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Stabilisation renforcée chez De Grisogono, avec l’arrivée d’un nouveau CEO : Gérald Roden, assez stupidement laissé de côté par le groupe Bvlgari lors du « nettoyage ethnique »de Gérald Gentaet Daniel Roth.

Un « transfert » qui affaiblit Bvlgari tout en renforçant un de ses concurrents : comment dit-on « se tirer une balle dans le pied » en italien ?

••• DES NEIGES DU SENTIER AU PRINTEMPS DE GENÈVE

L’ancien patron des manufactures Gérald Genta et Daniel Roth (Le Sentier, en vallée de Joux), qui avait redéployé ces marques sur la scène internationale tout en leur rendant leurs lettres de noblesse horlogère, rejoint comme CEO la maison De Grisogono (Genève).

• Il y a quelques jours, nous classions De Grisogono parmi les marques indépendantes qui se sortent plutôt mieux de la crise (Business Montres du 22 avril, info n° 7). Après le « carton rouge » encaissé à l’aube de la crise, il nous paraissait évident que la sortie de crise était plutôt positive : « Le potentiel créatif de Fawaz Gruosi s’avère intact. Sa “vision“ de l’horlogerie-joaillerie pour les années dix est impeccablement “juste“. Il sera le grand miraculé de cette crise ». La réalité semble avoir accéléré pour dépasser l’anticipation de cette analyse...

• Gérald Roden vient consolider le travail déjà largement entamé par le nouveau board qui a épaulé pendant Fawaz Gruosi pour la restructuration de la société et dont il prend la suite maintenant que le retour à la normale est acquis. Les résultats de Baselworld ont été aussi inattendus qu'encourageants pour la marque (Business Montres du 25 mars, info n° 1). Il faut maintenant accélérer...

• Le renfort de Gérald Roden à cette équipe de direction ne peut qu’envoyer un message plus que rassurant aux marchés : en plus de l'exceptionnel créateur de montres et de bijoux qu'est Fawaz Gruosi, l’équipage s’est enrichi d’un capitaine d’expérience, qui aura les moyens d’embarquer à son bord quelques éléments de son ancienne équipe.

• Du côté des détaillants brutalement abandonnés en rase campagne par le groupe Bvlgari (après la reprise en direct des collections Genta et Roth), il se pourrait même que De Grisogono constitue dorénavant une alternative indépendante et crédible pour remplacer les deux marques perdues. Tout le travail réalisé au service des deux manufactures du Sentier ne sera sans doute pas perdu...

• Rendez-vous début mai pour Gérald Roden dans ses nouvelles fonctions. La partie n'est cependant pas gagnée d'avance, puisque le nouveau CEO va devoir relancer la machine sur plusieurs terrains simultanés : la production (avec une réorganisation « » des pôles montres et bijoux), la distribution (avec la reprise en main des boutiques et des détaillants, toujours en état de choc), la communication (avec une redéfinition d'un message de marque plus consistant, qui aille au-delà des paillettes people et des flamboyances gruosiennes) et la construction de l'ex-future nouvelle manufacture de Plan-les-Ouates où serait rassemblée tout le dispositif De Grisogono. Bref, Gérald Roden va devoir ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire de la marque : il a l'habitude, puisqu'il n'a fait que cela depuis dix ans pour Bvlgari Time – voire même depuis toujours, comme tout bon vétéran des guerres d'une horlogerie qu'il sert depuis plus de trente ans...

• Paradoxe savoureux : Gérald Roden n'en a pas fini avec le groupe Bvlgari, qui est un des fournisseurs de De Grisogono pour la petite joaillerie, même si, de source interne, ce fournisseur n'a pas été un des plus fair play et un des plus arrangeants (pour ne pas dire un des moins intransigeants) au cours de cette crise ! Comme on se retrouve...


••• DÉCIDÉMENT, QUE DE STUPIDITÉ DANS LA STRATÉGIE HORLOGÈRE du groupe Bvlgari, qui se prive d’une excellente équipe en l’offrant pratiquement à un concurrent, autrement plus réactif et autrement plus créatif ! Le gâchis est impressionnant pour l’imperator de carton-pâte qui gère, avec son état-major romain, une fin de règne de plus en plus bvlgaridicule...