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Ce fut rude : quatre heures de discussions épiques au sein du jury officiel, non seulement pour « arbitrer » entre les différentes groupes de pression, mais aussi pour redéfinir des règles du jeu qui ne satisfont plus personne.
En attendant mieux, voici la dernière liste des gagnants de ce soir, avec un indice de probabilité de 4/5, voire même plus...
1)
••• LES JURÉS (PAS SI CONSERVATEURS QUE ÇA) FONT DE LA RÉSISTANCE...
Discussion houleuse, pendant quatre heures, avec certains jurés qui se lèvent, excédés par les pressions, et d’autres qui argumentent sans se lasser, au milieu des classiques manipulations d’assemblée où ceux qui ont la fibre politique se régalent des coups de billard à trois bandes qu’on peut jouer : certains des jurés du Grand Prix d’Horlogerie de Genève ont eu envie de claquer la porte hier après-midi, mais ils seront tous présents au Grand Théâtre ce soir, à l’exception de notre ami Zigliotto, cloué sur son lit de douleur.
••• TOUT CE QU’ON PEUT DIRE, sans trop trahir les secrets de la délibération, c’est que certains prix allaient de soi, sans contestation possible (Dame, Homme, Joaillerie, « Petite Aiguille »). Pour d’autres, le score était plus serré. Voire, pour quelques-uns, si diplomatiquement hyper-sensible qu'ils réclamaient une dose de doigté toute particulière de la part des organisateurs et des jurés, qui ont cependant pu faire valoir leur point de vue, tant sur les prix dont ils allaient endosser la responsabilité que sur les règles de fonctionnement internes du Grand Prix. Dans les jours qui viennent, Business Montres reviendra beaucoup plus en détail sur le bilan de ce dixième Grand Prix et sur les enseignements qu’on peut en tirer pour le faire évoluer...
••• SANS TROP ENTRER DANS LES DÉTAILS, et sans réécrire nos articles précédents (Business Montres du 18 novembre, infos n° 2 et 3), voici l’ultime état – toujours provisoire et non définitif (last but not least – des marques qui devraient être récompensées ce soir [conditionnel de politesse], avec un indice de probabilité affiné à 4/5, voire à 4,5/5 et avec quelques commentaires rapides pour mettre ces récompenses dans une perspective qui leur donne toute leur sens [commentaires supplémentaires et cette fois définitifs par le « Sniper du vendredi » dès demain]...
2)
••• LES MARQUES PRIMÉES AU GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE 2010 (DERNIÈRE ESTIMATION)...
Rappelons seulement qu’un indice de probabilité n’est, comme son nom l’indique, qu’une vision hypothétique de la réalité, et non la réalité elle-même ! Donc, entre le baryton de service, les danseuses d’un show privé façon Lido de Paris (plumes et strass, avec du monde au balcon) et une ou deux jolies petites surprises supplémentaires, on devrait avoir les séquences suivantes, annoncées par un Laurent Picciotto qu'on espère en verve et animées par des détaillants venus de trois continents (Business Montres du 18 novembre, info n° 2)...
••• MONTRE FEMME : Van Cleef & Arpels pour le Pont des Amoureux dont tout le monde est tombé amoureux (incontestable victoire)...
••• MONTRE HOMME : Laurent Ferrier pour le tourbillon Galet qui a fait tourbillonner les cœurs (quasi-unanimité)...
••• MONTRE DESIGN : MB&F dont la Horological Machine n° 4 l’a emporté aux points contre ses challengers (belle influence des jurés fanatiques de la marque face au clan des conservateurs)...
••• MONTRE JOAILLERIE : Chopard pour la High Jewellery Owl et pour le plaisir de voir la belle Caroline Scheufele monter sur scène pour concurrencer les girls emplumées (les jurés en trépignent d’impatience)...
••• MONTRE HAUTE COMPLICATION : FP Journe parce qu’un Grand Prix sans François-Paul Journe n’aurait plus le même goût (âpres discussions entre les jurés et l’organisation, mais nous en reparlons dans les jours qui viennent)...
••• MONTRE SPORT : Seiko pour une Spring Drive Spacewalk qui l’emporte in extremis sur la RM 027 de Richard Mille, jugée décidément trop chère et trop élitiste par les jurés (du coup, notre ami Shu Yoshino a dû sauter dans le premier avion Tokyo-Genève pour recevoir cette récompense)...
••• MONTRE « PETITE AIGUILLE » : TAG Heuer pour la Carrera Calibre 1887 et son mouvement « manufacture » accessible (un clin d’œil secret des initiés du jury au prix précédent ?)...
••• MEILLEUR CONCEPTEUR-CONSTRUCTEUR : Jean-François Mojon pour son travail sur l’Opus X d’Harry Winston (montre qui défendait aussi les couleurs de la marque face à FP Journe dans une catégorie « Complication », très... compliquée cette année puisqu'il fallait cette année y arbitrer entre d'immenses talents au coeur d'une zone de hautes pressions)...
••• PRIX SPÉCIAL DU JURY : Vacheron Constantin pour l’Historique Ultra-Fine 1955 et pour sauver l’honneur des « grandes marques » fondatrices du Grand Prix de Genève, cette année à la diète (les jurés ont voulu souligner le retour en force du néo-classicisme horloger)...
••• AIGUILLE D’OR : Greubel Forsey pour un Double Tourbillon 30° qui espérait/justifiait/méritait également un récompense dans la catégorie « Complication ». Les jurés, qui n’auraient pour rien au monde voulu désespérer le SIHH et Bellevue, ont tenu à envoyer un message d’encouragement à Robert Greubel et Stephen Forsey pour le reste de leur œuvre à venir (image ci-dessus : Robert à gauche, et Stephen à droite, sans message politique !)...
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