Recherche avancée
A propos
Emplois

Achat - Vente

Relations d'affaires

Contact
 

Le Franc-tireur de Baselworld (#27) : Les 10 « Flops » (hors montres) d’une semaine de folies hor...
 
Le 29-03-2010
de Business Montres & Joaillerie

Après neuf jours de stress intense et de décompressions nocturnes, les (z)héros de l’industrie horlogère sont lassés des ratages qui ont pu gâcher leurs bons souvenirs...

FLOP 1)
••• RATAGE GÉOSTRATÉGIQUE : PALACE + HALL 4.1
Avec trois fois plus de marques qu’en 2009, l’espace « nouvelle horlogerie » a fait trois fois moins de bruit, alors qu’il présentait quelques montres plus que disruptives (Frédéric Jouvenot Hélios, Hautlence 2.0, Laurent Ferrier Tourbillon, Marc Alfieri Sol Invictus, MB&F HM N° 4, Rebellion T-1000, Ressence, Zeitwinkel, etc.) : cherchez l’erreur ! Sans chercher trop loin, la césure géographique introduite entre les deux espaces (Palace d’un côté, 4.1 de l’autre) s’est révélée contre-performante, alors que le manque de sélection des marques présentées dans cet espace diluait le concept initial. L’ambiance n’y était pas, comme ont pu le vérifier ceux qui venaient écouter la malheureuse chanteuse brésilienne, perdue entre joailliers indiens et Japonais à quartz...


FLOP 2)
••• NULLITÉ MÉDIATIQUE : BVLGARI DÉRAPE
Si un CEO devait adopter un profil bas à Baselworld, c’était bien Francesco Trapani (groupe Bvlgari) : non seulement il a sèchement éconduit les détaillants qu’il avait « plantés » – souvent avec des stocks très importants, devenus de fait invendables – en décidant d’intégrer les marques Gérald Genta et Daniel Roth sous pavillon Bvlgari, mais il en a rajouté dans l’autisme médiatique par ses déclarations au Baselworld Daily News du 22 mars. Précision pour commencer, si certains avaient encore des illusions : « Les deux marques n’existeront plus en tant que marques, mais en tant que “styles“ et que “signatures esthétiques“ qui enrichiront les collections Bvlgari ». Amusant, alors que les menaces d’une class action internationale se précisent contre le groupe : « Notre réseau a réagi très positivement à cette évolution » ! Délirant : « Nous avons sauvé le savoir-faire humain et technique de la manufacture du Sentier » [il faudrait poser la question aux personnels « débarqués » sans ménagements]. Le reste des déclarations de Francesco Trapani – aussi emberlificotées que la pathétique conférence de presse vidéo qu’il tenait en janvier dernier – est un canevas oxymorique sans subtilité, qui brode autour d’une liquidation présentée comme un « sauvetage », d’une « distribution solide » alléguée pour des marques dont on a sabordé le réseau des boutiques et d’un dépeçage de compétences considéré comme une banale transfusion de circonstance... Après avoir révélé sa nullité dans le domaine du management horloger, Francesco Trapani fait désormais la preuve de sa nullité en communication ! L’effondrement de la fréquentation de sa nécropole, sous le Hall 4, devrait pourtant lui servir d’avertissement...


FLOP 3)
••• CHOIX DANS LA DATE : AVRIL-MAI EN 2013
Bâle, c’est trop tard ! Ce sera encore pire en 2013, avec Baselworld à cheval sur le pont du 1er-Mai : peut-on sérieusement tenir un salon horloger de début d’année à la fin du premier tiers de cette même année ? C’est totalement irréaliste, même si c’est explicable par les délais de réalisation de la future nouvelle halle centrale. Ajoutée à la déstabilisation géographique entraînée par la redistribution des espaces, ce calendrier excessivement tardif risque de provoquer des effets pervers inconsidérés, comme le départ de certaines marques (ou même groupes) qui trouvent déjà Baselworld trop tardif et trop coûteux, ainsi que l’explosion des salons parallèles, en Suisse ou ailleurs dans le monde. On peut déjà parier que Genève 2013 verra un exode massif autour du SIHH de marques jusqu’ici fidèles à Baselworld et qui décideront alors de tenter leur chance sur les bords du lac plutôt que sur les bords du Rhin...


FLOP 4)
••• DISTORSION CALENDAIRE : OUBLIER LE MERCREDI-JEUDI ?
Si Baselworld est trop coûteux aux yeux de nombreuses marques, c’est aussi parce que le salon dure trop longtemps : une vraie semaine suffirait, sur le modèle du SIHH (lundi-vendredi ou, à la rigueur, dimanche-vendredi). Les dates actuelles restent calquées sur le fonctionnement de l’ancienne « Foire aux échantillons », alors que le salon actuel repose sur de toutes autres dispositions d’esprit et sur des principes commerciaux ou relationnels radicalement différents. Pour l’édition 2010, les journées de mercredi et de jeudi étaient manifestement inutiles, de même que la demi-journée presse du mercredi a perdu beaucoup de sa pertinence avec la multiplication des événements et des présentations pré-Bâle décentralisés (exemple : Hublot à Miami).


FLOP 5)
••• TENSIONS PHYSIQUES : « LE CAVE SE REBIFFE »
Dans les couloirs, les uns cherchaient un certain M.B. pour lui « péter la gueule » : sans doute quelques fournisseurs échaudés par une récente et spectaculaire faillite. Les autres guettaient la sortie de tel CEO pour lui parler de leurs stocks devenus impossibles à restructurer : sans doute quelques détaillants « scotchés » par des changements stratégiques unilatéralement stupides [exemple ci-dessus]. Ici, c’était le fameux M.A. qui cherchait ses millions dissipés par l’ondoyant F.V. : il paraît qu’on en est venu aux mains, brutalement, mais les témoignages ne sont pas confirmés. Ailleurs, c’était P.J. qui faisant un scandale devant le stand H.W. pour une histoire de design escroqué par A.T.. Etait-ce un hasard si l’un des principaux dirigeants de l’un des principaux groupes horlogers ne semblait plus se déplacer qu’avec des gardes du corps ? Jamais les tensions physiques n’ont été aussi palpables que lors de ce salon post-crise : craindrait-on les violences des créanciers qui ne se demandent même plus, en voyant les stands de marques qu’on disait moribondes, où était passé leur argent ? L’horlogerie n’est plus un long fleuve tranquille...


FLOP 6)
••• ERREURS DE CASTING : FAUX-JETONS SUR TAPIS VERT
Le choix (ou le non-choix) de certaines implantations laisse toujours un peu rêveur dans les plans de Bâle : difficile de savoir s’ils sont voulus ou subis. Si certains regroupements s’avèrent pertinents, comme le pôle life style du Hall 1.1 sur lequel Business Montres reviendra plus longtemps tellement il est révélateur d'une tendance, d’autres conglomérats semblent absurdes, comme la patouille sino-germano-italo-suisse du 2.0, le salmigondis final de la Watch Gallery ou le faux luxe criard qui empile au 4.1 authentiques créateurs et habiles faiseurs. Pour de nombreuses marques, le casse-tête pré-Bâle est de choisir le bon numéro, dans une partie de roulette où les jeux semblent faits d’avance : 2, 3, 4, 5 ou pire ? Impossible de rien négocier à moins de 200 m de Rolex, mais impossible d’éviter les « liaisons dangereuses » dès qu’on s’éloigne de ce périmètre de sécurité. Il y a des « vraies » marques et des pavillons de complaisance : Baselworld n’est pas un casino ! Une halle réussie, c’est une recette dont les différents ingrédients se répondent, dans leur diversité, pour créer des saveurs nouvelles : cette année, dans certaines halles, on avait plus l’impression d’être à la cantine du komsomol que dans un restaurant gastronomique ! Si la priorité est systématiquement donnée à ceux qui réservent les premiers, sans critère qualitatif ou affinitaire de sélection, autant dire que, demain, les marques asiatiques peuvent faire un raid massif pour investir sans risques les espaces disponibles...


FLOP 7)
••• DÉSESPÉRANCE CONVIVIALE : CAFÉ NOIR DANS LE NOIR
Si chacun s’accorde à trouver Baselworld de moins en moins utile sur le plan commercial, un large consensus existe pour trouver le salon indispensable pour la cohésion de la communauté horlogère et la création de ces affinités relationnelles sans lesquelles il n’existe pas de solidarités organiques capables de résister aux épreuves du temps et de l’économie. Problème : où entretenir et favoriser cette dimension conviviale, quand les espaces de conversation sont réduits à une vingtaine de sièges dans les micro-piazzas du Hall 1.0 [là où s'écroulent les Asiatiques en décalage horaire, face au stand Rolex !] ? Ou – pire ! – que cette convivialité est vouée aux sinistres bistrots quasi-clandestins, tables et chaises en alu, qui défient la pénombre des allées périphériques ? Le moindre café relève d’une descente aux enfers au cours de laquelle on se demande ce qu’on a fait pour mériter une telle punition. La révélation de cette crise sera sans doute la dimension prise par le facteur humain dans les relations économiques : comment retrouver ce sens de l’humain à Baselworld, sinon en remettant les espaces de convivialité au centre des halles dont ils sont aujourd’hui expulsés ou relégués sur les marges ? Comment déverrouiller les mentalités sans ouvrir les stands à un minimum de transparence et d’accessibilité ? On peut opposer ici l’agora du Swatch Group [qui a, ce n’est pas fortuit, son propre « bistrot » central] au bunker Rolex, qui hésite entre la ligne Maginot et le mausolée totalitaire : que de stands noirs et massifs, barricadés sur eux-mêmes, quand on aimerait sentir un souffle nouveau de coopétition et d’humilité, surtout chez les marques qui réaffirment comme une automotivation vouloir « remettre le client au centre de leur proposition » (ci-dessus : « Chagrin ténébreux » de Georges Mathieu)...


FLOP 8)
••• INCONFORT DIGITAL : DÉCONNEXION GÉNÉRALE
Toujours pas de réseau wi-fi à bord des bateaux-hôtels, où l’accès Internet se joue dans des cabanes de chantier sous-équipées, à moins que les candidats à la connexion ne disposent de clés 3G dont la lenteur nous ramène à la préhistoire d’Internet. Dans les différentes halles, l’accès Internet est tout aussi aléatoire pour les clés 3G et franchement impossible par un réseau 3G. Rester connecté n’est plus aujourd’hui un luxe, ni un avantage commercial : c’est une nécessité vitale et une exigence élémentaire pour les exposants comme pour les visiteurs : le wi-fi central qui est possible pour le centre de presse devrait l’être pour le reste des halles. Pour mémoire, le salon GTE (Genève 2010) offrait le wi-fi à ses visiteurs...


FLOP 9)
••• MYTHOMANIE POST-BÂLOISE : LISTE TROP LONGUE !
Entre ceux qui se sentaient euphoriques d’être euphoriques et ceux qui surjouaient le meilleur par crainte de n’avoir pas échappé au pire, les dernières heures de Baselworld 2010 ont dépassé en intensité mythomaniaque les pires moments de la Bulle Epoque. Tout le monde a névrotiquement oublié les gros mensonges optimistes de 2009 – année qu’on nous dit aujourd’hui sinistrée – et les envolées lyriques de 2008 – quand personne ou presque n’imaginait la moindre « crise ». Bref, tout va bien, sauf que ça frémit tout juste chez les fournisseurs et que les commandes « évidentes », immédiates et palpables (boîtiers, cadrans), ne passent apparemment plus – ou moins que jamais – par la Suisse. Apparemment, dans le microcosme bâlois, personne ou presque n’a pris en compte le péril financier que les PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne) font peser sur la zone euro, au risque d’en condamner toute éventuelle reprise. Alors même que les risques de surchauffe en Chine sont pointés du doigt par les experts, qui évoquent sans crainte l’idée d’une « rechute ». Moyennant quoi, chacun gonfle ses chiffres à la hauteur du mensonge de ses voisins, avec un chœur final aussi éblouissant que peu crédible quand on le rapporte à ce qui se passe réellement dans les vallées et sur les marchés...


FLOP 10)
••• ET TOUT LE RESTE...
...toutes les petites misères quotidiennes, les navettes qui s’arrêtent trop loin de l’entrée, les kilos de documentation à transporter, les kilomètres aller-retour qui s’accumulent entre le rendez-vous du Hall 5 et celui du Hall 4, la queue interminable au vestiaire dès que s’empilent les valises, les hôtels démentiellement chers qui pratiquent la période bloquée, les mauvais sandwiches tarifés au prix du caviar, le prix des cafés qui double du jour au lendemain dans les bistrots les plus proches du salon, etc. Ce qui ne dissuade personne de se passer de Baselworld, de son électricité si particulière, des énergies qui y circulent et des plaisirs qu’on y prend à rencontrer les mêmes amis, année après année, y compris dans le personnel de Baselworld, témoin toujours attentif et courtois de nos folies journalières. Râler contre Baselworld ? Bien sûr, mais c’est parce qu’on a plus que jamais envie d’y revenir l’année suivante...

••• LIRE ÉGALEMENT : « Les 10 « Tops » (hors montres) du premier salon bâlois des années dix » (Business Montres du 25 mars).






 



Copyright © 2006 - 2024 SOJH® All Rights Reserved

Indexé sous  WebC-I® - Réalisation Events World Time