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Entre un maquillage sur les joues et une montre aux couleurs de son équipe préférée, le cœur d’un amateur balance-t-il longtemps ?
Ice-Watch écrase la concurrence avec une collection « géopolitique » de 70 drapeaux...
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••• DE L’OPPORTUNISME COMMERCIAL AU MARKETING SPORTIF...
Le problème, avec les marques qui ne s’inspirent que de l’« air du temps », c’est qu’elles sont souvent plusieurs à s’inspirer du même air en même temps ! D'où quelques cours-circuits... Voici quelques jours, Business Montres (19 mai) racontait comment les Italiens de Toy Watch s’invitaient sans droit d’entrée autre que leur astuce dans le Mondial sud-africain : leur collection Jelly Flag proposait neuf montres à pavillons nationaux aux fan-clubs des équipes potentiellement finalistes. Entre une montre et un drapeau sur le balcon ou à la portière de la voiture, un amateur d’horlogerie n’hésite pas...
• Ice-Watch – la marque franco-belge à nom anglo-saxon dont le nom ressemble à... Swatch, mais dont la créativité est survitaminée – va plus loin avec sa collection Ice-World : 70 modèles à la gloire de 70 pavillons nationaux, avec des montres un peu plus horlogères que les Toy Watch parce que mieux finies, plus soignées dans certains détails (lunettes et aiguilles assorties aux boîtiers-bracelets monochrome) et mieux pensées dans leur présentation. Deux tailles pour cette collection (43 mm « unisexe » et 48 mm pour les grands garçons) et mouvement Miyota 2115.
• Ice-Watch n’est pas une découverte pour les lecteurs de Business Montres, qui avait salué son apparition sur les marchés européens dès le 13 janvier 2009. C’est, de toute évidence, une des plus intéressantes marques me-too de la nouvelle horlogerie accessible, que ce soit pour ses concepts monochromes (collections Sili ou Neon), pour ses clins d’œil glamour (Ice-Love) ou pour ses montres « à la manière des grandes icônes » (1844 ou XXL, entre autres). On notera au passage le soin apporté au branding, puisque Ice-Watch s’offre, en plus d’une liste de pipoles longue comme le bras, les services d’un DJ de luxe, David Guetta en personne, pour rester dans la hype avec une entraînante vidéo d’Estelle (ne pas manquer, cependant, les autres vidéos de la marque)...
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••• ...ET DE L’OPPORTUNISME SPORTIF AUX AMBITIONS ÉMOTIONNELLES PLANÉTAIRES...
70 drapeaux, quand il n’y a que 32 équipes engagées dans la compétition, c’est évidemment ratisser large, mais il serait étonnant qu’il n’y ait pas, de par le monde, quelques centaines de supporteurs patriotes pour chaque pays – surtout à guère plus de 300 euros pièce. Certaines séries ont été éditées à 5 000 ou 6 000 exemplaires pour servir à plusieurs tournois internationaux : c’est notamment le cas de la Colombie, éliminée du Mondial 2010, mais les montres serviront toujours pour les prochaines compétitions de l’équipe nationale féminine et de l’équipe nationale des moins de vingt ans...
• Etonnant, malgré tout, qu’on ne trouve pas certains pays qualifiés pour le Mondial dans la liste des 70 drapeaux nationaux, à commencer par la... Suisse ! L’explication tient sans doute aux risques d’associer montre et drapeau suisse, combinaison plus ou moins légalement protégée mais largement piratée par les maraudeurs asiatiques...
• Pourquoi pas la Suisse, alors qu’on peut s’offrir le drapeau indien, l’israélien, le chypriote, l’irakien, le sénégalais, le qatari, le nord-coréen [qui seront les porteurs fiers de ce drapeau ?] ou, évidemment, le luxembourgeois et le belge ? C’est tout simplement que cette collection dépasse largement la simple étape du Mondial sud-africain et qu’elle vise à installer au poignet une fierté vexillologique dans toutes les grandes mobilisations émotionnelles de notre quotidien. Ice-Watch semble l’avoir compris avant tout le monde : il sera désormais intéressant de mesurer à l'aune de cette collection et de ses ventes proportionnelles le patriotisme carpien des supporters concernés...
MONTRES & FOOTBALL : Quelques épisodes précédents...
••• JELLY FLAG TOY WATCH : neuf drapeaux nationaux sous le cadran (Business Montres du 19 mai)...
••• ICE-WATCH FAIT FLOTTER 70 DRAPEAUX : une géopolitique du pavillon national qui va bien au-delà du Mondial (Business Montres du 30 mai)...
••• FRANCK MULLER AU BENFICA LISBONNE : c’était un des derniers grands clubs européens sans horlogers officiels (Business Montres du 5 mai, info n° 10)...
••• LE NOUVEL ELDORADO FOOTBALLISTIQUE : c’est désormais sur les pelouses de stades que le luxe joue sa partie (Business Montres du 27 septembre 2008)...
••• LA DREAM TEAM DE LOUIS VUITTON : avec Maradona, Pelé et Zidane comme ambassadeurs, le leader mondial du luxe prend les devants du nouveau chic footballmaniaque (révélation Business Montres du 7 avril)...
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