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A Baselworld, cette semaine, le Chaux-de-Fonnier Frédéric Jouvenot présentera sa deuxième création. Entièrement pensée par le constructeur horloger, elle fait appel au savoir-faire des fournisseurs de la région.
Les difficultés que traverse l'horlogerie ne refroidissent pas l'enthousiasme de Frédéric Jouvenot, fondateur de la marque qui porte son nom. «Si j'ose l'expression, c'est comme construire une maison en pleine guerre.»
Sa première création, un chronographe avec sa masse oscillante côté cadran avait surpris en bien. La crise n'a pas aidé et il en a écoulé une vingtaine au lieu de la cinquantaine prévue.
«L'intérêt est toujours là, le potentiel aussi», dit Frédéric Jouvenot. Technicien en microtechnique et commercial de formation, il porte plusieurs casquettes. «Créateur et concepteur de la marque, qui est le bureau technique. Je m'occupe de beaucoup de choses à la fois», ajoute-t-il en évoquant création, esquisses, deuxième et troisième dimensions ou encore le marketing. «Pour finir avec le client. Le jour où je dépasserai la cinquantaine de pièces par an, ce ne sera plus possible.» Il revient aujourd'hui avec une création très originale, dont la première idée lui est apparue lors de vacances en Grèce l'an dernier. «Une pièce vraiment typiquement hors normes», juge Frédéric Jouvenot. «En l'espace de quelques mois, la mécanique s'est mise en place.» Sur une base heure et minute, il s'amuse avec l'affichage. Jouvenot Helios n'a ni aiguilles ni disque ni chiffres (voir encadré).
«Je transforme mes idées en 3D, en 2D, jusqu'à faire le dessin de fabrication. Je fais tout le suivi du projet, la mise au point de la pièce et le travail avec les horlogers», précise Frédéric Jouvenot, qui laisse le montage aux spécialistes et ne dessine pas la boîte. La maison Concepto réalise le mouvement à remontage manuel spécifique à cette pièce.
«Tous les sous-traitants qui s'activent autour de cette pièce viennent de la région», dit Frédéric Jouvenot.
«J'ai toujours eu plaisir à créer des choses originales dans le secteur haut de gamme et des mouvements à complications. D'une conception simple au quantième, au GMT et au tourbillon, j'ai de multiples cordes à mon arc.» Le Chaux-de-Fonnier travaille aussi pour différentes marques horlogères. Reste qu'il veut implanter la sienne. «La particularité de ma marque, c'est de présenter des choses qu'on ne voit pas ailleurs. Le prix s'en fait ressentir à cause du brevet.» Ce nouveau modèle, comme le précédent, a fait l'objet d'un dépôt.
Pour conclure: «Jouvenot Manufacture est une jeune société qui recherche actuellement des partenaires pour développer d'autres projets de la marque.»
Le soleil source d'inspiration
Jouvenot Helios a pour emblème un soleil. Au centre se trouve un compteur 60 minutes. «Toute la complication est logée dans le moyeu intérieur», explique le Chaux-de-Fonnier. 150 pièces se trouvent réunies dans un diamètre de 13mm pour 4mm de haut. Chaque heure se décline sous la forme d'un rayon de soleil. A midi, les rayons sont tous blancs. Une fois qu'une heure s'est écoulée, le premier rayon - en fait un cône en laiton de 10mm de long - pivote de 180 degrés. Il devient alors noir avec un trait de luminova. Et ainsi de suite de 13h à minuit. «A minuit, la montre s'est transformée.»
«C'est une pièce vivante. Le soleil, pour tout être humain, c'est quelque chose de vital. Ce que j'aime, c'est d'avoir quelque chose de clair, de précis, agréable au design mais aussi un confort de lecture.» Ce modèle, qui sera présenté à des détaillants cette semaine au Salon mondial de la bijouterie et de l'horlogerie de Bâle, sera vendu 25 000 à 30 000 francs, «un prix très compétitif pour ce créneau».
Daniel Droz
Arcinfo - L'Express / L'Impartial |