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Traditionnel creux de l’actualité du mois d'octobre, entre la rentrée. et les prochains salons de début 2011...
Le Quotidien des Montres est resté fidèle au poste pour traquer quelques nouvelles intéressantes...
CETTE SEMAINE, LE SNIPER A…
1)
••• RECUEILLI UNE RUMEUR PERSISTANTE À L’ÉTAT-MAJOR DU SWATCH GROUP…
Roland Streule, qui présidait Rado et qui faisait partie des « fidèles grognards » de Nicolas Hayek, partira « à la retraite » dans quelques semaines (au plus tard en fin d’année). Sur le rangs pour le remplacer (mais ce n’est évidemment qu’une rumeur « non autorisée ») : Matthias Breschan, qui quitterait Hamilton où il a fait un excellent travail.
••• Comme, de son côté, Stephen Urquhart (président d’Omega) ne cache à aucun de ses amis l’imminence de son départ du groupe, « avant Baselworld », précise-t-il spontanément on parle, mais sans doute un peu prématurément, de Raynald Aeschlimann, actuel vice-président, pour le remplacer], c’est au moins le début d’une réponse à la neuvième des « dix questions sans réponse sur l’avenir du Swatch Group » Business Montres). Ensuite, à qui le tour chez les dirigeants historiques du groupe ?
2)
••• FAIT LES COMPTES DE L’« ODYSSÉE DES PIONNIERS » TAG HEUER-TESLA...
Organisée pour les 150 ans de la marque, cette grande tournée internationale avait un double argument : une exposition itinérante sur les icônes du passé et du futur de TAG Heuer, ainsi que la présentation de la TAG Heuer Tesla Roadster. Au cours de ce périple, unique dans les annales de l’horlogerie par son format, 36 955 km ont été parcourus, soit beaucoup plus que le tour de la Terre, trois continents sillonnés, 17 pays traversés et près de 48 grandes villes visitées. L’« odyssée » Tag Heuer a connu 16 étapes (Genève, Bâle, Monaco, Milan, Budapest, Varsovie, Moscou, Dehli, Beijing, Shanghai, Tokyo, Los Angeles, Miami, New York, Londres et Paris). La distance moyenne entre les étapes donne une idée du parcours : 2 310 km (distance totale divisée par les 16 étapes)...
••• En avion, on peut estimer le périple à 24 259 km, dont chacun a été « compensée » en carbone par une aide accordée à la construction d’éoliennes dans la Meuse (France). La durée de l’« odyssée » est de 196 jours, soit 16 934 400 secondes pour qui l’aurait chronographe : compter 141 nuits d’hôtel, mais aussi 1 248 bouteilles de champagne pour étancher la soif des 90 VIP rencontrés tout au long du parcours, lesquels ont dévoré 912 kg de petits fours et de canapés...
••• Côté médias, le bilan est impressionnant, avec 2 000 photos récupées, 150 tweets, 700 images sur Flickr, 80 infos mises en ligne pour les 70 000 amis de l’ « odyssée » sur Facebook et 40 vidéos postées sur YouTube. L’exposition – hors collection courante – comptait 18 montres (15 pièces « historiques » et trois « montres du futur) et elles ont bénéficié de 30 émissions de radio-télé et, pour l’instant, 310 pages rédactionnelles...
••• Et le roadster TAG Heuer Tesla ? De Genève à Paris en faisant le détour par les 14 villes étapes, il aura roulé près de 12 696 km et nécessité 32 « recharges » (soit une autonomie moyenne de 400 km). Aucun changement de pneus n’est à signaler, ni aucune panne, même dans l’infernale chaleur du Rajasthan...
3)
••• RENONCÉ À COMPRENDRE CE QUI SE PASSAIT EN ASIE…
La situation change sur place d’un marché à l’autre, d’une marque à l’autre, et d’une montre à l’autre ! Alors que les grandes marques du Swatch Group (Omega et Longines, mais aussi Breguet) surperforment en Chine, avec des taux de croissance hallucinants, les plus petites et les moins connues ne vivent pas ce fantastique « effet d’aspiration ». De l’avis des professionnels locaux (Sincere, The Hour Glass, Dickson), Singapour paraît bien plus calme que Hong Kong, qui sort d’une shopping week qui n’a pas laissé un instant de répit aux boutiques de montres tellement elles ont vendu [anecdote Business Montres du 5 octobre, info n° 7] de grandes marques et même de « petites marques » de niche. D’autres rapports font état de boutiques de marques désespérément vides (notamment dans les nouveaux malls de Singapour, si coûteux en loyers : on imagine le prix des 2 500 mètres carrés de la boutique Omega ou des bûches qui flambent dans la cheminée de la boutique IWC) et de stocks considérables chez les détaillants.
••• Une situation totalement brouillée, surtout pour ce qui concerne les « transferts de volumes » entre marques : par exemple, en Chine, un examen attentif des résultats comparatifs de Longines et d’Omega laisse apparaître une progression en valeur d’Omega (dont le prix moyen est plus élevé en Chine qu’en Europe), mais au prix d’un tassement en volume qui semble s’effectuer au profit de Longines, marque mieux placée en prix moyen sur ce marché qu’Omega. Le même effet de vases communicants est observable, en Chine, entre Tudor, qui progresse fortement au détriment de Rolex...
4)
••• NOTÉ LA CONFIRMATION OFFICIELLE PAR RICHEMONT DU DÉPART DE MATHIAS SCHULER…
C’était une révélation Business Montres du 22 septembre (info n° 6), revalidée dans Business Montres le 6 octobre (info n° 1), mais le groupe Richemont vient de donner confirmation du remaniement de la direction de la manufacture Roger Dubuis, dont Georges Kern, qui en était le superviseur, devient CEO (mission qu’il mènera en parallèle à sa présidence d’IWC). Matthias Schuler est bien affecté, comme Business Montres le précisait, à des fonctions transversales : la direction des filiales européennes de Richemont, « dont dépendent également la Russie, le Moyen-Orient, l'Afrique du sud et l'Amérique latine », précise de son côté Louis Nardin dans Worldtempus…
5)
••• CHERCHÉ L’HEURE LOCALE SUR LE NOUVEAU TÉLÉPHONE « HORLOGER » DE GRESSO...
Challenger sur le marché des téléphones de luxe « fait-à-la-manière-des-montres-suisses » (rengaine marketing bien connue) et nouvelle venue sur le marché de la montre (la Grand Wind Skeleton, avec micro-rotor situé côté cadran), la marque suisse Gresso vient de créer Luxor World Time, un « téléphone horloger » qui affiche simultanément six fuseaux horaires (heure locale et Tokyo, Moscou, Paris, Londres ou New York) grâce à six mouvements suisses (quartz, avec 10 ans de réserve de marche). Une téléphone bourré de nouveaux matériaux innovants, traités avec des finitions de luxe, mais facturé 6 000 dollars aux « hommes d’affaires qui vivent au rythme de l’heure universelle »...
6)
••• UNE EXPOSITION RSW CHEZ COLETTE (PARIS)...
Mais que feraient les Suisses de l’horlogerie s’ils n’avaient pas la boutique Colette de la rue Saint-Honoré (Paris) ? Dernier entré dans les célèbres tables de vente du concept store le plus tendance du monde : RSW (ex-Rama Swiss Watch), marque périneuchâteloise (La Neuveville) qui ne cesse de renforcer son option vers un design de plus en plus rupturiste pour un positionnement prix très accessible. Dernier exemple : la nouvelle High King Power Reserve en 44 mm, avec de multiples variantes de terminaison (jolie version o rose/PVD noir), un mouvement à double barillet (120 heures de réserve de marche et une ligne porteuse d’originalité et de différence.
7)
••• SOURI DU CONCOURS LANCÉ PAR PERRELET ET DE LA QUESTION SUR LE MOUVEMENT AUTOMATIQUE...
Manifestement, Perrelet a mis un peu de prudence dans son intransigeance historique passée pour ce qui concerne la fameuse « invention du mouvement automatique » [on sait cette « invention » disputée entre les tenants d’Abraham Louis Perrelet, que moquent les partisans d’Hubert Sarton, dont notre ami Joseph Flores, les deux camps étant renvoyés dos à dos par les sceptiques qui savent qu’on parlait de « mouvements automatiques » bien avant Perrelet et Sarton]... Organisant ces jours-ci un jeu-concours avec une montre Turbine à gagner, la marque pose la question : « Selon un écrit daté de 1777, on attribue à Abraham Louis Perrelet la paternité... A) de la montre automatique... B) du chronographe à rattrapante... C) du tourbillon... »
••• Les lecteurs de Business Montres – qui connaissent la réponse par cœur – apprécieront ici les nuances de la question : « Selon un écrit de 1777 », « On attribue » ou « La paternité ». On est désormais loin des affirmations péremptoires de rigueur voici quelques années. D'autant que, sur le document de 11777 en question, il n'est pas question d'Abraham Louis Perrelet, mais d'un certain « M. Perlet » : pour départager les gagnants du concours, il va falloir publier le document en question – autant dire se tirer une balle dans le pied...
8)
••• COMMANDÉ SANS TARDER LE PROCHAIN OPUS ROLEXIANA DES ÉDITIONS MONDANI...
Un titre de couverture qui fait rêver (image ci-dessus) : Collecting Watches Rolex, de Guido Mondani et Lele Ravagnani, aux éditions Mondani (Gênes, Italie). Tous sur les « autres » Rolex, celles dont on parle moins, mais sur lesquelles on aimerait en savoir plus : les Milgauss, les Yacht-Master, les Turn-o-Graph, les Explorer I et II. Mondani fait le tour de la question en un volumineux album (31 x 41 cm) facturé 480 euros (commande possible en ligne), pour une livraison à l’automne 2011. Une « bible » à la Mondani (documentation solide et iconographie somptueuse), évidemment indispensable à tout amateur qui se respecte et qui voudra l’installer à côté des autres gros volumes de son rayon Rolexiana...
9)
••• COMPRIS QUE LA CEINTURE NOIRE N’ÉTAIT PLUS NÉCESSAIRE POUR AVOIR UN MONTRE BLACK BELT...
Pour son lancement, la montre Black Belt imaginée et réalisée par Yvan Arpa était réservée aux seuls titulaires d’une ceinture noire officiellement décernée dans les salles d’arts martiaux. Cible ultra-segmentée, qui frustrait un peu les amateurs de bushido qui n’avaient pas encore passé leur ceinture noire ou les sportifs de disciplines martiales dépourvues de ce grade « japonais ». Voici donc la Black Belt Spirit, accessible sans ceinture noire, pour ceux dont l’éthique est structurée par les grands principes du Bud&...
10)
••• PRESSENTI QUE LA POLÉMIQUE NE FAISAIT QUE COMMENCER POUR LES CUIRS EXOTIQUES...
La télévision suisse alémanique a diffusé un reportage quasi-insupportable (vidéo en allemand : 16:00 mn, avec des images souvent répugnantes) sur les approvisionnements en cuir exotique de l’industrie horlogère, notamment sur le « stockage » (purement scandaleux) des animaux destinés à être abattus pour être transformés en bracelets de montres de luxe. Vive réaction du Swatch Group, qui s’estime peu soupçonnable du fait de ses achats prioritaires de peaux de reptile aux Etats-Unis, et non en Asie où ces scènes écoeurantes ont été tournées, mais une enquête interne est en cours (source : Swatch Group). Aucune réaction des autres groupes (notamment d’Hermès, dont les ateliers biennois de peausserie ont semble-t-il été filmés à cette occasion).
••• Business Montres a très souvent mis en garde les marques d'horlogerie contre les effets potentiellement désastreux – en termes d’image comme de business – que pourraient avoir des reportages impitoyables sur ce genre de pratiques, y compris sur les conditions d’élevage ou d’abattage des jeunes alligators dans les « fermes » américaines, où ils sont rendus obèses pour gagner quelques centimètres carrés de peau. Choquant à une époque où les marques de luxe se cherchent de nouvelles valeurs éthiques...
••• Ce reportage concernait la chasse de reptiles sauvages (et non d’élevage), mais que penser de la chasse – elle aussi sauvage – des raies asiatiques dont la peau est utilisée pour les bracelets en galuchat ? On sait qu’il n’existe aucun élevage de ces raies, nulle part dans le monde, et que leurs espèces sont en voie de disparition. De son vivant, par une lettre sans ambiguïté, Nicolas Hayek s’était déclaré partisan de cesser toute utilisation du galuchat par ses marques du Swatch Group. Qu’en pensent ses héritiers ? Une campagne « anti-galuchat » devrait être prochainement lancée dans les milieux horlogers et Business Montres la soutiendra sans hésitation...
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