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Swatch Group a présenté hier à Bienne ses chiffres 2009. Le numéro un mondial de l'horlogerie réalise un début d'exercice 2010 record. Gros plan sur EM Microelectronic-Marin qui vient de changer sa ligne de production de circuits intégrés pour 140 millions de francs.
«Nous sommes leader mondial de l'ultrabasse consommation d'énergie!», a lancé fièrement Mougahed Darwish, délégué du conseil d'administration d'EM Microelectronic-Marin, hier, lors de la conférence de presse présentant le bilan 2009 de Swatch Group (lire l'encadré).
«Nos investissements ont été massifs à Marin», expose Nick Hayek, président de la direction générale. «Les financiers voulaient fermer EM-Marin avec la crise financière. Nous ne sommes pas que leader dans l'horlogerie!» Swatch Group a ainsi dépensé 140 millions de francs sur trois ans pour une nouvelle ligne de production de circuits intégrés qui est opérationnelle depuis fin 2009.
«Tous les quinze ans, il faut changer l'ensemble du parc des machines», précise Mougahed Darwish. Il a présenté la nouvelle génération de plaquettes en silicium qui font désormais 20 cm de diamètre contre 15 cm auparavant, soit un important gain en surface. «Notre deuxième objectif était de réduire la dimension minimale du circuit», explique le docteur en physique. De 0,5 à 1 micron auparavant, elle est aujourd'hui de 0,35 à 0,18 micron. Le potentiel de productivité augmente ainsi d'un facteur 3,6 au final.
L'entreprise du Swatch Group a produit 800 millions de circuits en 2009. Une petite part est utilisée pour l'horlogerie et on en trouve aussi dans de nombreux instruments portables: ordinateurs, téléphones, brosses à dents électriques, clefs de voitures, etc...
Mougahed Darwish présente aussi une télécommande pour allumer ou éteindre une lampe qui fonctionne grâce... à l'énergie du pouce sur l'interrupteur! «C'est une électronique très sophistiquée.»
EM-Microelectronic emploie 330 personnes à Marin dont environ la moitié dans la recherche et le développement. Elle possède aussi deux centres de développement à Prague (50 employés) et Colorado Springs aux Etats-Unis (20), ainsi qu'un centre d'assemblage en Thaïlande (300 collaborateurs).
«Nous nous focalisons sur l'électronique utile à l'horlogerie: c'est grâce à la technologie horlogère que nous avons développé cette technologie ultrabasse consommation», ajoute le responsable de Swatch Group Electronic Systems.
«Une montre fonctionne sept ans avec l'énergie d'une lampe de 60 watts allumée pendant une seconde!», s'exclame Mougahed Darwish. «Vous êtes trop modeste! Seulement si elle est munie d'un circuit d'EM Marin», ajoute Nick Hayek...
Deux entreprises ont été vendues par Swatch Group: Sokymat en Allemagne et Microcomponents à Granges. La division électronique affiche un chiffre d'affaires de 394 millions de francs en 2009.
«Nous avons mieux résisté à la crise en 2009 que le secteur de l'électronique. Nous baissons de 14,7% (25% en tenant compte des deux ventes), alors que les exportations au niveau suisse ont baissé de 23% dans la branche», fait remarquer Mougahed Darwish, membre de l'Académie suisse des sciences appliquées. «EM-Marin est la plus importante force de frappe en Suisse pour les circuits intégrés!»
Début 2010 en fanfare
Swatch Group a terminé l'année 2009 en beauté avec le meilleur mois de décembre de son histoire (+28,8% par rapport à décembre 2008). «2010 s'annonce vraiment pas mal du tout!», a lancé hier le directeur général Nick Hayek devant la presse, à Bienne. Le numéro un mondial de l'horlogerie a connu une forte croissance en janvier-février 2010 avec des ventes en hausse d'environ 40% par rapport à 2009. Elles sont même meilleures de 5 à 10% par rapport à janvier-février 2008 (année record). En 2009, Swatch Group a bien résisté à la crise avec un chiffre d'affaires brut de 5,421 milliards de francs, en baisse de 6,3%. Le bénéfice net s'élève lui à 763 millions (-8,9%). Le chiffre d'affaires du secteur montres et bijoux est de 4,429 milliards en 2009 (-7,7%) avec un excellent second semestre.
Le groupe emploie quelque 24 000 collaborateurs dans le monde. «Nous produisons davantage pour nos marques pour garder les employés. La profitabilité a baissé», a expliqué Nick Hayek. Swatch Group n'exclut pas des acquisitions, fort de sa solide base financière et de ses liquidités. «Nous ne sommes pas des requins qui achètent de tous les côtés d'autres marques. Ce n'est pas notre philosophie», ironise Nick Hayek. «Nous voulons d'abord développer nos marques, mais s'il y a quelque chose d'intéressant, pourquoi pas? Nous en avons les moyens...»
Basile Weber
Arcinfo - L'Express / L'Impartial |