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MB&F (HM n° 4 Thunderbolt) : Il est libre, Max...
 
Le 09-07-2010
de Business Montres & Joaillerie

Serge Kriknoff et Laurent Besse ont rendu possible le rêve de Max Busser dessiné par Eric Giroud : selon l’avenir qu'on imagine pour l’industrie des montres, on a le choix :soit enfermer ces quatre-là, soit les cloner pour perpétuer leur explosivité créative.

Au fait, cette HM n° 4 est aussi une montre portable et qui donne l’heure...


1)
••• LES GRANDS GARÇONS ONT TROUVÉ LEUR JOUET DE L’ÉTÉ...

C’était la montre la plus attendue de ce début juillet (Business Montres du 21 juin) et il serait très invraisemblable que l’été 2010 produise une montre plus bouleversifiante que cette Horological Machine n° 4 Thunderbolt. Et on peut imaginer que ni l’automne, ni l’hiver prochains ne parviendront à nous stupéfier plus que cette montre. Eh oui, c’est une montre, une vraie, qui donne l’heure, avec des vraies aiguilles et un vrai mouvement, vraiment manufacture pour une fois...

• Un conseil : ne prenez jamais l’avion avec Eric Giroud. Max Busser était en cabine avec lui, voici trois ans, quand Eric Giroud a regardé les réacteurs du 747 par le hublot. Bingo ! Max le tannait depuis un moment pour imaginer une montre qui sorte de l’ordinaire, quelque chose qui relève à la fois de la maquette aéronautique, du vaisseau spatial et de la haute horlogerie. Ce serait donc une montre à double réacteur. Le reste du vol s’est passé à gribouiller des croquis de plus en plus baroques. Eric et Max adorant l’idée, il revenait à Serge (Kriknoff) de la mettre en forme sur le plan horloger : c’est quand même le boîtier le plus complexe jamais imaginé dans l’usinage horloger ! Et Laurent (Besse) se chargeait de donner à ce biréacteur un mouvement mécanique digne de ce nom (311 pièces à 99 et quelques % originales). Les autres friends – le nom de MB&F n’est pas usurpé – n’avait plus qu’à s’atteler à la mission...

• Trois ans plus tard (quelle impatience pour Max Busser, d’avoir une HM n° 4 dans les tuyaux et de continuer à animer ses lignes HM n° 1, n° 2 et n° 3 !), la pièce la plus rupturiste jamais présentée par la nouvelle génération débarque sur nos écrans, et bientôt dans les vitrines. Et c’est la révolution, dans la forme comme dans le fond. C’est même pire : c’est de la subversion et on ne peut pas s’empêcher de penser qu’on est peut-être en face du fameux urinoir de Marcel Duchamp décliné en proposition horlogère...



2)
••• TOUS LES MARQUEURS GÉNÉTIQUES DE LA MONTRE ONT ÉTÉ REFORMATÉS...

En prenant pour définition (classique) qu’une montre-bracelet est un objet qui donne l’heure au poignet, on doit admettre que la HM n° 4 est une montre-bracelet comme les autres. Enfin, presque ! Elle se porte au poignet (on trouvera sur le site MB&F une image de Max Busser avec la pièce au poignet) et elle demeure très portable en dépit de sa géométrie très particulière à double fuselage : peut-être un effet des deux structures latérales, qui rappellent un peu les brancards des Dream Watch De Bethune. On même pourrait dire qu’elle se fait oublier au poignet (par sa légèreté et sa taille « raisonnable ») si son apparition ne soulevait une immanquable tempête de « woaw » qui rendent cette pièce aussi remarquable que remarquée. Mieux que simplement portable, elle est surtout très lisible, avec un compteur pour la réserve de marche (à gauche : inspiration tableau de bord, avec l’aiguille en astérohache) et un compteur de « montre de bord » (à droite : inspiration montre d’aviateur, notamment l’index en triangle à 12 h et les aiguilles flèches).

• Cette HM n°4 donne l’heure avec une précision classique – qui contraste avec son style rupturiste : Laurent Besse et Béranger Reynard (Les Artisans horlogers) sont les motoristes inspirés d’une montre qui propose 72 heures de réserve de marche (remontage par le réacteur gauche) et dont le mouvement apparaît dans un capot transparent situé entre les réacteurs. On retrouve ces panneaux transparents sur le dessus comme sur le dessous de la montre (inspiration automobile), histoire d’en montrer les finitions et l’esprit de microsculpture qui a présidé à sa conception mécanique...

• Le boîtier mériterait à lui seul une étude complète, par son aérodynamisme et sa volonté d’aller au bout d’un concept aéronautique de poignet. Les lignes de force sont magnifiques quel que soit l’angle du regard : elles garderaient tout leur pouvoir de fascination si elles étaient exploitées à la taille d’un avion ou d’une fusée. Vivement un hologramme géant de cette montre, qu’on puisse véritablement tourner autour pour en exploiter les avancées visuelles, les symétries et les jeux de lumière ! On imagine aisément la complexité mécanique : la double bague en saphir située derrière les cadrans et logée dans le fuselage en titane réclame à elle seule 150 heures de polissage (par pièce !). Il faut compter plus de 60 heures d’usinage pour le bloc arrière en titane, d’une complexité rarement concevable. C’est la force de la nouvelle génération, la vraie (pas celle des effets de manche et du forcing marketing) : une sincérité totale dans la démarche et une immense rigueur au service de la folie créative.



3)
••• UNE TRANSGRESSION DIALECTIQUE QUI SURPASSE TOUTES LES CONTRADICTIONS...

Impossible de comparer ce qui ne l’est pas, et cette HM n° 4 impose ses propres codes après avoir disqualifié les parangons utilitaristes de la montre usuelle. On se sent brutalement transporté ailleurs, avec d’autres références : « Les œuvres impressionnistes, qui effrayaient les tenants du classicisme, demeuraient largement incomprises. Les Horological Machines, qui effrayent les tenants du classicisme, demeurent tout autant incomprises. La Horological Machine N° 4 ne changera probablement pas cet état de fait, mais la rupture avec l’horlogerie traditionnelle est tellement complète qu’elle permet à la dernière création de MB&F d’être appréciée pour ce qu’elle est, un art cinétique brut, libre de toute entrave », explique Max Busser, qui commet ici une légère erreur de parallaxe. Il ne s’agit pas d’une rupture formelle comme celle qui a pu creuser un fossé entre l’art pompier et la peinture impressionniste. Nous vivons plutôt la rupture conceptuelle qui sépare l’impressionnisme, voire le fauvisme, de l’art abstrait, du futurisme et de la peinture cubiste.

• Inutile de rapporter Malevitch à Renoir, ou Picasso à Ingres : une même filiation relie ces artistes, mais c’est celle d’une tradition culturelle, et non celle de leur expression. Malevitch et Picasso font dire à Renoir et à Ingres ce que ces derniers n’avaient pu exprimer qu’avec la grammaire esthétique dont ils disposaient, et il en est de même si l’on remonte au Greco ou à Breughel. La HM n° 4 est un Mondrian dans la Galerie des Glaces (Versailles) ou un Modigliani jeté dans les galeries antiques du Louvre : pas facile à suivre, mais diablement fascinant !

• On assiste ainsi à une rupture dans le réel qui dissocie à présent clairement les « montres » des « objets du temps » : il manque dans notre glossaire horloger un tiroir sémantique pour y loger une pièce comme la HM n° 4 (ne pas manquer le film sur le site MB&F). Le seul problème de Max Busser et de son équipe est désormais de poursuivre dans la voie qu’ils viennent d’ouvrir : jusqu’où peut-on pousser l’esprit de rupture sans qu’il devienne un système mental sclérosant ?

 



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