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Il n’y a pas que les communiqués de presse dans la vie !
Parmi les rencontres et les rendez-vous notés ces jours-ci sur le carnet (noir) du Quotidien des Montres, ON RELÈVE DES NOMS COMME...(par ordre alphabétique)
1)
••• Yvan ARPA (Black Belt, Suisse)...
Etonnant succès de la nouvelle Black Bel Spirit d’Yvan Arpa (avant-première Business Montres du 25 octobre, info n° 3) : il présentait cette montre ce week-end à Genève, pendant le Salon du Mouvement [étrange concept, finalement très malin, qui mélange un salon d’arts martiaux et un salon de danse, deux disciplines qui ont énormément de points communs et dont les publics se complètent]. La « Spirit » est plus accessible que la précédente Black Belt, à la fois par son prix (300 CHF) et parce qu’elle n’est pas réservée aux seuls détenteurs d’une ceinture noire. En quelques heures de salon, Yvan Arpa avait vendu plusieurs dizaines de ses montres ! De quoi l’encourager à persister dans cette approche plus « populaire » du concept Black Belt, qu’il devrait maintenant décliner pour les ceintures de couleurs « inférieures », voire pour des disciplines sportives qui ne relèvent pas des arts martiaux...
2)
••• Steve CLERICI (Rebellion, Suisse)...
Présentées pour la première fois cette année au Palace de Baselworld, les nouvelles T-1000 de Rebellion (1 000 heures de réserve de marche, soit 41 jours : révélation Business Montres du 3 mars dernier) devraient être livrées début décembre, avec un mouvement fiabilisé et une boîte dont quelques détails ont été peaufinés. Steve Clerici travaille actuellement sur un nouveau projet de « mouvement manufacture » sur le segment de la haute complication, mais c’est pour 2012. En attendant Baselworld, Rebellion lancera quelques déclinaisons de sa Predator (repérage Business Montres du 15 janvier), dans des versions Le Mans calées sur vingt-quatre heures (Business Montres du 11 juin) et mises aux couleurs de l’écurie Rebellion, fidèle sur la ligne de départ de la course...
3)
••• Tao LI (Ebohr, Chine)...
Business Montres notait hier (« On refait le match », 1er novembre, info n° 5) qu’on était toujours sans nouvelles des réponses de Tao Li, le CEO d’Ebohr (Chine, au sujet des accusations lancées dans la presse par René Kohli, l’ex-CEO de Codex (Swiss Chronométric), bras armé du groupe chinois en Suisse. C’est une suite aux questions publiées dans Business Montres du 1er octobre (infos n° 2 et 3). Tout arrive, même les réponses claires à des questions qui ne le sont pas moins...
• Les mouvements suisse ETA achetés par Swiss Chronometric pour Ebohr ? « Absurde ! Ebohr n’a pas besoin pour cela de passer par Swiss Chronometric, puisque la marque est officiellement cliente chez ETA pour des mouvements mécaniques comme pour des mouvements électroniques »...
• A quoi sont destinés les mouvements suisses ETA achetés par Ebohr ? « Achetés sur la base d’un contrat annuel, ces mouvements ne sont utilisés que par et pour les montres Ebohr, notamment les collections haut de gamme en or »...
• L’intérêt de mettre des mouvements suisses dans des montres chinoises ? « La qualité des mouvements suisses est connue et appréciée dans le monde entier, et c’est vrai en Chine. En tant que marque chinoise haut de gamme, nous préférons les mouvements suisses pour renforcer notre image et pour entretenir la confiance que les amateurs chinois ont en nous s’ils savent que nous emboîtons des mouvements suisses réputés fiables. Même si la qualité des mouvements chinois s’est nettement améliorée, elle reste sans comparaison possible avec les mouvements suisses haut de gamme »...
• Verra-t-on des montres Codex « Made in China » ? « Codex reste une marque suisse, propriété de Swiss Chronometric et sa production reste suisse. Ebohr n’est que le distributeur de Codex en Chine »...
• Qu’en est-il des montres Aerowatch rebaptisées Codex en Chine ? « Aerowatch est un des fournisseurs suisses de Swiss Chronometric pour la réalisation des montres Codex. La collection « Aerowatch » dont il est fait mention ici est une collection d’entrée de gamme réalisée exclusivement pour le marché chinois, un an avant le lancement du projet Codex tel qu’on le connaît aujourd’hui »...
••• Un commentaire sur le cas René Kohli ? « C’était le directeur général et il rapportait à son CEO. Nous avions besoin d’un directeur général doté d’une vision plus claire du marché, qui soit aussi plus réaliste dans son approche du développement de l’entreprise et plus à même d’organiser l’opérationnel et la mise en place d’une stratégie de marque. Un “patron“ qui soit aussi capable, comme la plupart des managers suisses, de mettre en place un esprit d’équipe harmonieux dans une démarche loyale vis-à-vis de ses investisseurs »...
4)
••• Gino MACALUSO (Girard-Perregaux, Suisse)...
C’était samedi, dans la petite église S. Massimo de Turin, mais très peu d’amis avaient pu faire le déplacement, pour cause de voyages lointains ou de vacances scolaires familiales (ce qui était le cas pour Business Montres). Pour ce dernier adieu, on comptait à Turin beaucoup de ses collaborateurs suisses et français, ainsi que quelques ancien(ne)s de son équipe, mais aussi des personnalités comme M. et Mme François-Henri Pinault (PPR), Jean-Christophe Bédos (Boucheron), Olivier Audemars (Audemars Piguet), des détaillants (Laurent Picciotto) et quelques journalistes (Paolo De Vecchi, Nick Foulques)...
5)
••• Julien MOTTAZ (Steelcraft, Suisse)...
Le directeur artistique de Steelcraft (ex-designer du studio Rodolphe) prend du galon et devient co-animateur de la marque, qui avait fait sa première apparition à Baselworld cette année et qui achève actuellement sa première mue. Lancée sur un concept assez radical qu’on pourrait qualifier de « métallique » [dans un style cuir et baston assez segmentant], Steelcraft opte à présent pour des montres plus life style et plus inscrites dans les grandes tendances de la mode contemporaine. Ce qui n’en fait pas des montres de fashionistas, mais des montres à vivre, plus ludiques et plus impertinentes, toujours Swiss Made (ce qui les différencie des autres marques life style comme TW Steel, Tendence ou Nixon). En prime : une touche de couleur et une volonté de séduction esthétique dans la mise en scène de la montre comme art de vivre. Pour mieux comprendre : Steelcraft voudrait être aux montres ce que les baskets sont aujourd’hui à l’univers de la mode – un fantastique champ d’exploration chromatique et sensorielle dans l’approche des matériaux. Prix moyens autour de 500-700 francs suisses. La distribution a été ouverte en Asie (Japon), en Espagne et au Proche-Orient, avec la possibilité pour les détaillants locaux de commander des éditions spéciales capables de coller à un événement national ou sportif.
6)
••• Olivier MULLER (Laurent Ferrier, Suisse)...
De retour d’une tournée asiatique, il a bouclé en commandes (avec acomptes !) les prochains douze mois de production pour son tourbillon néo-classique Galet (découverte Business Montres du 11 décembre 2009). Pas mal pour une marque officiellement lancée à Baselworld 2010 ! Une montre qui a fait l’unanimité chez les collectionneurs asiatiques, tout comme, d’ailleurs, chez les professionnels du « jury fantôme » du Grand Prix d’Horlogerie (Business Montres du 13 octobre) et aussi – c’est une autre indiscrétion Business Montres – chez les jurés officiels de ce GPHG. A tel point que tous les grands collectionneurs asiatiques réclament leur « pièce unique » (platine, or rose ou autre), avec des gravures personnalisées sur les ponts [il y a de la place !] ou sur le cadran. Différence de perception entre les amateurs locaux et les amateurs européens : les Asiatiques sont rassurés par le fait que Laurent Ferrier ait passé 35 ans à la manufacture Patek Philippe, alors que les Européens en déduisent une ressemblance (assez problématique à leurs yeux) entre son tourbillon et ceux de Patek Philippe – alors que ces montres ne partagent ni les mêmes raffinements mécaniques, ni les mêmes exigences de finitions. Ce sont peut-être leurs yeux qui sont problématiques...
7)
••• Michele SOFISTI (Gucci Timepieces, Suisse)...
Le patron des montres Gucci a lancé un accompagnement horloger des grandes légendes italiennes de la Dolce Vita : il lance ces jours-ci une montre en hommage à l’Aquariva, le plus mythiques des motorboats de la Riviera et des grands lacs italiens. Gucci et Riva avaient récemment signé un partenariat pour réaliser ensemble un Aquariva Gucci (lancement officiel en 2011, pour le 90e anniversaire de Gucci) : « Au fil des décennies, nul doute que le bateau emblématique de Riva est devenu l’une des images les plus évocatrices du style, de la sophistication et de l’élégance à l’italienne, explique Frida Giannini, la directrice artistique de Gucci. Il incarne le mode de vie éblouissant distillé par les tendres souvenirs de La Dolce Vita – âge d’or au cours duquel tant Gucci que Riva attiraient des partisans enthousiastes parmi la jet-set internationale. Il est donc extrêmement significatif qu’à l’approche de son 90e anniversaire, les traditions et valeurs suprêmes de Gucci et de Riva soient célébrées à travers l’Aquariva by Gucci ». Image ci-dessus : le chronographe Riva, avec son cadran et bracelet aux couleurs vert/rouge/vert (verde-rosso-verde) de Gucci...
8)
••• Gabriel TORTELLA (Tribune des Arts, Suisse)...
En dépit de nos efforts communs, il nous a été impossible de nous rendre samedi matin à la cérémonie religieuse organisée à Turin pour la mémoire de Gino Macaluso, le président de Girard-Perregaux prématurément décédé (voir ci-dessus). Une bonne occasion pour jeter un œil sur le propre carnet de rendez-vous de « notre ami Gabriel » : un agenda « plein comme un œuf », puisqu’il vient de créer un numéro supplémentaire de Tribune des Arts (ce sera en janvier) et qu’il lancera en 2011 un nombre accru de numéros spéciaux monothématiques consacrés aux grandes marques. Apparemment, « notre ami Gabriel » reste la superstar des journalistes horlogers : sait-on que sa chronique hebdomadaire, « Les Propos de Gabriel », est aujourd’hui la plus ancienne de la rédaction de Tribune de Genève ? En bon horloger, il devrait ajouter au titre de son billet : « Since 1973 »...
• Une bonne occasion de vérifier, une fois de plus, la terrible efficacité éditoriale du « système Tortella » (analyse Business Montres du 27 octobre et complément du 16 décembre) : par quel mystère les CEO des plus grandes marques font-ils antichambre dans le bureau genevois de Gabriel Tortella et dans sa salle à manger personnelle ? Certains jours, selon son agenda, ils se succèdent de 7 heures du matin à l’heure du déjeuner ! Un des secrets de ce secret, c’est peut-être tout simplement le travail, beaucoup de travail, des contacts inépuisables au téléphone, une présence remarquée dans les manufactures, une attention aux moindres détails du quotidien de ces « patrons » horlogers, un œil critique sur le marché des enchères, un « quadrillage » permanent du terrain. Ce que ne font plus ses concurrents et pas toujours amis, adeptes de l’attente des parties mondaines et des communiqués de presse, qui ont trop déserté ce terrain horloger de proximité pour rester crédibles et surtout respectés.
• C’est sans doute ce surcroît de travail, encore augmenté à la faveur de la crise, qui fait fuir à « notre ami Gabriel » les soirées comme celle de l’exposition des montres du GPHG à l’UBS, la soirée annuelle d’Edipresse Luxe ou encore le Grand Prix de Genève lui-même, alors qu’il en est le co-créateur : ce soir-là, il dînera très diplomatiquement avec quelques « grandes puissances » horlogères absentes de la cérémonie, mais avec lesquelles il est impératif de garder le contact. Le terrain, toujours le terrain, pas les apéros mondains...
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