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Plus que quatre semaines avant Baselworld : en dépit de la neige qui encombre les watch valleys, l’actualité des montres et de l’horlogerie ne relâche pas sa pression.
Ça continue à tirer dans tous les sens et c’est un excellent témoignage de l’actuelle vitalité de l’industrie et de ses acteurs...
... CETTE SEMAINE, LE SNIPER A...
••• CHERCHÉ QUELLE MONTRE N’AVAIT PAS CHANGÉ DE PRIX...
au cours de ces vingt dernières années. Réponse : la Swatch, qui vaut toujours, comme à son lancement, 50 francs suisses (38 euros aujourd’hui), ce qui constitue une performance économique sans équivalent (collection Colour Codes : Business Montres du 5 février). A condition de savoir interpréter le maintien de ce prix de vente : gains permanents de productivité ou marges colossales il y a vingt ans ? Le prix de revient réel de la montre (estimation ex-factory : 10-15 % du prix de vente) n’ayant que peu varié en dépit de la hausse des salaires et des coûts de production, le facteur stratégique a été l'outil de production et les investissements dans la logistique industrielle...
••• CONSTATÉ QUE LES MONTRES CHINOISES...
flirtaient désormais avec des sommets qu’on imaginait réservés aux montres suisses : Shanghai Watch Co (la plus ambitieuse des manufactures mécaniques chinoises) a présenté avant-hier à Hong Kong une montre à 100 000 dollars (autant de francs suisses) ! Autour de cette pièce unique très sertie, une collection de tourbillons au prix moyen de 17 800 dollars (information Wall Street Journal), qui prouve qu’on est désormais loin du traditionnel bas de gamme Made in China : au cours de cette exposition rétrospective (apprentissage local des codes du luxe : les invités dégustaient champagne et caviar de Mandchourie), on a pu vérifier que les dirigeants de Shanghai Watch, bien décidés à ne plus se contenter du seul marché chinois, avaient de grandes ambitions. Ils ont d’ailleurs recruté un designer fétiche de l’horlogerie suisse : notre ami Eric Giroud ! Informations complémentaires dans le magazine chinois Jing Daily, « The Business of Luxury and Culture in China » : les montres Shanghai Watch, entreprise fondée en 1955, ont été portées par le président Mao, mais leur plus fervent supporter est aujourd’hui Warren Buffett...
••• VOULU PARTIR DANS LA LUNE...
avec Louis Moinet, qui présentait hier soir à la Maison d’Ailleurs (musée Jules Verne) d’Yverdon son Vernoscope, un des plus ambitieux « écrins » de ces dernières années. Jean-Marie Schaller, qui dirige Louis Moinet, semble se faire une spécialité de ces « écrins » monumentaux (Business Montres avait été bluffé par son planétarium colossal, destiné à abriter quatre tourbillons de sa série Meteoris). Le Vernoscope est un hommage – teinté de citations steampunk – à Jules Verne, avec un téléphone à l’ancienne pour les conversations avec l’« obus » tiré pour aller De La Terre à la Lune et, surtout, une montre Jules Verne II, chronographe automatique à rattrapante (image ci-dessus : remarquez l’architecture très particulière des poussoirs) qui contient un rarissime fragment de météorite lunaire, visible à travers un hublot très vernien (bon article à ce sujet dans Tribune de Genève). Louis Moinet ? « Une des vingt-cinq marques les plus intéressantes de Genève 2010 » selon Vedomosti (qui édite en Russie le Wall Street Journal et le Financial Times)...
••• SOURI DU PATRIOTISME HORLOGER...
de la nouvelle marque américaine Resco Instruments, très portée sur le style US Navy SEALs et autres baroudeurs : la première montre – une solide tool watch à vocation subaquatique – a été baptisée Patriot, comme le missile du même nom. Elément d’explication : R.E. Smith est lui-même un ancien des SEALs, dont il été instructeur. D’où sans doute l’aspect rugueux de ses créations, construites comme des sous-marins (boîtier 42 mm en acier sablé, procédé Lum-Tec pour la vision nocturne, lunette gravée de chiffres très « professionnels »), mais on peut se demander pourquoi il a été chercher, pour sa montre, un mouvement automatique ex-soviétique Slava S-2427 (l’équivalent russe de l’ETA 2892) ? Il avoue lui-même : « Parce que ça fonctionne aussi bien qu’une AK-47 ». Parole de spécialiste...
••• APPROUVÉ LES MARQUES SUISSES...
quand ils partent en guerre contre une récent décision du ministère allemand de l’Environnement, qui veut définitivement mettre hors-la-loi l’usage du tritium, notamment dans les montres. En pointe sur ce nouveau front, Mondaine, qui réalise notamment les montres Luminox, très utilisées par différents services de sécurité ou des forces armées, qui apprécient les capacités de vision nocturne offertes par une technologie à base de capsules de tritium gazeux dont la luminescence est garantie vingt-cinq ans. Cette... querelle d’Allemand a été relayée par Deutsche Welle, mais l’argumentation de Mondaine ne manque pas d’humour : Même si la montre était écrasée et que tout le tritium s’échappe, la “contamination“ serait moins grave que celle qui menace une personne pendant un voyage en avion ou s'il habite au-dessus du quinzième étage »...
••• AJOUTÉ UN NOUVEAU SPONSOR HORLOGER...
sur la liste des marques engagées dans le parrainage de la formule 1 : Certina (Swatch Group) vient de reconduire son partenariat avec l’équipe BMW Sauber, avec un logo visible sur les rétroviseurs des voûtures, mais également le casque, les manchettes et les gants des deux pilotes, Pedro de la Rosa et Kamui Kobayashi...
••• NOTÉ LE COMBLE DU MINIMALISME...
sur les montres du designer japonais Naoto Fukasawa, dont la nouvelle marque est tout simplement baptisée +0... A prononcer « Plus minus Zero » : cadran blanc ultra-dépouillé, bracelet blanc, aiguilles simplissimes, boîtier sobrissime. Reposant, après des années d’exubérance stylistique dans le goût « nouvelle génération » !
••• TROUVÉ UNE EXPLICATION PARTIELLE...
à la relative bonne tenue des enchères horlogères à Genève et du commerce des montres dans toute la Suisse : pour cause de viols nombreux et de plus en plus souvent répétés du légendaire « secret bancaire » suisse, de nombreux épargnants européens (Français ou Allemands, entre autres) liquideraient leur comptes pour ne plus figurer sur la moindre liste et, faute de pouvoir rapatrier ces fonds, choisiraient les biens qui concentrent le plus de valeur sous le plus faible volume, c’est-à-dire les montres et les bijoux. C’est au moins une explication à laquelle on croit à Zürich...
••• VÉRIFIÉ QUE BIEN MAL ACQUIS...
ne profite jamais, même dans l’horlogerie ! Le Temps (Suisse) nous raconte ainsi les tribulations financières complexes d’un ex-champion de l’horlogerie, Jack Barouh, qui avait créé et lancé avec succès les montres Michele Watches, puis empoché 50 millions de dollars en 2004 lors de la revente de cette marque au groupe Fossil. Problème : Jack Barouh avait dissimulé au fisc américain quelques gros millions de dollars quand il gérait encore Michele Watches. Millions qui ont connu bien des malheurs : le compte était à l’UBS ! Et Jack Barouh était un de ces clients dont le nom a été livré au fisc américain...
••• SENTI VENIR LE CRÉPAGE DE CHIGNON...
entre Marc Jacobs, le directeur artistique de Louis Vuitton, et Christian Audigier, le créateur franco-californien, que Marc Jacobs accuse de plagiat (contrefaçon et concurrence déloyale) pour un modèle de sac (information New York Times). Crépage pas facile, le crâne d’Audigier n’ayant que très peu de prises à cet effet ! L'affaire tombe mal pour Christian Audigier (portrait récent dans Challenges, France), au moment où il s’apprête à introduire sur le marché une nouvelle marque de montres, développée avec son ami genevois Marc Chatila (ex-Montega) : la marque aurait pour nom Benzine, ce qui n’a évidemment rien à voir avec... Diesel !
••• JETÉ UN ŒIL PLUTÔT IMPRESSIONNÉ...
sur la série de clips vidéo réalisés pour De Beers pour la Saint-Valentin (agence JWT). Thème central : l’amour, raconté par les un(e)s et les autres en autant d’« histoires » qui vident à être déclinées et à fleurir ultérieurement. Jamais le nom ou le logo de la De Beers n’apparaît. Efficace relais de cette campagne « Drop Everything » sur la page Facebook de la marque...
••• RETROUVÉ À L’AGENCE GALUCHAT...
(Paris) ce qui était un des plus beaux objets promotionnels du SIHH. On trouvait en effet sur le stand Piaget une épatante création de Galuchat (maison décidément pleine de bonnes idées pour l’horlogerie) : une « table interactive » pour présenter les mouvements de la maison, leurs caractéristiques et les montres où trouver ces calibres. Explication des concepteurs de Galuchat : « Conçue comme une table d'architecte (pour son côté design et fonctionnel), cette tble présente des mouvements dans des écrins individuels en verre, rétro-éclairés, et qui pivotent sur eux-mêmes afin de pouvoir admirer le mouvement sous toutes ses formes. Il s'agit de présenter le mouvement, de pouvoir l'étudier mais aussi le sublimer. Chaque mouvement peut, en plus de cette rotation à 360°, être étudié de prés grâce une loupe mobile. Et surtout, il fait l'objet d'un film en 3D spécialement conçu pour la table. Vous appuyez sur le bouton relatif au mouvement, et vous pouvez admirer tous les détails 3D de tous ses composants. La table a été conçue pour suivre les ambitions de la manufacture ; elle présente aujourd'hui 29 mouvements, mais peut en contenir une quarantaine ! »
••• DÉCOUVERT LA RIGUEUR DIGITALE...
des montres Void, lancées en 2008 par le designer suédois David Ericsson, telles que les présentent le site Timefy, qui nous avait déjà présenté la version analogique des productions de cette marque, laquelle a l’intelligence de placer ses prix autour des 100-150 euros. Pour des montres pures et dures de designer, c’est plutôt câlin...
••• SUIVI LES CONSEILS DU BLOG...
de Christian-Louis Col, grand ami des montres et inventeur des perles carrées chez Golay, qui nous renvoie sur son blog personnel vers le portail artistique Lumas où on peut « acheter des tirages de Rafael Neff consacrés à des mouvements horlogers stars, comme le gyrotourbillon ou un quadruple tourbillon de Greubel Forsey. En un mètre sur un ou en mini, vous pouvez accrocher ces oeuvres d’art au mur à défaut de pouvoir les porter à votre poignet »...
••• HÉSITÉ À BIEN COMPRENDRE...
le résultat des chiffres 2009 pour les ventes de montres en France, comparé aux statistiques d’exportation de la FH suisse. En France, on annonce un recul de 5 % de la valeur des montres vendues sur le territoire national. Côté suisse, les statistiques font état d’une variation à la baisse de 14,4 % en valeur. Est-ce à dire que les Français ont consommé encore moins de montres suisses (donc chères), en compensant statistiquement par énormément des montres non-suisses (normalement beaucoup moins chères) ?
••• REPÉRÉ UNE EXTRAORDINAIRE PENDULETTE...
à complication de Cartier à la prochaine vente new-yorkaise de Patrizzi & Co, qui décrit ainsi cette Comète comme « l’une des deux pendulettes au mouvement le plus compliqué jamais construites par Cartier ». Détails : « 8 jours de réserve de marche et Grande Sonnerie à carillon en or jaune 14 carats avec socle et panneaux en néphrite, cadran émaillé, phase de lune et trois cadrans subsidiaires pour le jour de la semaine, le quantième et la fonction réveil, fabriquée en 1929 ». Estimation sur demande, mais le musée Cartier est sur les rangs...
••• RELU ATTENTIVEMENT...
les réponses de Nick Hayek aux questions que lui posait Bastien Buss pour L’Agéfi (Suisse) : « Petite précision utile pour décembre, il s’agissait même d’une amélioration de 31% au niveau de nos exportations. Au mois de janvier et en ce début de février, cette dynamique s’est poursuivie. Presque au même rythme d’ailleurs. Nous ne somme pas loin de ces valeurs-là. Nous évoluons sur les mêmes niveaux qu’en 2008, année record non seulement pour nous mais pour l’ensemble de l’horlogerie ». Confirmation, donc, des 30 % de croissance en décembre annoncés par Business Montres le 9 février, dès l’annonce par le Swatch Group de ses chiffres 2009 ! Bémol en revanche sur les rumeurs d’acquisition qui ont beaucoup intrigué les analystes (Business Montres du 10 février) : Nick Hayek admet seulement qu’« avoir des liquidités suffisantes donne une flexibilité et une liberté fort appréciable. Surtout vis-à-vis des banques. Cela nous offre avant tout une latitude de réaction totale en fonction des opportunités qui pourraient se présenter. Cela dit, nous n’avons pas vraiment besoin de racheter une marque, le potentiel de croissance organique de nos propres sociétés étant toujours intact ». Constat qui n’évacue pas la question d’une croissance externe par le rachat d’une grande marque de joaillerie...
••• CORRIGÉ UNE IMPRÉCISION...
de Business Montres, qui évoquait récemment la discorde entre Hublot et son distributeur espagnol. Loin de « détester les Big Bang », raccourci trop rapide de Business Montres, Marzio Villa, qui les distribue en Espagne, au Portugal et en Italie, se plaint de n’en avoir pas assez à vendre : réduit à la portion congrue faute de livraisons dans les volumes qu’il commande, il en est plutôt réduit à gérer la pénurie pour une marque dont il a construit l’empire en terre latine...
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