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Choses vues, lues et entenduesdans les couloirs des sept halles de Baselworld…

1)
••• FAWAZ GRUOSI A RETROUVÉ LE MORAL
…et il le prouve sur son stand avec une musique d’enfer, toutes les fins d’après-midi, pour son cocktail entre copains. Musique pas vraiment idéale pour découvrir que son nouveau chronographe Instrumento (dévoilé par Business Montres le 27 janvier) est bourré de qualités horlogères insoupçonnées, comme une double date rétrograde instantanée (les disques des dizaines et des unités pivotent en sens inverse, mais se repositionnent instantanément en début de mois : exclusivité Dubois Dépraz, unique dans l’horlogerie actuelle), une carrure où s’ouvrent des hublots qui mettent le mouvement au grand jour et un style très marqué qui débanalise le chronographe trois-compteurs. Apparemment, une nouvelle équipe – plus horlogère – a été recrutée pour remettre un peu d’ordre dans une manufacture gérée par un « artiste » bien meilleur par sa vision que par ses talents de manager. Le feu est repassé au vert et la reconquête commerciale est relancée…
••• FAWAZ, S’IL TE PLAÎT, le risotto à 17 h, c’est un double crime. Une première fois quand on le refuse, alors qu’il est excellent. Une seconde fois quand on l’accepte, parce qu’il se paye très cher et cash sur la balance !


2)
••• LE RETOUR D’HUGUES-OLIVIER BORÈS
…(ex-Patek Philippe) sur la scène horlogère, aux commandes de Celsius X VI II, une des marques-événements de Baselworld (Business Montres du 13 mars). Il va devoir répondre à une question existentielle : y a-t-il une place sur le marché pour une « montre-tourbillon qui fait téléphone » facturée à 275 000 euros ? Face au stand de Vertu, leader et référence du marché avec des prix dix à cinquante fois moins élevés pour des « téléphones de luxe », le défi n’est pas mince, mais le concept Celsius est plutôt très revigorant…


3)
••• JEAN-CLAUDE BIVER MET LA MAIN À LA PÂTE
…au moins sur son stand, où il fait tout lui-même : immédiatement après sa conférence de presse avec la sublime Veronica Varekova (avec une telle protectrice de la vie sauvage, on rêve d’être un fauve Out of Africa), on a vu Jean-Claude Biver faire lui-même le service des plateaux de fromage (« son » fromage d’alpage) et distribuer lui-même les dossiers de presse. De mémoire de pilier de Baselworld, c’est bien la première fois qu’on voit un patron de marque prodiguer ainsi personnellement la bonne parole à la valetaille journalistique…


4)
••• CHANEL MISE SUR SA NANO-J 12
…qui ne fait que 29 mm de diamètre, mais qui est encore plus adorable que les J12 classiques, toisées avec 10 ou 15 bons millimètres de plus au garrot : une montre « du soir » très précieuse et d’une élégance parfaite en version sertie (céramique noire ou céramique blanche), mais on imagine que la version standard ne déplaira pas aux poignets des Asiatiques vers lesquelles Chanel commence à regarder avec insistance, et pas seulement dans sa boutique de Hong Kong. Constat déroutant, mais révélateur : pour avoir vu une consœur asiatique porter, au même poignet, la J12 normale en blanc et cette nano-J12 en noir, on se demande si les marques ne devraient pas relancer la mode de la double montre…
••• CONFIRMATION POUR CEUX QUI AURAIENT DES DOUTES : la nouvelle J 12 Marine de Chanel est vraiment une des plus belles « montres de plongée » du marché (révélation Business Montres du 15 mars) ! Elle est même capable de rivaliser avec son aînée cinquantenaire, la légendaire Submariner de Rolex…


5)
••• UNE NOUVELLE NAUTILUS TRIPLE DATE
…et phases de lune chez Patek Philippe, qui a joué cette année la prudence pour sa collection 2010 (en mettant l’accent sur les chronographes) : cette triple date, concept horloger très classique dans la maison et qui bénéficie d’un calibre Patek Philippe largement éprouvé, est tout bonnement magnifique d’équilibre et de présence au poignet, avec son jour/mois en ligne et l’harmonie générale du cadran (réf. 5726A : image ci-dessus). Une montre qui pourrait être la quintessence de ce que Patek Philippe réussit de mieux dans le « sport chic ». Même s’il ne l’avoue pas, c’est peut-être la montre dont Thierry Stern est le plus fier – son personnel également – pour cette édition 2010 de Baselworld…


6)
••• UN SUBLIME ÉCLAIRAGE POUR FAIRE SCINTILLER LES DIAMANTS
…et toutes les pierres précieuses : c’est un concept Dialumen, exposé dans un couloir perdu entre le centre de presse et l’accès latéral au Hall 1.1. L’idée est de créer une lumière « solaire » capable de faire varier l’intensité lumineuse pour que les diamants resplendissent et s’animent, les autres pierres précieuses révélant des nuances de couleurs absolument renversantes et non moins « vraies ». Le tout en consommant très peu d’énergie (sept fois moins qu’une lampe halogène, sans production d’UV). Plus sparkling que cette nouvelle innovation suisse, tu meurs ! Il faut le voir pour le croire…


7)
••• MIKE TAY (THE HOUR GLASS) FAIT SON MARCHÉ DE BON MATIN
…et il n’hésite pas à surprendre les marques aux aurores, alors qu’elles en sont encore à déballer leurs cartons : on a ainsi vu notre ami singapourien débarquer vers 8 h 30, ce mercredi, dans le Hall 4.1, pour y faire quelques repérages et visiter rapidement le stand des nouvelles marques les plus intéressantes [celles que Business Montres avait signalées, mais ce n’est pas un hasard, Mike faisant traduire pour ses équipes le best-of des actualités de Business Montres]. Apparemment, il ne veut pas laisser à ses concurrents asiatiques – à Singapour comme à Kuala Lumpur – le moindre grain des meilleurs raisins du millésime 2010…


8)
••• MAURICE LACROIX TACLE YVAN ARPA
…à la veille du salon, en lui interdisant de présenter sa montre Artya dotée de « roues carrés » (découverte Business Montres du 5 mars, info n° 16). Les avocats s’en mêlant, il est difficile d’argumenter à ce sujet, mais Maurice Lacroix semble avoir déposé le dessin conjoint d’une roue carrée et d’une roue en trèfle antérieurement à l’annonce de l’utilisation de tels engrenages non circulaires par Yvan Arpa, qui a donc retiré les pièces en question, en les retravaillant par un collage de composants horlogers à même le rotor. Il n'y a pas plus steampunk ! On peut cependant estimer que ces engrenages non circulaires n’appartiennent pas à une marque, mais à l’industrie mécanique en général, et à la communauté horlogère en particulier.
••• PAS DE QUOI EMPÊCHER YVAN ARPA DE DORMIR, ni de profiter de l’extraordinaire impact médiatique international de son cadran en « caca de dinosaure » : à vrai dire, ce coprolithe de l’ère secondaire fait plutôt bel effet sous un cadran, surtout avec un boîtier en bronze (pièce unique) bien travaillée – le tout n’étant facturé que 12 000 francs suisses, ce qui est un bonheur de collectionneur…


9)
••• FLOTTEMENT DANS LA PRESSE HORLOGÈRE… EURO-AMÉRICAINE
…alors même que les confrères asiatiques sont entre deux et trois fois plus nombreux : on ressent très nettement le reflux des confrères américains [hormis quelques bloggeurs de référence, nouveaux venus à Bâle, comme Ariel Adams, de A Blog to Read] et même celui des confrères français, nettement moins nombreux que les autres années [hormis quelques nouveaux venus, généralement animateurs de blogs horlogers et maniaques du wristshot mis en ligne dans les minutes qui suivent]. Apparemment, tous les petits parasites opportunistes des pièges à publicités autoproclamés « magazines de luxe » n’ont plus les moyens de venir à Baselworld. Même les confrères russes semblent moins nombreux : là encore, c’est la marée basse publicitaire qui explique ce désintérêt pour Baselworld…
••• UNE PENSÉE POUR DEUX CONSOEURS DU FIGARO, absentes de Baselworld, mais excusées pour d’impérieuses raisons médicales !


10)
••• LES QUESTIONS À NE PAS POSER AUJOURD’HUI PARCE QU’ELLES DÉRANGENT..

• Leonardo DiCaprio, qui était hier à La Chaux-de-Fonds pour animer la présentation du roadster TAG Heuer Tesla aux autorités du cru, viendra-t-il ce soir enrichir la présentation du roadster à Baselworld, qui lui a cependant refusé l’autorisation de conduire la voiture – toute électrique qu’elle soit – jusque sur le stand de la marque ?

• Qui sera où et à côté de qui en 2013, alors que les grandes manœuvres d’un nouveau Yalta horloger sont lancées en prévision de l’ouverture, à cette date, d’une nouvelle « halle centrale » dont l’implantation risque de bouleverser l’actuelle géopolitique bâloise ?

• Sur quel(s) stand(s) ont rendez-vous, aujourd’hui, à Baselworld, les représentants d’un célèbre constructeur automobile italien, dont on sait qu’il est à la recherche d’un nouveau partenaire automobile ?

• Sur quel(s) stand(s) ont rendez-vous, aujourd’hui, à Baselworld, les représentants d’un célèbre constructeur automobile italien [pas le même, même s’il est dans le même groupe] dont on ne sait pas qu’il est à la recherche d’un nouveau partenaire automobile (ne pas le répéter à la manufacture qui a lancé quelques séries limitées à la gloire de cette marque transalpine) ?

• Quels journalistes auront le courage de « sécher » les grandes soirées de ce jeudi soir (TAG Heuer, Breitling, etc.) pour se retrouver au dîner amical du Club des (gros) bonnets horlogers, lancé sur Facebook par notre sympathique consoeur Anne-Marie Belcari et qui compte déjà 138 membres ?