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Mathias Buttet et sa garde rapprochée d’ex-employés de BNB sont récupérés in extremis par Jean-Claude Biver, qui les installe à Nyon dans la manufacture Hublot, avec idées créatives, armes et bagages...
••• OPÉRATION COMMANDO POUR UN SAUVETAGE D'URGENCE
Ces jours-ci, Mathias Buttet en a pris plein la figure : alors qu’il se battait pour assurer les salaires (treizième mois et congés) à ses 93 employés, par exemple en relançant lui-même les fournisseurs et les clients de BNB, il a tout entendu à son sujet et il a pu compter ses amis. Le tout sous une pression médiatique des plus intenses, dans laquelle il a tout de même réussi à préserver les intérêts matériels de son personnel...
Aujourd’hui, Mathias Buttet a fait un bond avec son équipe par-dessus l’autoroute Genève-Lausanne, en sautant de Duillier, où toute la manufacture a été mise sous clé par le liquidateur, à Nyon, à portée de fusil de BNB, dans le nouveau bâtiment de la manufacture Hublot.
A ses côtés, une vingtaine de ses fidèles [on imagine que ce ne sont pas les plus mauvais horlogers de la troupe], qui seront bientôt à pied-d’œuvre sur une partie du parc machines et de l’outil industriel de l’ex-BNB. L'aventure peut continuer, y compris celle de la Confrérie horlogère et de ses fantastiques projets (Business Montres du 8 janvier).
« Il faut sauver le soldat Buttet et son commando », expliquait hier Business Montres en appelant à une « solution suisse pour limiter les dégâts ».
Comme le prévoyait Business Montres, l’initiative a été celle d’un « acteur de bonne réputation » (Jean-Claude Biver, assez médiatique pour créer la confiance), d’un opérateur local (difficile que faire physiquement plus près de BNB que Hublot, qui était déjà le premier client de BNB) et d’un initié aux réalités horlogères, qui a tout compris de la situation et choisi de préempter au plus vite le « cœur battant créatif » de BNB, Mathias Buttet compris.
L’ex-administrateur de BNB se retrouve donc à Nyon, chapeauté par Jean-Claude Biver et Ricardo Guadalupe, directeur général de Hublot. La nouvelle structure BNB-Hublot n’a pas encore de nom, mais elle sera opérationnelle dès le 1er février : ce nouvel atelier de « motoriste » sera le pourvoyeur des mouvements Hublot hier réalisés par BNB, mais aussi – dans des conditions qui restent à définir – de mouvements destinés aux marques tierces.
Il est probable que Chaumet, qui devenait venir s’installer chez Hublot à Nyon, cédera sa place à ce nouveau motoriste, filiale de Hublot, et donc indirectement du pôle horlogerie de LVMH : « Tant chez Richemont que chez LVMH, PPR ou Swatch Group, on ne pourrait que regarder de près cette occasion à saisir », écrivait Business Montres...
Une fois de plus, Jean-Claude Biver a été le plus réactif et son intelligence manoeuvrière a visiblement été suivie par l’état-major de LVMH, avenue Montaigne, où la présence du patron de Hublot était signalée ce lundi.
Au-delà du sauvetage personnel de Mathias Buttet (image ci-dessus : © Sylvain Muller), qu’on peut imaginer plus décidé que jamais à se faire plaisir et à « s’éclater » dans des concepts horlogers radicaux, et au-delà de la sécurité retrouvée pour une vingtaine de familles du monde horloger, on ne peut que saluer cette initiative stratégique de LVMH, qui relance la donne sur le marché de la haute horlogerie créative – soit un terrain où on n’attendait plus le groupe de luxe français...
••• MERCI À JEAN-CLAUDE BIVER, au nom de toute la haute horlogerie créative et de l'avenir d'une industrie qui ne saurait se résoudre à ne plus fabriquer demain que les montres d'hier dont les amateurs ne se satisfont déjà plus aujourd'hui...
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