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Les 10 questions à ne jamais poser dans un dîner horloger (première partie : les sujets historiques)
 
Le 23-08-2010
de Business Montres & Joaillerie

Si vous aimez les dîners animés entre passionnés de montres, dix options pour enflammer les débats : des questions qui fâchentet des « serpents de mer » à propos desquels (lesquels sont toujours éminemment révisables)...

•••Image ci-contre : Beach 143, de l'artiste hyperréaliste new-yorkais Hilo Chen (détail)...

HISTOIRE, 1)
••• QUI A CONÇU LE PREMIER MOUVEMENT AUTOMATIQUE ?
La vraie question est « Sarton ou Perrelet » ? C’est comme thé ou café, slip ou caleçon et foot ou rugby ! Depuis que Joseph Flores [qu’on ne présente plus aux lecteurs de Business Montres, anciens ou plus récents] a dynamité les fausses certitudes des manuels d’histoire, la guerre fait rage entre perreletistes et sartonistes. La force de la « chose jugée » contre la force de la « chose prouvée » : une querelle très gauloise, envenimée par des considérations nationalistes entre un Abraham Louis Perrelet sous pavillon suisse et un Hubert Sarton sous pavillon belge, avec un arbitre historien sous pavillon français (Joseph Flores).
• Alors, qui ? On se demande bien pourquoi cette polémique atteint de tels sommets dans la mauvaise foi quand on dispose de tels documents...


HISTOIRE, 2)
••• QUI A CRÉÉ LA PREMIÈRE MONTRE-BRACELET ?
On parle de Blaise Pascal (le philosophe du XVIe siècle) ou de la reine Elizabeth Ire d’Angleterre (même siècle), mais aussi de l’impératrice Joséphine, des officiers du Kaiser en 1880 (commande passée à Girard-Perregaux), de leurs homologues britanniques pendant la Guerre des Boers, mais tous les musées horlogers regorgent de montres à porter au poignet bien antérieures à la montre commandée par Santos-Dumont à Cartier (qui relève toujours de la légende non documentée). On sait que, jusqu’à la fin du XIXe siècle, porter une montre au poignet comme un bracelet était un usage féminin, devenu masculin à la faveur des guerres et d’un mode de vie plus sportif.
• Alors, qui ? Disons que l’évolution de la montre a été pour le moins buissonnante, sinon buissonnière (comme l’école du même nom)...


HISTOIRE, 3)
••• QUI EST LE VRAI PÈRE DE LA SWATCH ?
Le moins qu’on puisse dire, à propos de cette question totalement taboue jusqu’à la disparition de Nicolas Hayek, est que le berceau de la Swatch a des roulettes qui lui permette de changer de parents au gré des différents historiens de cette montre. Tout dépend de la « paternité » dont on parle : conceptuelle, intellectuelle, technique, industrielle, graphique, marketing, commerciale, etc. Du tandem Elmar Mock/Jacques Muller à Nicolas Hayek, en passant par Ernst Thomke et quelques autres, c’est une polyphonie génétique à peu près indémêlable...
• Alors, qui ? On finira sans doute par parler de « strates créatives » dont l’empilement et l’accumulation ont fini par faire de la Swatch la montre emblématique de la nouvelle horlogerie à la fin du XXe siècle...


HISTOIRE, 4)
••• QUELLES SONT LES « MONTRES DE L’ESPACE » ?
La liste ne cesse de s’allonger, de la première Rodina (certains parlent d’une Sturmanskije) portée en orbite par Gagarine en 1960 à la dernière Seiko Spacewalk, en passant par Breitling, Omega (la seule « montre qui a officiellement marché sur la Lune »), Rolex (une montre de la Lune « non officielle »), Heuer, Yema, Bell & Ross, Fitya (Chine), Casio, Sekonda (Russie), Fortis, Strela (Russie), Glycine, Waltham, Timex, Ocean (Russie), Sinn, Bulova et quelques autres
• Alors, qui ? La bonne question sera bientôt : « Quelle montre n’a pas encore été dans l’espace » ? A part Patek Philippe...


HISTOIRE, 5)
••• QUI A MIS AU POINT LA PREMIÈRE MONTRE À QUARTZ ?
Question embarrassante selon qu’on parle du principe d’appliquer la résonance du quartz à l’horlogerie, des premières pendules électroniques [ne pas confondre avec les premières montres électriques, attribuées tantôt à Lip, tantôt à Hamilton], des premiers prototypes de montres-bracelets à quartz [apparemment, c’était en Suisse, en 1967] ou de la première présentation commerciale d’une montre à quartz [pour sûr, Seiko et son Astron en 1969]...
• Alors, qui ? Ne retournons pas le couteau dans la plaie : la Suisse était pionnière, mais elle n’a rien compris – à part quelques originaux comme Jack Heuer – à la « révolution du quartz ». Du coup, son industrie de la montre a failli mourir de cette colossale erreur marketing...


HISTOIRE, 6)
••• QUI A PRÉSENTÉ LE PREMIER CHRONOGRAPHE AUTOMATIQUE ?
Une seule date pour l’année (1969), mais quelques semaines d’écart entre l’annonce d’un calibre chronographe automatique chez Movado et Zenith (le fameux El Primero) et la présentation au salon de Bâle du non moins fameux Calibre 11 (Dubois Dépraz) proposé par Heuer, Breitling, Bûren-Hamilton. Sauf que les Japonais de Seiko ont présenté leur propre mouvement chronographe automatique (roue à colonne) exactement à la même époque, quelques jours après les Suisses. Les puristes retiendront également les prototypes – jamais mis en production de série – mis au point chez Lémania à partir de 1947. Viendront ensuite les « premiers chronographes manufactures » [produits par les marques, et non par des fournisseurs], puis les premiers chronographes automatiques ultra-plats, puis les « spécialités »...
• Alors, qui ? Disons que c’était dans l’air et qu’il faudra peser au trébuchet ce qui relève de l’effet d’annonce (Zenith-Movado) de la proposition commerciale effective (le groupe des marques suisses) et de la mise en production industrielle (Seiko)...


HISTOIRE, 7)
••• QU’EST-CE QU’UNE VRAIE MONTRE MILITAIRE ?
On doit évidemment distinguer les montres « civiles » utilisées par les militaires (comme les premières montres de pilote) des montres purement « réglementaires » (fournies par l’armée : Breguet Type 20) et des montres « régimentaires » (créées pour un corps ou une association), qui peuvent être elles-mêmes purement « privées » ou « officiellement parrainées » (Bell & Ross). Certaines sont inclassables, comme la Patek Philippe Aviateur (pièce unique : Business Montres du 26 avril 2009) quoique génétiquement d’une authenticité militaire indéniable. D’autres sont franchement « bidon » : pour 300 Panerai vendues aux armées en 60 ans, on en compte à peu près 3 000 sur le marché de la collection !
• Alors, quoi ? Les puristes n’acceptent que les marquages réglementaires. Les autres savent que certaines montres militaires sont volontairement « stériles » ou que des montres de foyer sont des témoins irremplaçables de l'histoire. A chacun sa sensibilité pour les grandes légendes du poignet des hommes en guerre...


HISTOIRE, 8)
••• QUI EST RESPONSABLE DES PREMIÈRES « GROSSES » MONTRES-BRACELETS ?
Les premières montres-bracelets n’étaient souvent que des montres de poche recyclées. La taille étant un facteur de fragilité (protection du verre et étanchéité), la mode de la montre-bracelet a d’abord favorisé les petits boîtiers, souvent dotés de calibres mécaniques « féminins ». Le XXe siècle n’a plus été ensuite que l’histoire d’une reconquête des poignets masculins par les grandes montres : les besoins « professionnels » (aviation et chronométrage automobile, notamment) et la demande militaire (montres nautiques) ont fait le reste, de Panerai à IWC en passant par Breitling, Rolex, Omega ou Heuer, mais la montre des frères Wright conservée chez Vacheron Constantin n’est pas mal non plus !
• Alors, qui ? Pour ce qui est des montres de série, tout doit se jouer entre Panerai (boîtiers Rolex d’origine) et IWC (avec la fameuse Portugaise), avec quelques exceptions qui confirment la règle.


HISTOIRE 9)
••• A QUI ATTRIBUER LES PREMIÈRES MONTRES DE PLONGÉE ?
On a toujours cherché à rendre les montres étanches, à l’aide de graisse, de cuir ou même de plomb fondu... Davantage, d’ailleurs, pour préserver le mouvement des agressions extérieures que pour s’enfoncer sous les flots. On peut attribuer à Omega la première montre étanche de loisirs nautiques (Marine, 1932), même si Hans Wilsdorf avait prouvé à grand spectacle, avec la traversée de la Manche par Mlle Gleitze (1927), que ses Rolex Oyster étaient réellement waterproof. A partir des années, cette étanchéité devient une spécialité de Rolex – fournisseur entre autres de Panerai – qui détient toujours le record de plongée réelle en profondeur (10 900 m en 1960) et qui a posé le standard de la spécialité. Pourtant, si on omet quelques montres de scaphandrier relativement importables au quotidien (Allemagne, Russie, Etats-Unis), la Blancpain Fifty Fathoms devancera en 1953 la Submariner de Rolex (1954) comme première montre de plongée « professionnelle ».
• Alors, qui ? Pour les « instruments » de plongée pure, Panerai l’emporte certainement pour le volet militaire et Blancpain pour le volet grand public (même si la Fifty Fathoms était une commande pour l’armée française)...


HISTOIRE 10)
••• QUELLE MARQUE A INVENTÉ LE CELEBRITY MARKETING ?
On cite souvent Rolex [qui a multiplié les « ambassadeurs » sportifs dès la fin des années soixante, avant de passer à des gloires plus culturelles dans les années soixante-dix], mais il ne faudrait pas oublier le défilé des champions automobiles chez Heuer ou celui des cosmonautes chez Omega, maison pour laquelle Jean-Claude Biver institutionnalisera le sponsoring cinématographique grâce à James Bond. Viendront ensuite le chronométrage officiel de certains sports (les jeux Olympiques), puis le recrutement des constructeurs automobiles ou des célébrités de pays émergents et l’engagement dans les grandes causes charitables. Aujourd’hui, qui n’a pas son « égérie » exotique ou son porte-flingues ultra-médiatisé ?
• Alors, qui ? Historiquement, les premières traces d’une exploitation commerciale de « témoins de référence » remontent en fait au début du siècle, quand Hamilton utilisait le nom et les propos des conducteurs américains de locomotives pour promouvoir l’exactitude de ses montres. Soit un quart de siècle avant la fantastique campagne de promotion organisée par Hans Wilsdorf pour attester de l’étanchéité de ses Oyster [voir ci-dessus]...

 



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