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De l’os de diplodocus à l’encre électronique
 
Le 19-03-2010

Baselworld, la grande foire de l’horlogerie qui a ouvert hier ses portes, est un cabinet de curiosités qui abrite des modèles futuristes comme des pièces taillées dans un diplodocus. Miscellanées

Numérisation

Les mouvements à quartz et l’affichage digital ne sont plus discriminés comme ils l’étaient il y a encore peu de temps. Certains se paient même le luxe de dissimuler des mouvements mécaniques dans des boîtiers qu’on jurerait à quartz. Comme l’Hamilton Pulsomatic, hommage à la première montre à affichage digital sortie il y a quarante ans. La Pulsomatic, et son cadran en forme d’écran TV de 1970, présente bien un affichage digital. Mais son mouvement est automatique, ou plutôt électro-automatique, avec une réserve de marche de 120 jours.

Seiko rappelle de son côté avoir lancé, en 1973, la première montre digitale à six chiffres. La marque japonaise dévoile un futur modèle dont l’affichage est composé d’encre électronique, comme les récentes tablettes pour la lecture. Il s’agit du perfectionnement d’une technologie présentée pour la première fois par Seiko en 2005. L’écran de l’«Active matrix EPD» a une haute résolution de 80 000 pixels, trois fois plus qu’un écran LCD conventionnel de cette taille. Mais la montre consomme cent fois moins d’énergie qu’une encre électronique normale. La «matrice active» de la montre permet de jouer avec quatre nuances de gris. Elle permet en outre de varier le graphisme de l’affichage digital, de rajouter des dessins, des informations, des fuseaux horaires…

Communication

Jean-Claude Biver est un communicateur qui aime utiliser l’arme de l’humour pour mieux faire passer ses arguments. Parfois à ses risques et périls. Mercredi, le patron de la marque Hublot présentait un film promotionnel tourné en 3D. Il a précisé que la production du film Avatar, lui aussi en 3D, avait demandé à Hublot des montres pour qu’elles figurent sur les poignets des acteurs. La collaboration a tourné court de peur que les montres n’apparaissent pas bien en 3D à l’écran. Dans l’assistance qui écoutait mercredi à Bâle Jean-Claude Biver, certains se sont demandé s’il plaisantait ou disait vrai, n’étant pas à un coup d’éclat près.

Interrogé après la présentation, le communicateur s’est étonné que nous n’ayons pas compris son humour. Et de nous raconter qu’un jour il avait fait circuler le faux conseil préventif d’un neurologue zurichois. Selon ce dernier, mieux vaut porter à son poignet une montre mécanique qu’un modèle à quartz et à pile, cette dernière pouvant interférer avec le nerf radial. Prenant le conseil au sérieux, les milieux horlogers avaient alors manifesté leur désapprobation. Bref, s’il y a des montres à double face, il y a aussi de l’humour à double tranchant…

Pétrification

Après le futur avec l’encre électronique, l’ère secondaire avec ses géants fossilisés. Le fond du cadran du modèle «Jurassic» de l’horloger neuchâtelois Louis Monet est taillé dans l’os d’un diplodocus, lequel aurait été bien étonné de réapparaître ainsi au grand jour 150 millions d’années après son trépas. L’os fossilisé, trouvé dans l’ouest des Etats-Unis, est d’un rouge tacheté magnifique. Le mouvement est à tourbillon. La série est limitée à 12 exemplaires. Et le prix est proportionnel à la taille du dinosaure herbivore: 310 000 francs.

Hermès propose une pièce unique qui remonte encore plus loin dans l’ère secondaire, il y a 225 millions d’années. Habilement gravé dans de la nacre, le cadran de l ’Arceau Pocket repose sur une fine tranche de bois pétrifié. Le jeu de l’or blanc, de la nacre et du beige de l’arbre-pierre a beaucoup de classe. La lanière de la montre a elle aussi des origines préhistoriques: elle est en alligator.

Immersion

Porsche Design a placé son nouveau modèle de montre de plongée, la Diver P’6780, dans un réservoir d’eau, bien en évidence sur son stand. «Il va falloir qu’elle résiste à cette immersion pendant une dizaine de jours, ce qui est plus stressant qu’une courte plongée en mer, même profonde», s’inquiète l’une des responsables de Porsche Design.

Non loin de là, les 3450 poissons de mer de l’aquarium géant du stand de Breitling n’ont pas les mêmes angoisses. Ils jettent des éclats multicolores dans les travées sombres de Baselworld. Il y a là 2800 poissons-lunes, 600 poissons-papillons et 50 poissons-anges. Des lunes, des papillons et des anges: pas si mal pour une toute fin d’hiver à Bâle.

Carburation

On pourrait croire les valeurs de la Formule 1, si dédaigneuse du respect de l’environnement, sur le déclin. Ce n’est pas le cas à Baselworld. Un nombre impressionnant de marques horlogères passent alliance avec des écuries et des pilotes de F1. Même si ce genre d’accord peut coûter cher. «Cela coûte en vérité très, très cher d’utiliser le logo officiel de la F1, commente un responsable de la marque autrichienne Jacques Lemans. Il faut payer un montant fixe chaque année pour les droits, ainsi qu’un montant variable qui dépend du nombre de montres vendues.»

Dès lors, pourquoi payer ces sommes si importantes, surtout dans une période économique incertaine? «Parce que la Formule 1 reste une incomparable plateforme promotionnelle, répond Stuart Morrisson, ­porte-parole de la marque néerlandaise TW Steel. Elle est tout de même le sport le plus vu à la télévision après les Jeux ­olympiques. Ces derniers ont lieu de plus tous les quatre ans, alors que la F1 déroule chaque année son championnat, du printemps à l’automne. Nous avons un ­partenariat de trois ans avec ­Renault, dont l’un des pilotes est le Polonais Robert Kubica. Comme il est populaire dans son pays, cela nous permet de nous faire connaître dans un marché horloger au fort potentiel de croissance.»

Baselworld, Foire de Bâle,
jusqu’au 25 mars.
Infos: www.baselworld.com

Luc Debraine

Le Temps

 



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