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Si, si : il suffit d’essayer !
Lancez le débat (ou, plutôt, plombez-le) et vous enflammerez l’opinion, sans qu’on puisse trancher clairement entre les uns et les autres.
Ce sont les nouveaux« marronniers » de la conversation entre passionnés de montres...

•••Image ci-contre : Beach 137, de l'artiste hyperréaliste new-yorkais Hilo Chen (détail)...

Technique, 1)
••• QU’EST-CE QU’UNE « MANUFACTURE » ?
Complément qui fâche : « Quelles sont les vraies manufactures » ? Sachant qu’il n’existe aucune définition légale [faille que les faisans du marketing exploitent jusqu'à l'écoeurement] et qu’on ne compte que des exceptions aux vagues règles affirmées par les manuels de référence, ce n’est certainement pas votre opinion qui va s’imposer aux sectaires du « 100 % in house intégral ». Un débat inépuisable et totalement piégé...
••• Alors ? A part Seiko (qui a tout intégré sous une même marque-ombrelle), difficile de se prononcer ! On ne pratique pas (encore) l’élevage lacustre du caïman helvétique...


Technique, 2)
••• FAUT-IL FAIRE CONFIANCE AUX « OVNIS » DE LA NOUVELLE GÉNÉRATION ?
Sous-entendu : leurs mouvements ne sont pas fiabilisés et personne ne saura les réparer dans une ou deux décennies. On peut toujours tout réparer et on ne voit pas pourquoi on pourrait moins réparer les calibres créatifs de 2010 que ceux du temps de Breguet. Ce qui est le moins réparable n’est pas le mouvement lui-même [même s’il est super-compliqué], mais le produit d’un procédé technologique par définition frappé d’obsolescence : qui peut réparer les premières montres électriques, à quartz, à LCD ou à LED ? Enfin, les « grandes marques » d’aujourd’hui sont les indépendantes de nouvelle génération d’hier : qui peut prévoir la survie de tel ou tel acteur contemporain, aussi notoire (ou obscur) soit-il...
••• Alors ? Attention à ne pas oublier de préparer l’avenir en s’obnubilant sur la nécessité de pouvoir réparer le passé...


Technique, 3)
••• LES MANUFACTURES ALTERNATIVES AU SWATCH GROUP SONT-ELLES FIABLES ?
Comment faisait-on avant la révolution du quartz, quand on comptait de 80 à 100 manufactures suisses capables de proposer un mouvement ? On faisait avec, en acceptant de payer le prix d’une diversité tempérée par la concurrence. C’est parce qu’elles ont pris des mauvaises habitudes [payer les mouvements et les composants le moins cher possible, en se reposant sur le catalogue d’ETA] que les marques perdent aujourd’hui leur sang-froid face aux menaces de pénurie. Raisonnement industriel primaire : il faut un milliard et 5 000 opérateurs pour créer une alternative crédible au Swatch Group. OK, mais tout le monde sait que l’ère des mammouths géants est révolue : l’avenir n’est plus au mass-market, mais aux séries courtes, exclusives et fortement différenciées/identifiées travaillées en one to one. Donc aux ateliers plutôt qu’aux usines ! Il existe déjà en Suisse une bonne douzaine de propositions alternatives au prétendu monopole du Swatch Group [« monopole » qui n’en est un que pour les paresseux et les mal-voyants] et la compétition devrait s’attiser dans les années à venir. C’est plus cher que chez ETA, souvent plus moderne mais pas forcément moins fiable si on y met les ressources nécessaires : l’indépendance stratégique est un impératif qui n’a pas de prix !
••• Alors ? Comme disait le président Mao, « que mille fleurs s’épanouissent »...


Technique, 4)
••• QUEL EST L’AVENIR DES FOURNISSEURS INDÉPENDANTS ?
Ils ont très durement encaissé la crise et ils en restent les premières victimes, mais les révolutions de l’après-crise leur offrent une chance de repenser leur métier et de requalifier leur offre sur un marché totalement resegmenté. Conditions de leur survie : intelligence tactique, flexibilité technologique et réalisme financier. Jamais l’évolution de l’histoire horlogère n’a été plus favorable à l’éclosion d’un tissu industriel de micro-entreprises ultra-innovantes et avant-gardistes, capables d’offrir une alternative à taille humaine aux nouvelles demandes des amateurs. Autant il serait stupide de concurrencer les conglomérats industriels sur le terrain de la quantité (donc, des prix), autant les nouvelles mini-manufactures créatives peuvent imposer leur vision de la qualité et de la réactivité.
••• Alors ? Il y a 80 millions d’années, les lois de l’évolution ont fait triompher les premiers petits mammifères (Purgatorius), qui ne pesaient pas lourd face aux dinosauriens géants qui dominaient la planète...


(Et aussi, côté technique)

••• Faut-il bannir les nouveaux matériaux non traditionnels (silicium, céramique, etc.) des beaux-arts de la montre ?

••• Comment fera-t-on pour réparer dans dix ans les composants issus des actuelles nouvelles technologies (Liga, etc.) ?

••• La montre mécanique sans huile est-elle une solution, une utopie ou un artifice marketing ?

••• Fera-t-on jamais meilleur mouvement chronographe industriel que le Valjoux 7750 ?

••• Faut-il relancer les concours d’observatoire en rallumant la guerre de la précision entre les marques ?

••• Quelles marques Swiss Made font réaliser en Asie – un peu, beaucoup, à la folie – certains de leurs composants ?

••• Etc.