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David Weber est un jeune homme heureux. Il vient de nettoyer et de régler la montre de son client. Il a assemblé le mouvement et revérifier sa précision au cours d’un test de fonctionnement qui a duré sept jours… Maintenant, il replace le mouvement dans sa boite. Si cela s’était avéré nécessaire, il aurait également effectué un petit nettoyage et un polissage du boitier. David Weber a été formé pour agir de la sorte. En 2008, il a passé et réussi l’examen de l’Ecole d’horlogerie Lange & Söhne (groupe Richemont).
Cette institution horlogère existe depuis 1997. Et depuis, cette école a formé 66 horlogers. Actuellement, 70% des 31 élèves sont des femmes…
La directrice de l’établissement, Katja König, 34 ans, est en place depuis 2004. « Nous n’effectuons pas de sélection en fonction du sexe », souligne-t-elle. « Tous les ans, nous invitons les élèves horlogers les plus prometteurs à venir participer à une séance de tests dans notre manufacture ». Ils doivent alors montrer toutes les choses dont ils sont capables : réaliser un mouvement de A à Z en fonction d’un schéma et l’assembler sans aucune instruction.
« Le plus important, poursuit Katja König, est d’identifier les qualifications, la patience et la compréhension technique des élèves horlogers. On évoque également avec eux leurs motivations et la manière dont ils imaginent leur futur ».
Pour Jan Helbig, cette formation s’est avérée parfaite… Après plusieurs scéances d’entrainement dans la manufacture, il est parvenu à réaliser l’assemblage du mouvement Double Split et ensuite, de la fameuse Lange 31.
Pour lui, ce garde-temps s’avère particulièrement intéressant. En effet, « il s’agit de la première montre à assurer une réserve de marche fiable sur 31 jours. J’ai œuvré sur l’assemblage de cette mécanique avec un collègue qui travaille dans le département des prototypes. Il m’a formé pendant une période de plusieurs mois ». Souvent, cet horloger de 24 ans a du trouver lui-même les solutions aux problèmes qui se présentaient à lui…
Depuis quelques jours maintenant, certains composants du calibre « Tourbograph, Pour le mérite » se trouvent sur son établi. Aujourd’hui, le jeune homme est fier de travailler sur le plus compliqué de tous les mouvements de la marque.
Le processus de formation fonctionne à merveille depuis ses débuts. Lorsque le jeune Ferdinand A. Lange a fondé sa manufacture horlogère à Glashütte, le 7 décembre 1845, il forma directement quinze jeunes hommes aux métiers de l’horlogerie. Il leur enseigna tous les savoir-faire de base, développa leurs talents et les incita à se spécialiser. C’était le seul moyen d’augmenter et d’améliorer la qualité de la production des montres de poche de l’époque. Certains de ces apprentis ont même créé leur propre atelier de fabrication, qui des pignons, qui des barillets, qui des aiguilles…
Pour David Weber, les garde-temps ont toujours fait partie de son quotidien. Son père était horloger pour la maison Lange à Hong Kong. « Je me suis toujours senti à l’aise avec les montres, depuis toujours » indique le jeune homme. Il est « tombé dedans en étant petit »… Avec une montre quartz qui appartenait à sa sœur. « Elle faisait partie d’un de ses jouets. Cela m’était égal qu’elle ne fonctionne plus. Je crois que je l’ai porté secrètement pendant presqu‘un an ». Sa toute première montre, le jeune l’a fabriquée il y a trois ans au Danemark pendant un stage. Mais pour arriver à ce fameux stage, la route a été longue.
Pour David Weber, l’élément déclencheur qui l’a incité à venir faire un stage d’apprentissage chez Lange, est survenu lors de vacances d’été passées en Allemagne. « Nous avons fait un voyage à Glashütte et nous avons visité la manufacture. J’ai pu voir où étaient fabriquées les montres que mon père nettoyait et réparait dans son atelier de Hong Kong ». Ses premiers jours à Glashütte n’ont pourtant pas été faciles car au début, il ne connaissait personne. « J’ai du me refaire des amis » confie le jeune homme. « Parfois, je dois avouer que le côté cosmopolite de Hong Kong me manquait, de même que la pratique de la langue anglaise ».
David Weber a suivi le double cursus de l’Ecole d’horlogerie de Lange & Söhne. Pendant trois ans, il a reçu des cours théoriques en alternance avec des travaux pratiques réalisés au sein même de la manufacture. L’ensemble de ce cursus a été bénéfique pour le jeune homme. Il est heureux d’avoir pu bénéficier d’une formation pratique et concrète. « Du travail fait à la main, pas avec des machines. C’est important pour nos clients, et cela définit ma passion pour le métier d’horloger. J’aime créer des produits qui vont durer, qui seront encore valables dans plusieurs décennies ».
Désormais, il se sent chez lui à Glashütte. « Je vis à côté de mon lieu de travail. Je peux voir les bureaux de la direction de Lange de chez moi. La tradition fait vraiment partie de notre vie quotidienne ici. » De même que ses relations avec ses collègues. « Le travail en équipe est important pour moi » remarque encore le jeune homme. Où irait-il si Lange lui proposait une chance de s’expatrier à l’étranger ? « Hong Kong » répond-il sans hésiter une seconde. « J’adore cette ville où plusieurs nationalités vivent harmonieusement et en paix ».
Depuis janvier 2010, l’Ecole d’horlogerie Lange se trouve dans un nouvel édifice :l’ancienne école de Bärenstein, qui se trouve à une dizaine de kilomètres de Glashütte, qui a été réaménagée en 2006 et qui jusqu’à maintenant était utilisée comme bureaux. La surface utilisable a augmenté, passant de 250 mètres carré à 600 mètres carrés. Cela permet désormais de mettre en place des coopérations internationales avec d’autres écoles horlogères dans le monde et de permettre à de jeunes horlogers étrangers de venir faire un stage en Allemagne.
Peut-être que quelques uns d’entre eux seront les prochains David Weber. Le jeune horloger ne s’imagine pas forcément vivre le reste de sa vie à Glashütte. « J’aimerais bien continuer à travailler pour Lange dans l’avenir, dans un service après-vente à l’étranger. Et être en relation avec les clients. Comme mon père ».
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