|
Chaises musicales, reptiles de la honte, marteaux chinois, jurés fantômes, prix annuels et autres facéties de l’actualité horlogère :POUR BIEN COMMENCER LA SEMAINE, LA VIGIE DU QUOTIDIEN DES MONTRES NOUS SIGNALE...
1)
••• UN AGENDA HORLOGER POUR NE MANQUER AUCUN RENDEZ-VOUS IMPORTANT DE LA SEMAINE...
En huit épisodes, une sélection des dates à retenir dans l’actualité des montres : à Genève, il va être beaucoup questions de prix horlogers (recension Business Montres du 11 octobre)...
2)
••• LA QUESTION DU JOUR CONCERNE CHAUMET ET SA « SECONDE MÉTRONOMIQUE »...
Mais qu’est-ce que cette lyre qu’on découvre sur le mouvemen( de la montre (image ci-dessus), par ailleurs remarquablement mis en valeur au dos de la Dandy à seconde métronomique (révélation Business Montres du 7 septembre). Cette lyre découpée dans une des roues du mouvement (image du bas) est le symbole des fameux pianos Steinway & Sons : c’est un clin d’œil à l’hérédité génétique de la « seconde métronomique », développée à l’origine par Jean-Marc Wiederrecht (Agenhor) pour la marque de montres Steinway & Sons (Fabrizio Cavalca). Les aléas de la vie des jeunes marques étant ce qu’ils sont, un certain nombre de ces mouvements étaient disponibles et Chaumet a eu la bonne idée d’en équiper la Dandy pour y donner le tempo d’une certaine élégance. Ce qui a du même coup permis à Steinway & Sons de retrouver un peu d’oxygène.
••• Chaumet au secours d’une marque hommage aux pianos Steinway & Sons : quand on sait que Frédéric Chopin composait et jouait du piano dans les salons de l’hôtel particulier que Chaumet occupe, au 12 place Vendôme [le musicien y est d’ailleurs mort, en 1849], c’est un joli clin d’œil de l’histoire !
••• On pouvait déjà faire à Chaumet le reproche de son excès de littérature sur le cadran : à quoi bon inscrire « Edition métronome » sur le cadran ? Même réflexion sur le dos de la montre : à quoi rime le « Mécanique Swiss Made », qui doublonne sans rien ajouter avec le Swiss Made du cadran ?
3)
••• LA TECHNOLOGIE NOMADE D’HOROMETER POUR VÉRIFIER LE BON FONCTIONNEMENT D’UNE MONTRE...
Plus besoin d’une coûteuse et intransportable Witschi pour tester ou mesurer in situ le fonctionnement d’une montre : ces appareils ne sont pas « nomades » et ce n’est pas leur vocation ! Horometer (une société américano-hollandaise) met à la disposition des professionnels et des amateurs un appareil pas plus gros qu’un téléphone portable pour effectuer toutes les mesures classiques de précision et de bon fonctionnement d’une montre (écart quotidien de précision, isochronie, battement, etc.), de 3 600 à 36 000 A/h (80° à 360° pour l'amplitude), avec une interface fonctionnelle multilingue (user friendly software), des capteurs et tout ce qu’il faut de diagrammes pour visualiser le tout sur le terrain, et non plus devant l’établi...
4)
••• L’INFORMATION DU PERSONNEL DU SWATCH GROUP DÉSORMAIS ASSURÉE PAR BUSINESS MONTRES...
Silence radio absolu au sein du Swatch Group, alors que se profilent d’importants changements dans les directions des marques : pas question d’émettre le moindre avis, à quelque échelon hiérarchique que l’on soit, mais on a beaucoup cliqué sur Business Montres (8 octobre, info n° 1) pour y découvrir le prochain départ en retraite de Roland Streule (Rado), premier des grands féodaux historiques à quitter la direction du groupe. Information non confirmée officiellement, sauf en interne : la nouvelle a été annoncée aux marchés !
••• L’information concernant le départ annoncé Steve Urquhart n’aura surpris personne à l’état-major d’Omega, où on spécule désormais sur son successeur potentiel. On parle toujours de Raynald Aeschlimann, mais rien n’est joué, d’autant que l’actuel vice-président d’Omega se place pour réaliser son rêve de toujours : la direction de Longines, où Walter von Kaenel ne devrait pas tarder à raccrocher les gants [un vieux lutteur ne quitte pas aussi facilement le ring qui était toute sa vie]...
••• En revanche, le remplaçant de Roland Streule est bien Matthias Breschan, l’actuel patron d’Hamilton, comme l’avait révélé Business Montres dès le 8 octobre. Sa culture germanique [il est autrichien et l’état-major de Rado est très alémanique !] a autant pesé dans la décision de Nik Hayek que sa sensibilité au marketing produits et au design, piliers de l’identité Rado.
••• Du coup, qui va diriger Hamilton si Matthias Breschan part chez Rado ? La partie de chaises musicales va commencer, en s’accélérant au fil des prochaines semaines : il serait étonnant que Nick Hayek laisse trop traîner une série de nominations qui devraient logiquement être bouclés bien en amont de Baselworld, sans doute d’ici à la fin de l’année...
••• Un outsider est également sur orbite pour prendre la direction d’une marque au sein du groupe : Yann Gamard, actuel membre de la direction générale élargie du groupe (il dirige les activités du groupe aux Etats-Unis), Français d’origine [ce qui peut se révéler un handicap] et sans notable expérience de marque. Un autre nom circule : celui de Kevin Rollenhagen, autre membre de la direction générale élargie du groupe, qui gère à présent les affaires du groupe en Chine, mais cet Américain, vétéran des marchés asiatiques, n’est pas forcément volontaire pour revenir en Europe alors que la Chine tire la croissance du Swatch Group...
5)
••• LE VOTE DES SOIXANTE « JURÉS FANTÔMES » RÉUNIS AUTOUR DE LA PRÉSÉLECTION DU GPHG...
Une soixantaine, voire une septantaine de professionnels de l’horlogerie réunis au sein d’un « jury fantôme » pour exprimer le choix des hommes de terrain sur la base des montres sélectionnées par le jury officiel du Grand Prix d’Horlogerie de Genève : leur vote – qui se termine aujourd’hui – sera définitif demain et publié le mercredi 13 octobre dans Business Montres, sans autre intention que de montrer que l’horlogerie est plurielle et que sa parole doit également l’être. Certains choix des hommes et des femmes de l’horlogerie ont été parfaitement nets et très largement partagés : il sera intéressant de les comparer aux finalistes retenus par le jury officiel...
6)
••• LE FORUM À LA POINTE DE L’ACTUALITÉ CONCERNANT MATTHIAS SCHULER...
Les lecteurs de Business Montres savent depuis le 22 septembre (info n° 6) que Matthias Schuler n’est plus CEO de la manufacture Roger Dubuis. Ils savent également que Richemont a confirmé son départ vers une structure transversale européenne du groupe, ainsi que son remplacement par Georges Kern (qui préside déjà IWC). Moyennant quoi, le 8 octobre, le site PuristsPro présentait – sans la moindre allusion à cet événement – « an interview with Matthias Schuler, CEO of manufacture Roger Dubuis ». Apparemment, l’honorable Su Jia Xian (SJX sur le forum) ne lit pas la bonne presse [même si son texte était écrit avant le 22 septembre, cette interview aurait gagné à être correctement présentée]...
••• Au passage, une question amusante sur les montres Roger Dubuis qui s’affirmaient auparavant « certifiées par un observatoire ». Etonnement de Matthias Schuler : « L’observatoire de Besançon ? » Apparemment, il préfére (préférait) une triple réassurance : le Poinçon de Genève additionnée du COSC et de tests du laboratoire interne de Richemont...
7)
••• L’ASSOURDISSANT SILENCE HORLOGER À PROPOS DE MASSACRES DE REPTILES POUR LES BRACELETS DE MONTRES...
Interrogé dans l’émission suisse à propos des massacres de lézards et de serpents, dont les peaux sont notamment destinées à l’industrie horlogère pour faire des bracelets (Business Montres du 8 octobre, info n° 10), Mathias Lörtscher, responsable de la protection des espèces à l’OVF (Office vétérinaire fédéral) livre quelques éléments de réponse sur la position suisse à ce sujet : également responsable de l’application de la convention international CITES, il annonce sur son blog officiel sa décision d’intervenir directement auprès du gouvernement indonésien, mais également son intention d’ « exiger une prise de position de l’industrie horlogère sur la manière dont elle compte s’y prendre pour garantir à l’avenir que de tels cuirs ne soient plus utilisés »... Ce qui constituerait un bon début, sachant que tout débat sur l’exploitation [soyons francs : parlons de massacre !] de la faune sauvage débouchera très vite, d’une part sur la question du galuchat, d’autre part sur l’exploitation éthiquement insoutenable des alligators dans les « fermes » américaines ou asiatiques...
••• C’est curieux, mais aucun média horloger n’a encore réagi à ce scandale, ni repris l’information (hormis sur quelques forums : Chronomania ou Forumamontres). Même silence des groupes et des marques leaders de l’horlogerie, à l’exception du Swatch Group, qui sauve l’honneur et qui n’a pas tardé à lancer immédiatement une enquête interne au sujet de l’utilisation éventuelle de ces « cuirs de la honte ».
••• Ceux qui trouvent que Business Montres exagère n’ont sans doute pas encore regardé la vidéo de l’émission (lien ci-dessus, mais il existe un résumé en français diffusé par la Télévision suisse romande avec une enquête complémentaire qui cible très précisément l’industrie horlogère).....
8)
••• LES TRIBULATIONS D’UN CHINEUR EN CHINE PROFONDE...
Osvaldo Patrizzi organisait ce week-end à Shenyang, au fin fond de la Mandchourie, la première vente aux enchères de montres de collection jamais organisée en Chine par un auctioneer européen. Pour situer le paysage, Shenyang (ex-Moukden, ville célèbre du temps de la guerre sino-japonaise, occupée par les Japonais de 1931 à 1945) est une ville de 7 millions d’habitants, à mi-chemin d’une ligne droite qui irait de Beijing à Vladivostok. Cité réputée pour ses industries lourdes, ce n’est sans doute pas la plus « branchée » des mégalopoles chinoises : on y propose encore aux invités (dont Osvaldo Patrizzi) de déguster des fritures de vers à soie et personne n’y parle la moindre langue étrangère, et surtout pas l’anglais. Solitude, aussi, d’un monde sans Google avec un Internet ultra-lent : une autre planète ! Y organiser une vente aux enchères de montres tenait du défi : même si l’art horloger et les montres sont un langage universel, un minimum de culture s’impose pour savoir ce qui est exposé dans les vitrines...
••• Osvaldo Patrizzi s’y est risqué, dans le cadre de son redéploiement vers l’Asie (révélation Business Montres du 10 septembre). Avec un résultat pour le moins mitigé, qui tendrait à prouver que la maturité des amateurs locaux reste à établir, de même que leur sensibilité aux enchères et leur réactivité aux catalogues qui s’arrachent en Occident : 38 % de lots vendus, pour un résultat final équivalent à 850 000 francs suisses. Shenyang est un très modeste petite province pour la performance sous le marteau !
••• Enseignements à tirer de cette « première chinoise » : le manque de culture horlogère locale ne permet pas aux montres de collection de s’imposer sur leur seule réputation, mais le facteur marque est déterminant (le facteur mécanique/quartz restant indifférent). Les catalogues doivent donc assurer la promotion des modèles et leur « mise en scène » selon d’autres critères que ceux des marchés plus anciens. La prime était évidente pour les marques très connues (Franck Muller, Vacheron Constantin, Rolex et quelques montres de poche), le lot le mieux adjugé étant une Patek Philppe réf. 2497 (quantième perpétuel phases de lune) partie pour l’équivalent de 260 000 dollars, une forme de record pour la Chine...
••• Pas de quoi pavoiser – même si, pour ceux qui ont de la mémoire, c’est à peu près ce que la première vente de montres organisée par Osvaldo Patrizzi à Hong Kong en 1979 (encore une première...) avait pu rapporter. Tout dépend si on a ou non la mentalité d’un pionnier ! Malgré cette désillusion, l’espoir subsiste pour la dizaine d’autres ventes envisagées par Patrizzi & Co avec l’aide des maisons d’enchères purement chinoises [les seules à pouvoir intervenir en Chine même], mais la Chine des salles de ventes horlogères n’est sans doute pas encore, et de loin, l’Eldorado que certains subodoraient...
9)
••• LA TRADITIONNELLE « SÉANCE DE RATTRAPAGE » POUR LES LECTEURS DISTRAITS...
Pour ceux qui auraient manqué un épisode, la semaine dernière, un rappel de quelques informations originales et inédites qui ont été publiées en avant-première par Business Montres, et nulle part ailleurs (sommaire Business Montres du 10 octobre)...
10 (x 10)
••• UNE DIZAINE D’INFORMATIONS EN VRAC ET SANS TROP DÉVELOPPER, NI ENTRER DANS LES DÉTAILS...
••• Précision pour les lecteurs qui n’auraient lu jusqu’au bout notre révélation de jeudi dernier (info n° 1) : le nouveau partenariat horloger de la marque de mode Ermenegildo Zegna est bien signé avec le groupe Sowind dans son ensemble, et non avec la seule marque Girard-Perregaux, fleuron du groupe de Gino Macaluso (révélation Business Montres du 7 octobre, info n° 1). Les montres seront des montres Zegna, produites à La Chaux-de-Fonds par Sowind, mais sans référence à Girard-Perregaux...
••• La « montre du peuple » change de « M » : ce ne sera plus Migros, mais son concurrent Manor (autre chaîne suisse de grande distribution) qui commercialisera la M-Watch que le groupe Mondaine fabriquait autrefois pour Migros. Mondaine produit environ 90 000 de ces M-Watch par an. De son côté, Migros poursuit l’aventure avec une autre M-Watch, réalisée par le groupe Tick Tack, qui gère notamment la licence horlogère de la marque Police. Les tribunaux sont appelés à trancher cette querelle suississime (source : Tribune de Genève)...
••• Les 50 blogs horlogers anglophones les plus intéressants : une recension d’Online Colleges, qui différencie les blogs « généralistes » de ceux qui sont dédiés aux « revues » de montres. Distinction pas forcément claire pour un classement pas forcément pertinent vu d’Europe avec un regard très horloger...
••• Les travaux de la commission chargée par Timelab (Genève) de préparer le futur « Poinçon de Genève » new look (c’est-à-dire fusionné avec le COSC) se hâtent lentement. Les « sages » prennent leur temps. Calendrier actuel : une proposition de règlement pour un nouveau poinçon fin 2011, alors qu’on fêtera le 125e anniversaire de l’actuel Poinçon de Genève...
••• Une nouvelle marque de montres sur le créneau du vintage revival seventies : Neuvo refait des montres à quartz « à l’ancienne » (c’est-à-dire digitales, dans le goût des montres-calculettes Citizen-Casio-Seiko), vendues exclusivement en ligne avec une application iPhone pour les essayer à son poignet (à 45 dollars, on ne prend pas de gros risques). La même équipe de créateurs avait récemment lancé une autre micro-marque, dans le même style digital : Furni...
••• En Suisse, on finit toujours par parler d’horlogerie : que fait le Monsieur Loyal du Cirque Knie (une institution locale) quand il rentre dans sa roulotte après le spectacle ? Il collectionne les réveils et les horloges mécaniques, « dont certaines sont signées Jaeger-LeCoultre » (source : Le Matin, Suisse)...
••• Une montre en objectif photographique qui ravira les chasseurs d’images : la F Stop Watch reprend l’esthétique des diaphragmes photographiques, sans l’obturateur, mais avec les chiffres des focales (F2, F5.6, F 11, etc.). On s’y croirait et ça ne coûte que 36 dollars (la première série est déjà épuisée)...
••• La nouvelle marque allemande VDB emboîte maintenant des mouvements Rolex : ce n’est pas du teasing, mais une proposition commerciale pour un « hommage ». Le concept VDB Vintage vise à capturer l’« esprit des montres militaires » d’autrefois, en recréant des boîtiers virils avec des bases mécaniques « à la manière de » (un modèle propose des vieux mouvements est-allemands de la GUB glahüttienne) : au tour maintenant du calibre 1030 de Rolex, qui sera emboîté dans la future VDB II Bronze Beast (source : Oceanic Time)...
••• « Le secret des montres suisses » : pour ceux qui auraient manqué la première diffusion de ce documentaire d’Arte mardi dernier, une rediffusion est proposée le mardi 12 octobre, à 08 h 00. On peut également télécharger la vidéo sur le site d’Arte...
••• « A vendre, manufacture Eterna, sans sa marque-soeur Porsche Design » : si on en croit la SonntagsZeitung (Suisse), c'est la petite annonce que Ferdinand Alexander Porsche aurait demandé à ses services financiers de publier pour tenter un repreneur industriel. Le gestionnaire des investissements extérieurs à l'automobile du clan Porsche en a – semble-t-il – assez des 6 à 8 millions de pertes annuelles générées par Eterna, sans autre espoir que de réinvestir en permanence à fonds perdus (Porsche Design réalise à peu près les trois-quarts des 20-25 millions de francs suisses de chiffre d'affaires de ce mini-groupe). Sans Porsche Design, on se demande ce que peut valoir Eterna, marque qui n'est jamais réellement sortie de sa catalepsie post-crise du quartz...
|