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Alors que Baselworld amorce son show annuel, l’industrie horlogère suisse négocie une sortie de crise en bien meilleure forme que ce que tous les augures laissaient présager il y a tout juste un an.
Bien sûr, les pires prophéties se sont réalisées au niveau des exportations – dont l’effondrement supérieur à 22% n’avait jamais été vu depuis la Deuxième Guerre mondiale –, mais les faillites ont finalement été très peu nombreuses. Même chez les plus petites marques jeunes dont on redoutait la fragilité.
Mieux encore, pour les plus grands acteurs de la branche, Swatch Group et dans une moindre mesure Richemont, la récession a été une excellente occasion d’asseoir leur position de leader. Grâce à leur portefeuille de marques de renom, ils ont grappillé mois après mois des parts de marché à leurs concurrents. Les bourses ne s’y sont pas trompées: les actions de ces deux groupes se sont envolées pratiquement sans discontinuer depuis le printemps 2009. Et les analystes leur prédisent encore un bel essor cette année.
Il faut néanmoins se méfier des apparences. Derrière les Swatch, Jaeger-LeCoultre ou Rolex, qui ont amorti le choc et limité la casse en évitant à tout prix de licencier, beaucoup de marques n’ont dû leur salut qu’à des coupes parfois sévères dans leurs effectifs. Plus de 5000 emplois – un sur dix – sont passés à la trappe en un an dans toute l’industrie horlogère. Si l’heure est aujourd’hui à la reprise, les recrutements ne redémarreront qu’à l’automne dans le meilleur des cas, assurent la plupart des patrons horlogers.
Et puis, derrière les marques se cachent des centaines de petites entreprises sous-traitantes. Leur activité va de l’emballage aux cadrans, en passant par les aiguilles, les couronnes et les verres. Elles sont au bout de la chaîne. Souvent les dernières payées par des clients fragilisés, parfois au bord de l’asphyxie. Pour elles, la crise n’est pas encore terminée.
Philippe Gumy
Le Temps |