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Poser d’hélicoptère pour le moins insolite sur un parking de la vallée de Joux, près du Sentier (Suisse) : le prince Albert II, entouré de son ministre de l’Economie, d'un conseiller et de ses gardes du corps, en descend pour une visite « privée ».
Devinez chez qui ?
1)
••• HOMMAGE À L’ÉQUIPE CABESTAN
On pourrait imaginer S.A.S. le prince Albert II, souverain régnant de Monaco, en invité officiel de ces grandes manufactures qui ont fait l’histoire et la réputation de la vallée de Joux. « Monseigneur », qui est un vrai passionné de montres, a en fait choisi un détour par la vallée pour y visiter la micro-manufacture... Cabestan, à L’Orient ! Visite non protocolaire, avec deux gardes du corps, son ministre de l’Economie, son « attaché culturel » et beaucoup de décontraction : les gendarmes suisses qui avaient « sécurisé » le parking avant le poser de l’appareil, n’en revenaient pas !
• Ensuite, direction L’Orient, dans une berline, pour un rendez-vous avec les dix horlogers de la nouvelle manufacture Cabestan, où l’attendaient Jean-François Ruchonnet, le créateur de la Cabestan, et Timothy Bovard, le propriétaire de la marque. Convoi discret, découverte rapide des lieux et de l’équipe, explications sur la montre (apparemment, le prince la connaissait bien et, surtout, en apprécie beaucoup le visible rétrofuturisme) et départ pour un déjeuner « typique » dans un restaurant d’alpage. Soit une immersion d’un peu plus de quatre heures en terre horlogère profonde, le temps de vérifier qu’on peut faire de très belles montres – récemment reconnues et appréciées chez Ferrari – sur 150 mètres carrés...
• Evidemment, on peut repérer derrière cette visite la « patte personnelle » d’un Jean-François Ruchonnet, qui a toujours marqué beaucoup d’intérêt pour le terrain monégasque, où il s’est d’ailleurs illustré en 2009 lors de la vente Only Watch. Sachant que Monaco aimerait se poser en nouvelle « base » de la haute horlogerie (voir ci-dessous), on en déduira que le prince Albert II sera de plus en plus impliqué dans ces contacts horlogers. Sachant aussi que Jean-François Ruchonnet adore frapper fort là où on l’attend pas (témoins : ses récentes interventions auprès de Ferrari ou l’addition de Sébastien Loeb à la dynamique Marvin), on en déduira également que le dossier horloger monégasque n’a pas fini d’évoluer...
2)
••• UNE RÉINDUSTRIALISATION « DOUCE » PAR LE LUXE HORLOGER
En effet, parallèlement à cette visite princière privée, les services économiques de la principauté « draguent » bon nombre de créateurs horlogers suisses (designers, manufactures de complication, ateliers spécialisés) pour les inciter à s'implanter à Monaco (avantages fiscaux et structurels à la clé), histoire de mettre en forme le projet – toujours informel, mais apparemment de plus en plus précis – de « pôle horloger on the Rock ».
• Stratégie qui serait destinée à implanter à Monaco un tissu « néo-industriel » et micro-manufacturier de référence dans l’univers de la haute horlogerie : l’idée est de créer, sur le Rocher, une sorte de watch valley capable de « réindustrialiser » l’économie monégasque en misant sur le luxe horloger et la création joaillière. Il s’agit pour Albert II d’ouvrir des alternatives économiques « propres » et crédibles aux classiques sources de revenus monégasques (banque, finance, tourisme) – les biotechs n’ayant pas tenu leurs promesses...
• Business Montres a déjà multiplié les révélations à ce sujet, notamment la mise en place par le groupe Franck Muller d’un « plateau technique » à Fontvielle (Business Montres du 11 novembre 2009) et les projets de SIHH ou de WPHH « on the Rock ». Les lecteurs ont également noté la création en principauté de plusieurs marques, dont Horus et Ateliers de Monaco. D’autres pourraient suivre pour renforcer cette identité haute horlogère encore virtuelle...
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