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15 infos horlogères pour bien commencer la semaine
 
Le 17-05-2010
de Business Montres & Joaillerie

L'actualité horlogère en quinze actualités, pour bien entamer la seconde quinzaine de ce mois de mai, en s'intéressant aux montres, aux marques et aux hommes dont on parle ou dont on devrait parler davantage...

Dans le périscope du Quotidien des Montres, pour ce lundi,


ON A REPÉRÉ...

1)
••• LA SINUSOÏDE HORLOGÈRE D’ENKI BILAL
On a connu Enki Bilal passionné de montres au point de lancer son Hyperion, un « instrument du temps » au design original et très bilalien (malheureusement très mal marketé), qu’on peut voir au musée d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds, avant de tenter un projet avec Gianni Bulgari, chez Enigma. On l’a retrouvé récemment dans les dessins de l’album d’IWC (IWC Schaffhausen – Engineering Time since 1868), où il illustrait quelques textes courts de Paulo Coelho. Auteur des Légendes d’aujourd’hui, de Fin de siècle, de la Trilogie Nekropol et de multiples chefs-d’œuvre de la BD contemporaine, Enki Bilal revient aujourd’hui à l’horlogerie dans les bagages de Swatch, pour qui il vient de réaliser une des quatre Swach Art de l’année : la Too Many Memories, décorée du portrait d’une des mystérieuses créatures qui hantent ses albums (lèvres bleues et blush bleu sur les paupières pour souligner un regard d’ambre rouge, mélancolique, mais passionné). Une Swatch pas très colorée avec son bracelet noir à boucle noire, qui est doublée d’une proposition blanche, tout aussi nostalgique dans son dessin du même style, un lézard isochrome restant gravé sur le bracelet en silicone.


2)
••• LES AUTRES SWATCH « ARTISTIQUES » DE L’ANNÉE
En plus de la montre du Serbe Enki Bilal (voir ci-dessus), les autres Swatch Art de ce printemps 2010 sont tout aussi intéressantes, avec différentes propositions du Chilien Ivan Navarro (cette You Stop You Die témoigne des obsessions de l’artiste, avec sa tête de mort et ses aiguilles intégrées dans les tibias !), de l’Anglaise Carri Munden (Cassette Playa : le regard presque plus sage d’une créatrice de mode londonienne) et de l’Indien Manish Arora (Charmingly Beautiful donne plus que jamais dans un Bollywood ludico-mécanique aux couleurs joyeusement saturées : voir à ce sujet le spot TV du reste de sa collection pour Swatch)...


3)
••• L’APPLICATION IPAD DÉVELOPPÉE PAR ANTIQUORUM
C’est à ce jour, hormis le couplage Hublot-New York Times, le premier vrai développement horloger pour les iPad : Antiquorum a transformé la nouvelle tablette numérique d’Apple en super-catalogue interactif et facile à feuilleter (image ci-dessus). L’application propose un accès immédiat à tous les objets, avec des contenus enrichis et, surtout, des images haute définition qui disqualifient définitivement le papier, mais aussi les fiches disponibles jusqu’ici sur Internet : en zoomant d’un doigt (façon iPhone), on voit apparaître la moindre micro-rayure ! Le jour où un outil 3D ou 360° sera intégré dans ce dispositif numérique, la présentation physique des montres n’aura plus qu’une valeur de confirmation. L’application donne également accès aux données concernant les montres du même type récemment dispersées et, par l’accès au réseau, à toutes les bases de données internationales à ce sujet. Dans un second temps, on pourra directement enchérir en ligne, à partir de la salle ou n’importe où dans le monde. Une révolution générationnelle, qui devrait très vite décidément de l'obsolescence coûteuse des catalogues papier, qu'il faudra désormais faire payer de plus en plus cher aux derniers digital rebels...


4)
••• LA QUESTION QUI INTRIGUE BEAUCOUP DE LECTEURS
Que deviennent les parures de joaillerie portées plusieurs soirs de suite – et par des stars différentes – sur les marches de Cannes ? Bonnes questions des lecteurs après le « coup de gueule » de « Cherchez l’erreur ! » contre les « stars transformées en sapins de Noël sur les marches de Cannes »... S’agit-il d’un « parc » de pièces uniquement destinées à ces événements mondains, une sorte de service de dépannage pour stars dédiamantées ? Un examen attentif des différentes images prises au cours de ces multiples montées des marches tendrait à prouver qu’il s’agit toujours des mêmes parures, qui passent ainsi des oreilles de l’une aux oreilles de l’autre, et ainsi de suite pour les colliers ou pour les bracelets. Tous ces bijoux sont-ils ensuite recyclés en « seconde main » ou en « occasion » ? Inutile d’attendre le communiqué de presse à ce sujet...
• Un chiffre en passant – réel et vérifié – à propos des tarifs qui se pratiquent à Cannes : la chronique vidéo de Business Montres avait peut-être un peu de retard sur la cote des stars, puisque Naomi Watts, possible prix d'interprétation cette année, a demandé 150 000 euros – en cash ? – pour accepter de monter les marches avec une marque très familière du Festival...


5)
••• LE ROCHER DÉSERTÉ PAR CHAUMET
Fermeture annoncée de la boutique Chaumet à Monte-Carlo (sans doute à l’automne), mais sans reprise prévisible par une autre marque du groupe LVMH : du coup, les enchères sont ouvertes pour cette adresse recherchée, avenue des Beaux-Arts (on parle de 3,7 millions d’euros pour la négociation), mais il semblerait que le repreneur soit extérieur au monde horloger, probablement une boutique de décoration...


6)
••• LE DÉBAT SUR LE SWISS MADE TELS QUE LES AMATEURS LE RELANCENT
Gros émoi ces jours-ci sur Internet, avec les coups de gueule des internautes de Forumamontres quand ils découvrent que les marques suisses usinent beaucoup de choses en Asie. Débat intéressant, qui n’enrichit cependant que très peu le dossier faute de catégoriser les problèmes. En quoi est-ce un problème qu’un maillon de bracelet métallique, un poussoir ou même un boîtier soient polis en Thaïlande, s’ils ont été usinés en Suisse ? On voit tout de suite qu’il y a des opérations stratégiques pour la légitimité du Swiss Made et d’autres qui ne sont moins : en effet, si ce boîtier, ce poussoir ou ce maillon sont usinés en Chine, polis en Thaïlande et utilisés tels quels pour l’habillage d’une montre suisse, on est aux frontières de la duplicité. A plus forte raison si on parle du cadran, des aiguilles, du mouvement ou de certains de ses composants, dont on attend qu’ils soient fortement, sinon intégralement Swiss Made. Ceci pour ne rien dire, a fortiori, de la conception/construction de la montre ou de son contrôle final...
• On voit ainsi qu’il y a différents cercles concentriquement imbriqués d’éléments plus ou moins déterminants pour le Swiss Made, en partant du cœur irréductiblement et intégralement suisse (la conception, le contrôle final) à des composants ou à des tâches périphériques, dont la qualité Swiss Made est relativement indifférente (parts de bracelets, écrins, polissage, etc.).
• Il est donc totalement absurde, comme le fait la FH, de globaliser le problème en le réduisant à un pourcentage de la valeur totale de la montre : une solution boiteuse dont tous les tricheurs profitent en respectant la lettre sans cesser d’en moquer l’esprit. Une solution sans la moindre pertinence industrielle, compte tenu de l’organisation mondiale des échanges économiques.
• Il vaudrait mieux au contraire définir des « classes » de composants et d’opérations industrielles, dont certain(e)s – les plus stratégiques – seraient sans la moindre concession possible 100 % Swiss Made, alors que les plus périphériques pourraient être réalisé(e)s hors de l’espace suisse ou assimilé (frontières suisses de l’Union européenne). En affectant un coefficient de pondération au coût de chaque composant ou de chaque traitement industriel (défini au préalable comme plus ou moins expressif de ce qui fonde vraiment le Swiss Made horloger), on parviendrait très vite à un indice réaliste de suissitude intégrale.
• Disons qu’on aurait une sorte de base 1000 pour le plus intégral des Swiss Made (or d’origine suisse et alligator élevé en Suisse, pourquoi pas ? On peut rêver !), avec différents dégressifs en fonction de la sous-traitance ici ou là de telle ou telle phase d'usinage ou de tel ou tel composant de la montre. A chaque marque ensuite de prendre ses responsabilités pour affecter à un fournisseur basé ou non en Suisse les différents travaux qu’elle ne peut/veut pas effectuer en interne : à chacun la responsabilité de son « indice final » – ce qui permettrait sans doute d’en finir avec une hypocrisie générale de plus en plus mal ressentie par les amateurs dès qu’il est question de Swiss Made...


7)
••• LE MANQUE DE CHANCE DE MICHEL FOURNIER (LE GRAND SAUT)
Il a été une nouvelle fois victime d’une « erreur humaine » dans les procédures de sécurité : personne n’avait pensé que son parachute de secours se déclencherait si on dépressurisait trop vite sa nacelle pour en tester l’étanchéité avec le départ (récit en temps réel, Business Montres du 16 mai). Samedi, il se demandait encore : « Quel est le grain de sable qui pourrait m’empêcher de sauter ? » Ce « grain de sable » n’était autre qu’une banale « poignée barométrique » comme en utilisent tous les parachutistes pour leur sécurité (en cas d’inconscience au cours de la chute libre). Encore une tentative avortée sur le terrain de North Battleford : rendez-vous mercredi pour la revanche !


8)
••• LA SOLUTION POSSIBLE POUR A. LANGE & SÖHNE
Aucune certitude annonçable pour l’instant, mais il semblerait que Jérôme Lambert (qui avait la double casquette Jaeger-LeCoultre + A. Lange & Söhne) ait trouvé une solution pour la direction de la manufacture saxonne, ce qui soulagerait son emploi du temps. La short list s’est resserrée entre une solution interne (un de ses lieutenants, qu’il détacherait du Sentier) et un CEO alémanique – le critère germanophone est déterminant pour s’imposer à Glashütte – dont le profil idéal pourrait bien correspondre à celui de Thomas Morf, qui vient de donner sa démission « sans délai » de la présidence de Carl F. Bucherer (Lucerne), où il était CEO depuis 2001...


9)
••• LE TIR GROUPÉ DE L’HORLOGERIE ESPAGNOLE
Pas moins de cinq annonces ibériques pour des nouvelles marques, des nouveaux concepts ou des nouvelles collections, qui prouvent que, malgré la crise, l’envie de montres n’est pas éteinte dans la péninsule...
• La griffe de mode Custo Barcelona lance une nouvelle collection horlogère [ne pas confondre avec Cvstos, de Genève], marquée par un design aussi extraverti qu’extravagant en plus d’un usage assez violent et atypique de la couleur...
• Toujours en Catalogne, 666 Barcelona a décidé de ne rien se refuser dans aucune direction, ce qui donne un catalogue explosif côté créativité et attractif côté prix (100-200 euros). On en retiendra des propositions amusantes et décalées comme la ligne Urban ou l’énigmatique Megabyte. Aux crayons, les designers Ferran Serra et Oscar Vera : ne pas manquer leurs collections féminines. Pourquoi « 666 », chiffre réputé diabolique ? C’est tout simplement l’addition des 36 premiers chiffres (1+2+3, etc. jusqu’à 36) : c’est donc l’harmonie secrète d’une science exacte et la musique célestre des mathématiques...
• La marque de mode madrilène Uno de 50 se lance à son tour dans l’horlogerie, avec une collection ultra-tendance à prix accessibles, sans chichis inutiles, juste pour le plaisir d’accessoiriser les fashionistas ibériques...
• Une quatrième annonce, qui n’est pas sans rapport avec les précédentes : l’ouverture pour le marché espagnol du 7e site de e-commerce de Louis Vuitton, pour compléter un réseau local de huit boutiques « réelles » auxquelles devraient bientôt s’ajouter les vitrines projetées à Palma, Séville et San Sebastian...
• Cinquième et dernière info, découverte au musée Guggenheim de Bilbao, lors du concours Bilbao International Art & Fashion (600 participants) : la créatrice allemande Lena Hasibether y a triomphé avec une collection « Années folles » qui fait la part belle aux montres et aux composants horlogers recyclés...


10)
••• L’IMPACT DOUBLEMENT AGGRAVÉ DE LA CRISE MONÉTAIRE SUR LE LUXE HORLOGER
Contrairement à un article bébête du Monde (France), qui affirmait naïvement que « pour le luxe, la baisse de la monnaie unique est une chance », la faiblesse de l’euro est une malédiction pour l’industrie du luxe horloger, cueillie à froid alors qu’une reprise se dessinait. Cette faiblesse réévalue de fait le franc suisse, dans lequel les montres sont produites, et renchérit donc leur prix sur les marchés européens de la zone euro (en baisse régulière depuis des mois), sans alléger pour autant ces tarifs sur les marchés qui achètent ces montres en dollars (Asie, Amériques).
• D’autre part, les incertitudes monétaires font de l’or un refuge pour les investisseurs : la hausse du cours de l’or pourrait d’ailleurs anticiper une explosion potentielle du système monétaire international, ainsi que s’en inquiétaient récemment les journaux économiques américains – qui en seraient presque à réclamer un retour à l’étalon-or ! Consommatrice d’or, l’industrie horlogère n’a rien à gagner à une nouvelle « bulle » métallique...


11)
••• LE 20e SALON DU COUTEAU D’ART (COUTELLIA)
Collection de montres et collection font toujours bon ménage, non seulement par le recoupement fréquent des deux passions, mais aussi par la similitude artisanale du savoir-faire et de la création indépendante. C’est dans les knife shows qu’on fait souvent de bonnes affaires horlogères, les amateurs de couteaux d’art ayant toujours quelques montres dans la poche, au cas où. Donc, rendez-vous à Thiers pour la 20e édition de Coutellia (22-23 mai), avec 113 couteliers annoncés (91 Français, 22 du monde entier), un hommage à la ville japonaise de Seki (la capitale nippone de la coutellerie) et à l’art des créateurs couteliers japonais, souvent considérés comme des « trésors vivants », de nombreux fournisseurs, une visite connexe du musée de la Coutellerie de Thiers et différents ateliers qui feront aimer le couteau « de Rahan à Rambo ». Renseignements : Chambre de commerce de Thiers (organisatrice)...


12)
••• JOHN SIMONIAN (WESTIME), SA VIE, SON OEUVRE...
Jean « John » Simonian est une légende de l’horlogerie : toutes les marques ont fait, font ou feront antichambre à la porte de Westime (Beverly Hills, Californie). Il a été la providence américaine de ces nombreuses « petites marques indépendantes » (MB&F, Urwerk, Hautlence, Greubel Forsey, etc.) qui restent son péché mignon et qui lui doivent tout (jusqu’à leurs échecs aux Etats-Unis quand elles n’ont pas compris sa logique de fonctionnement). Il est plus suisse que californien, plus français que suisse, plus libanais que français et, en cherchant bien, plus arménien que libanais, bref c'est un excellent résumé de notre identité horlogère globalisée ! « John-John » est une des plus « grandes gueules » de ce métier, et une des moins avares de commentaires intelligents sur les montres, les marques et ceux qui les font. Avec son fils Gregory, qui a repris la boutique (John reprenant la distribution locale directe d’un certain nombre de marques, dont Richard Mille), ils forment une tenaille redoutable d’efficacité et d’intégrité matoise. Pour en savoir un peu plus sur ce personnage-clé de notre comédie humaine, une interview du « Big Boss » par Ariel Adams, pour A Blog To Read...


13)
••• LE NOUVEAU MAGAZINE MASCULIN DREAMER
Eh oui, il y a encore des éditeurs courageux qui croient au magazine papier 100 % financé par la publicité, modèle économique quasiment vintage et légèrement désuet à l’âge du 2.0, surtout quand on reprend la bonne vieille logique de la « défonce du consommateur » avec « Le meilleur de tout » comme slogan.
• Peu importe, le mensuel Dreamer est gratuit (diffusion qualifiée dans le réseau des amateurs de golf, des grands restaurants – les serveurs ont de la chance ! – et des garages automobiles – heureux vendeurs !). C’est agréable à feuilleter, pas exténuant pour les neurones et, côté horlogerie, pas extraordinairement pertinent : annoncer à l’été 2010 que « l’horlogerie se met au noir », alors que l’année se caractérise par le retour en force de la couleur sur les montres, c’est juste prendre le risque d’avoir trois ou quatre ans de retard. Ringardise impardonnable pour un magazine qui entend parler surfer sur la « tendance ». Très largement majoritaires, les annonceurs horlogers de ce premier numéro (Bell & Ross, Urwerk, Audemars Piguet, Crésus) ont eu raison de prendre le risque. Il faut toujours profiter du n° 1 d’un nouveau magazine : c’est le seul dont on soit vraiment sûr !


14)
••• LA COMPOSITION TRÈS SAGE DU PROCHAIN JURY DU GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE
Sous la présidence de Sebastian Whitestone, qu’on découvre ici comme « historien de l’horlogerie » (là où on le pensait marchand de pendules anciennes et d’instruments scientiques), ce jury de 14 personnes (sans compter Walter Lange, fondateur de A. Lange & Söhne et lauréat de l’Aiguille d’or en 2009, ce qui le désigne comme membre du jury 2010) fait la part belle, pour la moitié de ses membres réellement actifs, aux « vieilles gloires » et à une vision très académique de la montre. Le Dr Bernard Cheong (Singapour) sera à peu près le seul à défendre là une conception plus contemporaine de l’horlogerie. Dosage « politiquement correct » que ne manqueront pas d’apprécier les marques genevoises qui soutiennent ce Grand Prix de Genève et qui en profitent largement en retour (liste et présentation des membres du jury)...
••• IL EST TOUJOURS AUSSI ÉTONNANT DE CONSTATER QUE LE JURY international de ce Grand Prix (qui exclut clairement toute personne ayant un lien direct avec le groupe Edipresse, organisateur) ne comporte aucun membre réellement genevois et tout juste deux Suisses (d’origine alémanique) en son sein...
• Tiens, au fait, et que devient le projet de Fondation lancé par Pierre Jacques (ex-organiseur), à la fin 2009, dans le but d'assurer l’indépendance pérenne de ce Grand Prix ?


15)
••• LES ERRANCES D’AUDEMARS PIGUET SOUS LE MARTEAU
Etonnement de quelques lecteurs à la lecture des « 10 leçons à tirer » des enchères genevoises pour ce qui concerne Audemars Piguet (Business Montres du 14 mai, info n° 7). Alors que le le blog d’Audemars Piguet (Audacity) annonçait le 26 avril que la marque « figurait en bonne place parmi les favorites des connaisseurs », Business Montres faisait état d’une perte de confiance. Explication : tout dépend de quelle vente on parle et de quelles montres signées Audemars Piguet il est question !
• Côté Christie’s, Aurel Bacs joué la prudence avec 13 montres, qui ont prouvé que les pièces anciennes (montres de poche compliquées, qui étaient la spécialité de la maison), les montres de joaillerie (beau succès pour les lots n° 258 et 259, pièces uniques) et les complications vraiment rares (lot n° 310, un tourbillon Edward Piguet à platine en quartz rutilé, réalisé à 4 exemplaires) se comportaient très bien. En revanche, les pièces courantes ont marqué le pas. C’est ce qu’expliquait Aurel Bacs (Christie’s) à Audacity : « Compte tenu du faible nombre de pièces manufacturées par la marque jusque dans les années 60-70, on trouve très peu de complications anciennes signées Audemars Piguet. On en voit apparaître à peine une ou deux par an. Elles atteignent généralement des prix plus élevés que les modèles équivalents des maisons concurrentes, plus courantes sur le marché ».
• Démonstration et preuve de cette tendance chez Antiquorum, qui proposait 16 Audemars Piguet, souvent très récentes pour ne pas dire neuves de stock, avec des résultats beaucoup plus incertains : 4 200 CHF la Millenary (lot n° 100), 6 500 CHF la même en chrono (lot n° 128), à peine 38 000 CHF pour une Roayl Oak Offshore de 2008 sertie de 428 diamants (lot n° 126), tout juste 67 000 CHF la série limitée Alinghi en platine (lot n° 131), un très faible 23 000 CHF pour une Répétition minutes à heures sautantes (lot n° 163), guère mieux que 30 000 CHF pour la Royal Oak calendrier perpétuel squelette du lot n° 382. Mais 6 de ces 16 lots ont été retirés faute d’enchérisseurs, dont une pièce n° 2 de la série des Cabinet (lot n° 169 ), un spécial Shaquille o’Neal sertie (lot n° 130, invendu à 58 000 CHF) et une Alinghi flyback en série limitée (lot n° 132, dont personne n’a voulu à 50 000 CHF).
• Nouvelle preuve avec les 19 Audemars Piguet du catalogue Sotheby’s : 5 sont restées sans acheteur (dont une Royal Oak Tourbillon squelette lot n° 121, invendu à 90 000 CHF), 10 sont parties à moins de 9 000 CHF, 3 ont fait moins de 30 000 CHF (dont une Royal Oak quantième perpétuel à 24 000 CHF, ce qui n’est pas glorieux, mais tant mieux pour le marchand qui a fait la bonne affaire) et une seule (lot n° 54) a pu atteindre les 100 000 CHF (ce qui est relativement décevant pour une montre aussi exceptionnelle que le prototype de la Royal Oak concept répétition minutes de 2002, pièce forcément unique qui était semble-t-il celle qu’on voyait au musée Audemars Piguet : il est vrai qu’il fallait être initié pour repérer qu’il s’agissait de ce prototype !).
• Les faits sont têtus et la réalité pesante ! Même constat désolant avec les 11 montres Audemars Piguet du catalogue Patrizzi & Co : 8 montres « ravalées » (dont un chrono tourbillon Royal Oak et une répétition minutes Jules Audemars !) et 3 vendues, dont deux superbes Equation du temps (lots n° 14 et n° 97, de toute rareté et d’un immense intérêt).
• Pas vraiment terrible pour une marque qui « ne risque pas de perdre son aura auprès des collectionneurs » (selon Audacity), mais relativement facile à décoder dans l’esprit de ce qu’affirmait Aurel Bacs ci-dessus : le bon, le vrai, le rare, le vieil Audemars Piguet a toujours son public, mais les errances marketing de ces dernières années et le récent « flou managérial » dont parlait Business Montres se paient désormais cash auprès des collectionneurs...


 



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