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Petite musique de nuit la veille de l’ouverture de Baselworld…
••• LE PAPIER KRAFT DE TOUTES LES MISÈRES
Quand le ciel se met au bleu, comme ce matin, Bâle peut être une des plus jolies villes d’Europe : chaque pavé des rues de la vieille ville a pu passer l’histoire et même les tramways s’ébrouent de plaisir dans ce ruissellement de lumière nettoyée par l’imminence du printemps.
Mais c’était hier soir que l’aventure commençait, avec une visite – non autorisée, évidemment, mais c’est le privilège des journalistes de passer par la fenêtre quand la porte est fermée – des grandes halles aux alentours de minuit. Tout était prêt, depuis des heures, dans les stands des grandes marques, alors que les petites y allaient toujours de leurs coups de marteau et de leurs cartons à déballer pour garnir les vitrines…
Pas de vrais changements dans le sanctuaire du Hall 1.0, avec les grands bunkers habituels, les allées plus désertes que jamais, seulement peuplées de vigiles et de personnels de ménage qui font danser les aspirateurs, les chiffons à poussière et les raclettes à vitres. Les grands sacs poubelle bourrés de déchets de décoration seront dégagés au petit matin.
Tiens, un nouveau stand pour Romain Jerome, où l’escadrille des premières Moon Invader (Business Montres du 11 mars) vient de se poser, Manuel Emch ouvrant fébrilement les emballages pour découvrir les premiers exemplaires de sa pré-série et du stylo totalement interplanétaire qu’il dévoilera ces jours-ci.
Tiens, beaucoup de marques, à commencer par les plus grandes, mais aussi quelques petites, jouent systématiquement la déception en recouvrant leurs vitrines – impeccables – d’un mauvais papier kraft destinés à décourager les curiosités : on ne se retient parfois pour ne pas y laisser un tag ironique, mais ça ne se fait pas à Bâle. Comme tout bon pararazzo qui se respecte, on doit soulever le kraft pour regarder derrière : Business Montres vous racontera plus tard. Juste une impression au passage : et si ces grands panneaux de papier d'emballage cachaient précisément un grand vide conceptuel et une grande misère créative ? Les stands sont plus luxueux que jamais, avec moquettes épaisses, plantes vertes et ornements dorés, mais les idées vraiment nouvelles moins présentes que jamais...
Détour par les halles moins stratégiques pour le fric et pour l’image, mais plus décisives pour la créativité et l'avenir de l'industrie. Tiens, Max Busser dans la Dream Factory, qui n’est pour l’instant que la Dream Factor, le Y étant retombé ! Dream factor : quel sublime lapsus surréaliste… Et chacun y va encore de son chiffon, de son rouleau de papier adhésif et de ses coups de téléphone pour lister tous les ingrédients indispensables oubliés au bureau. Rassurez-vous : le Goldorak de MB&F est à son poste et les chouettes sont dans leur nid (message codé, dans le style Radio-Londres, « Les Français parlent aux Français »).
Sur son portable, Peter Speake-Marin prend des nouvelles de sa femme, enceinte au dernier degré et donc privée de Bâle cette année : accoucher au moment de Bâle, c'est de la précision horlogère ! Mercedes et Aphrodite, les jolies dames de Linde Werdelin, sont encore plus craquantes en jeans et sans maquillage !
Retour dans la nuit douce de ce pré-Bâle 2010. Tiens, une énorme américaine (une Cadillac, pas une journaliste !) des années cinquante, peinte comme à La Havane en couleurs pastel d'époque : bon sang, mais c’est bien sûr une Cuervo y Sobrinos ! Il faudra aller voir demain cette sympathique marque cubao-italo-espagnole pour déguster un mojito accompagné d’une vitole cubaine bien moelleuse.
Un gros 4 x 4 Follow Lolo réveiller la Messe Platz : prêté par Laurent Piocciotto (Chronopassion, Paris), c'est le véhicule de démonstration de l'équipe des Snypeurs, avec le rire cristallin des Snypeuses (là, c'est de la bombe thermonucléaire !)? Vivement demain sur le stand...
Retour sur les péniches-hôtels : cette année, on a l’impression qu’il y en a moins d'amarrées sur les quais du Rhin que les autres années. Baisse de la fréquentation ou meilleure répartition des baselworldeux chez l’habitant, à moins qu'il n'y ait un nouveau port ? Enquête à faire...
La suite aux prochaines rafales (de mots, pas de de vent !)…
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