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Une actualité horlogère largement polarisée par les enchères de Genève.
POUR BIEN COMMENCER LA SEMAINE, LA VIGIE DU QUOTIDIEN DES MONTRES VOUS SIGNALE...
1)
••• LE COUP D’ŒIL À NE PAS MANQUER SUR L’« AGENDA HORLOGER DE LA SEMAINE »...
Il est désormais publié tous les vendredi après-midi et il serait stupide de manquer un des rendez-vous importants de cette semaine en neuf dates (Business Montres du 12 novembre)...
2)
••• LA TRADITIONNELLE SÉANCE DE RATTRAPAGE POUR LES EXCLUSIVITÉS DE BUSINESS MONTRES...
Tout ce que vous n’auriez pas su avant tout le monde si le Quotidien des Montres n’en n’avait pas parlé avant tout, en priorité ou en exclusivité (sélection des dix infos les plus importantes, mais il y en a plein d’autres : Business Montres du 14 novembre)...
• NE PAS OUBLIER les « reportages à chaud » sur les enchères du week-end (Business Montres du 13 novembre et Business Montres du 14 novembre)...
3)
••• UNE SECONDE SESSION BIEN MEILLEURE QUE LA PREMIÈRE CHEZ ANTIQUORUM...
Alors que le samedi s’était révélé très mou (Business Montres du 14 novembre), les coups du marteau du dimanche ont été plus intéressants, notamment grâce à la dynamique de conviction d’un Julien Schaerer, qui incarne les nouveaux espoirs d’Antiquorum. Les prix sont restés sages, mais les coups de marteau positifs étaient plus nombreux que la veille, le bouquet du feu d’artifice étant l’adjudication à un amateur dans la salle de la Rolex « qui-a-failli-atteindre-le-sommet-de-l’Everest » (il s’en est fallu de 350 mètres), celle du photographe de l’expédition Alfred Gregory : 119 000 francs suisses sous le marteau, soit pas loin de 100 fois le prix de la même montre sans pedigree ! L’autre vedette de la vente était la superbe Patek Philippe réf. 2499 (lot 643), dont on espérait 800 000-1 200 000 francs suisses : le score est honorable à 900 000 francs suisses, mais sans plus, les enchérisseurs doutant de la qualité réelle de la documentation publiée et préférant sans doute garder leurs billes pour la dispersion Christie’s de ce lundi, autrement mieux référencée et crédible qu’un cataloue Antiquorum. Ce qui est probablement injuste, mais...
• Le reste de la vente a vu les amateurs se détourner des pièces « suspectes » [pas de toutes, hélas : comment peut-on se faire délester de 17 000 francs suisses pour une Patek Philippe au cadran aussi outrageusement mal refait que celui du lot n° 642 ?], bouder des montres magnifiques comme la Patek Philippe de poche émaillée réf. 866/75, « cadeau » à 75 000 francs suisses [il est vrai qu'elle n'était pas très valorisée sur le catalogue], se méfier des lots trop neufs comme la grande complication Audemars Piguet de mai 2010 (!) ravalée à 220 000 francs suisses (alors qu’on l’estimait au même prix en euros !) ou reconnaître les mérites des bonnes maisons comme le quatuor Girard-Perregaux (lot n° 547) adjugé à 92 000 francs suisses sous le marteau...
• Déception pour le régulateur Ridel de table, ravalé à 30 000 francs suisses, mais il faut maintenant se faire à l’idée que cette horlogerie ancienne (lot n° 467) n’est plus faite pour Antiquorum, alors qu'il faut noter le succès pour la montre-bague de forme navette supposée avoir été portée par l’empereur Napoléon Ier (lot n° 466) qu’un amateur asiatique a emporté pour 78 000 francs suisses – résultat qui ne fait que confirmer le propos ci-dessus. C’est le spectaculaire qui l’emporte désormais sur la culture horlogère, comme on a pu le vérifier pour les horloges d’Antide Janvier dispersées par Sotheby’s Paris (Business Montres du 13 novembre, dernier paragraphe)...
4)
••• LA CONCLUSION À TIRER DE CETTE SALVE ANTIQUORUM DU WEEK-END...
Avec le retrait d’Osvaldo Patrizzi, on voit mieux se dessiner le nouveau paysage des enchères genevoises pour les années dix : Antiquorum prouve son talent et verrouille son positionnement sur le marché des montres d’occasion (le second hand des collections contemporaines), alors Sotheby’s [voir ci-dessous] s’impose sur le marché des montres chinoises et des montres émaillées et que Christie’s campe devant tout le monde comme référence inconstestable pour les montres-bracelets de collection. Soit une segmentation séculaire intéressante : Sotheby’s sur le XVIIIe-XIXe siècle, Christie’s sur le XXe siècle et Antiquorum sur le XXIe siècle. Tout ceci étant à vérifier dans la durée et à prendre avec les nuances nécessitées par les exceptions à la règle...
• Rien ne se passe jamais comme partout avec les cowboys d’Antiquorum, on ne dispose toujours pas du montant total de la vente et du pourcentage des invendus, qui ne devrait cependant pas dépasser les 15 à 20 %, du fait du bon niveau de la seconde session...
• Antiquorum considère également que la somme de 105 000 dollars évoquée par la presse néo-zélandaise comme facture à régler pour le retour chez les Kiwis des Rolex de sir Edmund Hillary ne correspond à rien (information Business Montres du 14 novembre, premier paragraphe). En revanche, il y aura bien une facture adressée à lady June pour les frais de promotion engagés à l’occasion de cette vente et au titre de l’indemnité légale pour cause de retrait inopiné des lots. Ceci dans l'attente d'une position claire et définitive de la justice néo-zélandaise sur la propriété de ces montres (au vu du résultat de la seule montre de Gregory, les enchères d'une éventuelle nouvelle vente Hillary font rêver)...
5)
••• LA FOLIE DES « MONTRES CHINOISES » CHEZ SOTHEBY’S...
Montres « chinoises » qui sont, la plupart du temps, autant turques ou russes [ne pas confondre !] que strictement « célestes » : ce qui plaît, c’est quelles soient émaillées, signées de grands noms européens et « ludiques », comme cette « chenille » devenue « ver à soie » (Business Montres du 3 novembre) adjugée à 335 000 francs suisses ou cette « lorgnette musicale » lot n° 136, regardée avec beaucoup de scepticisme par les amateurs européens, mais adjugée à 170 000 francs suisses. Moins ludique, moins spectaculaire, mais plus intéressante côté culture horlogère, la paire de montres émaillées et décorées de pierre dure de William Ilbery (lot n° 135) a sans doute pris le chemin des vitrines du Patek Philippe Museum pour 220 000 francs suisses. Bilan de cette dispersion d’une belle série de montres de poche : les marchands européens et américains spécialisées regardent passer les balles dans ce qui était leur champ clos, alors que les amateurs asiatiques marquent des points en achetant plus haut que les prix pratiqués par les marchands en question. Un univers bascule...
• Un excellent Geoffroy Ader, plus à l’aise que jamais marteau en main, plus libre dans sa gestuelle comme dans sa maîtrise de la vente, n’hésitant pas à s’appuyer sur le salle, hélant les Italiens en italien et les Français en français, a permis aux montres vintage d’atteindre quelques sommets, comme la Rolex Daytona Paul Newman poussée à 465 000 francs suisses avec les frais (346 000 euros) par un marchand italien, qui n’en avait jamais vu de semblable en un quart de siècle de prospection (cadran aux marquages très spéciaux et avec cette décoloration brune qu’on adore en Italie). Belle présence des Cartier vintage (merci aux amateurs italiens) et succès escompté au double de l’estimation haute pour la Patek Philippe « Asprey » lot n° 200 (66 000 francs sous le marteau, merci encore aux Italiens), dont Business Montres pressentait l’exploit (14 novembre : « A surveiller de près »)...
6)
••• LA CONSOLIDATION DE SOTHEBY’S COMME RÉFÉRENCE POUR LES NOUVEAUX AMATEURS DE « CHINOISERIES »...
Au final, 7,9 millions de francs suisses pour les 243 lots (15 % d’invendus), un peu plus que le montant des estimations hautes (7,6 millions), 42 % de lots ayant dépassé cette estimation – ce qui démontre que le succès de certaines pièces ne doit pas faire oublier le calme sur les autres. Si la cote des « chinoiseries » (fourrons dans ce sac les « turqueries » et les autres montres arabo-russes) a explosé, Sotheby’s n’a pas encore démontré – sauf exceptions ci-dessus – la pertinence de son offre en montres de collection « classiques » ou en montres de « seconde main » contemporaine. Les marchands étaient dans la salle ou au téléphone, mais ils n’ont pas manifesté leur enthousiasme – peut-être voulaient-ils garder des munitions pour la vente Christie’s de ce lundi...
• On pourrait également reprocher à Sotheby’s la légèreté de son catalogue, assez médiocrement référencé, tant pour les montres « chinoises » (certaines ne l’étaient manifestement pas) que pour les montres de collection. Le marché a changé et les amateurs sont plus connaisseurs en même temps que plus exigeants – même les nouveaux amateurs chinois, qui cesseront très vite d’acheter n’importe quoi (comme cette montre « panier » outrageusement restaurée chez Antiquorum : Business Montres du 14 novembre, troisième paragraphe).
• Symbole de cette légèreté du catalogue Sotheby’s et de sa désinvolture vis-à-vis des amateurs : les échelles non respectées des montres illustrées dans le catalogue papier, ce qui permet de multiplier les illusions d’optique, afin d’en « grossir » certaines pour en minimiser d’autres. Si c’est volontaire, c’est pervers. Si c’est involontaire, c’est... léger !
7)
••• LES ENCHÈRES « À L’ENVERS » TELLES QU’ON LES PRATIQUE À GENÈVE...
Sous le marteau, ça ne peut que monter, mais, dans les bourses horlogères, on fait descendre le prix ! C’était particulièrement vrai pour la quatrième édition de la Bourse horlogère de Genève, sympathique manifestation qui regroupait une quinzaine de marchands au Ramada Park Hôtel (Business Montres du 12 novembre, info n° 6). Les records à battre étaient ceux des bonnes affaires, avec des montres de collection abordables, des outils de précision du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, des reliques vintage des années 1970 (dont les épais boîtiers sont de plus en plus recherchés par les très jeunes amateurs) et même une FP Journe en platine à peine portée dont les 26 000 francs suisses auraient tenté beaucoup de marchands – et encore plus d’amateurs ! Un des objets les plus étonnants repérés dans les stands : l’assortiment commercial d’une cinquantaine de mouvements d’une manufacture disparue, chacun disposé dans un boîtier verre et fond saphir conçu comme une montre de poche. Pour à peu près 3 000 francs suisses, c’était un émouvant témoignage de l’horlogerie suisse d’avant la révolution du quartz...
8)
••• LA NOUVELLE ROLEX EXPLORER « ROUGE » NON OFFICIELLE ET NON AUTORISÉE...
A force de ne pas faire les montres que les amateurs attendent, les marques s’exposent aux initiatives « sauvages » et aux « hommages » plus ou moins légitimes. Les responsables de la nouvelle Rolex « Hillary Tenzing Explorer » étaient à Genève pour ce week-end de vente : leur montre s’inscrit dans la lignée de la « Piccard Single Red Deepsea » (hommage « non officiel » et « non autorisé » à Bertrand Piccard). Donc dans une logique qui part des profondeurs du monde jusqu’à son plus haut sommet (une opération « horlo-mémorielle » déjà repérée par Business Montres le 24 septembre dernier, info n° 3). Cette Rolex HTE – ce sera désormais son nom de code chez les amateurs (Hillary Tenzing Explorer) – est une Explorer dont le nom est écrit en rouge : le site qui en vante les mérites (lien ci-dessus) est très amusant à consulter et on en parle déjà beaucoup sur les forums anglophones spécialisés dans l’univers Rolex...
9)
••• L’OUVERTURE DE LA BOUTIQUE TUDOR À GENÈVE...
C’est la première boutique Tudor en Europe et elle s’ouvre, à Genève, en parallèle à la seule boutique Rolex gérée par Rolex dans le monde : au cœur des rues commerçantes de Genève, au pied de la cathédrale, on y découvre l’univers de Tudor, « marque-sœur » qui a su faire de son chronographe Heritage une des nouveautés les plus marquantes de 2010 (image ci-dessus : une montre qui résume à elle seule l’actuelle vague néo-classique). Dopée par ses succès en Asie, la marque vit actuellement une véritable métamorphose qui lui donne des envies de croissance sur les marchés européens et américains dont elle est encore largement absente...
• Les enchères du week-end prouvent d'ailleurs que les amateurs reprennent goût à une marque qu'ils négligeaient. Rien ne vaut un de ces beaux chronos vintage dont l'Heritage 2010 reprend les codes génétiques...
10)
••• LE MYSTÈRE DU NOUVEL « AMBASSADEUR DE ZENITH » DANS LE FOOTBALL...
Vicente del Bosque ou pas Vicente Del Bosque ? L’entraîneur des champions du monde espagnols est-il ou non le nouvel ambassadeur de Zenith ? Alors que tous les robinets d’eau tiède qui reprennent sans se lasser les communiqués des marques claironnaient la nouvelle (entre autres, Worldtempus), le « Sniper du vendredi » de Business Montres (5 novembre, info n° 6) regardait plus loin que le bout de son nez et osait poser la question qui fâche à propos de cet ambassadeur : « L’est-il vraiment ? ». Depuis, c’est profil bas chez Zenith, où l’information mystérieusement a disparu du site. Et c’est no comment côté Bovet aussi bien que côté espagnol. Quel suspense haletant...
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