• Partager

Le Quotidien des Montres reprend ses marques après Genève 2010.

Dans le radar, quelques poignées d'informations horlogères qui font réfléchir ou qui font sourire.

...EN ZAPPANT, ON A REPÉRÉ...

••• L’ÉTRANGE BALLET DES MARQUES PENDANT LA DÉCONFITURE DE BNB...
Plus payés depuis le premier de l’An, des horlogers ont travaillé chez BNB jusqu’à ce lundi pour créer des assortiments qui auraient permis aux marques de « sauver » quelques mouvements et pour assembler des mouvements en état de fonctionner (on dit des « mouvements qui font tic-tac »). Motivation supplémentaire à ce bénévolat : la facturation immédiate de ces mouvements et de ces assortiments permettait d’améliorer un peu la trésorerie de l’entreprise et de payer quelques primes supplémentaires. Sauf que, malheureusement, comme l’avait déjà signalé Business Montres (25 janvier), certains patrons qui avaient affirmé vouloir racheter ces mouvements se sont désistés à la dernière seconde, tablant sur un rachat « à la casse », sans le moindre égard pour les horlogers qui avaient mis leur conscience professionnelle à leur service...
Rachat « à la casse » qui relève à coup sûr du mauvais calcul et d’une vraie méconnaissance des lois suisses sur les faillites, qui autorisent le liquidateur à céder ce qu’il veut dès qu’il veut « dans l’intérêt des créanciers » : sans la moindre compétence horlogère [ce n’est pas ce qu’on lui demande], le liquidateur de BNB envisage déjà une grande vente aux enchères. On imagine la confusion des assortiments, les composants en désordre dans des caisses, les (fragiles) calibres déjà partiellement assemblés manipulés par des mains pas très respectueuses [il suffit de songer au Quantum Gravity de Concord manié par les gros doigts des non-horlogers], les tourbillons et les répétitions minute en vrac : avant une enchère, on peut tout prendre en main ! Combien de mouvements seront sauvés de cette débâcle annoncée ? Pour quelques amateurs un peu bricoleurs, il y aura sans doute quelques bonnes affaires à réaliser. Pour les marques « BNBisées », c’est moins évident...


••• LES REMOUS DE L’AFFAIRE BIVER-BUTTET (B & B)...
La révélation du « sauvetage » personnel de Mathias Buttet par Jean-Claude Biver (Business Montres du 26 janvier) a vite fait le tour du mundillo des montres, déjouant les plans des uns et les calculs tortueux des autres. Voir Jean-Claude Biver et LVMH mettre la main sur la dream team de Duillier, c’est à la fois un retour en arrière [Jean-Claude Biver avait déjà essayé, dans le passé, de racheter BNB] et une hypothèque sur l’avenir, qui fait de facto passer plusieurs marques indépendantes sous les fourches Caudines de Hublot, compétiteur non négligeable sur plusieurs segments du luxe horloger.
Mais c’est le retour de Mathias Buttet qui a provoqué le plus de commentaires : beaucoup de ceux qui ne s’étaient pas bien comportés pendant l’agonie de BNB l’espéraient durablement hors jeu. Ses concurrents se frottaient déjà les mains. Quoique sévèrement étrillé, il est donc à nouveau en selle, avec son mauvais caractère, ses traits de génie et son entêtement de pitt-bull ronchon : équipe resserrée, ambition intacte et désir de se refaire une réputation, un cocktail très intéressant pour frapper vite et fort...


••• LES PROPOSITIONS ALTERNATIVES DES AUTRES MANUFACTURES...
Pour des chronos tourbillons, l’équipe de Concepto (Valérien et Jean-Pierre Jaquet) pourrait jouer les roues de secours, mais aussi la manufacture Dimier (groupe Bovet), qui ne produit exclusivement que des tourbillons et qui est désormais assez équipée pour pouvoir offrir des capacités dans le très haut de gamme aux marques tierces. Egalement en lice pour différentes spécialités, des manufactures comme Agenhor, la Fabrique du Temps (répétition minutes, entre autres), Swiss Finest (tourbillons) ou Les Artisans horlogers. D’une façon générale, la disparition de BNB – qui aura du mal à livrer rapidement des marques tierces sous la casquette Hublot – ouvre le champ à de nombreuses solutions alternatives dans la sous-traitance des mouvements de complication...


••• LA MOTIVATION DES « RÉSISTANTS » DE LA COMCO SUISSE...
Dans l’enquête de la Comco (Commission suisse de la concurrence) qui porte sur le prix des mouvements livrés par ETA (et non sur le volume des livraisons d’ébauches ou de mouvements finis), il semblerait que les juges anti-cartels s’acheminent vers une décision qui fera du bruit. A la suite de plaintes qui remontent à l’automne 2008, quand le Swatch Group avait fortement augmenté ses prix Business Montres du 15 septembre 2009), la Comco a étudié dans les moindres détails l’équité du traitement réservé par ETA aux marques tierces par rapport aux marques du Swatch Group.
L’enquête semble avoir établi que les marques du groupe sont nettement favorisées – en termes de prix, de tarifs et de conditions financières – par rapport aux marques tierces, ce qui fausserait la concurrence. Le Swatch Group pourrait donc se voir intimer l’obligation d’une égalité de traitement entre toutes les marques, membres ou non du Swatch Group, pour les mouvements livrés par ETA. L’imminence de cette décision des juges de la concurrence pourrait en partie expliquer le coup de colère de la direction du Swatch Group en fin d’année, quand l’arrêt de toutes les livraisons de mouvements avait été posée comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des marques...


••• LA TENDANCE LUMINESCENTE POUR BASELWORLD...
Tout est dans le bracelet en silicone : couleurs tendres le jour (en contraste avec l’acier noir du bracelet), fluorescence la nuit (image ci-dessus). En boîte, la nuit sur les plages ou en lumière atténuée, on va tout de suite repérer les Dieselophiles : quoi de plus sympa pour une rencontre ? Affichage analogique et boîtier XL (47,5 mm) pour cette référence DZ 1327 (119 euros), plutôt rigolote avec son train phoshorescent sur le cadran. Pour Baselworld, plusieurs autres marques préparent des propositions tout aussi « lumineuses » : il faut que ça flashe, cette saison...


••• L’ANCIENNETÉ À RALLONGES DES MÉCANISMES DE DIAPHRAGME...
La polémique concernant la jeune marque française Valbray, qui a repris l’idée d’un cadran à diaphragme (Business Montres du 23 janvier), fait remonter d’intéressantes informations sur ces mécanismes horlogers à « obturateur », dont il existe plusieurs brevets tombés dans le domaine public et une belle collection d’idées qui remontent parfois à la première moitié du XXe siècle. Le problème était alors de construire des systèmes qui soient à la fois fonctionnels et étanches : les machines-outils de l’époque ne le permettaient pas. L’équipe de Valbray, qui a tenté de simuler quelques constructions de ces mécanismes (dont un document daté de 1989) sourit encore de la façon dont... ça ne pouvait pas marcher !


••• LA DOUCE FOLIE D’UNE HEURE À SPIRALE...
Reportage de la BBC britannique sur une intéressante façon de mesurer le temps grâce à une horloge à spirale : aucun rapport avec le spiral, ni le ressort-spiral, quoiqu’il s’agisse du même principe structurel, mais les concepteurs de la Clock and Roll préfèrent permettre à une boule de parcourir tout au long de la journée un parcours en spirale sur le cadran de l’histoire, pour disparaître à 12 h et réapparaître à... 12 h !A ne pas manquer...


••• LE COMMENTAIRE D’UN MEMBRE DU CERCLE DE L’HORLOGERIE...
Quinze membres du Cercle de l’Horlogerie (Genève) avaient été invités par Movment à une visite exclusive du SIHH. Accueil impérial chez Richard Mille, qui leur a collé plein de RM dans les mains et plein de rêves dans les yeux. Accueil royal chez Audemars Piguet, où ils ont été reçus par Philippe Merk en personne et son équipe. Accueil princier chez Panerai. Accueil de gueux chez Jaeger-LeCoultre, avec un Stéphane Belmont très hautain, qui les a reçu comme un chien dans un jeu de quilles, sans même pouvoir leur trouver un catalogue, mais en essayant de leur refiler le supplément d’Europa Star...


••• LA PRÉSENTATION DE LA COLLECTION LIP PAR HICHAM LAHLOU...
Le designer marocain Hicham Lahlou vient de signer sa première collection Lip (dans la continuité des collections présentées autrefois par Roger Tallon) : des montres à double affichage qui se posent en témoins d’une double culture (les deux rives de la Méditerranée, le Maroc et la France, l’Afrique et l’Europe). Au final, des manchettes à quartz à double cadran, entre 230 et 280 euros : pas vraiment de quoi changer l’image de la marque...


••• LES FAUX ESPOIRS DES FAUSSAIRES DE L’HISTOIRE...
Dépités par la publication plus que convaincante du dessin d’Hubert Sarton, les tenants de l’hypothèse Perrelet font de la résistance : Business Montres évoquait cette semaine « le dernier espoir des perreletistes », un document inconnu retrouvé à la Société ds arts de Genève. Manque de chance, Jean-Daniel Candaux, l’archiviste de cette Société des arts, n’est au courant de rien. « Info ou intox dilatoire ? », e demandait Business Montres. Apparemment, les faussaires jouent la montre pour ne pas se déjuger et perdre la face...


••• CVSTOS MARQUE UN BUT FACE AU PSG...
Dévoilé (avec beaucoup de voiles et de mystères) pendant Genève 2010, le partenariat footballistique Cvstos-PSG (Paris-Saint-Germain) s’accélère : les quatre premières montres sont prêtes et gravées au nom du président du club, du meilleur buteur, du meilleur défenseur et de Claude Makelele, pour son départ à la retraite en fin de saison. C’est le dessin définitif du cadran qui fait traîner l’annonce officielle de l’opération, qui prouve que le football est désormais un terrain très fréquenté par la nouvelle horlogerie (Ebel, Hublot, deLaCour, Franck Muller, etc.). Etc’est encore mieux pour Cvstos, qui surperforme sur le marché français...


••• LE RENDEZ-VOUS DE LOUIS MOINET À LA MAISON D’AILLEURS...
Il était fatal que Louis Moinet nous présente ses prochaines montres Jules Verne (celles qui contiennent une parcelle de météorite lunaire) dans l’espace Jules Verne de la Maison d’Ailleurs d’Yverdon (musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires, dans l’esprit encyclopédique de son fondateur, Pierre Versins). C’est à Yverdon qu’n peut découvrir quelques-unes des « machines extraordinaires » de l’univers vernien, à l’aide de maquettes saisissantes, et une des plus belles collections mondiales de « julesverneries ». Le plus étonnant n’est pas de voir une maison d’horlogerie s’intéresser enfin à Jules Verne, mais de constater que l’écrivain et son fantastique imaginaire n’ait pas inspiré plus de montres et d’horlogers depuis un siècle...


••• LE DESIGNER « EXTRAORDINAIRE » ERIC GIROUD...
Interrogé par The Watch Lounge, l’« extraordinaire » Eric Giroud raconte ses montres les plus marquantes, les plus difficiles à travailler et celles dont il est le plus fier. Son secret : « Rester très curieux de tout et avoir de la chance », en plus d’être tombé sur des bons horlogers...


••• LE « RETOUR AU CLASSIQUE » D’UNE MARQUE OPPORTUNISTE...
Jacques Lemans est une marque autrichienne qui n’a jamais vraiment brillé par son originalité, mais par son souci de capter en permanence l’air du temps et des tendances qui marchent. Très logiquement, on assiste cette année à un virage vintage, avec une collection Nostalgia (chrono ou trois aiguilles) qu’on dirait sortie du congélateur après trois ou quatre décennies d’hibernation.


••• L’ANNONCE D’UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D’ÉCHAPPEMENT CO-AXIAL...
Cette fois, ce n’est pas avec Omega que George Daniels va la développer, mais avec l’horloger britannique Roger Smith, qui était d’ailleurs son élève. Roger Smith est établi dans l’île de Man et il prépare cette nouvelle collection avec George Daniels pour le 35e anniversaire de la mise au point de l’échappement co-axial. Les montres (en série forcément très exclusive) devraient arriver sur le marché l’année prochaine...


••• L’ANNONCE SIMULTANÉE D’UN TOURBILLON CO-AXIAL...
Cette fois, c’est chez Omega, qui proposera à Baselworld une nouvelle version squelette de son tourbillon central à échappement co-axial, avec un nouveau rotor, une cage en titane, des disques saphir, un nouveau boîtier en platine et seulement 18 pièces pour cette série limitée, qu’on nous assure entièrement réalisée dans l’atelier de haute horlogerie d’Omega à Bienne (« Cellule haut de gamme »). A découvrir à Baselworld...


••• LA MESURE DU TEMPS SUR FRANCE INTER...
Une émission consacrée au temps et aux manières de le décompter : « Bien avant l’invention des montres ou des horloges, il suffisait à nos plus lointains ancêtres d’observer le lever et le coucher du soleil, l’alternance des jours et des nuits, pour avoir conscience du temps qui passe. Mais il a fallu des siècles avant de savoir le diviser en heures et en secondes, et inventer les instruments pour le mesurer. « Le sentiment subjectif du temps, disait Einstein, nous permet d’ordonner nos impressions ; mais relier chaque instant du temps à un nombre en employant une horloge, c’est déjà une invention. » Parce que, selon Einstein, il est subjectif, le sentiment du temps, ne serait donc qu’un concept à partir duquel, depuis les cadrans solaires de l’antiquité, jusqu’aux horloges atomiques d’aujourd’hui, les hommes ont inventé des machines de plus en plus précises pour le mesurer, et même pourquoi pas pour le remonter ». Invité : Jean Jandaly, pour son livre Une histoire illustrée de la mesure du temps, de la course au soleil aux horloges atomiques (Vuibert). Téléchargement (32:00) sur le site de France Inter...


••• LA NOUVELLE TENTATIVE D’UN SAUT À PARTIR DE L’ESPACE...
La précédente tentative de notre ami Michel Fournier (Bell & Ross au poignet) ayant échoué au sol, c’est à présent un certain Felix Baumgartner – rien à voir avec celui d’Urwerk – qui s’attaque au record du monde de saut en altitude : mission prévue à 36 000 m d’altitude, soit le quasi-vide interstellaire (le précédent record, daté de 1960, était à 31 000 m). Comme Michel Fournier, ce record devrait être établi à partir d’un ballon météo et le parachutiste dépassera la vitesse du son pendant sa chute libre. Une petite vidéo pour se préparer mentalement au grand saut ?


••• LA PERCÉE DES MONTRES STEAMPUNK...
Une collection d’objets du temps Steampunk sur le site spécialisé Steampunk Lab : heureusement qu’ils ne sont pas au courant de tout, Yvan Arpa fait quand même plus fort que ces ferrailleurs, tout comme quelques créateurs de la nouvelle génération [exemple de pur steampunk : le nouveau tourbillon en 65 mm de notre ami Antoine Preziuso]...


••• L’ARRIVÉE EN FRANCE DE LA MONTRE ÉQUILIBRIUM...
Dans le cadre du Project Watches (montres d’architecte), le site Timefy-Time to Change présente la montre Equilibrium du designer américain Daniel Will Harris : un intéressant concept de cercles noir et blanc concentriques qui se croisent sur le cadran pour donner une vision très graphique du temps, sans aiguilles, mais avec des points rouges à la frontière noir/blanc pour un repérage plus facile. Boîtier de 33 mm : il faudra dire aux designers new-yorkais que nous ne sommes plus dans les années quatre-vingt...


••• LE NOUVEAU CHRONOMÉTREUR OFFICIEL DE L’AMERICA’S CUP...
Non content d’avoir inscrit son nom sur les voiles d’Alinghi, on apprend de source valencienne que Hublot sera également le chronométreur officiel des épreuves de la 33e Coupe de l’America, qui doit toujours théoriquement se courir dans une quinzaine de jours, à Valence (Espagne), si BMW-Oracle ne tente pas une manœuvre judiciaire de dernière minute. Soit, pour Jean-Claude Biver, une visibilité médiatique supplémentaire et des échos garantis en terre espagnole, ancien territoire verrouillé par Hublot mais un peu tombé du fait du marasme économique local et d’un distributeur qui... déteste les Big Bang ! (information officieuse confirmée à Valence)