour 2010 et leur crainte de voir l’économie mondiale « rechuter » dans une sorte de réplique plus ou moins grave de l’automne 2008 : la lecture de la presse économique sur les risques d’une « surchauffe » en Asie – qui reste le seul moteur d’une « reprise aux pieds d’argile » [excellente expression de Bastien Buss, dans L’Agéfi, Suisse] – semble les intéresser plus que les compte-rendus de la presse horlogère sur Genève 2010. Surtout à l’heure où tous misent tout sur la Chine, « espoir suprême et suprême pensée » (Victor Hugo) de la haute horlogerie suisse


••• NOTÉ L’OUVERTURE DE LA PREMIÈRE BOUTIQUE CVSTOS…
…(monomarque) à Singapour (Mandarin Gallery, sur Orchard Road), où Sincere a décidé d’initier les amateurs locaux aux charmes de la nouvelle génération des montres design a fort contenu horloger. En revanche, la boutique-manufacture-atelier-salon-musée-siège social (ouf !) de Cvstos semble toujours au point mort à Genève (quartier de saint-Gervais), avec ses vitrines aveugles en bas de l'avenue James-Fazy, mais ce ne serait plus, semble-t-il, qu’une question de… mois et de quelques coups de tampons administratifs…