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Baselworld dans 37 jours : plus vraiment le temps de freiner ou de contrebraquer si vous avez manqué le virage d’une de ces tendances dont le Quotidien des Montres dresse déjà les grandes lignes.
En attendant, quelques brassées d’informations horlogères comme vous n’en n’avez jamais lues...
••• UNE SECONDE D’IMPRÉCISION TOUS LES 3,7 MILLIARDS D’ANNÉES
Le gouvernement américain (NIST : National Institute of Standards and Technology) achève la construction d’une horloge hyper-précise qui ne devrait afficher qu’une seconde de retard tous les 3,7 milliards d’années. Ce qui signifie, selon la Phisical Review Lettersqu’elle n’aura rien perdu de sa précision quand la vie aura cessé sur cette Terre ! Sans vouloir entamer la démonstration scientifique impeccable des lois physiques mobilisées pour ce projet, il suffit de savoir que le temps décompté sur l’horloge quantique conçue par Chin-wen Chou est basé sur la fréquence d’un atome d’aluminium – et no, plus sur la fréquence vibratoire d’un atome de césium, comme les horloges atomiques classiques (précises à une seconde tous les 100 millions d’années). A terme, la définition de la seconde fondée sur cette vibration d’un atome de césium devrait laisser la place à un nouvel étalonnage quantique du temps...
••• TISSOT TOUCHE AU IPHONE
Une anomalie réparée : Tissot, la première marque qui avait tout compris à l’avenir des technologies digitales, se dote enfin de sa propre application sur iPhone : c’est très complet, uniquement en anglais, gentiment interactif, fonctionnel (même la boussole fonctionne avec l’iPhone 3G) et ouvert aux informations en provenance de Tissot, qui signe ainsi ce qui doit être la trente-huitième ou quarantième app relative aux maisons et à l’industrie horlogères...
••• ÉTONNANTE LENTEUR DU SWATCH GROUP dans ce domaine : Rado a défriché le terrain dès l’été 2009, puis Tissot à présent, mais on attend avec impatience des marques comme Swatch, Hamilton ou Omega sur ce créneau, sans parler des autres...
••• DÉSOLANTES EXPORTATIONS HORLOGÈRES
Si on ne peut que se réjouir de la baisse de la baisse des exportations horlogères pour décembre, au détail près des asymétries relevé par Business Montres (5 février), cette compilation statistique n’a cependant rien de réjouissant dans sa structure. Les montres haut de gamme (plus de 3 000 CHF) tirent toujours la courbe vers le bas, alors qu’elles sont le fer de lance de l’industrie suisse : on peut dès lors se demander à qui profite réellement l’explosion des ventes de décembre vers la Chine (+ 43,5 %) et vers Hong Kong (+ 27 %), alors que les marchés européens ne connaissent pas de rémission, avec - 33 % pour l’Italie et - 24 % pour la France, de même que les marchés « classiques », avec - 28 % pour le Japon et - 15 % pour les Etats-Unis.
Au total, pour 2009, la baisse en volume comme en valeur nous ramène au-delà de 2007, à peu près au niveau de 2006, et pour tous les continents, avec des pertes particulièrement sévères dans les pays de l’Est et aux Etats-Unis. En soi, ce n’est pas dramatique, puisque 2006 avait considérée comme une « excellente année ». Sauf que l’industrie de 2009 n’était pas du tout formatée comme en 2006 et que, désormais, tout dépend de l’unique moteur asiatique, dont le moindre raté peut replonger tout le monde dans le marasme...
••• MARKETING TACTIQUE POUR TAG HEUER
Dans une interview accordé à Bastien Buss (L’Agéfi, Suisse), Jean-Christophe Babin, CEO de TAG Heuer, explique : « Nous avons développé aux Etats-Unis des activités marketing plus tactiques, proches de nos détaillants, afin de générer du trafic dans les points de vente ». Une initiative intéressante (non détaillée ici par Jean-Christophe Babin), qui prenait les consommateurs américains par les sentiments, avec un marketing direct fondé sur le couponing et l’exploitation de fichiers ciblés, incluant des bons de réduction significatifs comme on n’en avait plus vu dans l’univers des montres depuis deux décennies.
Résultat : une relance des visites aux boutiques horlogères, avec une priorité d’achat pour TAG Heuer, qui concédait ainsi un discompte modéré (15 % à 20 % sur le prix neuf, soit un taux inférieur à ce qu’offrent habituellement les détaillants) en prenant en charge une partie de cette réduction. C’est cette stratégie de « pricing très agressif » qui a permis à Tag Heuer de maintenir, mieux que ses marges, ses parts de marché sur son marché de référence américain (« Les détaillants de notre marque ont fait partie de ceux qui ont le moins souffert dans ce pays. Ils ont continué de dégager du cash, car nos produits se vendaient plutôt bien par rapport au contexte général »).
Autre information apportée par Jean-Christophe Babin : « Nous avons aussi profité de la période de marasme conjoncturel pour ouvrir 25 boutiques en propre. Ce qui nous donne aujourd’hui un réseau de 100 points de vente monomarque Tag Heuer. A la fin de cette année, nous arriverons à 125 enseignes en propre, qui s’adosseront à environ 5000 points de vente multimarques dans le monde et à notre système de filialisation ». Dispositif complété par l’organisation d’un troisième marché : « Nous avons également atténué les effets de ce surstockage en l’écoulant dans notre réseau mondial de seize factory outlets gérés en propre, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde ».
Sur la situation économique de TAG Heuer, quelques précisions confiées à Emirates Business : après des années 2007 et 2008 record, « les ventes de TAG Heuer en 2009 devraient revenir à peu près au niveau de 2006 », soit une « baisse inférieure aux 25 % enregistrés par l’ensemble de l’industrie suisse ». On découvre au passage que Tag Heuer (qui possède 7 boutiques dans les Emirats) a ouvert sa propre boutique en Iran et que « la marque est numéro deux » sur ce marché...
••• CONFIRMATION AU PASSAGE PAR TAG HEUER d’un fait relativement occulté dans la polémique née autour du mouvement nippo-suisse 1887 : ce calibre sera équipé d’un échappement Nivarox. Ce qui relativise l’effet d’annonce de Nicolas Hayek concernant l’arrêt des livraisons aux marques tierces de composants horlogers fabriqués par le Swatch Group...
••• UNE NOUVELLE MARQUE EN HOMMAGE À MORITZ GROSSMANN
Karl Moritz Grossmann (1826-1885)est un célèbre horloger allemand de Glashütte (Saxe), dont il avait fondé l’Ecole d’horlogerie. En 2008, la marque Glashütte Original (Swatch Group) lui avait d’ailleurs dédié une montre-hommage de sa collection Masterpieces 1878, avec un fond gravé à son effigie. Un groupe d’investisseurs allemands vient d’acquérir les droits d’utiliser son nom pour créer une marque et une « manufacture » à Glashütte : l’ambition de la marque est de réaliser son propre mouvement (une équipe horlogère est déjà au travail, à Glashütte même), pour équiper des montres qui arrivent sur le marché en 2011 ou 2012.
••• ENCORE UNE MONTRE DE GOLF !
La « montre pour golfeur » est un inusable motif d’inspiration pour les horlogers : cette fois, c’est la marque Reconvilier (Zoug, Suisse) qui s’y attelle avec la sortie effective de son Hercules Golf Master, montre « réversible » qui combine un mouvement mécanique (automatique ETA 2892) et un module digital doté d’une application GPS capable de mesurer la distance jusqu’aux drapeaux de chaque trou du parcours. Du jamais tenté dans l’horlogerie ! Le module électronique permet également d’afficher l’heure en chiffres...
••• FERRAGAMO FAIT DU CHARMS À LA PLACE VENDÔME
Ferragamo (groupe Timex) présentera à Baselorld une montre Gancino sur le boîtier de laquelle est suspendu un pendentif qui reprend un des motifs préférés de la marque de couture (gancino). Lunette mobile sertie sur un boîtier de 36 mm (mouvement quartz) dont le cadran reprend le gancino, mais ce charms rappelle terriblement les breloques de la collection du même nom chez Van Cleef & Arpels...
••• DANDY GIVRÉE CHEZ CHAUMET
On a vu cette Dandy toute de blanc vêtue, givrée comme un paysage d’hiver, au poignet de Sophie Marceau : on peut rêver pire ambassadrice pour une montre impeccablement dessinée et proportionnée, dont le serti irrégulier (« neige ») renvoie la lumière mieux qu’un cristal. Du beau travail pour Chaumet, dont la collection 2010 s’annonce très créative (image ci-dessus)...
••• LA HM N° 4 CHEZ MB&F À BASELWORLD
Friandise supplémentaire chez MB&F (Baselworld : Business Montres du 5 février) : il faut s’attendre à une présentation discrète du mouvement de la future HM N° 4. Un mouvement qui mérite à lui seul le déplacement au Palace et qu’on peut qualifier de « jamais vu » dans l’industrie horlogère, même si on a pu en apercevoir quelques lointains cousins dans l’hyperspace, « il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine »...
••• HORUS ROULE EN ROLLS-ROYCE
Horus (haute horlogerie monégasque, avec haute joaillerie et haute maroquinerie sur mesure en prime) prend ses aises dans le haut de gamme : la marque parraine en Suisse la rencontre européenne de la Sir Henry Royce Memorial Foundation (que préside Sir David Evans), de la Rolls-Royce Foundation et du Rolls-Royce Owners Club, pour une soirée de prestige forcément à la gloire de la légende Rolls-Royce et forcément très mondaine, avec une intéressante présentation de Rolls du début du siècle à nos jours. Cette rencontre – qui verra le lancement officiel de la nouvelle Ghost – est organisée pour la première fois en Suisse le 13 février, au Fairmont Montreux Palace (Montreux), à deux pas de la boutique Horus, qui dispose également de son atelier de montage sur place. Horus sera également le parrain des événements Rolls-Royce de ce début d’année (Abu Dhabi en avril et Goodwood en juin). Si vous n’avez pas encore le carton pour Montreux, l’incruste est à tenter à la Rolls-Royce Foundation. Bon courage...
••• MOUVEMENTS CHEZ EDIPRESSE
Léger remaniement au sein du pôle Luxe d’Edipresse à Genève : Benjamin Garaï (ex-chef de publicité de Côte Genève) est recruté comme directeur commercial de GMT Mag, où il va tenter de succéder à Pierre Jacques (parti aux Ambassadeurs). Quelques autres mouvements administratifs au sein du management de ce pôle, alors que Tibère Adler (CEO du groupe) et son CFO s’installent dans ses locaux genevois, face au bureau de Marco Cattaneo, qui conserve néanmoins la direction du pôle Luxe...
••• LE RÉENCHANTEMENT DES POINTS DE VENTE PAR L’ÉTHOLOGIE
Science relativement récente, mais décisive, l’éthologie se mêle d’étudier le comportement animal, sachant que l’être humain est un « animal social » comme les autres. Jean-Louis Rossignon est éthologue urbain, spécialisé dans les études sociétales et comportementales dans les espaces publics et les environnements commerciaux, et dans la relation avec les consommateurs. Interrogé par le nouveau magazine CarnetTendance INfluencia, il explique pourquoi il s’est risqué dans la galère de la distribution : « Ce n'est pas une galère, plutôt une vaste jungle, avec un manque d'organisation des signes, où se promènent nos amis les animaux bipèdes ! Nous sommes des animaux comme les autres, si ce n'est que nous sommes dotés d'un système social et d'une capacité plus sophistiquée d'organisation ». Pour ce qui des points de vente à réenchanter : « Le point de vente n'a jamais été enchanté, alors comment voulez vous qu'il soit réenchanté ? On est passé du petit commerce de Papa et Maman à quelque chose de plus grand, avec plus de produits, plus de place. Mais on est loin du rêve. Quand un enfant - ou un adulte - sort par exemple de Disneyland, il a des petites étoiles dans les yeux. Là on peut parler d'enchantement. Mais vous connaissez beaucoup de magasins qui produisent le même effet magique ? » La suite (passionnante) à retrouver sur CarnetTendance INfluencia...
••• LE TOC DES TOQUÉS DE MONTRES
TOC pour « trouble obsessionnel compulsif » : un amateur américain se pose des questions au sujet des multiples montres qu’on se doit aujourd’hui d’avoir dans ses tiroirs ou dans un écrin spécialisé. Dans le Weekly Standard, cet éditorialiste se garde de répondre à sa femme qui lui demande s’il a vraiment besoin de vingt montres et il évoque une « pathologie » non guérissable, sinon une malédiction, à propos de sa collection. A lire...
••• JOUR J – 4 POUR LES JO DE VANCOUVER
Les « mascottes » des jeux Olympiques sont souvent bizarres, mais une de celles de Vancouver (dessinées par le studio d’illustrations Meomi, de Vancouver) introduit dans l’habituelle série des animaux symboliques une star de la cryptozoologie, le sasquatch (grand primate humanoïde des forêts nord-américaine, déjà bien attesté avant la colonisation européenne, également nommé bigfoot et considéré comme proche du yéti népalais). Pour les JO de Vancouver 2010, il s’appelle Quatchi et on le prend très au sérieux site officiel des Jeux. Pour les prochaines éditions des parades olympiques, on peut proposer le Haggis sauvage pour les Jeux de Londres, le dahu alpin pour les Jeux d’hiver et tout le bestiaire furry du style griffons et dragons...
••• JOUR J POUR LA 33e AMERICA’S CUP
C’est normalement aujourd’hui, à 10 h 00, si le temps le permet, que doit être tiré le premier coup de canon de la première course de l’America’s Cup, avec Hublot à bord d’Alinghi, pas d’horloger à bord de BMW-Oracle (il y avait un bon quart de siècle que le defender n’avait pas été partenaire d’une marque de montres) et encore Hublot pour le chronométrage officiel, organisé en liaison avec la mairie de Valence. Derrière le choc des égos multi-milliardaires, un enjeu de taille : l’avenir et le format des prochaines America’s Cup : retour au monocoque monotype en cas de victoire de BMW-Oracle (promesse faite par Larry Ellison) ou poursuite de l’aventure en multicoques si c’est Alinghi qui l’emporte...
••• SÉANCE DE RATTRAPAGE •••
Pour ceux qui avaient le dos tourné la semaine dernière et qui auraient manqué quelques informations intéressantes…
• LE GROUPE FRANCK MULLER DÉSERTE GENÈVE ET VA EXPOSER À BÂLE : mini-révolution dans l’ordre établi des salons horlogers, avec l’arrivée aux marches de Baselworld d’une « exposition de haute horlogerie » organisée par le groupe Franck Muller...
• LE NOUVEAU PATRON DE TUDOR S’APPELLE PHILIPPE PEVERELLI : sa présentation non officielle par Business Montres prend un peu la marque de court, mais situe bien les nouvelles ambitions de Tudor...
• LA TENDANCE MONOCHROME À BASELWORLD : la guerre du « ton sur ton » fait rage sur l’entrée de gamme du marché horloger, où Swatch s’est remis en ordre de bataille...
• LE BEST-OF SIHH 2010 : les dix montres les plus intéressantes du XXe Salon international de la haute horlogerie...
• LES CINQ HORLOGER DANS LA SÉLECTION FINALE DES TALENTS DU LUXE : un beau tir groupé pour les futurs Talents du Luxe et de la Création...
• LE MINI-SALON TÉLÉPHONIQUE DANS BASELWORLD : les téléphonistes proches de l’horlogerie auront leur espace dédié dans le Hall 4 de Baselworld...
• L’ÉCHANGE DE VIVES AMABILITÉS AUTOUR DE L’AMERICA’S CUP : les langues se délient autour des premières régates qui devraient se courir aujourd’hui...
• LE DÉCODAGE DU NOUVEAU LUXE VU PAR MAUBOUSSIN : les codes du luxe ont muté à la faveur de la crise. La nouvelle campagne publicitaire de Mauboussin en explore la sémantique de rupture...
• LA HAUTE JOAILLERIE ET SES SECRETS : c’était ce week-end sur la radio BFM et on ne vous avait encore jamais parlé ainsi de la place Vendôme et de ses coulisses...
• NOTRE JEAN-MARC JACOT EN FLAGRANT DÉLIT DE BIDONNAGE : son attachée de presse a organisé tous les votes pour son élection (surprise !) comme « CEO horloger de l’année ». Quelle amère déception pour ses nombreux admirateurs...
• TOUTE LA FAMILLE HAYEK « DOCTEUR HONORIS CAUSA » : étonnante attribution collective et familiale de ce titre par l’European University, mais en l’absence de Nicolas Hayek...
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