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Quelques nouvelles du front de la recherche scientifique pour accompagner le début de l’année : ce qui se passe dans les labos est de plus en plus intéressant pour l’horlogerie.
••• STRESSÉS ET PRESSÉS DE CONSOMMER
Dans un passionnant article du Journal of Consumer Research, Jonathan Levav et Rui Zhu (Université Columbia) ont étudié l’interaction entre le comportement d’achat et le sentiment d’oppression. Conclusion : plus le client est oppressé, plus il compense cette sensation de perte de liberté en consommant plus et en diversifiant ses achats. La perte de liberté de mouvement (taille réduite des allées, plafonds bas, offre foisonnante, magasin surpeuplé) excite le besoin de liberté dans les achats ! Moralité : un magasin très achalandé et très encombré doit proposer une immense variété de produits (le confinement profite aux marques peu connues), alors qu’un magasin plus spacieux ne doit mettre en avant que des produits appréciés...
••• IDÉE HORLOGÈRE : plus la boutique horlogère est encombrée, plus le choix des marques doit « ratisser » large [on va parler ici d’effet Picciotto/ChronoPassion !]. En revanche, dans les salons de la place Vendôme, on doit jouer la montre-star [on va parler ici de l’effet Boucheron !]. Et entre les deux ? Prière d’étudier à fond l’article ci-dessus...
••• PLASTIQUE ET CAOUTCHOUC À LA FOIS
L’Institut des combinaisons organiques élémentaires Nesmeyanov (INEOS) de l’Académie des sciences de Moscou vient de mettre au point un nouveau matériau polymère doté d’un fort coefficient d’élasticité en même temps que de rigidité. Bref, à la fois un plastique solide et un caoutchouc souple ! Il s’agit d’un synthèse – et non d’une superposition de matériaux – de deux polymètres (un très élastique et un vitreux). Utilisation : prothèses médicales, chaussures spéciales, pièces automobiles et aéronautiques, absorbeurs de vibreations...
••• IDÉE HORLOGÈRE : il est évident que ces matériaux composites à propriétés complémentaires sont parfaits pour les composants des mouvements ou les pièces d’habillage soumis à des contraintes opposées. A suivre de très près...
••• SUPER-MÉTAL NACRÉ
Une équipe de l’Institut Max Planck de recherche sur les métaux (Stuutgart) vient de mettre au point un super-matériau très résistant, directement inspiré de la nacre des coquillages : il est constitué de couches de dioxyde de titane superposé à des couches de polymère, soit un cumul des propriétés à la fois dures et élastiques de ces deux matériaux. Cets l’étude de la nacre (couche de cristaux d’aragonite et de protéines) qui a permis cette avancée : le nouveau composite est quatre fois plus résistant (résistance à la rupture) qu’une couche de dioxyde de titane de la même épaisseur. Usages envisagés : revêtements ou implants médicaux.
••• IDÉE HORLOGÈRE : pourquoi pas des revêtements de boîtiers ou des revêtements de composants soumis à des contraintes et exposés à des ruptures ?
••• TRIBOLOGIE
La « science des frottements » semblant devenir une discipline-clé de la nouvelle horlogerie, une bonne nouvelle : le XTribology (Excellence Centre of Tribology) est un nouveau centre international de compétences spécialisé dans les technologies de traitement de surface. Il fonctionne depuis ce début de janvier en Autriche (Wiener Neustadt, land de Basse-Autriche) avec plus de 70 partenaires industriels et plus de 20 partenaires scientifiques. Domaines d’études : tribologie, interactions de lubrifiants et de surfaces, processus d'abrasion, tribodiagnostic intégré et tribodesign, modelage multi-échelle. Pas d’horloger à l’horizon pour l’instant. Renseignements : AC2T...
••• IDÉE HORLOGÈRE : pourquoi pas, demain, des vrais composants sans lubrifiants et des états de surface sans abrasion (vieux rêve d’Abraham Louis Breguet) ?
••• DES VAGUES DE PURS DIAMANTS
Imaginez une vraie mer, dont les flots seraient de diamants ! Dans une étude publiée par Nature Physics (Etats-Unis), une équipe de chercheurs californiens ont établi que certaines planètes gazeuses du système solaire pourraient receler des... océans de diamant liquide semées de sortes d’« icebergs » en diamant solide. Explication : en augmentant à la fois la pression et la température, les atomes de carbone du diamant se liquéfie (minimum 40 millions de fois la pression de la Terre, soit 40 mégabars, et 50 000 °C). On est encore loin de pouvoir reproduire ces conditions, même avec le laser le plus puissant de cette planète...
••• IDÉE HORLOGÈRE : rien de réaliste, sinon un peu de poésie et le rêve d’une joaillerie qui ferait couler des vraies larmes de diamants dans ses rivières...
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