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Coup bas : La torpille d’Edipresse a fait pschitt
 
Le 29-01-2010
de Business Montres & Joaillerie

Titre-choc et dénonciation anonyme tôt ce matin dans Tribune de Genève : « Haut dirigeant genevois de l’horlogerie inculpé de gestion déloyale ».

Pas de quoi fouetter un chat, même à coups de marteau.

Après décodage, une question : à qui profite cette désinformation, vraie torpille lancée sous la ligne de flottaison ?


••• 40 MILLIONS HIER, 5 MILLIONS AUJOURD’HUI. COMBIEN DEMAIN ?

L’article de Tribune de Genève a fait ce matin le tour de la planète horlogère : « Haut dirigeant genevois de l’horlogerie inculpé de gestion déloyale… Trois ex-membres d’une société sont suspectés de malversations évaluées à 5 millions… (…) Selon nos renseignements, un Genevois a bel et bien été inculpé le printemps dernier de gestion déloyale, voire d’abus de confiance, et de faux dans les titres. Egalement inculpés, deux de ses ex-collègues de l’entreprise où il travaillait, un comptable et un responsable financier, sont également dans le collimateur du juge Raphaël Martin. Le trio, qui devra affronter plusieurs audiences d’instruction en ce début d’année, conteste avoir détourné des millions de francs. Ils déclarent ne pas s’être enrichis et ne pas avoir voulu tromper la société active dans le commerce des montres et des bijoux de luxe ».

Présentée ainsi, l’affaire ne peut qu’émouvoir notre microcosme. Gravissime en apparence, quoique courageusement anonyme, une telle dénonciation mérite attention.

Après décodage, cet « article-choc » semble bien négligeable. Ne serait-ce qu'en raison de ses flous, de ses conditionnels et de ses filandreuses considérations...

Décodage, donc : ce n’est qu’un énième retour sur l’« affaire Patrizzi », suivie de près par Business Montres et suffisamment bien connue de nos lecteurs pour ne pas avoir à y revenir en détail à chaque péripétie. D’où l’étonnement de voir le dossier ressurgir aujourd’hui, dans les titres Edipresse (Tribune de Genève, Worldtempus, etc.), alors qu’aucun nouvel acte de procédure ne vient rider la surface du lac où l’instruction semblait engloutie.

Rien de nouveau sous le soleil judiciaire, sinon une manœuvre oblique pour « pourrir » un peu plus le dossier, sans lâcher de nom tout en laissant filtrer ce qui pourrait passer pour des énormités si tout cela n’avait pas été déjà raconté, étalé, déformé et finalement usé.

Autant dire les choses franchement... C’est donc bien d’Antiquorum qu’il s’agit, et d’Osvaldo Patrizzi en particulier. On apprend cependant au passage que les 40 millions de malversations qui lui étaient reprochés ne sont plus que 5 millions, soit une division par huit des faits délictueux. Premier dégonflage ! Huit fois moins coupable ? Peut-être pas : c’est toujours cinq millions de trop…

Ce que l’article ne raconte pas, en revanche, alors qu’il dévoile un fait que Business Montres gardait sous le coude en attendant que le juge ait tranché, c’est que, « lors d’une perquisition dans les archives de l’entreprise en décembre, les enquêteurs ont récupéré les livres de comptes qui permettront au juge de se faire une meilleure idée de la situation comptable depuis 1999 ».

Ces livres de compte avaient disparu, la direction d’Antiquorum accusant l’équipe Patrizzi de les avoir fait disparaître : ils étaient simplement « cachés » (disons « oubliés » pour rester courtois) dans une réserve d’archives d’Antiquorum, où le juge a pu les récupérer, alors même qu’ils avaient échappé à l’attention des auditeurs de PriceWaterhouseCooper, lesquels avaient enquêté « à charge » contre Osvaldo Patrizzi, sur la foi d’une documentation apparemment incomplète pour en tirer des conclusions forcément erronées (belle conscience professionnelle !).

Manque de chance pour ces grands pros de l’audit, on trouve justement dans ces livres de compte les justificatifs qui manquaient plus ou moins aux enquêteurs pour étayer (ou infirmer) les dénégations d’Osvaldo Patrizzi. Lequel se trouve aujourd’hui non seulement « délesté » de 35 millions de malversations (fausses factures, prise illégale d’intérêt, abus de biens sociaux, etc.), mais en situation de prouver que les 5 millions toujours litigieux pourraient être « dégonglés » à quelques dizaines de milliers de francs non justifiés ou non justifiables. Pas de quoi fouetter un commissaire-priseur, pas même avec un marteau d’ivoire.

Effet pervers, donc, de la dénonciation anonyme lancée par le groupe Edipresse : l’équipe Patrizzi se trouve « blanchie » à 80 % et en mesure de se laver des 20 % de soupçons toujours sans preuve !

D’où la question : à qui profite cette désinformation oblique, dans un groupe dont les titres genevois subsistent largement de la manne publicitaire horlogère ? A qui profite la diffusion d’informations biaisées sous la forme d’une délation anonyme lourde de conséquences ? Que trouve-t-on dans les coulisses pas forcément ragoûtantes des enchères genevoises pour les montres de luxe ? Qui tire les ficelles pour animer le pantin Edipresse et avec quelle intention ?

La suite au prochain épisode…

 



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