|
Les contrôles de routine débouchent parfois sur des saisies de premier ordre. Exemple italien.
En ce matin du 18 août, le jour se lève tranquillement sur la zone portuaire de Bari (région des Pouilles, Italie du Sud). Comme chaque matin, les ferries sont à l'accostage et commencent à cracher leur cargaison de camions sur les quais encombrés. Depuis son port d'attache en Grèce, l'un d'entre eux a navigué toute la nuit. La traversée s'est faite sans encombre, la mer fut clémente et les chauffeurs ont accumulé les heures de repos. Tous sont impatients de tailler la route à travers l'Europe entière, sans une minute à perdre.
D'un coup, au calme serein de la mer succède le brouhaha excité de la terre ferme, d'autant qu'en s'extrayant du ferry, chaque routier a bien remarqué un élément susceptible de pourrir la journée de l'un d'entre eux. La présence du scanner de la douane a fait monter l'excitation d'un cran. Même si l’on n'a rien à se reprocher, le portique est une perte de temps et à coup sûr une source de tracas dont chaque routier se passe volontiers. Un premier camion est désigné. Les douaniers font signe au chauffeur de sortir de la colonne pour présenter son semi-remorque au portique, sous lequel il passera à la vitesse d'un homme au pas.
Dans une cabine, un opérateur a les yeux rivés sur son écran. Contrairement à la croyance, l'appareil ne permet pas de visualiser la cargaison. Les rayons traversants mettent en évidence uniquement de subtiles différences de densité. L'opérateur compare ces nuances avec les marchandises listées sur les documents douaniers du chauffeur pour relever les incohérences. Schématiquement, une faible densité pourra signaler des matières organiques, par exemple des cigarettes (ou des immigrés clandestins), alors qu'au contraire une très forte densité mettra en évidence des métaux, donc peut-être des montres.
Malgré l'heure matinale, ce que l'opérateur a sous les yeux ne peut pas lui échapper. Au milieu d'une cargaison supposée de textile, il distingue clairement un gros cube à haute densité, l'équivalent de trois palettes d'objets à forte composition métallique. Un signe à son collègue suffit. Un contrôle physique s'impose. Pour le chauffeur, le tachymètre s'arrête ici. Son semi-remorque ne franchira pas les barrières du port de commerce. En tout cas pas en ce 18 août.
Cette journée ordinaire (ou pourrie selon le point de vue) est déjà bien avancée lorsque paraît le communiqué officiel. "Aujourd'hui 18 août, les Autorités douanières de Bari ont procédé au séquestre d'un peu plus de 80'000 fausses montres. Cachées dans un camion en provenance de Grèce et destinées au marché espagnol, les contrefaçons ont été découvertes à l'occasion d'un contrôle de routine. La marchandise frauduleuse sera détruite après inventaire. Quant au chauffeur, il a été confié aux services de la Guardia di Finanza pour interrogatoire". |