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Suite de la visite à l’EPHJ (Lausanne) et retour à l’écran radar de l’information horlogère en temps réel : ces jours-ci,que se passe-t-il d’intéressant dans le microcosme des amateurs de montres ?
EPHJ 1)
••• INJECTOR RÉINVENTE LE XXIe SIÈCLE DE L’HORLOGERIE
Cette maison de Porrentruy nous donne une leçon de nouveaux matériaux, tant par l’utilisation horlogère des nanotubes de carbone (voir la définition scientifique) – procédé qui a permis à Richard Mille de créer sa RM 027 ultra-légère, qui disposera bientôt d’un bracelet en caoutchouc très « aéré » – que par les nouveaux composites à haute performance qui permettront demain de réaliser des pièces en granit (boîtier, cadran, composants) ou même en terre battue (pour les nostalgiques du tennis !), voire en oxyde de titane pour des structures ultra-légères d’un blanc idéal (platine, cadran, etc.). Tout aussi amusant : la fibre de viscose, qui permet d’obtenir des effets de transparence avec des matériaux ultra-résistants. Inutile de préciser que plusieurs grandes marques ont déjà Injector dans leur écran de veille...
• C’est avec des sociétés comme Injector que s’invente l’horlogerie de demain : contrairement au carbone mis en scène ces dernières années, ces nanotubes de carbone (image de synthèse ci-dessus) créent un matériau impeccablement usinable, qui conforte la prochaine révolution de la légèreté au poignet (tant pis pour ceux qui confondent encore poids et valeur !)...
• Injector travaille aussi sur une nouvelle génération de cadrans synthétiques, capables d’imiter avec une perfection micrométrique les cadrans traditionnels, mais dont la technique d’injection permet d’abaisser les coûts d’un facteur 10 pour un aspect strictement identique, notamment les cadrans complexes à effet de matière (fibre de carbone, guillochage ou autre). Avec une telle technique, plus besoin d’aller en Chine pour s’offrir des cadrans high-tech d’un effet saisissant !
• LIRE ÉGALEMENT : « Le Zapping du Mercredi » consacré aux nouveautés de l’EPHJ (exclusivité Business Montres du 9 juin : les 20 stands à ne pas manquer)...
EPHJ 2)
••• LAC LANCE LE PVD CÉRAMIQUE BLEU
On commence à se lasser du PVD noir, mais d’autres revêtements PVD s’annoncent : L.A.C. (Vacuum Coating Technologies, Plan-les-Ouates) met en piste différentes propositions, dont un nouveau revêtement PVD céramique qu’on peut désormais traiter en bleu et en chocolat, y compris pour des pièces complexes...
• LIRE ÉGALEMENT : « Le Zapping du Mercredi » consacré aux nouveautés de l’EPHJ (exclusivité Business Montres du 9 juin : les 20 stands à ne pas manquer)...
EPHJ 3)
••• BLANDENIER RECRÉE LA TRADITION DES MÉTIERS D’ART
Le graveur-angleur-sertisseur-squeletteur-émailleur préféré des grandes manufactures de Genève (notamment Patek Philippe) maîtrise des nouveaux procédés de travail qui renouvellent l’esprit des « métiers d’art » : au burin sous binoculaire, Christophe Blandenier et son équipe anglent avec des « rentrants » spectaculaires (sans lime, c’est souvent plus net !). Ils étirent et ils gravent à la main des décors d’une complexité remarquable. Ce n’est pas comme autrefois : c’est mieux ! Et la tradition est sauvée...
• LIRE ÉGALEMENT : « Le Zapping du Mercredi » consacré aux nouveautés de l’EPHJ (exclusivité Business Montres du 9 juin : les 20 stands à ne pas manquer)...
EPHJ 4)
••• TIMELESS REFONDE L’ESPRIT MANUFACTURE
Business Montres évoquait hier, parmi la vingtaine de mouvements alternatifs présentées pour cette édition 2010 de l’EPHJ, le cas de Regence, fournisseur de composants bien connu de Genève. En fait, Regence n’est que le fournisseur de Timeless, un atelier très (trop ?) discret qui n’en propose pas moins un des meilleurs mouvements de cette génération 2010 – en tout cas, un des plus fiables sur le plan industriel et un des plus « manufacturables » si le mot de « manufacture » a encore un sens.
• Timeless, c’est aujourd’hui une base personnalisable en trois aiguilles-grande date (les pointages élémentaires ont été repris du Valjoux7750), mais dans une logique paramétrable qui permet à la fois de personnaliser le mouvement et surtout de le démarquer de ses cousins : pour chaque marque, c’est l’assurance de disposer d’un « mouvement manufacture » unique et « insourçable ». Atout marketing évident pour les marques qui n’ont pas ou ne veulent pas s’offrir une manufacture intégrée, tout en disposant des services étendus d’un motoriste adossé à un réseau de fournisseurs capables de prendre en charge la réalisation d’une montre de l’image 3D à la livraison finale (mouvement, boîte, cadran, aiguilles, couronne, etc).)...
• Timeless annonce dans ses développements un chronographe automatique de nouvelle génération (mais roue à colonne tout de même) dont nous reparlerons, ainsi qu’un prochain échappement complet « 100 % in-house »...
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EPHJ 5)
••• DUBOIS DÉPRAZ DANS LA COUR DES (TRÈS) GRANDS
La manufacture du Lieu a encore étoffé ses services en élargissant sa palette de métiers, mais elle achève surtout la mise au point de son propre mouvement, qui sera – on l’imagine – forcément ultra-fiabilisé (tradition de la maison oblige), mais surtout parfaitement adapté aux multiples modules de complication développés ici depuis plus d’un siècle...
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EPHJ 6)
••• TEC ÉBAUCHES MISE SUR L’ULTRA-PRÉCISION
Les directeurs de production des grandes manufactures font confiance à l’équipe de TEC Ebauches (Vallorbe) pour des composants horlogers qui sortent de l’ordinaire (ébauches, décoration, garnissage) et qui sont réalisés dans les délais, dans les bonnes cotes et dans les prix convenus – une habitude qui aurait tendance à se perdre dans l’horlogerie contemporaine ! Autre excellente habitude : celle de trouver une solution (technique ou industrielle) quand les autres soulèvent des objections, ce qui assure à TEC Ebauches la fidélité de ses prestigieux donneurs d’ordre. Qu’est-ce qui fait la différence ? Pas vraiment les machines, un peu le savoir-faire et l’organisation, mais c’est surtout la motivation de l’équipe...
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7)
••• REVUE DE PRESSE CHIC ET CHOC
Mais si, mais si, il se passe toujours quelque chose dans la presse, qu’on y parle de luxe, de montres ou de l’air du temps :
• LA SECONDE RÉVOLUTION HORLOGÈRE : l’article le plus important de ces jours-ci est à retrouver dans L’Agéfi (Suisse), où Bastien Buss étudie de très près les conséquences d’une possible cessation par le Swatch Group des livraisons aux marques extérieures au groupe. A lire en détail et à méditer : désolé, pas de lien possible pour l’instant ! Mais nous y reviendrons, parce que cet article ouvre un débat plus large...
• CONSEILS D’INVESTISSEMENT : à en croire le DesMoines Register, qui reprend les conseils de Toby Joseph III (Joseph Jewelers), c’est le bon moment pour investir dans une montre de luxe. Une intéressante plongée dans la communication horlogère vue de l’Iowa américain...
• DOUBLE MONTRE AU POIGNET : la tendance avait déjà été éclairée par Business Montres (13 avril : « Pimp my wrist »), mais elle se renforce à en croire le blog Cachemire & Soie (« Les deux trotteuses »)...
• CARTIER ET LOUIS VUITTON, C’EST McDONALD’S : c’est du moins ce que pense Le Monde (France) en évoquant la « stratégie McDonald’s des géants de l’industrie du luxe », c’est-à-dire l’invasion de tous les malls de la planète par les mêmes boutiques d’un luxe globalisé qui se focalise sur ses icônes internationales...
• LA MONTRE FACE À LA RÉALITÉ AUGMENTÉE : un point de vue assez critique de Space 3D Solutions sur les approximations techniques de la réalité augmentée appliquée aux montres, ses limites et son potentiel. « Les applications de réalités augmentées ont tellement l’air de se ressembler depuis deux ans », mais des produits vraiment intéressants sont annoncés dans les mois qui viennent...
8)
••• SUR LE FRONT DU SPORT HORLOGER...
A la veille du coup d’envoi du Mondial sud-africain, et comme tous les ans au moment de la « belle saison », le front du sport horloger se réveille :
• CORUM : en attendant le Bol d’Or de ce week-end, qui mettra Corum à l’honneur (dans la compétition avec Okalys-Corum barré par Loïck Perron autant que pour le chronométrage officiel de l’épreuve), on voit arriver ces jours-ci en vitrine la dernière Admiral’s Cup Deep Hull 48, qui est une des plus belles « plongeuses » à 1 000 m du marché. Boîtier en titane de 48 mm, mouvement chronomètre automatique, lunette tournante, édition limitée à 500 exemplaires et esthétique très virile...
• FESTINA : bientôt, le Tour de France, sa caravane et ses horlogers nomades dans les drôles de voitures publicitaires Festina. La caravane du Tour de France fête cette année ses 80 ans, mais Festina n’anime le tour que depuis 1996 : une intéressante rétrospective en images du blog Cycling Model nous fait revivre les riches heures de ces « Torpedo » Festina toujours un peu déjantées. En 2009, il n’y avait plus – crise oblige ! – les habituelles « hôtesses de choc » de la marque : elles n’étaient pas pour rien dans le triomphe réservée à ce convoi horloger de la caravane. Seront-elles de retour en 2010 ?
• IWC : à la frontière du sport (plongée), de l’exploration eco-friendly, de l’horlogerie et du celebrity marketing (Cousteau Society), IWC fête le centième anniversaire de la naissance du Commandant Cousteau, pionnier de l’exploration du monde sous-marin et donc des premières montres de plongée pour le grand public. Une nouvelle Aquatimer est éditée à sa mémoire, IWC soutenant en parallèle la campagne 2010 de l’Alcyone, le navire d’exploration et de recherches commandé par son fils...
• RICHARD MILLE : décidément très orientée tennis et dopée par la victoire de Rafael Nadal à Roland-Garros, la marque est aussi le chronométreur officiel du Queen’s, le grand tournoi britannique au cours duquel le public anglaise pourra découvrir la RM 027 au poignet de Rafael Nadal, qui a déjà gagné le Queen’s...
••• APROPOS DE CETTE RM 027, UNE RUMEUR IMBÉCILE, certainement colportée par des concurrents bienveillants et dénués de toute jalousie : le n° 1 mondial aurait joué à Roland-Garros avec une montre « postiche », dont les aiguilles auraient été calées à 10 h 10. L’examen attentif des images prises pendant le tournoi et lors de la remise du trophée prouve exactement le contraire : après trois heures d’une partie au meilleur niveau, le tourbillon RM 027 de Rafa fonctionnait toujours et il indiquait l’heure exacte de la montée sur le podium (17 h 50). En fait, les ponts visibles côté cadran n’ont pas le même polissage que les aiguilles et ils « captent » davantage la lumières des flashes et des projecteurs de télévision. Comme ils ont un angle voisin des 10 h 10, un coup d’œil superficiel permettait d’avoir un doute : de là à penser qu’il s’agissait d’une montre postiche, il y a un très grand pas que certains se sont empressés de franchir – y compris sur Internet...
• SAINT-HONORÉ : la marque française réussit à se placer troisième de la Louis Vuitton Cup à bord du bateau franco-allemand All4One et à prendre dans la foulée le départ des Vingt-Quatres Heures du Mans dans deux catégories différentes (la Ferrari d’Eric van De Poele en LMGT2 et l’Oreca AIM de Didier André en LMP1, qui pilotes qui totalisent plus de 15 participations à l’épreuve (les deux équipes porteront pendant la coure une Coloseo Black Racing).
9)
••• TIMSA, VOUS CONNAISSEZ ?
Révision : BRIC = Brésil-Russie-Inde-Chine (les économies émergentes dites « fortes », encore que...) et PIGS = Portugal-Irlande-Grèce-Spain/Espagne (les économies endettées de l’Europe, acronyme qui n’est pas très gentil). Voici maintenant les TIMSA : Turquie, Indonésie, Mexique, South Africa-Afrique du Sud (nouvelles puissances, qui comptent, au moins temporairement – mais aussi excellents marchés horlogers, ceci allant avec cela). La carte géopolitique – qu’elle soit économique ou horlogère – se multipolarise à une vitesse étonnante : voici trente ans, l’Europe était le marché horloger de référence, avec un Japon émergent et un Proche-Orient dopé par les pétro-dollars. Avec les années Reagan et la bulle du crédit, l’Amérique du Nord a émergé à son tour, éclipsant le Proche-Orient. Il y a dix ans, alors que le Japon entamait un lent déclin, on a commencé à ressentir la montée en puissance de la Chine, qui a supplanté l’Europe ainsi que les dragons asiatiques et qui menace d’évincer les Etats-Unis. De nouveaux acteurs se profilent maintenant à l’horizon, en Amérique du Sud comme sur les marches de l’Asie ou dans le sud du continent africain. Pour avoir mené les premières danses de la mondialisation, l’Europe fait aujourd’hui tapisserie, mais les splendeurs de son art de vivre font toujours rêver (notamment son horlogerie)...
10)
••• SIMPLE QUESTION...
On se souvient qu’une des raisons de la chute de Patrick Heiniger (ex-patron de Rolex) avait été l’usage abusif des deux avions privés mis à sa disposition par la marque (révélations Business Montres du 17 décembre 2008 et du lendemain, info « Soyons précis »). Pour avoir lui aussi abusé du même Falcon, mais cette fois sans « traductrices » en vol, Renato Rüedi, le directeur commercial de Rolex, avait également été remercié (indiscrétion Business Montres du 18 décembre 2009). Bref, les avions privés ne portent pas forcément bonheur aux cadres supérieurs de l’horlogerie [ni d’ailleurs aux journalistes, comme pourrait en témoigner mon grand ami Gabriel Tortella, confronté en plein ciel à une urgence imprévue et bien en peine d’y remédier dans l’avion privé où il se trouvait...] !
• Pourtant, la tentation subsiste ! Quel est donc le patron très en vue d’un manufacture très en vue qui vient de s’offrir un avion privé pour ne plus perdre de temps dans les aéroports ? Il a tout de même fait une très bonne affaire en ne payant que 45 millions un jet qui en valait beaucoup plus sur catalogue, mais dont la réservation (passée avant la crise) venait d’être annulée...
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