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Deux prévenus, originaires de la même région de Turquie, étaient jugés, hier après deux jours d'audience, pour brigandage aggravé. Verdict: cinq ans et demi pour Hassan* qui a déjà passé une année derrière les barreaux en préventive, acquittement pour Kubilay* qui comparaissait libre.
Les deux hommes, par ailleurs amis, ont nié les faits.
Hassan était accusé d'avoir agressé brutalement un homme, en mars 2009, à La Chaux-de-Fonds, avec une crosse de pistolet pour lui dérober un sac rempli de montres. Valeur du butin: 189 000 francs. Lors de son arrestation, la police a découvert des armes dans un de ses entrepôts. La justice reprochait à Kubilay d'avoir suivi, en train, la victime de Bienne, où elle s'était procurée les montres pour les revendre en toute légalité au Proche-Orient, jusqu'à La Chaux-de-Fonds et d'avoir informé son compatriote sur son avancement. Il était également soupçonné d'avoir attendu Hassan dans la voiture de ce dernier pour faciliter la fuite.
Les deux hommes ont nié les faits qui leur étaient reprochés. Malgré la casquette avec l'ADN de Hassan, ainsi que le chargeur avec celui de Kubilay retrouvés sur les lieux. Or une seule personne a attaqué le représentant. Et le portrait-robot correspond bien d'avantage à Hassan. Ils reconnaissent s'être rencontrés à Bienne le 13 mars 2009, jour du délit, puis être tous deux montés à La Chaux-de-Fonds, l'un par le rail en filant la victime, l'autre dans son véhicule privé. Ainsi Hassan s'est lancé dans une explication impliquant deux mystérieux individus dont il dit ne pas connaître les noms. Ils seraient également Turcs et appartiendraient à un mouvement auquel Hassan aurait adhéré autrefois. Hassan avoue qu'il a poussé Kubilay à suivre la future victime, mais sur ordre de ses soi-disant commanditaires et sans en connaître la raison. C'est sur leur recommandation qu'il aurait menti à Kubilay: «Je lui ai dit de s'assurer que ce monsieur arrivait à La Chaux-de-Fonds parce qu'il me devait de l'argent et que je voulais le confronter à un autre de mes débiteurs habitant aussi dans cette ville.» Kubilay confirme, il ne connaissait pas le réel motif de la filature.
La casquette sur les lieux du délit? Un mystère pour les acolytes qui prétendent tour à tour qu'ils ne la portaient pas ce jour-là. Le chargeur? C'est un des mystérieux individus qui l'a déposé là pour brouiller les pistes. Le procureur général n'a pas cru à cette version, quelque peu confuse. Il a requis une peine de sept ans et demi de prison contre Hassan et de trois ans et demi contre Kubilay.
Le jury a relaxé Kubilay au bénéfice du doute. «On ne peut pas être sûr qu'il était au courant des intentions violentes de Hassan», explique le président du tribunal. Par contre, il a la certitude que Hassan est bien l'agresseur, qu'il n'a pas été manipulé par d'autres personnes. Il a été établi qu'il avait fait des repérages quelques jours avant l'attaque, qu'il avait agi avec brutalité et avait entraîné un soit disant ami dans cette histoire.
Sonia Délèze
* prénoms d'emprunt
Arcinfo - L'Express / L'Impartial |