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1)
••• L’ANÉMOMÈTRE...
Indispensable pour bien savoir d’où vient le vent dominant et ne jamais prendre le risque de se trouver à contre-courant du mainstream. Les plus malins ont une vraie station météo embarquée. Les plus rustiques repèrent la brise au doigt mouillé. L’essentiel est de savoir caboter en convoi, sans s’éloigner de la côte...
2)
••• LA BROSSE À RELUIRE...
Instrument de première nécessité, voire de survie : on ne cire jamais assez de pompes dans ce métier, où il faut avoir l’échine très souple pour survivre en pratiquant les courbettes de rigueur ! Variante : l’encensoir, parfait pour noyer ses supérieurs hiérarchiques, ses actionnaires, ses banquiers, ses annonceurs, ses suzerains, ses fournisseurs stratégiques et ses [barrez les mentions inutiles] sous les épaisses fumées de la flagornerie et de la basse flatterie...
3)
••• LA FLÛTE...
On peut aussi tenter le pipeau ou le violon pour les petites musique d’ennui (celles des communiqués ordinaires), en réservant le tam-tam, les cymbales et la grosse caisse pour les gros et gras effets d’annonce médiatiques. L’essentiel est de pouvoir raconter à peu près n’importe quoi en l’enrobant de sirupeuses mélodies qui n’engagent que ceux qu'elles font encore danser : de toute façon, quasiment plus personne ne connaît le solfège et la moindre cacophonie fait illusion...
4)
••• LE MIROIR...
C’est le complexe de la Castafiore : ne pas oublier de vocaliser tous les matins « Ah ! Je ris de me voir si belle en ce miroir » (sur l’air des bijoux du Faust de Gounod). Le miroir est un accessoire nécessaire (mais pas forcément suffisant) à toute pratique un peu assidue de l’auto-admiration et de l’égosatisfaction. Sans son miroir magique, un professionnel contemporain de l’horlogerie se sent légèrement perdu...
5)
••• LA MONTRE...
Eh oui ! Il faut bien une montre – même ordinaire, électronique au besoin – qui donne l’heure quand on est un créateur-génialement-conceptuel-post-moderne-de-la-néo-génération-2.0, ne serait-ce que pour vérifier que ses propres montres donnent l’heure [à peu près précisément, ne soyons pas cruels !] et, si possible, avec une date pour vérifier qu’on va livrer dans les délais [à peu près honnêtement, ne soyons pas mesquins !]. Pourquoi personne n’ose-t-il dire clairement aux nouveaux créateurs de montres que l’exactitude, qui était « la politesse des rois » (Louis XVIII), est aussi, quelque part, l’honneur des horlogers ?
6)
••• LE PARAPLUIE...
A ouvrir d’urgence au moindre incident pour dégager sa responsabilité de tout problème, litige ou conflit. Par définition, c’est toujours la faute de l’autre [le fournisseur, le sous-traitant, le stagiaire marleting, le client, le détaillant, le journaliste, l’investisseur, le concurrent, le gouvernement, l’Europe, le Chinois, etc. : soulignez les multiples choix possibles] : il faudra donc que ce parapluie soit à l’épreuve des balles (pas perdues pour tout le monde) et du venin craché par les serpents qui sifflent sur ces têtes...
7)
••• LE PHOTOCOPIEUR...
Equipement on ne peut plus prioritaire : même sans pétrodollars, on peut se passer d’idées si on a un bon copieur, pour y réaliser de rassurants collés-copiés, voire un de ces photocopillages dont les salons horlogers nous enchantent tous les ans. Avec une aussi fantastique machine à remonter le temps, il suffit d’ouvrir les manuels d’horlogerie ancienne à la bonne page pour s’offrir des « premières mondiales ». Version high-tech : l’APN (appareil photo numérique) dont l’image est instantanément retransmise au prototypeur de Shenzhen qui livrera le lendemain matin par DHL une excellente « maquette de travail »...
8)
••• LA POMPE À VÉLO...
Impossible de s’en passer dès qu’il s’agit de regonfler (en brassant beaucoup d’air) une création un peu débile ou un communiqué de presse par trop peu dithyrambique [ne rien accepter au-dessous de deux superlatifs emphatiques par groupe nominal]. C’est avec beaucoup d’air qu’on fait monter les meilleures crèmes Chantilly. C’est en regonflant inlassablement une vieille chambre à air constellée de rustines qu’on maintient en vie de très vieille marques qui n’ont plus rien à dire. Les vrais, les grands, les immenses Shadocks de l’horlogerie connaissent leur métier : ils pompent !
9)
••• LE RÂTEAU...
Autant avoir un râteau dans sa panoplie puisqu’on a toutes les chances de s’en prendre un dans la figure en se lançant dans les montres ! Il en faut un quand on cultive le melon – hobby horloger bien connu chez les managers – aussi bien que pour récolter ces grosses patates dont on bourre les catalogues. Recommandé en toute saison, ne serait-ce que pour faire un peu de blé ou pour récolter l’oseille – activités agricoles qui semblent passionner les investisseurs pure players...
10)
••• ET UN VANITY CASE POUR RANGER LE TOUT...
C’est bien le minimum pour y loger sa trousse à maquillage, qui servira à tout camoufler sous une épaisse couche de fard, et pour remiser quelques menus accessoires personnels de première nécessité, comme le cirage (pour la brosse à reluire : outil n° 2), les rustines pour réparer les réputations qui fuient de toute part (outil n° 8) ou le sésame moderne (clé de contact du 4 x 4 de luxe + carte de frequent flyer) qui est aujourd’hui le Viagra en même temps que la ration de survie des managers horlogers...
À SUIVRE :
••• « Les 10 questions sans réponse sur l'avenir du Swatch Group » (en deux parties)... |