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Cabestan : Et de 30 !
 
Le 15-03-2010
de Business Montres & Joaillerie

Arrivée ce week-end à Hong Kong (Elegant) de la trentième Cabestan livrée par l’équipe d’Eric Coudray.

Comme quoi il y a toujours un marché pour les montres de la nouvelle génération, même les plus acrobatiques côté concept ou côté prix !


••• LA PREMIÈRE CABESTAN PHASES DE LUNE

La trentième Cabestan sortie de l’atelier/micro-manufacture de la Vallée de Joux est une pièce unique, très spéciale, puisqu’il s’agit de la première Cabestan à phases de lune jamais imaginée : le guichet – très classique – de cette phase de lune a été disposée au centre de la montre, qui a été pour l’occasion entièrement récharchitecturée et « inversée », avec un affichage en haut des secondes (tourbillon à 2 h) et du nom de la montre, la réserve de marche (sur la fusée-chaîne, à 7 h, et ) et les heures-minutes étant placées en bas à 5 h. Une Cabestan un peu étrange, avec un verre monobloc (et non plus double corps), mais dont le traitement graphique bleu est superbe.

• Flash back sur la genèse du concept Cabestan. Premiers dessins il y a six ans (déjà !) : Jean-François Ruchonnet, dont on connaît l’effervescence créative, imagine un tourbillon à engrenages verticaux, lecture de l’heure par rouleaux, fusée-chaîne et tourbillon (« complication » qui était alors beaucoup moins galvaudée qu’aujourd’hui). Une montre sans équivalent sur un marché qui n’était pas aussi dynamité par les « concept watchs » qu’aujourd’hui : normal, l’explosion de la nouvelle génération venait de se produire…

• Avec Vianney Halter, Jean-François Ruchonnet « bricole » rapidement un projet horloger et le propose [c’était son métier : « boîte à idées » pour les uns ou les autres, comme TAG Heuer pour la Monaco V4 ou Breguet pour le Double tourbillon] à différentes marques. Lesquelles n’y comprennent rien ou n’y croient pas – même et surtout les maisons plus ou moins associées à l’univers nautique et qui auraient pu craquer pour ce concept de montre à winch. On ne va pas citer les noms des sceptiques, mais ce sont les plus belles manufactures du marché et ce scepticisme va accompagner toute la suite de l’aventure Cabestan…

• Pas découragé, Jean-François Ruchonnet poursuit en solitaire sa quête, puis se décide à se lancer lui-même dans l’aventure. On en reparle en 2005 (belles images de synthèse), en 2006 (tiens, le prototype du boîtier est arrivé, ainsi que les « glaces » en Pyrex : impossible de faire développer de telles « glaces » en verre saphir par les Suisses), en 2007 (la marque Cabestan commence alors à fonctionner comme une « vraie » marque) et en 2008 (un premier prototype plus ou moins fonctionnel est réalisé, mais l’axe du tourbillon se brise malencontreusement pendant Baselworld où Jean-François Ruchonnet le présentait aux « initiés »).

• Surprise désagréable quand Jacob & Co fait développer par BNB un concept de tourbillon vertical à rouleaux assez proche de la Cabestan (montre Quenttin) : fuite ou démarquage ? Une pratique assez fréquente dans l’univers des complications pour que le projet Cabestan soit de plus en plus verrouillé. Autres surprises désagréables pour les porteurs du projet : les rumeurs malveillantes sur la faisabilité même de la montre, dont on affirme qu’elle ne pourra jamais fonctionner, et sur la fiabilité de l’entreprise qui la réalise.

• Il suffit pourtant de poser les bonnes questions au bon endroit pour voir le projet avancer : tiens, une chaîne ! Tiens, les bons rouleaux livrés par le fournisseur ! Tiens, le tourbillon complet dans sa cage ! Petit à petit, le mouvement prend forme, fait tic-tac (au moins provisoirement) et la Cabestan commence à ressembler à quelque chose. Dans une grande solitude éditoriale, Business Montres donne régulièrement de ses nouvelles à la communauté professionnelle, qui affiche toujours un sourire sceptique de circonstance…

••• UN RÉGLAGE GARANTI PAR LA SIGNATURE D'ÉRIC COUDRAY

• On passe aux choses sérieuses en 2009, quand Jean-François Ruchonnet se décide à prendre le taureau par les cornes.
1) Il recrute Eric Coudray, une des plus brillants maîtres-horlogers de sa génération, qui vient de claquer la porte de la manufacture Jaeger-LeCoultre, où il avait mis au point le concept du Gyrotourbillon et les complications pour l’Atmos : Eric et son équipe vont presque tout reprendre à zéro et repenser le calibre Cabestan dans ses moindres détails pour qu’il fonctionne.
2) Il met en place une micro-manufacture à L’Orient (vallée de Joux) en créant un pôle de compétences autour de Cabestan.
3) Il consolide sa structure en se trouvant un nouvel actionnaire, Timothy Bovard, lui-même conservant la mission d’animer et de représenter la marque. Il faut savoir que, pour mener à bien son projet, Jean-François Ruchonnet s'est lourdement endetté à titre personnel, et qu'il a été jusqu'à hypothéquer, en plus de sa maison, sa propre collection de montres...
4) Il expose pour la première fois son concept abouti et fonctionnant à Baselworld, dans cette matrice de talents conjugués qu’était The Watch Factory.
5) Il présente une Cabestan pièce unique Sébastien Loeb à la vente Only Watch de Monaco, où elle fait un malheur en se plaçant au second rang des enchères pour la nouvelle génération, à 220 000 euros sous le marteau (pas mal pour un outsider aussi décrié !)…

• Toujours relayée par Business Montres (que les apports d’Eric Coudray et de Timothy Bovard incitent à soutenir le projet sans états d’âme), la communication sur la livraison aux boutiques (qui les attendent parfois depuis trois ans) des premières Cabestan ne suscite qu’une ironie marquée – tant sur la réalité des livraisons que sur la fiabilité des pièces livrées. Pourtant, il suffit de contacter les détaillants pour savoir que « ça tourne » et que « c’est livré », même si tout n’est pas parfait (les premières montres sont notamment livrées sans le « cabestan » éponyme, un winch miniature logé dans la boucle du bracelet).

• Et c’est parti ! Une trentaine de Cabestan auront donc été livrées et facturées, en quelques mois, à autant de clients à travers le monde. Taux de retour négligeable, et presque toujours dû à la maladresse des clients, qui veulent trop s’amuser à remonter leur chaîne ou qui cassent une « vitre ». Non seulement le calibre Cabestan fonctionne parfaitement, mais il règle très bien, avec des performances chronométriques qui peuvent, selon les pièces, varier de 1 à 2 secondes par jour, ce qui est incroyable pour un tourbillon. Un agrément est en cours pour bénéficier de « bulletins d’observatoire » rendus difficiles du fait de la construction non-conformiste du calibre. Il faut dire qu’Eric Coudray (image ci-dessus, à gauche : à droite : Jean-François Ruchonnet) ne laisse rien passer et met sa réputation en jeu dans chaque mouvement livré. Ce qui n’est pas rien…


••• Cabestan, 31e et suivantes : le souci n’est plus de vendre (en fonction de la production forcément artisanale, le carnet de commandes est rempli au-delà la fin de l’année), mais de fabriquer et de livrer ce qui a été commandé, tout en préparant la suite – c’est-à-dire une Cabestan 2 (ce sera la Nostromo, qui a aujourd’hui dépassé le stade de l’image de synthèse et qui pourrait faire l’objet d’une présentation en prototype à Baselworld) et des Cabestan « capsule » (comme la prochaine Marc Alfiéri, mais on parle aussi de concepts tout aussi déjantés pour d’autres marques).

Il reste également à mieux structurer l’outil de production pour crédibiliser l’ensemble de la proposition, garantie par la « signature » horlogère unique d’un Eric Coudray, privilège que beaucoup de marques envient à Cabestan, nom qui fait désormais référence et qui restera comme un des plus emblématiques de la révolution horlogère des années zéro-zéro...

Bon courage, messieurs les rebelles de la vallée de Joux !

 



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