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__Nouvelles fraîches, signaux faibles et messages forts pour cette fin de semaine : le Quotidien des Montres était à l'affût pour scruter l'actualité des montres et de l'horlogerie.
... CETTE SEMAINE, LE SNIPER A...
••• JETÉ UN COUP D’ŒIL RAPIDE
sur les résultats des exportations horlogères pour l’année 2009 et pour le mois de décembre 2009. Juste le temps d’une interrogation : si les exportations horlogères n’ont fléchi que 7 % en décembre et sachant que le Swatch Group est en croissance de 30 % pour ce dernier mois de l’année, sachant également que les marques du Swatch Group pèsent pour près d’un tiers dans les exportations suisses, il paraît évidemment que de nombreuses marques ont plongé très fort en fin d’année... Lesquelles ?
••• AUTRES COMMENTAIRES plus approfondis sur ces statistiques dans le prochain « 360° du lundi » de Business Montres...
••• SENTI MONTER
une énorme pression autour de la tendance « Monochrome » pour Baselworld 2010 : alors que Swatch (Colour Codes : 20 modèles en plastique uni ton sur ton, comme sur l’image ci-dessus) vient de relever le défi des montres monochromes lancé par Nixon (Business Montres du 1er février), les marques opportunistes ont flairé le marché qui va exploser. MacTeam (seconde marque tendance d’Altanus) mise sur sa collection Gum pour rester dans les temps de ces nouvelles couleurs « intégrales ». Sur ce créneau du plastique monochrome, les Belges d’Ice-Watch restent à l’affût, en revendiquant aujourd’hui des ventes de l’ordre de 100 000 pièces par mois, avec de dix à vingt nouveaux points de vente ouverts par jour en janvier (déjà 1 50à boutiques dans 40 pays) et, chez les consommateurs, une forme d’addiction qui n’est pas sans rappeler la Swatchmania des années quatre-vingt !
••• COMPRIS COMMENT FAIRE
de sérieuses économies sur les budgets publicitaires en analysant la dernière campagne Gucci : on y retrouve, en noir et blanc, des images d’arhives du top-model Veruschka (à son époque, on disait encore un mannequin) et du comédien Peter Sellers, qui vantaient déjà Gucci dans les années soixante. En simple surimposition, quelques montres de la collection 2010. Retour aux sources de l’esprit vintage (du quasi-« recyclage » d’archives), réassurance par le ressassement des gloires du passé (« Le médium, c’est le message », comme aurait dit McLuhan !) et marketing générationnel avec un clin d’œil vers les boomers épargnés par la crise...
••• ENTENDU TOUSSER
très fort l’actionnaire du groupe Richemont quand il a découvert la facture de la fête IWC pendant le SIHH : alors que des consignes très strictes de modestie avaient été données pour les dépenses de représentation (histoire de faire passer la pilule de la suppression des bonus), 1,7 million de francs suisses pour une poignée de VIP et des retombées médias médiocres ont eu du mal à passer à l’état-major de Bellevue, qui a prié Schaffhouse de prendre cette ardoise sur ses propres budgets annuels de communication. Annulations dans les investissements connexes en vue...
••• PRIS RENDEZ-VOUS
à La Chaux-de-Fonds pour découvrir la nouvelle filière de « designer d’objets horlogers » créée par l’Ecole d’arts appliqués de la ville (fondée en 1873, c’est la première école suisse d’arts appliqués destinée à la formation des horlogers). L’opération Portes ouvertes a lieu aujourd’hui. Définition de la formation : « Le Designer d’objets horlogers, en qualité d’indépendant, de salarié ou de partenaire externe, participe, en principe, à l’élaboration du concept global de produit ainsi qu’à la rédaction du cahier des charges. Son rôle consiste à concevoir et à réaliser, dans le respect du cahier des charges établi, l’intégralité de l’habillage de l’objet horloger (boîte, cadran, aiguillage, bracelet). Seul ou en collaboration, il développe et explicite ainsi le concept prédéfini sous forme d’esquisses, de croquis, de schémas, de dessins couleurs et de dessins assistés par ordinateur en 2 ou 3 dimensions (DAO). Sur la base de ces développements, il réalise un prototype en trois dimensions, en général fonctionnel et susceptible d’être industrialisé. Pour ce faire, il possède d’excellentes compétences conceptuelles, artistiques et techniques ainsi que des compétences sociales avérées en termes de communication et de relation. » Renseignements au secrétariat de l’Ecole d’arts appliqués.
••• PRIS UN AUTRE RENDEZ-VOUS
dans la foulée au nouvel Institut de recherche en marketing horloger mis en place dès aujourd’hui par la Haute école de gestion Arc sur le plateau de la gare de Neuchâtel. Une initiative dont les Journées internationales du marketing horloger (la Chaux-de-Fonds) sont partenaires, le doyen de l’Institut étant François Courvoisier, un des animateurs fondateurs de ces Journées (visionner son interview à ce sujet sur Canal Alpha)...
••• REPÉRÉ LES PREMIERS PRÉPARATIFS
d’un tir groupe de quatre marques indépendantes à Baselworld (espace The Watch Gallery, au Palace, à la place de The Watch Factory 2009) : Max Busser (MB&F) y a organisé, avec Peter Speake-Marin, Christophe Claret et Felix Baumgartner (Urwerk) un intéressant spot de haute horlogerie indépendante et créative : détaillants dans les bureaux, journalistes sur les canapés des « salons », amateurs devant les vitrines, le carnet des rendez-vous est déjà bien rempli ! Côté MB&F, on devrait y découvrir une intéressante déclinaison « animalière » de la HM N° 3...
••• BONNE INTERVIEW DE MAX BUSSER sur le site des Rhabilleurs. La communication des marques ? « A l’image des dirigeants des marques. Beaucoup trop centrée sur le What ? que le Why ? La majorité des marques va vouloir nous parler du produit, et oublie de nous expliquer pourquoi ils le créent (quel est leur moteur) – ceci dit la plupart du temps, le pourquoi est de donner plus d’argent aux actionnaires – ce qui n’est évidemment pas avouable »...
••• FAIT UN TOUR
à la boutique Omega des Champs-Elysées (Paris) pour y découvrir l’exposition sur les jeux Olympiques : près de quatre-vingt ans de chronométrie officielle, ça se fête, surtout par ces temps de JO d’hiver. Quelques jolies pièces originales (chronos d’époque au dixième de seconde), quelques jalons de l’histoire non mécanique de ce chronométrage, des publicités, la révolution du data handling qui a relancé l’intérêt du public pour les épreuves : une exposition courte (volontairement), qui met à la disposition du public parisien des pièces rarement vues hors du musée Omega de Bienne...
••• A COMPLÉTER PAR UN ARTICLE CONSACRÉ AU SYMPATHIQUE CHRISTOPHE BERTAUD, l’actuel directeur de Swiss Timing, qui explique à L’Express-L’Impartial (Suisse), que, dans son métier, il n’a pas « droit à l’erreur... Les athlètes qui viendront à Vancouver s'entraînent depuis des années dans l'espoir d'obtenir un bon résultat, une médaille. Nous devons faire en sorte d'assurer une mesure parfaite de leur performance. On ne peut pas se rater » !
••• CROISÉ LES DOIGTS
pour le premier coup de canon de la 33e America’s Cup, dès lundi : pourvu qu’il y ait le bon vent et les bonnes vagues. Pour une excellente synthèse des chicanes juridiques et financières liées à cette America’s Cup hors normes, un article dépassionné de Challenges (France), titré « Au dernier round, l’America’s Cup vire au pugilat ». Pour un vrai grain de poivre dans le consensus, une interview décapante de l’ami Bruno Troublé, ex-deus ex machina de la Coupe pendant un quart de siècle, parti aujourd’hui organiser les régates du Louis Vuitton Trophy, qui regroupe les équipages de l’ex-America’s Cup. C’est dans Ouest France et c’est titré : « L’America’s Cup est un duel de fous furieux » ! Il précise : « J’y vais pour des tas de raisons, amicales, de lobbying, de passion, mais pas pour voir les régates de ces bateaux qui vont si vite et seront trop au large »...
••• AMUSANTE GAFFE DE TRIBUNE DE GENÈVE (Suisse), qui illustre un article sur les rapports Ernesto Bertarelli-Larry Ellison (les « deux furieux » ?) par une image d’Ernesto Bertarelli avec une Rolex Submariner au poignet ! Renversement d’alliance à bord d’Alinghi et passage de Hublot par-dessus bord ? Pas vraiment : il s’agissait seulement d’une image d’archives d’un ancienne Coupe de l’America. Sauf que, logiquement, Ernesto Bertarelli aurait dû porter une Audemars Piguet, marque qui était son partenaire... Pas gentil, ça, Ernesto !
••• PÊCHÉ QUELQUES INFOS INTÉRESSANTES
sur TW Steel – une des marques les plus « chaudes » du monde, à (re)découvrir bientôt à Baselworld – dans une synthèse qui raconte l’histoire des deux frères Cobelens, Ton et Jordy, issus d’une famille de professionnels de la montre aux Pays-Bas et décidés à aller très loin sur le marché horloger international. TW Steel = The Watch in Steel ! Mouvements japonais et habillage chinois, mais succès planétaire pour des Hollandais qui n’ont peur de rien...
••• REPÉRÉ UNE NOUVELLE MARQUE
en Australie, où le designer Ben McCarthy s’est lancé sous ses propres couleurs avec Pi Watch sur le créneau du minimalisme chic et sobre. Pi pour le nombre mathématique grec Pi (3,1416), supposé exprimer la quintessence du cercle, ce qui donne un boîtier de 40 mm sans couronne (celle-ci est logée au dos de la montre), avec un bracelet en résine pris en sandwich entre la carrure et le fond du boîtier. Série limitée pour l’instant à 500 pièces. Images au porté et vidéo sur le site A Blog to Read de l’excellent Ariel Adams...
••• DÉNICHÉ UN NOUVEL INTERVENANT CHINOIS
sur le marché du tourbillon accessible : Million Smart Enterprise (Hong Kong) a choisi le terrain du tourbillon volant pour se distinguer. On en vérifiera les finitions à Baselworld (15 % de composants suisses dans ces mouvements à 70 % chinois)...
••• CONSTATÉ QUE LA RÉVOLUTION DU TITANE
était en marche chez Jaquet Droz, qui présentera à Baselworld sa toute première montre en titane (collection Grande Seconde SW, avec cadran carbone, surmoulage de la lunette et de la couronne en caoutchouc, boucle déployante en titane et bracelet caoutchouc. Soit une sportive de race, qui élargit le territoire naturel de la Grande Seconde sans casser la cohérence de son concept.
••• DÛ ADMETTRE
que la banquise n’est vraiment plus ce qu’elle était ! On se souvient de la montre Villemont enterrée au pôle Nord et retrouvée à 3 000 km de là pour cause de fonte des glaces. A présent, c’est le whisky d’Ernest Shackleton, explorateur de l’Antarctique en 1907-1909, qui vient d’être retrouvé, frappé à point, avec plusieurs bouteilles intactes dans leurs caisses de bois. Un whisky rarissime, signé Chas Mackinlay & Co, dont on avait perdu la formule (la manufacture est depuis longtemps fermée) et dont les amateurs avaient gardé une sorte de nostalgie légendaire...
••• CONTINUÉ À TOUT ENTENDRE
(et surtout n’importe quoi) à propos de BNB, de sa reprise partielle par Hublot et de Mathias Buttet : aux dernières nouvelles, on reprochait au créateur de BNB, outre son Hummer de Baselworld (dépense stupide déjà pointée du doigt par Business Montres), sa Mercedes AMG d’entreprise et même ses « chaussures de danseur de flamenco » (Horlogerie suisse) ! Manifestement, les ex-employés de BNB se déchaînent...
Sans exonérer le moins du monde la direction de ses responsabilités, la déconfiture de l’entreprise ne justifie cependant pas n’importe quelle affirmation, ni n’importe quelle dérive émotionnelle. Avant la crise, chacun pouvait vérifier que le parking de BNB n’était pas riche en « poubelles » ! Tous ceux qui passaient de temps en temps à la manufacture ont pu noter les conditions de travail relativement favorables : salaires confortables, horaires souples, dates de vacances libres ou cantine généreuse. A ce sujet, faut-il rappeler que 10 francs suisses pour un repas excellent et complet (fromage et dessert) était un cadeau de l’entreprise ou que le petit déjeuner gratuit (tartine, beurre, confiture, thé, café, chocolat : une idée de Mathias Buttet parce que ses jeunes horlogers arrivaient à jeun) est très loin d’être la norme dans l’industrie !
••• VU SE DESSINER
le désengagement progressif de Metalor dans l’industrie horlogère : bien anticipée par Business Montres dès le 14 septembre dernier, cette réorganisation commence à inquiéter les syndicats. La nouvelle direction de Metalor (désormais entre les mains du fonds d’investissement français Astorg) ne cache pas ses ambitions sur le marché asiatique et sa volonté de se débarrasser d’une activité horlogère très peu profitable, où Metalor n’a qu’un rôle de sous-traitant secondaire et sans perspective de percée significative. A la rentrée, Business Montres évoquait l’impasse horlogère où se trouve Metalor : « On voit mal comment Astorg pourrait attendre les 30 % de rendement (IRR au bout de trois ans) qui sont la norme pour un fonds de private equity ». L’entreprise est désormais au pied u du mur. Une importante décision stratégique est attendue la semaine prochaine, mais le pessimisme est de rigueur, tant du côté patronal que du côté personnel...
••• PERÇU UN DE CES « SIGNAUX FAIBLES »
qui annoncent souvent de grandes campagnes d’opinion : les écologistes du WWF ont entamé une action internationale contre l’« or sale » – c’est-à-dire contre les conséquences sociales et environnementales de l’extraction d’or dans des conditions peu éthiques. La proximité de la Saint-Valentin permet de culpabiliser l’opinion au moment de ses achats de bijoux. Première cible : la France pour sa supposée « tolérance » – plus fantasmatique que réelle – à l’« or illégalement extrait » en Guyane, dans des « zones de non-droit » amazoniennes. La bande-annonce du film-choc produit par WWF-France entend recréer autour du carat d’or la même pression éthique qu’autour du carat de diamant (campagne de sensibilisation Blood Diamond)...
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