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C’est reparti pour une semaine de folie et de débats, avec ce qu’il faut de nouvelles marques, de nouvelles montres et d’initiatives stratégiques.
Dans l’écran radar du Quotidien des Montres,
LA VIGIE DU LUNDI A REPÉRÉ...
1)
••• LE NON-DIT INRACONTABLE DANS LE REPOSITIONNEMENT STRATÉGIQUE D’OSVALDO PATRIZZI...
Bien sûr, on peut toujours expliquer rationnellement la relocalisation asiatique de Patrizzi & Co (révélation Business Montres du 10 septembre), maison qui ne fera plus en Europe que de la figuration. Figuration ou récupération de montres qui seraient invendables aux amateurs européens, mais très valorisées en Grande Chine, où les poignets sont plus menus et l’éducation horlogère encore un peu sommaire ?
••• On pense ici à toutes ces petites montres serties passées de mode dont les jeunes Européennes ne veulent plus pour des raisons de mode (l’Asie préfère la mécanique), de taille (trop petite) ou de style (c’étaient souvent les montres de leur maman]. Les tiroirs des grands détaillants et des manufactures sont encore bourrés de ces pièces neuves de stock, mais qui coûteraient trop cher à dessertir (pour les pièces de haute joaillerie) ou à recycler (quartz). On peut constater qu’un ramassage est en cours dans toute l’Europe, ces pièces restant profitables aux enchères en Chine, même avec les 40 % de taxe de luxe qu’elles supportent à l’importation dans ce pays...
••• POURQUOI « INRACONTABLE » ? Tout simplement parce que ce serait admettre que les consommateurs chinois – par ailleur si courtisés ! – ont des goût déplorables et une culture horlogère qui retarde d’une vingtaine d’années sur la nôtre...
2)
••• UNE INITIATIVE D’ANTIQUORUM POUR DES ENCHÈRES EN LIGNE PERMANENTE...
Le monde des enchères n’échappera aux nouvelles technologies, même si celles-ci ont influé négativement sur le bref destin de Patrizzi & Co (Business Montres du 10 septembre) : Antiquorum (New York) met en place dès la fin du mois une plate-forme DirectBid qui permettra aux amateurs de participer en ligne à des enchères horlogères continues (24 x 24/7 x 7), avec un système de commissions réduites capables de tenter les néophytes aussi bien que les amateurs confirmés, qui seront rassurés par le fait que ces montres ne seront pas directement vendues par d’autres collectionneurs, mais par Antiquorum, avec ce que cela comporte de réassurance et de caution morale.
••• S’il ne constitue pas une révolution à proprement parler [on reste ici proche des « ventes silencieuses » lancées par Osvaldo Patrizzi, qui avait un tel projet de translation en ligne dans ses cartons], ce sera tout de même un tournant dans les enchères horlogères : les « grandes maisons » concurrentes d’Antiquorum devraient très vite suivre le mouvement...
3)
••• QUELQUES CHINOISERIES PASSABLEMENT EMBROUILLÉES DU CÔTÉ DE LA FOIRE DE HONG KONG...
Un vent de fronde souffle à Hong Kong, où un certain nombre de marques (beaucoup de références italiennes), dont Voilà, la star hongkongaise de l’horlogerie tendance, ont décidé de ne plus participer à la foire, où elles figuraient l’année dernière dans le Premier Pavillion. Rien de bien méchant, mais un malaise persistant qui prouve à quel point la Hong Kong Fair est confrontée au même problème de repositionnement que les grands salons européens. En janvier 2007, Business Montres (n° 47, page 9) avait été le premier média européen à signaler tout l’intérêt de Voilà, marque hongkongaise qui semble avoir la tête de cette fronde. Principal grief : l’incapacité des managers de la Foire horlogère de Hong Kong à comprendre l’identité d’une marque [élément-clé à préserver] et la nécessité de maîtriser les codes du luxe quand on veut faire monter en gamme un événement horloger annuel présenté comme « le plus grand du monde ». Quantité ou qualité ? Deux stratégies contradictoires : apparemment, Hong Kong a coché le mauvais numéro pour concurrencer les salons européens...
4)
••• LA NOUVELLE CONSOLIDATION DE LA DISTRIBUTION DES MONTRES DE LUXE EN ASIE...
Si on parle en Europe du passage de 8,9 % à 9,1 % de la participation du Swatch Group dans le chinois Hengdeli, un des acteurs majeurs de la distribution des montres de luxe en Asie (certainement pas le « plus grand détaillant horloger du monde », comme on l’a dit), les Asiatiques préfèrent s’interroger sur les investissements croisés – mais très opaques – de L-Capital Asia (le bras armé du groupe LVMH en Asie) et du milliardaire malaisien Francis Yeoh, à la fois dans le réseau Sincere, le réseau LuxuryConcept et le réseau Emperor (Business Montres du 30 août, info n° 7), plus quelques autres discrètes prises de position.
••• Participations qui se jouent à la fois en parallèle et en concurrence [un comportement très « chinois »],oligopole multi-marques et multi-réseaux dont le consolidation finale pourrait laisser les marques suisses totalement démunies et impuissantes dans ce nouveau rapport de forces.
••• Sachant que plus d’une montre suisse sur deux est déjà vendue en Asie ou à un Asiatique (40 % pour les exportations officielles vers la zone périchinoise, 15 % pour les touristes et le parallèle au départ de l’Europe), la clé de toute stratégie en Chine est aujourd’hui la « maîtrise des tuyaux ». Le groupe Richemont a choisi ses alliés pour une politique d’ouverture de boutiques de marques. Le Swatch Group semble adopter une position médiane, mi-boutiques propres, mi-alliance avec les géants émergents. LVMH a clairement opté pour ces futurs méga-réseaux consolidés. Que reste-t-il aux indépendants et aux small players locaux ?
5)
••• LA DERNIÈRE RUMEUR CONCERNANT LA COURSE AUX BOUTIQUES DE MONTRES RUE DU RHÔNE (GENÈVE)...
Elle concerne un fantastique pied-de-nez au luxe horloger : il s’agirait d’une boutique éphémère Plonkwatch (Business Montres du 3 septembre, info n° 8) dans un des meilleurs emplacements de la rue du Rhône. Plonk & Replonk à Genève : de quoi soulever quelques vagues de rigolade à la surface du lac (image ci-dessus), mais les honorables marchands de cette noble « artère du luxe » risquent de ne pas goûter cet humour plus romand que genevois !
6)
••• LA FOLIE IPOD NANO MULTITOUCH QUI CHAMBOULE LE WEB...
Dès lundi dernier, Business Montres (6 septembre, info n° 1) vous avait prévenus : attention au phénomène iPod Nano, qu’on peut transformer en montre ultra-tendance le nouveau-né d’Apple, qui bénéficie déjà d’un bracelet « officiel ». Plus geek chic, tu meurs !
••• Cette « montre » est une belle illustration de la nouvelle convergence nomade des objets du quotidien. C’est parce qu’il n’est pas une montre que cet iPod Nano a des chances de séduire les non-porteurs de montres et qu’il peut les conduire à retrouver l’envie de porter des montres, sachant qu’un iPod n’est pas étanche, qu’il n’a pas de réserve de marche, qu’il est illisible ne plein soleil et que son hyper-sensibilité aux températures n’en fait pas vraiment un accessoire de plein air... Son succès (s’il se confirme : à 15 euros, on n’a guère de doutes) est un « signal faible » qui fait réfléchir sur les chances de la montre de tirer son épingle du jeu dans les révolutions technologiques qui recomposent notre art de vivre...
7 (x 10)
••• QUELQUES IDÉES (BONNES OU MOINS BONNES) À PICORER ICI ET LÀ...
••• Quelques remous, un peu d’inquiétude et des questions sans réponse après le départ de Sébastien Muller (créateur et directeur des montres Victorinox depuis douze ans) : l’affaire agite Porrentruy (Jura), additionnée à des rumeurs de déménagement vers Bienne (où Victorinox a déjà une unité logistique) et de licenciements (60 personnes travaillent à Porrentruy). Sébastien Muller, qui sera remplacé à ce poste par Xavier Jourdain, reste cependant lié à Victorinox par un contrat de consultant...
••• Un éditorial de Marie-Dominique Sassin (Paris-Joaillerie) sur les arnaques de la « bijouterie-joaillerie conceptuelle » : « Quelques pierres microscopiques de très mauvaise qualité, taillées en usine, pavées sur un motif et ajoutées à une fragile chaînette en or se retrouvent ainsi en boutique à des prix de vente exhorbitants »...
••• Les catalogues papier ont du souci à se faire avec la technologie Pop Iris : il s’agit d’une application iPad/iPhone capable de créer des livres interactifs 3D en pop-up, soit exactement ce que les horlogers attendent pour passer définitivement aux tablettes numériques (concept à découvrir en démonstration vidéo)...
••• Et les dossiers de presse devraient également s’inquiéter : officiellement nés en 1906, ils sont aujourd’hui menacés par Twitter selon une analyse d’Advertising Age...
••• Deux nouveaux matériaux pour l’horlogerie ? Soit un alliage d’aluminium (ultra-léger) rendu ultra-résistant (autant que l’acier) par un traitement thermique et une torsion sous haute pression qui en modifient la nano-architecture interne : des équipes y travaillent en Australie, en Russie et aux Etats-Unis, mais elles vont maintenant s’attaquer à différents alliages de magnésium (encore plus léger que l’aluminium) pour leur donner des qualités comparables à l’acier...
••• Prochaine étape du sponsoring sportif pour les horlogers : l’association du nom de la marque à un stade ou une équipe (naming en franglais marketing). Cette pratique, plus poussée que le baptême de la marque au nom du sponsor (exemple récent : Shanghai Rolex Masters), nous a déjà donné le Bayer Leverkussen (football, Allemagne), PSV Eindhoven (football, Pays-Bas, PSV pour Philips Sport Vereniging), les clubs de foot « achetés » par Red Bull (New York Red Bulls). A quand la Codex Arena de Bienne (football et hockey) ?
••• De sublimes photos de montres avec de sublimes créatures dans le Watch Calendar 2011 (toutes marques et tous modèles : 90 euros pour cette initiative unique au monde, dont les images sont plus explicites sur la page Facebook du calendrier, qui sera disponible en octobre)...
••• Prenez un vieux mouvement de poche à répétition des quarts du XIXe siècle (on en trouve à moins de 10 000 CHF aux enchères), restaurez-le, squelettez-le partiellement et posez-le dans un boîtier en or... Le prix public de la dernière Russian Imperator de Grieb & Benziger (Allemagne), spécialistes du rhabillage en montre-bacelet de mouvement de poche (notamment Patek Philippe ou Vacheron Constantin) : 125 000 dollars !
••• Une bonne relation de la désalpe Hublot, en plus de l’analyse plus sociétale de Business Montres (12 septembre) : « Le sacre de Biver » (Le Matin Dimanche)...
••• L’« aviation verte » avance bien, ces temps-ci, puisqu’on signale, en plus du Planet Solar suisse, le premier vol d’un quadrimoteur français, ce « cri-cri » étant le plus petit avion électrique du monde (30 mn d’autonomie à 110 km/h)...
8)
••• LE DÉBAT SUR LES « BIENFAITS DE LA CONTREFAÇON » QUI COMMENCE À ENFLER...
Business Montres avait été le premier média à rendre compte, dès la 31 août (info n° 6), des bonnes questions posées par un rapport officiel de l’Union européenne sur la contrefaçon. Le 6 septembre, Business Montres (info n° 5) présentait les pièces de ce dossier brûlant, qui prend à contrepied tout l’angélisme des institutions horlogères à ce sujet. Beaucoup de lecteurs ont réagi directement. Le débat rebondit sur Internet : « La contrefaçon, un faux problème », se demande Ze White Rabbit, qui prend le soin de traduire le rapport du professeur David Wall et d’ouvrir la discussion sur le forum Chronomania. Impossible de continuer la politique de l’autruche face aux arguments – rationnellement argumentés et lucidement assumés – des économistes...
9)
••• L’AGENDA MONTRES ET JOAILLERIE DE CES PROCHAINS JOURS...
••• Présentation officielle demain (14 septembre) d’une des six nouvelles marques suisses de la rentrée 2010 : après Codex (Business Montres du 6 septembre), c’est au tour d’Arcadia d’entrer en scène. La marque a pour parrain le dynamique Claude Sanz, président de la manufacture de sertissage Bunter (Versoix)...
••• Après-demain (15 septembre), ouverture de la XXVe Biennale des Antiquaires (Grand Palais, Paris) : ne pas manquer, au fond, face à l’entrée, près du restaurant gastronomique, le quartier des grands joailliers de l’horlogerie (Cartier, Chanel, Dior, Harry Winston, Louis Vuitton, Piaget, Van Cleef & Arpels, etc)...
••• Mercredi 15 septembre, à La Chaux-de-Fonds : publication officielle du programme officiel des Journées de la Métropole horlogère 2010 (4-20 novembre), avec un calendrier nettement plus simplifié qu’en 2009 (et un oubli du volet « commercial » qui avait fâché les marques)...
••• Mercredi 15 septembre, grande soirée « Vintage » : c’est au Cercle national des Armées (Paris) et Bell & Ross y présentera sa nouvelle collection Vintage...
••• Jeudi 16 septembre, au Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds : remise du prix Gaïa (Jacques Muller et Elmar Mock – les créateurs de la Swatch – dans la catégorie Artisanat-Création – et Jean-Claude Biver dans la catégorie Esprit d’entreprise)...
••• Vendredi 17 septembre, à Genève : inauguration de la nouvelle manufacture Agenhor, à Meyrin (architecture « écolo-respectueuse » à ne pas manquer)...
10)
••• LA TRADITIONNELLE SÉANCE DE RATTRAPAGE POUR CEUX QUI AURAIENT MANQUÉ UN ÉPISODE LA SEMAINE DERNIÈRE...
Une compilation (non exhaustive) de quelques-unes des révélations réservées aux lecteurs du Quotidien des Montres », puisqu’elles ont d’abord été publiées ici et nulle part ailleurs (complément éditorial Business Montres du 12 septembre) !
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