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Le Quotidien des Montres vous propose un rapide,mais éclectique tour d’horizon de l'antépénultième semaine avant Baselworld 2010.
Avec quinze cartouches dans son chargeur, cette semaine...
...LE SNIPER A...
1)
••• APPLAUDI LES 317 500 FRANCS SUISSES
...recueillis aux enchères par Hublot (via Patrizzi & Co) pour la vente de la série limitée de Big Bang Depeche Mode (Business Montres du 10 février) : 36 000 CHF pour la Big Bang de l’album Violator et 35 000 pour Ultra, entre autres, tout l’argent récolté partant pour le Teenage Cancer Trust (résultats complets sur le site de Patrizzi & Co)...
2)
••• COMMANDÉ LA MONTRE DES ESPIONS
...qui fait à la fois vidéo, audio, photo et tout le reste, à partir du poignet et avec un style nouvelle génération très marqué : cette SpyNet Video Watch est un concentré un peu fou de technologies « professionnelles » mises à la disposition des amateurs. Gros buzz Internet à ce sujet
3)
••• CRU QUE NICOLAS HAYEK SE METTAIT AU JOGGING
...en découvrant dans les « Propos de Gabriel Tortella » (Tribune de Genève) que le président du Swatch Group faisait « 200 kilomètres par jour ». Un exploit à 82 ans (notre « Bon anniversaire » du 19 février, désormais rituel dans Business Montres tous les 19 février) !
Renseignements pris, c’était 200 km en voiture, l’article ne précisant pas que Nicolas Hayek conduit lui-même sa berline familiale, alors que tant de présidents de moindre volée exigent une voiture de fonction et un chauffeur. Simplicité teintée d’une humanité que confirme une autre phrase de l’article à propos de la crise : « Il a éclaté de rire, en me disant qu’il avait bien fait de n’avoir pas mis des collaborateurs à la porte, car il aurait dû les réembaucher avant la fin de 2009, vu que les ventes ont alors explosé ».
Du grand Gabriel, qui n’oublie jamais ses amis : Nicolas Hayek « rend toujours service à tout le monde, y compris et surtout à l’Etat suisse. Sans oublier les personnalités du monde de l’horlogerie. Comme Jean-Claude Biver, qui lui a demandé conseil avant de prendre la direction de la marque que l’on connaît. Un homme qu’il porte dans son cœur, ça se sent »...
4)
••• PERÇU QUELQUES ÉCHOS D’UN GRAND SCANDALE
...qui frappe le monde des enchères : la faillite d’un des « meilleurs » vendeurs de montres sur eBay, Webauktion (Allemagne), auctioneer professionnel en ligne, qui n’avait pas moins de 26 000 évaluations ultra-positives depuis 2003 et qui semble avoir énormément gonflé sa « cote d’amour » avec des faux comptes d’amis et des commentaires bidon. Ceci semble-t-il au vu et au su de l’administration d’eBay, qui ne semble guère avoir mieux vérifié l’authenticité ou l’honnêteté des pièces vendues que celle de son vendeur. Des centaines de clients – qui avaient payé leur montre sans la recevoir à l’issue de la transaction – sont floués et pratiquement sans recours...
5)
••• REGRETTÉ LE DÉPART SUR SIÈGE ÉJECTABLE
...de Pascale Truffaut, qui assurait depuis 23 ans les relations publiques de Bvlgari en Suisse : un licenciement « pour motifs économiques » assez surprenant, Pascale Truffaut étant la mémoire de Bvlgari Time autant que la plus sympathique des interfaces avec les médias suisses. Pascal Brandt (ex-DeWitt, Vacheron Constantin et Panerai) se trouve désormais en première ligne, alors que des questions – sans réponse claire – se posent toujours sur la fermeté de l’engagement suisse du groupe Bvlgari...
6)
••• EU DU MAL À EN CROIRE SES YEUX
...en découvrant dans Worldtempus un des secrets les mieux gardés de toute l’horlogerie, une sorte de « trésor vivant », une légende de la profession dont les CEO se repassent le téléphone en grand secret : Maurice Goldberger en personne, l’homme qui achète tous les ans pour 250 à 350 millions de dollars de montres déstockées officiellement par les marques suisses, qui, chacun le sait, ne sont pour rien dans l'alimentation des marchés gris, parallèles, tertiaires, etc. !
Son métier : « Mon rôle dépasse celui d’intermédiaire, car j’apporte une solution globale et maîtrisée au problème des surstocks. En amont, je travaille en toute transparence avec les marques. Elles définissent elles-mêmes les marchés où elles souhaitent que je revende leurs produits et se chargent de livrer les pièces. En aval, j’apporte aux détaillants toutes les garanties nécessaires sur l’origine et l’authenticité des produits ».
Son éthique : « Je veille à ce que les montres que je distribue soient toutes des modèles hors catalogue, donc non actuels, et qu’ils n’apparaissent jamais en vitrine pour ne pas cannibaliser les produits du moment ». Il suffit d'y croire, et de considérer comme « non actuelles » des montres qui ont plus de quelques semaines... avant Bâle !
Principes de la négociation : « J’achète uniquement des montres des années précédentes ou qui ne sont plus au catalogue. Par ailleurs, je traite directement avec les marques. (...) Les marques m’envoient une liste détaillée de leurs invendus avec les références des montres, les quantités, une courte description des produits, des photos, les certificats de provenance des éléments soumis à une législation particulière - les bracelets en crocodile notamment -, ainsi que le prix public. Elles précisent également si elles sont prêtes à être livrées ou non. J’achète toujours l’intégralité du stock disponible, je coordonne le transport et je paie d’avance par virement bancaire ». Autant que ce cash peut s’avérer providentiel en fin d’année, quand il s’agit de cosmétiquer les bilans : ce n’est pas un hasard si le « dépanneur » est souvent en Suisse au dernier trimestre. Léger mensonge par omission : « Au final, les rabais atteignent 8% à 25% par rapport au prix initial. Les marques les plus demandées ont logiquement plus de poids dans la négociation ». Au final ? Oui, pour le client final, mais l’achat direct à la manufacture se négocie avec 80 % à 85 % de remise sur le prix public, voire plus !
On comprend dans l’article que « Maurice » – pour les intimes, c’est-à-dire 90 % des actuels patrons de marque – travaille avec quasiment toutes les marques, grandes ou petites, célèbres ou plus obscures : il ne prend pas la peine de les citer tellement il y en aurait ! « J’offre des solutions simples à un problème complexe. (...) L’information circule par le bouche à oreille. Mon relationnel est basé sur la confiance et la discrétion ». Pour la discrétion, après cet article, ce sera moins facile...
7)
••• TROUVÉ UNE AUTRE VIDÉO SUR LES ROUAGES NON CIRCULAIRES
...qui démontre – à travers une simple sculpture kinétique – tous les avantages de ces engrenages non linéaires en matière d’affichage alternatif, d’avance rapide ou de retard programmé des heures, à des fins ludiques ou simplement didactiques. On peut déjà prendre les paris que l’Opus 10 d’Harry Winston, attendue pour Baselworld 2010, sera fondée sur ces principes, fondateurs d’une nouvelle horlogerie mécacinétique...
• Dans ce domaine, tout n’est souvent qu’une question de connaissances en triblogie : pour s’initier à la science des frottements, une excellente contribution scientifique de Jean-Jacques Milan – accessible aux non-initiés.
8)
••• FÉLICITÉ ALAIN SILBERSTEIN
...pour l’intelligence de son plaidoyer en faveur d’une « horlogerie collaborative » (magazine de la Haute horlogerie) : « Nous représentons un nouveau modèle économique en création, un modèle horloger incarné par une génération d’indépendants qui cassent les codes, tout en se faisant plaisir. Une génération transgressive, jubilatoire et passionnée ». Il constate la nécessité d’une nouvelle alternative coopétitive (Business Montres du 5 novembre dernier) : « Il y a une évidence incontournable pour nous autres créateurs : en termes de chiffre d’affaires, nous représentons des entités négligeables pour les détaillants qui travaillent avec les grands groupes horlogers. En d’autres termes, lorsqu’il y a des problèmes, nous sommes les premiers à dégager… Raison pour laquelle si nous sommes condamnés à innover sans cesse au niveau des produits, nous devons faire de même en ce qui concerne la distribution. A mon avis, dans ce domaine, il y a un impondérable tel que sans ventes directes d’au moins 30%, toute espérance de survie est un leurre. Mais pour le reste, nous allons certainement devoir imaginer une solution de points de ventes collaboratifs multimarques pour ne pas être pris en otage lorsqu’il y a des crises économiques et minimiser les risques. En d’autres termes, nous devons nous regrouper et trouver des partenaires financiers en travaillant par affinité ».
Ce modèle collaboratif pourrait s’étendre à des mouvements open source, dont il existe actuellement plusieurs projets chez les jeunes indépendants : un mouvement open source largement partagé serait aujourd’hui un des meilleurs moyens de rassurer les amateurs (et les détaillants) sur le service après-vente. Qu’on se souvienne ici du fameux « théorème de François-Paul Journe », ainsi baptisé par Business Montres le 5 août 2007)...
9)
••• REDOUTÉ UNE EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE
...dans l’affaire Metalor, la direction ayant refusé de verser une enveloppe neuf millions aux 110 personnes licenciées (L’Express-L’impartial, Suisse). Le plus grave reste cependant que la disparition – économiquement non justifiée, sinon par voracité financière – de la division Horlogerie de Metalor commence à poser quelques problèmes aux marques, y compris aux plus grandes (Rolex, notamment). Metalor Horlogerie maîtrisait quelques technologies de fonderie d’or uniques en Suisse, notamment la réalisation de « tuyaux » creux (fonte verticale), dans lesquels on peut tailler des couronnes : même le Swatch Group ne possède pas ce savoir-faire, qui aurait suffi à justifier le maintien de l’activité. Ceci pour ne rien dire du choix d’alliages précieux (notamment à base de platine) que Metalor était la seule entreprise à proposer à l’industrie horlogère...
10)
••• CONSTATÉ LA FERMETURE (JUSTIFIÉE)
...de la page Facebook qui s’intitulait « Officiel Rolex » et qui annonçait encore au futur, en février, des informations qui remontaient à décembre. Ceci en plus de quelques Rolex piratées ( !). Aberration signalée par Business Montres le 15 février (info n° 9). Apparemment, le ménage a été fait dans cette volière !
11)
••• ENREGISTRÉ QUELQUES RÉACTIONS DÉÇUES
...à l’issue du Qatar Watch & Jewelry Show, non seulement à cause d’une fréquentation publique légèrement en baisse, mais surtout en raison des achats en provenance du Palais, un peu moins importants cette année [sauf pour quelques marques, mais c’était au détriment d’autres, fortement pénalisées] en horlogerie, quoique parfois plus substantielles en joaillerie [Boucheron et Bvlgari auraient notamment mieux tiré leur épingle du jeu]...
12)
••• SALUÉ L’EXCELLENTE INITIATIVE
...de la FH, qui a mis en ligne le Dictionnaire professionnel illustré de l’horlogerie, le fameux « Berner », plus forcément toujours dans le coup tellement l’horlogerie a évolué au cours de quinze dernières années [il a été édité pour la première fois en 1961, il y a presque un demi-siècle], mais toujours indispensable, à plus forte raison dans sa version électronique, enrichie de liens hypertextes. A placer d’urgence dans la « barre personnelle » de son moteur de recherches !
13)
••• AJOUTÉ UN NOM À LA LISTE
...des horlogers en embuscade au Salon de l’auto de Genève (indiscrétion n° 18, Business Montres du 24 février) : après Bell & Ross et quelques autres, on y découvrira Carl F. Bucherer, dont la concept watch mécanique a pris place à bord de la UC ? présentée par Frank M. Rinderknecht (Rindspeed).
14)
••• VISIONNÉ ATTENTIVEMENT LA COMPARAISON
...faire par une école horlogère américaine entre un mouvement suisse ETA et un mouvement japonais Orient. Pas n’importe quelle école : il s’agit de la NAWCC School of Horology, soit ce qui se fait de mieux et de plus officiel aux Etats-Unis. Pas n’importe quels mouvements : le 46943 automatique pour Orient et lke 2892.a2 pour ETA. La démonstration vidéo (05:08) est impitoyable pour ETA (lire aussi les commentaires). Qui sait, en Suisse, que la manufacture Orient est capable de faire ses propres mouvements ? La liste des manufactures dignes de ce nom s'allonge...
15)
••• DÉNICHÉ LA MONTRE LA PLUS TORDUE
...qu’on puisse imaginer pour l’affichage de l’heure : pas d’aiguille, juste un improbable tortillon sur le cadran, mais elle donne l’heure avec la plus grande précision, et même la plus nette lisibilité dès qu’on a compris comment elle fonctionne : présentation de cette Ora Unica, dessinée par Denis Guidone pour la maison milanaise Nava Design, sur Timefy – Time to change, qui met en ligne une vidéo très convaincante. Atout supplémentaire : le boîtier est en 42 mm (les montres de designers sont généralement trop petites) et le prix fixé à 119 euros, ce qui est totalement déclencheur de pulsions instantanées (image ci-dessus : il est 4 h 21 ; si, si, cherchez bien avant de vous précipiter sur la vidéo)...
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