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L'actualité des montres et des marques, de jour comme de nuit, à Genève et ailleurs
 
Le 12-11-2010
de Business Montres & Joaillerie

Veille d'un des week-ends d'enchères et de salons les plus chargés de l'année horlogère.

CETTE SEMAINE, DANS SON RÉTICULE DE VISÉE, LE SNIPER DU VENDREDI A CADRÉ...


1)
••• LA RÉUSSITE MAJEURE
DE LA VIIIe NUIT DE L’HORLOGERIE (GENÈVE)...
Un nouveau lieu (l’espace Hippomène), un nouveau concept (soirée-événement + salon grand public) et un nouveau décor pour la VIIIe Nuit de l’Horlogerie : le défi n’était pas mince pour l’équipe d’Alain Carrier (Movment), qui risquait gros sur ce coup de dés. Zéro faute à l’arrivée et un indice de satisfaction très élevé, un peu inhabituel pour une « faune » professionnelle plutôt blasée et gavée d’événements de ce genre. Le décor s’y prêtait : l’ancienne usine automobile restylée en « espace » se prêtait bien à une exposition monumentale dans ses proportions (48 marques), mais relativement intimiste dans ses vitrines à quatre montres strictement égalitaires entre les marques. La cohabitation alphabétique a ses charmes, ne serait-ce que celui de limiter les querelles d’égos et les dépenses somptuaires : à chacun ses mérites, qu’on soit une marque horlogère classique ou qu’on relève de la « nouvelle horlogerie ».
• Le concept n’allait pas de soi : ce n’était ni le faste d’un « vrai » salon, ni le minimalisme éphémère d’une soirée, mais un peu des deux et c’est finalement la grande révélation de cette Nuit de l’Horlogerie : les codes du luxe ont changé et les marques deviennent plus séduisantes dès qu’elles sont plus accessibles et moins arrogantes. On pouvait le vérifier dans le grand « cube » où, par exemple, Hermès se serrait les coudes avec Greubel Forsey d’un côté et Hublot de l’autre : trois expressions radicalement différentes de l’horlogerie contemporaine, mais une même polarisation autour de l’amour des belles montres et des objets du temps...


2)
••• L’EXCELLENT DÉPART DU SALON THE WATCHES DAYS (12-14 NOVEMBRE, GENÈVE)...
A quelle motivation profonde répondent aujourd'hui marques et amateurs ? A un même impératif de proximité, qui n’est plus correctement assuré par les salons traditionnels [où les marques ont pris la détestable habitude de se mettre en scène de façon surplombante] et à la nécessité d’un nouveau partage entre la marque et ses publics. Deux constantes clairement assumées et magistralement illustrées par la mise en scène du salon The Watches Days, à l’espace Hippomène de Genève : décoration uniforme pour les marques (bâches noires et logos blancs, vitrines simplifiées, sans l’habituel bric-à-brac de tables, de chaises et de placards à documentation), minimalisme dans la gestion de l’espace (alignement au carré des marques sur les côtés du « cube », dégagement de l’espace central pour la convivialité) et focalisation sur les seules vitrines et leurs richesses. Le vrai luxe contemporain, c’est l’espace : celui qu’on offre, pas celui qu’on accapare...
• Apparemment, ça fonctionne et le salon The Watches Days mérite le détour dans la mesure où il fonde un nouveau standard, qui déclasse et disqualifie les propositions habituelles dans ce domaine. Pour les amateurs, c’est une occasion unique de rencontrer 48 équipes, de plain-pied, entre quatre yeux, les montres au poignet, pour des vrais échanges autour de ce que les marques considèrent comme le meilleur de leur production, puisqu’elles ont elles-mêmes assuré la sélection. Ensuite, que le meilleur gagne : les votes recueillis sur place pour les trois Grand Prix du public (homme, dame, nouvelle horlogerie) seront un reflet de la réussite et de la capacité de conviction des marques qui auront joué le jeu. Ce salon est une vraie première à Genève : il est temps maintenant de l’institutionnaliser et d’en diffuser l’idée. Ce sera chose faite l’année prochaine, puisqu’il y aura une édition genevoise et une édition zurichoise de The Watches Days...


3)
••• LES INCERTITUDES AUTOUR DE LA VENTE DES ROLEX DE SIR EDMUND HILLARY (ANTIQUORUM)...
Adjudication ou retrait ? Toujours pas de nouvelles des Rolex de la collection de Sur Edmund Hillary, transmises par sa veuve à Antiquorum, qui doit les disperser dimanche aux enchères à Genève. Les deux enfants de l’explorateur vainqueur de l’Everest contestent à leur belle-mère la propriété de ces Rolex, moins pour leur valeur marchande que pour leur intérêt historique et moral (révélation Business Montres du 9 novembre). L’affaire est actuellement examinée par la Haute cour néo-zélandaise, mais elle ne peut manquer de troubler les éventuels enchérisseurs...
• Quelle que soit l’issue de cette vente, Antiquorum pourra de toute façon se refaire sur une autre Rolex de haute lignée : la GMT-Master réf. 6542 personnelle de Don Walsh, le pilote du bathyscaphe Trieste en plongée dans la fosse des Mariannes en janvier 1960. Cette montre a accompagné Don Walsh dans ses nombreuses aventures, du Bismarck au Titanic : elle devrait figurer dans le prochain catalogue d’Antiquorum New York (vente du 8 décembre). Elle sera accompagnée d’une Rolex Submariner réf.16610 offerte à Ron Walsh par Rolex en 1996...


4)
••• L’HORLOGERIE « CULTUELLE » À CALENDRIER PERPÉTUEL ISLAMIQUE DE MICHEL PARMIGIANI...
Sourire ironique de quelques horlogers à la lecture d’un article du Matin (Suisse), qui relatait récemment l’invention par Michel Parmigiani de la « première horloge mécanique à calendrier perpétuel islamique » : 30 cm de haut et 17 kg pour 2,5 millions de francs pour cette horloge, présentée cette semaine à Abu Dabi comme un « hommage au monde musulman ». On sait que Michel Parmigiani rêvait depuis plusieurs années de mettre au point un quantième perpétuel calé sur le calendrier lunaire des Musulmans. Il n’est pas le seul et, dans les années 1990, Alain Silberstein avait développé, avec Svend Andersen, un calendrier perpétuel hébraïque, dont il fallait cependant changer de temps en temps une came pour qu’il soit réellement perpétuel (du fait des différences cycliques entre le nombre des jours pendant les mois 2 et 3).
• Pour être réellement perpétuel un calendrier musulman doit prévoir un cycle de 30 ans pour le jour supplémentaire des années 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29 sont des années bissextiles (le 12e et dernier mois, Dhou Al-Hijja, compte un jour de plus). On trouvera d’excellents développements sur les « irrégularités » du calendrier islamique sur le site Aminour, qui nous fait découvrir que ce calendrier musulman propose des années plus courtes que celles du calendrier grégorien : nous voilà tous rajeunis sous le signe du croissant !
• Le vrai scepticisme vis-à-vis du calendrier parmigianien vient cependant du fait que le calendrier musulman n'est pas unifié à l’échelle planétaire, ni même reconnu comme « perpétuel » par la plupart des autorités religieuses : il y a une compétition politico-religieuse entre les grandes puissances de l’Islam pour déterminer le début du premier mois de Ramadan. Compétition qui explique les tentatives hégémonistes de l’Arabie séoudite pour instituer l’heure locale de La Mecque comme temps de référence universel, une sorte de GMT musulman ! C'est aujourd'hui encore la vision humaine qui détermine seule le début du mois de Ramadan : la vision de l’œil de l’homme qui aperçoit le premier croissant de lune [et non pas les calculs mathématiques ou astronomiques]. Selon les pays musulmans, l'horloge perpétuelle pourrait dès lors se retrouver décalée d'un jour. Michel Parmigiani a-t-il prévu un réglage « fin » pour avancer ou reculer le dernier jour du 12e mois ? Des subtilités hautement mecquaniques qui sont tout aussi géo-politiques...


5)
••• LE CONCEPT UN PEU BIZARRE DE LA NOUVELLE MARQUE SKYWATCH...
Quand on vous parle de Skywatch, vous pensez plutôt aviation et espace aérien, non ? Pour les créateurs de Skywatch, ça n’allait pas de soi et ils ont donc lancé un concept (dessins pour l’instant) de montre de plongée Swiss Made étanche... à 100 m, donc réservée aux plongées nocturnes dans les bars à vins où on refait le monde et le match horloger. Beau design, signé Nicolas Lehotzky, ce qui pourrait faire penser qu’il ne s’agit que d’une pure proposition de designer [la marque Skywatch doit être déjà multi-déposée, partout dans le monde et dans toutes les classes], mais il semble bien qu’il y ait effectivement, derrière ces dessins, une vraie envie de projet de création de marque. A suivre...


6)
••• LA QUATRIÈME BOURSE HORLOGÈRE DE GENEVE (CE WEEK-END, AU PARK HOTEL)...
Les amateurs de montres de tout le pays genevois (Suisse et France) seront mobilisés tout le week-end par les expositions et les ventes aux enchères, mais ils ont une grande partie du dimanche pour se rendre à la quatrième édition de la Bourse horlogère de Genève (9h00-17h00, Park Hotel), organisée par l’Association genevoise des amateurs d’horlogerie. Au programme : une quinzaine d’exposants venus de Suisse romande, dont quatre marchands professionnels [on y reconnaîtra des habitués des bourses de La Chaux-de-Fonds et de la vallée de Joux], avec un échantillonnage de marques assez surprenant puisqu’il n’est pas rare de découvrir, au hasard des étals, des Rolex aussi bien que des Vacheron Constantin, et des Swatch comme des FP Journe. Ambiance détendue, avec café-croissant, pour faire le plein de littérature horlogère, d’outils anciens, de montres de tir fédéral ou d’horloges. Pas facile de repartir les mains vides quand on aime les objets du temps. L’année dernière, visite surprise d’Antoine Preziuso, mais aussi d’un célèbre marchand comme Francesco Ferretti : le fameux « il Dottore Panerai » sait très bien ce qu’on peut dénicher dans cette bourse genevoise, tout comme Osvaldo Patrizzi, qui en est le parrain...


7)
••• LA NAISSANCE D’UNE NOUVEAU « STYLE SIHH » DE MONTRES « CLASSIQUES »...
« Deux ou trois aiguilles, sinon rien » : les canons de la beauté rétro-classique sont exigeants et permettent pas de grandes variations stylistiques. Avec sa Jules Audemars Extra-Plate réf. 15180 (image ci-dessus), Audemars Piguet rejoint donc le camp du « retour à l’intemporel » qui se découvre en boîtier mince à mouvement plat sans complication et cadran sobre. Un créneau post-crise devenu niche commerciale à part entière et déjà investi par Piaget, Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin et même Ralph Lauren (qui a copié Piaget). Les parentés esthétiques entre toutes ces montres sont telles qu’on peut désormais parler de « style SIHH », dont cette Extra-Plate serait le dernier – mais sans doute pas ultime – parangon.
• La proposition d’Audemars Piguet ne manque pas de charme, même si elle ne tranche pas véritablement sur les montres concurrentes, toutes à peu près positionnées autour des 15 000 euros. En 7 mm d’épaisseur pour 41 mm de boîtier, cette Extra-Plate en or rose reprend le mouvement extra-plat 2120 de 1967 (automatique à rotor central en or délicatement stylisé visible par le fond saphir), travaillé ici avec des finitions de folie (cinq tailles différentes de perlage pour la platine !) et des angles rentrants comme en exige aujourd’hui le moindre amateur débutant. L’esthétique est soignée dans les moindres détails de polissage et de satinage, le cadran se trouve visuellement élargi par la relative minceur de la carrure (deux cadrans : noir, à index et aiguilles roses, et argent)...


8)
••• LE CONCEPT MUTIQUE ET TACTILE DE LA NOUVELLE MUTE WATCH...
Pas de couronne de remontage et pas de cadran, juste un bracelet souple aux trois couleurs possibles (gris anthracite, rouge orangé et blanc immaculé) : il suffit de toucher ce qui ressemblerait à un boîtier pour que l’indication de l’heure apparaisse, avec une fonction réveil (par vibreur) et chronographe. On ne fait pas plus furtif que cette Mutewatch actuellement en souscription (20 euros à la commande et 180 euros à l’expédition) avec un concept de diffusion capillaire et virale (voir la page Mutewatch sur Facebook et ses 1 600 fans). Très génération 2.0, l’équipe de Timetank eSt un peu bizarre, mais sincèrement passionnée par les objets du temps...


9)
••• L’HEURE « CUBIQUE » D’UN ÉCRAN TACTILE TRICOLORE (CONCEPT TOUCH SCREEN)...
La technologie iPhone/iPad crée un nouveau code tactile pour accéder aux informations : pourquoi pas au poignet ? Sur le cadran de la montre-bracelet Touch Screen (concept du concours Tokyolash), on découvre sur un écran tactile de type iPod : les trois graduations du temps (heures, minutes, secondes) apparaissent un dé dont chaque face porte le chiffre récherché : blanc pour les heures, gris pour les minutes, noir pour les secondes. On fait tourner le dé du bout du doigt pour trouver l’heure : on dépasse donc l’idée du simple déclenchement tactile d’une fonction pour véritablement toucher du doigt le temps qui passe, le dévoiler et le renvoyer à son immuable et indifférente éternité (excellentes présentations vidéo avec le lien ci-dessus)...


10)
••• LE RENDEZ-VOUS « LUXE & INTERNET » À NE PAS MANQUER...
Beaucoup d’horlogers mobilisés pour ce forum « Luxe & Internet » agendé pour 14 décembre prochain, à Paris. Organisé par le Benchmark Group, il fera notamment témoigner des représentants de Baume & Mercier, de Van Cleef & Arpels, de TAG Heuer et de Boucheron. Une journée au cours de laquelle seront présentés les résultats de l’enquête Benchmark sur « les comportements et les attentes des consommateurs vis-à-vis des marques de luxe sur Internet » (40 sites analysés, dont Baume & Mercier, Boucheron, Bvlgari, Cartier, Chanel, Chopard, Gucci, Hermès, Louis Vuitton, Mauboussin, Montblanc, Patek Philippe, Piaget, Rolex, TAG Heuer, etc.)...


 



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