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Il haussait rarement la voix, charmait ses interlocuteurs avec un accent italien qui ne le lâchait pas et parlait avec une rare passion de sa manufacture et de ses merveilles de haute horlogerie: le gentleman horloger Luigi Macaluso, patron de Girard-Perregaux et du groupe Sowind, à La Chaux-de-Fonds, est mort la nuit dernière à la suite d’une crise cardiaque. Il avait 62 ans.
La nouvelle a fait rapidement le tour, aujourd'hui, des milieux horlogers, laissant sous le choc ceux qui connaissaient «Gino», comme il était appelé plus familièrement. «Je suis profondément bouleversée», témoigne ainsi Sylvie Rumo, qui l’a côtoyé 16 ans en tant que directrice de du marketing. «C’était un homme toujours en mouvement, il menait des projets, était toujours en route, il ne s’accordait pas beaucoup de temps. Sans parler de ses fonctions importantes auprès de la Fédération internationale de l’automobile.»
Architecte de formation, Luigi Macaluso se destinait dans un premier temps au design de voitures et à la course automobile. En 1972, il remporte le championnat d’Europe des rallyes. Mais en 1975, il intègre la filiale italienne d’Omega, un début de carrière horlogère qui le conduira en Suisse. D’abord importateur officiel de Girard-Perregaux en Italie, il siège au conseil d’administration en 1989 et reprend l’entreprise en 1992. Sans jamais rompre avec le monde automobile.
«C’est lui qui a voulu que GP redevienne une vraie manufacture», se souvient Sylvie Rumo. «Il a eu la volonté de redonner à cette marque l’aura qu’elle avait eue auparavant, il a forgé le visage actuel de la marque.»
Luigi Macaluso a énormément investi, notamment dans la recherche et le développement, tout en réussissant à conserver son indépendance, malgré une prise de participation du groupe PPR en 2008. Avec ses deux fils, Stefano et Massimo, il a affronté la crise et se préparait au redémarrage de la branche. Il y a dix jours, place Vendôme, à Paris, Luigi Macaluso inaugurait une exposition de produits de haute horlogerie avec Boucheron. Père de deux fils et de deux filles, «Gino» était aussi deux fois grand-papa.
«Chaque patron horloger qui s’en va est une perte pour l’ensemble de la branche», regrette Sylvie Rumo, qui a repris la présidence des Journées de la Métropole horlogère. «Et on sous-estime toujours l’ampleur de la tâche quotidienne qu’un patron d’entreprise doit accomplir.»
Françoise Kuenzi - Arcinfo
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