|
Dix nouveaux coups au but pour le Quotidien des Montres, avec quelques belles histoires à raconter et à commenter sur l’actualité horlogère.
CETTE SEMAINE, LE SNIPER A CIBLÉ...
1)
••• L’OUVERTURE AUJOURD’HUI, À MIDI, DU NOUVEL ESPACE LES AMBASSADEURS GENÈVE...
Le plus célèbre horloger de la rue du Rhône traverse la rue pour un espace provisoire aménagé en bunker dans ce qui sera la prochaine grande boutique Les Ambassadeurs Genève (650 mètres carrés, ouverture prévue en janvier prochain). Raison du déménagement : la reprise des anciens locaux par son propriétaire (Hermès). La boutique provisoire, qui reprend tous les codes de l’ancien point de vente (bois clair, etc.) en y ajoutant ceux de l’ex-Espace connaisseurs (salon privé) sera accessible par la rue, mais elle est au premier étage : un chasseur guidera les clients vers l’ascenseur intérieur, mais les guides touristes ont été correctement motivés pour se souvenir de changer de trottoir. De toute façon, impossible de manquer la future façade des Ambassadeurs Genève : elle est (provisoirement) constellée de montres qu’on trouvera dans les vitrines intérieures. Hier, on baignait encore dans les pots de peinture. Aujourd’hui, pour le jour J de l’espace provisoire, retour au style LCV (« Luxe, calme et volupté »)...
2)
••• LA QUESTION DU JOUR (CELLE QUI FÂCHE, QUI FAIT SOURIRE OU QUI FAIT RÉFLÉCHIR)...
Pourquoi René Kohli, qui dirigeait Swiss Chronometric et qui orchestrait le lancement de la nouvelle marque Codex (Business Montres du 6 septembre) vient-il de quitter aussi brutalement ses fonctions ? « Divergences stratégiques » avec le conseil d’administration, assure-t-on officiellement, en précisant que rien n’est remis en cause dans la montée en charge du lancement. Donc, première question qui fâche : si tout continue comme avant, pourquoi faire état de « divergences stratégiques » ? Sauf à admettre que René Kohli avait envie de tout changer dans la stratégie de lancement mise en place [personne n’y croirait], le prétexte invoqué est purement et simplement absurde...
3)
••• L’AUTRE QUESTION DU JOUR (CELLE QUI FÂCHE VRAIMENT SI ON Y RÉFLÉCHIT BIEN)...
Officieusement, toujours à propos de l’éjection de René Kohli, les langues se délient un peu. Côté fournisseurs, on se demande pourquoi certaines commandes de mouvements passées par Swiss Chronométric ne semblent finalement pas destinées à être emboîtées dans du Codex Swiss Made : on parle de la marque Ebhor (propriété du groupe chinois qui a investi dans Swiss Chronometric) comme habilleur final. Ce qui ferait de Codex un « simple cheval de Troie », une sorte de masque stratégique pour des opérations très douteuses !
••• Stratagème n° 1 de l’Art de la Guerre du penseur chinois Sun Tzu (c’est le plus ancien traité stratégique de l’histoire de l’humanité : il est daté de 400 avant notre ère) : « Traverser la mer sans que le ciel le sache ». Dans la logique stratagémique chinoise, on cache le ciel pour traverser la mer, sachant que ce qui est familier n’attire pas l’attention...
••• Pour ce qui est du cas personnel de René Kohli, qui a tout mis en place pour le compte de ses actionnaires chinois, il aurait dû relire le stratagème n° 3 : « Assassiner avec une épée d’emprunt », sachant que « si tu veux réaliser quelque chose, fais en sorte que d’autres le fassent pour toi » (proverbe chinois).
••• D’où la seconde question qui fâche : aussi motivée soit-elle du point de vue chinois [on ne dispose pour l’instant que de leur propre son de cloche], cette séparation brutale avec René Kohli ne risque-t-elle pas de ruiner le travail d’image fait par Codex, tant auprès des médias que des détaillants ? Pour tout lancement, le facteur confiance est déterminant : avec les remous de ce départ, on joue avec le feu, surtout à quelques semaines du démarrage d’une campagne publicitaire à grand spectacle...
••• Pour bien comprendre la philosophie stratagémique chinoise, une description des « 36 stratagèmes » et un un blog indispensable par le meilleur connaisseur européen de cette pensée : Comprendre et appliquer Sun Tzu.
4)
••• LA SAINE CURIOSITÉ DES LECTEURS À PROPOS DE L’ÉCHAPPEMENT GYROSCOPIQUE DE ZENITH...
Présentée officiellement dans la Mecque mondiale de la chronométrie, à l’Observatoire royal de Greenwich (Royaume-Uni), la montre Zenith Christophe Colomb – présentée aux lecteurs de Business Montres le 10 juillet – a rappelé quelques souvenirs aux lecteurs férus de développements horlogers. C’est sans doute à Giulio Papi (Audemars Piguet Renaud Papi) qu’on doit le premier brevet pour un mécanisme de correction d’assiette d’un dispositif réglant balancier-spiral – nom un peu technique pour un dispositif qui maintient horizontal l’échappement (dépôt le 8 juillet 2004 et publication le 11 janvier 2006). On trouve également, à la même période (dépôt le 13 juillet 2005 et publication le 17 janvier 2006), un brevet de Laurent Besse pour pallier les effets de la force gravitationnelle grâce à un « plan de référence » et un « balancier monté dans un bâti » – ce qui implique un axe-pivot...
••• Troisième épisode (dépôt le 29 août 2007 et publication le 4 mars 2009) avec le brevet d’Yves Corthesy, le « créateur » de la Christophe Colomb, qui imagine un dispositif de correction multi-axial du train d’engrenage – soit une hyper-sophistication du concept d’articulation autour d’un axe. Enfin, plus récent, le même Yves Corthesy dépose le 30 avril 2008 (publication le 25 novembre 2009) un brevet complémentaire à son concept précédent. Il y est question d’un mécanisme « évitant les variations de marche dues à la gravitation » grâce à une « plateforme montée en rotation libre »...
••• Sachant que tous ces brevets sont nés au Locle sensiblement à la même époque et sachant que les « motoristes » ne cessent de proposer des mécanismes innovants aux manufactures de montres qui les entourent, on en déduira que... les comptoirs des bistrots du Locle sont de véritables nurseries pour les nouveaux concepts horlogers !
5)
••• HAFFSTREUNER, LA MARQUE ALLEMANDE QUI A DU RESSORT...
Une grosse collection de gros chronos survitaminés, qui se flattent de marier la qualité allemande [légèrement chinoise, pour le coup] à la fiabilité suisse et à la testostérone américaine : autant dire que les montres Haffstreuner sont gonflées aux hormones de croissance et ne lésinent donc pas sur les détails hypertrophiés, comme les couronnes XL, vissées ou périscopiques, mais aussi les ressorts ajoutés aux renforts de la carrure déjà taillée en 50 mm (modèle GMT XXL Triple Spring). Spectaculaire, mais il faut oser sortir avec...
6)
••• UN GRAND RASSEMBLEMENT HORLOGER POUR LE TOP MARQUES DE SHANGHAI...
Marques horlogères annoncées au Top Marques China (Shanghai, 21-24 octobre) : Azimut, Breguet, Corum, Girard-Perregaux, Glashütte Original, Gucci, Montblanc, Rolex, Versace...
7)
••• LES NOUVELLES IMAGES DE LA COMMUNICATION HORLOGÈRE BIENTÔT EN CATALOGUE…
On sait maintenant ce que nous préparaient ces nouvelles visions de l’art de parler des montres, ou du moins de communiquer à leur sujet. Image ci-dessus : un récaputulatif, mais regardez-vous ce militaire de style ex-soviétique en bas à droite : il annonce une campagne publicitaire qui va faire du bruit ! D’autres images à retrouver dans Business Montres le 20 septembre, dans le « 360° du lundi » le 20 septembre, dans le « Zapping du mercredi » le 22 septembre, dans la « Séance de rattrapage » du 26 septembre et dans le « Dix Minutes Chrono du Mardi » le 28 septembre...
8)
••• LES NOUVEAUX MATÉRIAUX À NE PAS PERDRE DE VUE…
••• Une des céramiques les plus résistantes du marché : d’un noir profond, elle est développée à partir de carbure de silicium par Crystar Classics pour sa dureté quasi-égale au diamant et sa résistance aux contraintes mécaniques et thermiques, mais elle accepte bien la couleur...
••• Le Bio Luminium est un aluminium recyclé fabriqué à partir de carcasses d’avions militaires (développement Coverings Etc) : on fait fondre les carlingues pour les couler en blocs qui sont ensuite usinables. Avis aux marques spécialistes des montres d’aviateur...
••• La Raden textile est un papier enduit de couches de nacre : on le découpe en lamelles pour le tisser, ce qui lui donne un aspect de « coquillage » à l’état souple (développement Tamiya Raden Textile). Excellent pour des cadrans pas comme les autres...
9)
••• LES BONS PLANS CRÉATIFS DIFFUSÉS PAR TOKYOFLASH...
Sans trop entrer dans les détails, quelques concepts proposés à l’avis des amateurs par Tokyoflash : on y repère une montre Vision (dessinée pour être lisible sur les côtés du poignet), une montre Tokyo (stylisation des heures en forme d’idéogrammes japonais), une montre Infinite Time (le symbole de l’infini animé par des LED qui permettent un repérage de l’heure), une montre Orbe (sorte de tarte Tatin dont les tranches laissent passer des « rayons de soleil » qui indiquent l’heure), une montre Anneau de Moebius (astucieuse animation par LED d’un anneau de poignet astucieusement vrillé en anneau de Moebius) ou une montre Warp véritablement hypnotisante. Ne pas manquer les notations données par les amateurs pour chaque concept : elles situent bien les demandes du marché...
10)
••• UN ÉLÉMENT DE RÉPONSE À LA QUESTION DU JOUR POSÉE AVANT-HIER SUR RJ-ROMAIN JEROME...
Alors que la vente aux enchères des dépouilles du siège social de Lehman Brothers Londres déchaînait les passions, un acheteur se battait contre des enchérisseurs asiatiques : RJ-Romain Jerome était bien représenté chez Christie’s London ! Et pas pour acheter des vieilles éditions de Shakespeare ou des estampes japonaises... C’était un « tuyau » Business Montres du 28 septembre (info n° 8). Adjudication possible à la marque genevoise (pas de confirmation officielle côté Christie’s, ni côté RJ) : le lot n° 5682 représentant le logo de Lehman Brothers, (corporate sign : les lettres du nom de la banque en aluminium brossé), parti à 14 794 dollars avec les frais (estimation : 1 500-2 300 dollars). Ce qui échappe au coup de folie : estimé 3 100-4 700 dollars, un lot sensiblement identique (n° 1002) a été arraché par un acheteur asiatique à 66 355 dollars !
••• Un logo, pourquoi faire ? Chez RJ-Romain Jerome, on traque les légendes contemporaines et Lehman Brothers se pose en parfait symbole systémique d’une finance devenue folle au point de générer une Première Crise mondiale dont nous avons du mal à nous dépêtrer. Lehman Brothers a marqué les imaginations mondiales : après tout, pourquoi ne pas en faire une nouvelle « légende urbaine » ? Les montres réalisés avec ce logo deviendraient des fétiches anti-crise et des porte-bonheur pour éviter aux futurs traders un destin aussi funeste que celui de ceux qui peuplaient les desks suractivés de la défunte Lehman Brothers...
|