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Fin de l'EPHJ et incertitudes chez les fournisseurs, qui ne retrouvent pas dans leurs plans de charge les mirifiques annonces de Bâle et Genève : n'aurait-on pas confondu pré-commandes commandes confirmées et factures ?
La planète Montres n'en poursuit pas moins sa révolution urbi et orbi
Même à Genève...
Cette semaine, LE SNIPER A...
HORS SNIPING)
••• MONTRES & FOOTBALL : JOUR J...
C’est aujourd’hui. Pour fêter l’événement, une excellente initiative de Flik Flak, la marque suisse des jeunes juniors : une collection de sept montres où les personnages des Looney Tunes sont lancés sur un terrain de football. Les bracelets portent les couleurs de sept nations, dont la Suisse et la France (on peut toujours rêver !), mais il y a aussi l’Allemagne, le Brésil, l’Italie, l’Espagne et l’Afrique du Sud. Belle idée, bien réalisée avec des montres à lunette tournante...
• Concord se lance dans la bataille sud-africaine en misant sur Javier Pastore, le milieu de terrain argentin (il joue à Palerme), amateur et désormais « ambassadeur » du chronographe C1...
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••• AIMÉ L’INITIATIVE TIMELAB, TOUT EN REGRETTANT SA TIMIDITÉ...
Ainsi donc, le Poinçon de Genève et le Contrôle officiel suisse des chronomètres (bureau genevois du COSC) célèbrent publiquement et officiellement leurs fiançailles, alors qu’ils vivaient depuis un certain temps en concubinage. Timelab, c’est désormais une fondation pour la mise en place du Laboratoire d’horlogerie et de microtechnique de Genève, avec quatre missions fondamentales dont le regroupement sous un même toit vise à créer des synergies :
• la certification Poinçon de Genève ;
• la certification COSC ;
• la certification du chronométrage sportif (à la demande des fédérations, pour contrôler les équipements chronométriques) ;
• (nouveauté) la mise en place d’une plateforme de services (« Pôle Recherche&Developpement ») pour proposer aux marques conseils, expertises et développement dans le domaine de la métrologie.
• Quelques annonces implicites ou explicites pour accompagner la naissance de Timelab, initiative soutenue par les autorités de la ville de Genève, dans une logique de promotion économique et d’encouragement à la consolidation du pôle horloger genevois comme référence internationale :
• une révision en 2011 des procédures et du périmètre de la certification du Poinçon de Genève : une commission est chargé de « dépoussiérer » le règlement, vieux de près de 120 ans (il a été achevé en 1886, au XIXe siècle, dans une logique défensive des horlogers genevois). Il s’agit de l’ouvrir aux nouvelles perspectives de l’horlogerie du XXIe siècle, côté matériaux comme côté industrialisation et même – osons le mot – marketing !
• une évolution symétrique du COSC, qui teste déjà des mouvements emboîtés et des montres « complètes » et qui réfléchit à des procédures plus modernes comme la télé-certification ;
• une réflexion plus globale sur les limites « cantonales » d’un label appelé à défendre les couleurs de l’horlogerie suisse dans son ensemble ;
• un souci plus général de prendre du recul par rapport aux habitudes culturelles horlogères en se mettant « à la place du client » – en particulier des clients non-initiés et non-européens, un peu perdus dans les subtilités de ces labels suisses qui sont tout sauf transparents : sans un diplôme d’horlogerie, qui peut vraiment comprendre le règlement du Poinçon de Genève ?
• Evolution sans doute (au moins dans la prise de conscience des limites de ces certifications), mais on reste loin de la révolution espérée ! Aucun éclairage prévisible à court terme du côté des faiblesses les plus criantes de ces labels officiels :
• on confond toujours homologation (poinçon donné à titre collectif à une série de mouvements) et certification effective pièce par pièce : la pratique du « contrôle aléatoire » de la bienfacture – quoi par qui ? – est ici « garantie » par la confiance dans la « raison » des marques et dans leur engagement à respecter ces règles.
• ce qui n’a rien d’une réassurance : d’une part, les capacités de traitement et de contrôle sont ridicules par rapport aux 30 000 pièces poinçonnées chaque année sans être formellement « présentées »...
• d’autre part, si on ne peut soupçonner le manque de rigueur des marques qui ne présentent que quelques dizaines de pièces au Poinçon de Genève (l’intégrité de Chopard est incontestable), il n’en va pas de même pour les marques qui « poinçonnent » leurs montres par milliers (on ne va pas donner les noms, mais on connaît quelques collections « homologuées » dont les séries – « bâclées » pour être livrées et facturées au plus vite – ne méritaient en rien ce Poinçon prestigieux)...
• rappel utile de Patrick Jaton, directeur de Timelab : « Pour obtenir la certification du Poinçon de Genève, une marque doit fournir un mouvement définitif assemblé et un second exemplaire en assortiment » (pièces détachées qui seront conservées comme « échantillon »). Un point, c’est tout : on imagine ce que des marques moins scrupuleuses pourraient tirer de cette naïveté procédurale...
- chacun a fini par comprendre qu’un mouvement peut mériter un label chronométrique en laboratoire, mais en devenir indigne après emboîtage. La direction du COSC fait d’ailleurs remarquer que son label est attribué à un mouvement susceptible d’afficher une précision chronométrique, mais non à la montre qui a pu se trouver déréglée au cours des opérations d’habillage. Il devient donc urgent de « cosquer » les montres complètes...
• rien non plus du côté de la certification COSC des mouvements « non-conformistes », par exemple ceux qui n’ont pas d’aiguille de secondes. Il est à peu près impossible de « cosquer » une Cabestan, alors qu’elle est – en test privé – dix fois plus précise que les normes du COSC. C’est cette faiblesse qui fait aujourd’hui la force de l’Observatoire de Besançon et qui a réveillé les ambitions métrologiques de métropoles horlogères comme Le Locle, La Chaux-de-Fonds, Le Brassus ou Bienne : quand on sait que l’« Observatoire de Glashütte » tient dans moins de dix mètres carrés et qu’il a été financé par un détaillant comme Wempe, on se dit que l’initiative genevoise risque de ne pas être la seule dans les années à venir...
• On laissera provisoirement de côté la seule vraie question qui fâche : celle du véritable « Poinçon Richemont » qu’est devenu le Poinçon de Genève depuis le retrait de Patek Philippe, qui a créé son propre poinçon de qualité. Selon les pointages de Business Montres, 90 % des montres « poinçonnées » à Genève le sont par des marques du groupe Richemont. Ce qui n’a rien de déshonorant, au contraire (certaines marques du groupe, comme Vacheron Constantin sont impeccables dans leur approche du Poinçon), mais cela condamne les marques extérieures au groupe à jouer les supplétifs, sinon les alibis ou les « idiots utiles ». Par un élémentaire souci d’équilibre et de transparence, sans faire de procès d’intention [ce que font néanmoins toutes les marques « non poinçonnables »], il serait temps de dérichemontiser ce Poinçon de Genève...
• Réflexion avant action et adaptation : même si on reste sur sa faim, la démarche va plutôt dans le bon sens (celui des intérêts de l’industrie horlogère dans son ensemble). Il faudrait seulement que les autorités de Genève acceptent de fendre l’armure et de délacer le carcan de leur instinct territorial : hors des frontières du canton, on ne comprend pas que la vallée de Joux soit exclue du périmètre genevois et, hors des frontières suisses, on ne comprend pas l’inexistence d’un label helvétique horloger digne de ce nom [le Swiss Made n’étant plus qu’un dérisoire paillasson sur lequel tous les maraudeurs s’essuient les pieds en ricanant]... En tout cas, meilleurs vœux de bonheur pour le nouveau couple Timelab (Poinçon de Genève + COSC) : il était temps, mais la route est longue et semée d’embûches...
••• CE QU’IL Y A D’ÉPATANT, face aux événements du microcosme horloger, ce sont les mœurs journalistiques ! Mardi soir, pour une présentation (cocktail-dîner au château de Môtiers) de la montre Bovet Ottanta réalisée pour les 80 ans de Pininfarina, on ne comptait pas moins de douze représentants du pôle Edipresse Luxe, avec pour résultat la publication du simple communiqué officiel de la marque.
• Jeudi midi, pour l’annonce du lancement de Timelab (événement capital de la semaine horlogère), il n'y avait qu'un seul journaliste d’Edipresse Luxe, avec pour résultat la publication d’un (vrai) article de Louis Nardin. Cherchez l’erreur !
• Il faudrait avoir l’esprit très mal tourné pour penser que Bovet Fleurier est un annonceur à flatter, alors que Timelab n’est pas un annonceur – auquel cas le simple communiqué publié après la grande réception Bovet signifierait que le prospect Bovet n’a pas répondu aux attentes : normal, il avait déjà signé pour un numéro hors-série de Tribune des Arts avec Gabriel Tortella !
2)
••• REMARQUÉ UNE RUÉE VERS L’AMÉTHYSTE...
L’améthyste est tendance : question de couleur, mais surtout de nuance : 65 % d’augmentation du prix des pierres, avec une désaffection pour les améthystes lilas de Chine au profit des améthystes uruguayennes et surtout boliviennes (aujourd’hui considérées comme les plus belles...
3)
••• VU QU’ON POUVAIT SE POSER DES QUESTIONS SUR LA CHINE...
Et notamment sur la « fin de la main-d’œuvre pas chère » dans le usines chinoises : c’est le très référent site d’informations américain The Huffington Post (« HuffPo » pour les initiés : 26 millions de visiteurs par mois, quand le Washington Post n’en a que 13 millions) qui lève le lièvre avec un dossier consacré à la montée d’une actualité sociale débordante (grèves, suicides, etc. dans les usines chinoises)...
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••• SENTI LES DANGERS DE LA PUBLICITÉ NON CONTEXTUALISÉE SUR INTERNET...
A propos du Huffington Post, une belle histoire, que nous raconte le blog Monday Note (lui aussi très référent sur l’univers des médias) : sur les pages du HuffPoHuffPo peut arriver demain à n’importe quelle marque de luxe, de même qu’on a pu voir les résultats horlogers des moteurs de recherche pour les grandes marques pollués par les sites de contrefaçons et de répliques...
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••• RESSENTI AVEC GÊNE L’ASSOCIATION SYSTÉMATIQUE DÉLINQUANCE-MONTRES DE LUXE
Quand un baron de la drogue se fait arrêter, en Europe comme en Colombie, on souligne immanquablement que ses tiroirs étaient bourrés de « montres de luxe ». Quand le président du Rodriguez Group (yachts) se fait interpeller et écrouer dans une sombre histoire de grand banditisme, Reuters se fait un devoir de souligner que « les enquêteurs ont saisi quatre yachts, 200 000 euros en liquide, des faux papiers, des armes de poing, des véhicules et un lot important de montres de luxe ». C’est désormais imparable, qu’on parle de politiciens véreux, de footballeurs fêlons, de narco-trafiquants, de rappeurs violents ou d’arbitres corrompus : « montres de luxe » ! Quelle profession autre que la haute horlogerie peut se « flatter » d’être aussi souvent associée au grand banditisme ?
••• TOUT AUSSI GÊNANT DANS L’« AFFAIRE RODRIGUEZ » (ci-dessus) : son association à des intérêts horlogers très précis concernant le marché parallèle (notamment aux Etats-Unis) et la presse de luxe, dont il était un grand annonceur...
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••• ATTEINT LES LIMITES SUPPORTABLES DE LA LANGUE DE BOIS...
Soit un communiqué de la manufacture Concepto de notre ami Valérien Jaquet (La Chaux-de-Fonds), dont Business Montres a souvent dit tout le bien qu’il fallait penser de son travail de jeune manufacture horlogère. Soit une eenvie de communiquer. Vite, diffusion massive d’un communiqué, aussitôt repris par les champions du karaoké horloger.
• Objet de la communication : la promotion du calibre 2000, « tracteur » mécanique qui permet à Concepto de proposer aux marques 70 variantes de mouvements au sein d’une nouvelle manufacture (du mouvement de base au chrongraphe roue à colonnes à rattrapante). Parfait : les leçons de l’impasse BNB ont bien été tirées et tout le monde a compris que le marché attendait des mouvements différenciés et différenciants (en plus d’un service très étendu d’étude, de développement, d’industrialisation et d’habillage final de la pièce)...
• Là où on atteint les limites de l’absurde, c’est quand Concepto nous livre l’image de son calibre (ci-dessus : le réel et son double, comme disait Clément Rosset), qui est une inspiration très conforme et un hommage au Valjoux 7750 original (même image ci-dessus). Ce qui est choquant, ce n’est pas de repenser ou de retravailler un mouvement tombé dans le domaine public, c’est de manquer de transparence en se flattant d’avoir révolutionné l’horlogerie : « Concepto Watch Factory travaille d’arrache-pied avec son équipe pour développer et fiabiliser un nouveau calibre mécanique haut de gamme. Avec le calibre 2000 et ses dérivés, Concepto Watch Factory propose ce que nul autre fournisseur de la belle horlogerie n’avait proposé jusqu’à présent : un véritable mouvement manufacture à même de répondre à des affichages de cadrans les plus divers ». On reste perplexe ! Ici, on commence à rigoler : « Concepto Watch Factory a préféré pousser très haut le niveau d’exigence qualitative pour son nouveau né ». Bouquet final : « A ce jour, il y a plus de 70 variantes possibles, une véritable allégorie horlogère » ! « Allégorie » : rien de moins... Cette insupportable langue de bois corporate est d’autant plus désolante que Concepto produit d’excellents mouvements (notamment son tourbillon calibre 8000) et n’a aucunement besoin d’en rajouter : il lui suffirait de jouer sur la transparence (pour moins que ça, sur Internet, on a failli crucifier le CEO de TAG Heuer, Jean-Christophe Babin)...
7)
••• APPRÉCIÉ LA CONFIRMATION D’UN SPÉCIALISTE DE LA MONTRE ET DU TENNIS...
D’origine portugaise, Miguel Seabra est un des meilleurs connaisseurs européens de l’univers du tennis et des subtilités de l’horlogerie. On le trouve généralement sur Facebook, où il vient de dévoiler quelle était la montre de Robin Söderlin, le finaliste malheureux de Roland-Garros face à Rafael Nadal : il s’agit bien d’une Graham Chronofighter Oversized Diver, montre imposante qui convient bien à un grand gabarit comme Söderlin. C’était une révélation Business Montres du 3 juin dernier, info n° 6...
• Voici quelques semaines, le sympathique Miguel Seabra avait bataillé dans la presse tennis pour y défendre – notamment face à L. Jon Wertheim qui ne comprenait pas bien l’intérêt de la montre(Sports Illustrated) – la technicité du tourbillon RM 027 et l’intérêt de l’association Nadal-Richard Mille (que l’Américain considérait comme une « Bling brand : Business Montres du même 3 juin, info n° 6 toujours)...
8)
••• CRAQUÉ POUR LE « VOYAGE DANS L’ESPACE » OFFERT PAR LA NASA...
Le nom de cette opération marketing est en soi un bonheur : « Space Your Face ». Rendez-vous sur le site éphémère que lui dédie la NASA : il nous suffit de charger notre photo sur le site, avec un nom, pour que cette image soit embarquée dans les bagages des prochaines navettes et « voyage » ainsi en orbite autour de la Terre. Excellent accueil sur la Toile – ce qui prouve que l’espace n’est plus un mythe à la Jules Verne, ni même un rêve à la Kennedy, mais un horizon quasiment atteint, voire dépassé par les cosmonautes et les premiers « touristes de l’apesanteur » : bref, l’espace s’est... banalisé ! On y voyage virtuellement en robot et on se pose sur la Lune avec RJ-Romain Jerome, qui a créé la montre des Moon Invaders. L’imaginaire spationautique n’est plus ce qu’il était : il est aujourd'hui encore mieux qu'avant, encore plus fort, plus infini et plus mobilisateur maintenant qu’on le touche du doigt (source : INfluencia)...
••• ON PEUT PROFITER DE SON PASSAGE SUR INFLUENCIA pour y découvrir le Carnet de Tendances, qui est sans doute le webmagazine le mieux fait de la saison, ainsi que les interviews d’INfluencia, à la pointe la plus aiguisée des tendances du marketing contemporain...
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••• AIMÉ LA COULEUR DE L’ARGENT...
Après le PVD, l’ALD (Atomic Layer Deposition) ? L’entreprise allemande Beneq s’est fait un spécialité de cet ALD, qui consiste à projeter un film moléculaire sur une surface en métal pour la protéger de toute oxydation. Concernant l’argent, on projeté à sa surface un film composé d’oxyde d’aluminium qui « colle » aux molécules d’argent avant d’y ajouter une couche d’oxyde de titane qui protège le film précédent des agressions chimiques. Ces films épousent absolument toute la surface, même si elle est très irrégulière. L’argent n’en brille que plus intensément. Idéal pour bon nombre de composants d’habillage...
10)
••• DÉCOUVERT UN NOUVEAU PROCÉDÉ D’« ANGLAGE INDUSTRIEL »
On le trouvait à l’EPHJ sur le stand de la Manufacture des Franches-Montagnes : ce procédé (qui n’est pas absolument nouveau, mais fresh to the market) est un rabotage au diamant, ou plutôt un diamantage des angles par rabotage. Sur robot d’usinage, un diamant assure l’« anglage » à 45° des arêtes, sans toutefois aller jusqu’aux angles « rentrants » : on n’est pas dans la finesse du Poinçon de Genève, mais on n’est pas non plus dans les mêmes coûts de terminaison ! Aux yeux d’un amateur « moyen », les finitions sont nettement moins « industrielles » et elles restent parfaitement dignes de la « haute horlogerie ». Des goûts et des couleurs...
• SUR L’EPHJ 2010, LIRE ÉGALEMENT : « Le Zapping du Mercredi » consacré aux nouveautés de l’EPHJ (exclusivité Business Montres du 9 juin : les 20 stands à ne pas manquer) et « Dix minutes chrono » (découvertes Business Montres du 10 juin, infos n° 1 à n° 6)...
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