|
La neige paralyse les watch valleys et les capitales du luxe (Genève, Paris), mais pas l'actualité des montres et de ceux qui les font.
Entre les flocons,il est toujours temps de se poser les bonnes questions...
1)
••• QUI N’A PAS SA FÊTE GENEVOISE
PENDANT LA SEMAINE DU SIHH ?
Les invitations commencent à pleuvoir dru ! Aux derniers pointages, Zenith lance les hostilités avec un cocktail au Kempinski dès le dimanche soir, mais il suffira de changer de salle pour enchaîner sur le dîner Hublot, même hôtel et même dimanche soir. Baume & Mercier propose une « fête » le lundi soir, ce qui n’était plus arrivé à cette marque depuis au moins dix ans : succès de curiosité assuré ! Mardi soir, les uns opteront pour IWC et les autres pour Audemars Piguet. Mercredi, quand la plupart des visiteurs étrangers auront repris l’avion, ne resteront que les « régionaux de l’étape », qui auront le choix entre les multiples dîners « intimes » et mini-soirées « entre amis » qu’organisent, pendant toute la semaine, les marques de Richemont (Cartier, Piaget, Montblanc, Van Cleef & Arpels) et tous ceux qui ont privatisé différents espaces genevois pour toute la semaine.
• Un nouveau venu cette année au bout du lac : TAG Heuer, qui présentera une exposition automobile à l’espace Sécheron (pile entre Palexpo et les hôtels, à portée de carabine du salon indépendant GTE), sur le thème « Mastering Speed for 150 Years ». Pas de fête, mais un open bar tous les soirs de 18 h à 21 h. Quelques initiés auront également la primeur d’un nouveau mouvement – plutôt révolutionnaire dans le genre world premiere...
• Autre open bar et grand open restaurant à ne manquer sous aucun prétexte, ne serait-ce que pour de futiles prétextes gastronomiques : pour 2011, le WPHH de Genthod (groupe Franck Muller) regroupe la présentation de ses « petites » marques dans un même espace agrandi et redécoré. Du coup, le groupe a la place d’ouvrir cette année un restaurant permanent de 200 places. Spécialités asiatiques exceptionnelles, avec un chef de premier plan. Question complémentaire : qui décrochera cette année les trois-étoiles de la meilleure table pour cette Wonder Week genevoise (16-22 janvier) ?
• Un must incontournable pour les amateurs de convivialité franche-montagnarde, qui en auront assez des sushi chichiteux et des mondanités champagnisées : la soirée Rudis Sylva, avec tous les copains gourmands de Jacky Epitaux descendus de leur Jura avec des provisions médaillées d’or qui tiennent au corps (charcuteries, fromages et même bière des Franches-Montagnes). Ce sera pour le mercredi ou le jeudi soir, au château du Grand-Saconnex, à deux minutes de Palexpo (avant-goût avec notre article de l’année dernière : Business Montres du 14 janvier 2010)...
2)
••• C’EST À QUELLE HEURE, LA PROCHAINE MARÉE HAUTE ET AVEC QUEL COEFFICIENT ?
Une complication devenue unique sur le marché des montres mécaniques : la nouvelle Admiral’s Cup Tides 48 de Corum sera officiellement présentée en janvier, pendant la Wonder Week genevoise – au cours de laquelle Corum tiendra salon au Président-Wilson. Il s’agit d’un mouvement automatique dont le module « maréographe » abrite trois compteurs : à 6 h, l’heure de la prochaine marée haute et de la prochaine marée basse (sur 34 h) ; à 9 h : la force du courant et de la marée montante ou descendante ; à 12 h : le cycle lunaire et le coefficient de marée (image ci-dessus). Le tout dans le boîtier dodécagonal de l’Admiral’s Cup en titane ou en or rouge (48 mm) et avec le traditionnel cadran (mat) orné des douze pavillons nautiques en guide d’index des heures. Les aiguilles des heures et des minutes ont été squelettées pour une lecture optimale des compteurs de marée.
••• Une vraie montre nautique, étanche à 300 m, que tous les plaisanciers apprécieront dans les parages des côtes piégeuses hérissées de cailloux qui ouvrent et découvrent au gré des marées. La lunette en caoutchouc, ainsi que le protège-couronne et le bracelet s’harmonisent bien avec le mat du cadran. Inutile de dire que ça ne sert à rien à l’âge de l’électronique : c’est vrai, mais ça rassure d’avoir un instrument mécanique au poignet quand on est perdu dans un goulet à slalomer entre les cailloux et les renverses de marées...
3)
••• 230 000 FRANCS (SUISSES) OU 23 MILLIONS DE FRANCS POUR SWISS TIMING ?
La différence n’est pas mince et elle ne tient pas au cours de la roupie indienne. Il s’agit du montant estimé du « pacte de corruption » qui aurait lié Omega-Swiss Timing (Swatch Group) et les organisateurs des XIXe Jeux du Commonwealth (Inde) pour le chronométrage officiel des épreuves (Business Montres du 1er décembre, info n° 2). Tribune de Genève, qui reprend l’information de l’AFP, évoque 230 000 francs suisses, alors que la presse indienne évoque « Rs 107 crore ». Le crore (du sanskrit koti) est une manière très indienne de compter les roupies, qui correspond, nous dit Wikipedia, à 10 millions. Tout se joue donc entre le « Rs 107 crore » de certains articles indiens, et des télés locales [voir les liens dans notre article ci-dessus] et le « Rs 1.07 crore » de la dépêche AFP : soit une variation de 1 à 100. Qui croire ? L’AFP ou The Times of India, qui synthétisait l’affaire hier matin ? Et, si c’est un milliard de roupies comme l’annonce l’AFP, le montant est bien de 23,6 millions de francs suisses (au cours du jour)...
• Premières réactions de Christophe Berthaud, responsable de Swiss Timing et membre de la garde rapprochée de Nick Hayek : « Tout cela est absolument faux ». Il précise n’avoir d’ailleurs reçu aucune demande des autorités indiennes à ce sujet (source : AFP)...
4)
••• QUEL SERA LE PREMIER MAGAZINE HORLOGER TAILLÉ SUR MESURE POUR L’iPAD ?
On ne parle pas ici des pages PDF « compatibles » iPad ou iPod (type Wired ou autre), mais d’un vrai magazine à part entière, exclusivement conçu et réalisé pour l’iPad ou n’importe quelle autre tablette numérique ? Le tout premier magazine iPad grand public vient d’être lancé : il s’agit du Project préparé par Virgin (Richard Branson), déjà disponible à l’App Store France (2,99 euros, avec de « légères scènes à caractère sexuel » qui exigent 17 ans minimum pour le téléchargement). Quelques montres à l’intérieur des « pages » life style, mais c’est pour (re)découvrir le style « None More Black » – ce qui n’a rien d’original...
••• Pour l’horlogerie, rien en vue pour l’instant, mais plusieurs projets sont à l’étude, en Suisse et en Europe, le premier devant être officiellement présenté avant la fin décembre, avec une distribution gratuite par les App Stores (négociation en cours, donc impossible d’en dire plus). Fort de sa vocation internationale, le titre devrait forcément intégrer le mot Watch, mais ce n’est pas Watch Around de notre ami Jean-Philippe Arm ! Gratuit, ce projet 100 % indépendant – donc éminemment respectable et digne d’intérêt – devrait cependant être financé par la publicité, en partenariat avec les marques, auxquelles on a proposé – c’est comme ça que l’affaire a commencé à « fuiter » – des animations interactives, des contenus audiovisuels et même la possibilité d’intégrer (et d’actualiser) des catalogues commerciaux sur l’application. Quoi d’autre ? La suite au prochain épisode...
5)
••• QUE DEVIENT LE DÉMENTI OFFICIEL D’ÉDIPRESSE LUXE À PROPOS DES « CHINOISERIES » DU GPHG ?
Rien, rien du tout, pas le moindre démenti, ni la moindre réponse officielle à une mise en cause gravissime pour l’image passée, présente et à venir d’un Grand Prix d’Horlogerie à la croisée des chemins pour son dixième anniversaire. Business Montres avait révélé, la semaine dernière (26 novembre), comment l’Aiguille d’Or, trophée suprême du Grand Prix de Genève, a été réalisé en Chine avec de l’or chinois. Après les révélations du 22 novembre sur la montre Made in China offerte aux membres du jury, ça faisait un peu désordre. Depuis, pas le moindre commentaire officiel...
• Tout juste quelques insinuations, en privé et en off, auprès de tel ou tel, pour tenter d’étouffer l’incendie en affirmant que « Business Montres raconte n’importe quoi dans cette affaire ». Un peu étonnant pour le managing director d’Edipresse Luxe, habituellement très porté sur la lettre comminatoire et la remontrance déontologique au moindre pet de lapin ! Là, rien ! Silence assourdissant, alors qu’il serait si simple de clarifier la situation et de s’expliquer pour réaffirmer de façon officielle et formelle que cette Aiguille d’Or est vraiment garantie 100 % Swiss Made...
• Il faut avouer que Business Montres n’est pas parti sur cette affaire sans « biscuits », ni arguments ! Problème : le brillant manager d’Edipresse Luxe tient si peu sa boutique qu’il n’a pas les bonnes cartes en main. En rachetant le Grand Prix de Genève à ses fondateurs [ce qui était déjà une aberration stratégique], il a également acheté le (faux) kilogramme d’or qui allait avec, c’est-à-dire 785 g de chinoiserie pur sucre. Un objet au pedigree pour le moins suspect quand on prend la peine d’enquêter et un trophée qui constitue aujourd’hui un « patate chaude » que tout le monde cherche à se refiler pour ne pas se brûler les doigts. Disons qu’il a acheté chat en poche comme disait autrefois la sagesse populaire, ce qui signifie qu’il s’est fait couillonner, comme on dit aujourd’hui en pays d’oc. Ce qui ne serait ni le premier, ni le dernier de ses exploits managériaux...
6 (x 6)
••• QU’EST-CE QU’ON PEUT LIRE D’INTÉRESSANT CE MATIN ?
Quelques articles qui donnent à penser, à réfléchir et à agir, sur le monde tel qu’il va ou tel qu’il ne va pas – mais il faut faire avec de toute façon...
• Les raisons de la gravissime crise économique aux Etats-Unis : en un seul tableau, pourquoi la récente crise financière est encore plus grave que toutes les récessions précédentes, au moins en termes d’impact sur l’emploi – et, sans emploi, pas de quoi acheter la moindre montre (The Society Images)...
• L’incursion du nouveau Made in Korea dans l’art de vivre : le Japon n’a plus qu’à bien se tenir, voici venir un nouvel label asiatique de référence dans l’univers de la mode et du design, avec une belle intégration de la culture coréenne et des codes occidentaux (INfluencia)...
• La montre-réveil qui joue le Lac des cygnes de Tchaikovsky : elle est forcément russe [un peu « Made in Germany » quand même] et c’est une proposition de la montre-pendulette « manufacture » d’Alexandre Shorokoff, un nouveau créateur russe pas très connu en Europe, mais qui s’attaque désormais au marché espagnol (source : Dinaster)...
• Un coup d’œil sur les nouvelles tendances du commerce et de la distribution de demain : à l’occasion du Mapic de Cannes (Marché international des professionnels de l’implantation commerciale et de la distribution), un regard sur ce que pourraient être les points de vente de demain grâce au Mapic Lab qui en analyse les tendances dominantes (proximité, interactivité, responsabilité, mixité, exclusivité). Il faudra bien faire évoluer un jour la distribution horlogère, non ?
• « C’est quoi, au juste, la haue horlogerie ? » : un article plutôt acide, mais bien argumenté, d’Ivan Radja dans Le Matin (Suisse), avec une citation de Business Montres – impossible de retrouver où et quand, mais on assume ! – sur l’absence pas forcément justifiée de « hauts horlogers » allemands, espagnols, français, anglais, américains, hongrois, russes ou même chinois (Beijing Watch) au sein de cette FHH...
• Faux noms de marques et vraies adresses une saisie originale de la justice américaine, qui vient de s’emparer de noms de domaine de 82 sites qui écoulaient des contrefaçons en ursurpant des noms de marque dans leur adresse (par exemple : « louisvuitton-outlet-store.com »). Une procédure qui assimile les contrefacteurs et les voleurs d’adresses à des trafiquants de drogue ou à des contrebandiers, ce qui permet de mieux les circonvenir (source : Financial Times)...
7)
••• QUELLE EST LA MARQUE QUI A CHANGÉ EN DOUZE MOIS LA QUASI-TOTALITÉ DE SON RÉSEAU ?
Mais non, vous ne rêvez pas : plus de 80 % des réseaux locaux (agents et distributeurs) changés en un an ! Et c’est bien une nouvelle performance de notre ami l’« Himalaya de la pensée horlogère », qui klaxonne partout l’exceptionnelle bonne santé commerciale de Parmigiani, mais qui prouve avec ce coup de torchon – lui aussi exceptionnel dans la profession – la sûreté absolue de son instinct stratégique et sa maîtrise de la situation ! Dans tous les cas, cette rotation accélérée est révélatrice. Soit elle prouve que des mauvais choix n’avaient cessé de s’accumuler – et le responsable en est l’actuel CEO, qui les avait ratifiés. Soit elle prouve que la politique commerciale est pour le moins chahutée – et le responsable en est toujours l’actuel CEO, qui conduit cette valse. Soit elle prouve que rien ne va plus et que les jeux sont faits – et on comprendrait que personne ne retienne le même actuel CEO...
|