|
Marketing oblige (et la bronca des puristes aidant), ce sera donc une Striking 10th et non plus la Foudroyante des premiers jours, nom qui fleurait bon le mousquetaire ou la frégate du temps de la marine en bois….
Quelques nouvelles explications techniques.
••• CE QUI A VRAIMENT CHANGÉ DANS CETTE EX-FOUDROYANTE
Suite, mais pas fin, de la découverte d’une montre qui sera une des vedettes incontestées de Baselworld : la nouvelle Zenith Striking 10th, premier chronographe de l’histoire horlogère capable de mesurer des temps courts au dixième de seconde, et surtout de pouvoir les afficher de façon très lisible.
Essai d’explication technique de cette performance, sans prise de tête et surtout sans prétention autre que pédagogique. Il n’est pas inutile de relire les articles précédents (Business Montres du 3 mars et du 24 février)…
• Dans un chronographe classique, une même dent de la roue de chronographe est employée pour le passage de plusieurs dixièmes de secondes. Lors de l'arrêt du chronographe, pour maintenir la roue de chronographe dans la bonne position intermédiaire, le bloqueur se pose sur la pointe des dents, si possible sur plusieurs dents afin d'éviter de les émousser.
• Pour le mouvement du chronographe El Primero Striking 10th, la configuration parait classique, grâce à la roue à colonne, l'embrayage, le bloqueur et le marteau de mise à zéro sont actionnés de manière parfaitement synchronisée. Mais, pour éviter une trop grande perte d'énergie, ce mouvement se démarque du chronographe d'origine de deux manières supplémentaires.
On se souvient que l'aiguille de chronographe tourne six fois plus vite : nous avons par conséquence à peu près six fois moins de couple à cette endroit. Si, classiquement, nous devions y vaincre une friction et avoir une fois par tour un doigt qui actionne le compteur de minutes et soulève son sautoir, nous aurions une consommation d'énergie très importante avec une pointe supplémentaire concentrée à chaque tour entier de l'aiguille.
• PREMIER CHANGEMENT : Optimiser le moment o% la friction centrale est active…
Dans le cas d'un départ du chronographe (après une remise à zéro), le bloqueur a été relevé pour permettre au marteau de faire tourner l'aiguille – par l'intermédiaire du cœur – et la remettre sur le repère à 12 h. Il ne maintient donc pas la roue entre le moment où le marteau commence à se lever et celui où les dents de la roue d'embrayage pénètrent dans celles de la roue de chronographe.
La levée du marteau ne peut pas non plus être retardée, la roue de chronographe partant tellement vite que son cœur pourrait butter contre le marteau.
Donc la friction sur l'aiguille centrale n'est utilisée que lors de ce départ (depuis une mise à zéro), assurant un départ d'une extrême précision, sans saut d'aiguille. Elle est ensuite débrayée lorsque le chronographe est en fonction.
La fonction de friction est alors assurée par celle du compteur de minute. Cette configuration laisse parfois apparaître un léger flottement de l'aiguille à la descente, mais des observations à la caméra rapide montrent que cela reste une séquence de déplacement différente entre deux positions de 1/10e et ne perturbe par la mesure.
• DEUXIÈME CHANGEMENT : L'énergie d'entrainement du compteur de minute est répartie…
L'aiguille centrale de notre montre indique clairement les secondes et les dixièmes. Le compteur une minute, à 3h, indique uniquement les dizaines de secondes.
Dès lors, la progression par sauts du compteur de minute ne se justifie plus et son entraînement se fait en continu, synchronisé avec l'aiguille centrale.
Cette configuration permet de supprimer un sautoir et de répartir l'énergie nécessaire à sa rotation sur un tour complet. Puisqu'il engrène constamment avec la roue de chronographe lors de la mesure et qu'il effectue un tour par minute, il dispose de la même énergie qu'un chronographe classique et peut donc supporter la friction.
• COMMENT PARVENIR à une indication précise du 1/10e de seconde ?
Comme il a été expliqué dans l'article précédent, la roue de chronographe de l'El Primero Striking 10th comporte 100 dents, une pour chaque 1/10e de seconde (dessin en haut, à droite de l’image ci-dessus). Au début de la phase d'arrêt de la mesure, la pointe du bloqueur commence de s'immiscer entre deux dents de la roue de chronographe, avant que les dents de la roue d'embrayage ne les aient entièrement quitté.
Ainsi, un jeu d'engrenage ou une secousse lors de l'arrêt du chronographe ne peuvent pas faire passer la pointe du bloqueur du mauvais côté d'une dent et générer une erreur de mesure d'un dixième de seconde.
Ensuite pour permettre une lecture du dixième sans confusion, le bloqueur aligne précisément l'aiguille sur une division du cadran (dessin, en bas à droite de l’image ci-dessus).
On voit là l'importance majeure de ces configurations. Non seulement la montre indique précisément le dixième mais les séquences de départ et d'arrêt permettent de les mesurer précisément.
••• Suite et fin de cette série, avec une vidéo qui raconte tout et quelques questions que tout le monde se pose : à la faveur de la tendance « retour au classique », cette Striking 10th peut-elle détrôner l’actuel chronographe manufacture de référence, Sa Majesté Rolex Daytona, première du nom ?
•••••• Rappel des précédents articles de Business Montres au sujet de cette Striking 10th:
• « Pourquoi on doit reparler de cette Foudroyante au dixième de seconde » (24 février).
• « Comment est-on parvenu à cette lecture du dixième de seconde ? » (3 mars).
• « Les secrets d’un arrêt précis au dixième de seconde » (13 mars).
• « Le film qui démontre que ce chronographe « manufacture » peut devenir le vrai concurrent de la Rolex Daytona » (14 mars)… |