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Pas encore d'alerte rouge, ni même orange sur le front de la météo horlogère, qui reste dans les normales saisonnières d'une veille de vacances horlogères...
POUR CETTE FIN DE SEMAINE, LE SNIPER DU VENDREDI A...
1)
••• VISITÉ L’EXPOSITION « MONTRES ET MERVEILLES » DU MUSÉE DU TEMPS (BESANÇON)...
200 objets du temps sortis des réserves du musée du Temps pour une exposition qu’on attendait depuis des années ! La première partie (historique) de l’exposition « Montres et merveilles » est assez convenue, tant sur le plan muséographique (mise en scène conventionnelle) que pour les pièces présentées. On passe aux choses sérieuses quand on voit l’industrie et l’artisanat d’art se diversifier dès le XVIIIe siècle : on pourrait d’ailleurs trouver quelques analogies entre l’actuelle tendance à l’horlogerie décorée (émaux, gravures, métiers d’art) qui succède – comme au XVIIIe siècle – à quelques décennies de développements plus purement techniques. Ça et là, quelques outils rappellent qu’il n’y a d’horlogerie que s’il y a des hommes derrière des machines et des outils pour faire des montres...
••• Après d’intéressants développements sur les traditions horlogères dans la région de Besançon [la richesse de ce passé est confondante si on la rapporte à la modestie de l’activité contemporaine], on passe au « clou » de l’exposition : la présentation de la plus célèbre montre de l’horlogerie française, cette Leroy 01 qui est restée de 1900 à 1989 (création du Calibre 89 par Patek Philippe) la « montre la plus compliquée du monde » (25 complications à l’époque, 26 aujourd’hui !). Sa présentation (image ci-dessus) ne lève pas la polémique : fonctionne-t-elle ou non ? Elle n’a plus été auscultée depuis quelques décennies et, comme beaucoup de montres ultra-compliquées de la légende horlogère, certains assurent même qu’elle n’a jamais vraiment fonctionné – ce ne serait pas la première fois dans l’histoire des complications horlogères et des « concepts » un peu mointus. Quelques « réparations » hasardeuses auraient même endommagé de façon irréversible les composants initiaux de cette montre passionnante à étudier...
••• D’où la question : puisque L. Leroy se relance à Besançon, pourquoi ne pas restaurer la Leroy 01 ? Problème : entrée dans le patrimoine national, cette montre ultra-compliquée ne peut être restaurée que par un maître-horloger agréé par les musées nationaux. Et l’article se fait rare. Du coup, le scénario a été changé : la nouvelle manufacture L. Leroy prendra bien en charge la remise en état de marche de la Leroy 01, mais tout de suite. Cette restauration se fera dans les futurs ateliers L. Leroy, par une personne qualifiée et dûment accréditée, mais pas avant 2012. D’ici là, on verra la montre – extérieurement restaurée – se promener sur quelques marchés avant de connaître la gloire à Baselworld 2012. Séquençage marketing parfait, même s’il laisse les amateurs sur leur faim : pour se consoler, ils auront les 150 montres Leroy confiées au musée du Temps par Miguel Rodriguez, l’investissement mécène qui a relancé L. Leroy (information Business Montres du 9 décembre, info n° 1).
••• Pour les autres montres de grand intérêt proposées par cette exposition, on se reportera au catalogue, très bien fait : de la fin du XVIe siècle au début du XXe siècle, le panorama est très complet, même si un œil profane aura du mal à faire la différence entre toutes ces montres. On se demande seulement pourquoi ces pièces restaient dans les vitrines : elles constituent une « grammaire » stylistique et esthétique d’une incroyable richesse. Leur exposition ne peut que stimuler le regard de tous les créateurs – actuels, potentiels ou à venir – d’une région qui se (re)prend à rêver d’horlogerie et à s’offrir une nouvelle aventure sur la planète montres..
••• Retour à l’exposition pour les séquences finales, avec un excellent hommage au quartz (mis en scène ici comme un cristal d’exception – ce qui n’est que justice) et la présentation de la première horloge à quartz et de la première horloge atomique installées en France.
••• Jusqu’au 29 mai 2011, Musée du Temps de Besançon : « Montres et merveilles » (renseignements : +33 381 878 150)...
2)
••• DÉCODÉ EN 02:14 MINUTES LES DIX TENDANCES MARQUANTES DE 2011...
L’agence internationale de communication JWT a confié à sa tête chercheuse de tendances, JWT Intelligence, le soin de synthétiser, dans un film d’animation faussement naïf et enfantin de 02:14 mn, les dix tendances émergentes pour l’année 2011 : cette vidéo (« cartoon teaser ») développée avec The Nursery ne remplace évidemment pas les 88 pages bien tassées de l’étude complète (250 dollars), mais elle ouvre l’esprit sur les influences marquantes de l’année à venir (All the World's a Game ; The Urgency Economy ; Non-Commitment Culture ; Eat, Pray, Tech ; De-Teching ; Retail as the Third Space ; Creative Urban Renewal ; Worlds Colliding ; Hyper-Personalization ; Outsourcing Self-Control), qui auront de toute façon un impact sur la conception des montres, leur perception et leur succès dans les années à venir...
3)
••• JOUÉ AVEC POST POST, LA NOUVELLE INTERFACE « JOURNALISTIQUE » DE FACEBOOK...
Ras-le-casque des pages Facebook classiques ? Surtout celles des entreprises et des marques : plus boring, tu meurs ! Pas de souci, PostPost est une nouvelle interface de « mise en pages » des réseaux sociaux : on peut donc se créer (après téléchargement) une sorte de « journal social » qui présente à la façon d’un quotidien l’ensemble des contenus de son réseau, photos, vidéos et liens compris. Une vidéo (01:14) permet de mieux comprendre cette proposition originale, qui n’est d’ailleurs pas la seule puisque d’autres « magazines sociaux » existent déjà (Flipboard pour les tablettes ou Paper.Li pour « lire Facebook et Twitter comme un journal)...
••• Intéressant pour les particuliers, un tel outil de « maquette socio-éditoriale » devient décisif pour les marques, qui voient se dessiner là un nouveau terrain de jeux médiatique : elles ont la possibilité de créer des « vrais » journaux capables de (re)passionner les passionnés qui seraient un peu (beaucoup) lassés par les sempiternelles et interminables colonnes des pages Facebook. L’apparition de cette interface ne fait d’ailleurs que souligner la désintermédiation – apparemment inexorable – de l’information horlogère, qui ne peut désormais qu’échapper de plus en plus aux médias traditionnels pour s’inventer de nouvelles niches sur la Toile...
4)
••• AJOUTÉ DEUX FÊTES SUR L’AGENDA DE LA WONDER WEEK GENÈVE 2011...
Il faut compléter l’agenda des festivités prévues pendant la Wonder Week Genève 2010 (Business Montres du 2 décembre, info n° 1, avec un complément le 3 décembre, info n° 10) :
• Dimanche 16 janvier, 17 h : au salon indépendant GTE, Frédéric Jouvenot présente ses amis horlogers à l’archiduc Carl-Peter de Habsbourg, qui est aussi un de ses actionnaires...
• Jeudi 20 janvier, 18 h : dans le jardin Brunswick (entre le Beau-Rivage et le Richemond), deLaCour présente sa nouvelle collection « Mourinho City Ego », qui consacre l’entraîneur Jose Mourinho comme nouvel ambassadeur de la marque...
5)
••• ADORÉ L’ULTRA-MINIMALISME DU CONCEPT HORLOGER E.O.T.S....
EOTS = « Eye of the Storm », « l’œil du cyclone » ! On pourrait presque parler de l’œil du... cyclope tellement cette montre du designer chinois Yiran Qian (basé en Allemagne) impose une vision différente et cyclopéenne (au sens mythologique, sinon homérique) du temps. Il n’y a rien au milieu d’EOTS : ni cadran, ni mouvement, ni même verre saphir. Rien, seulement la peau, alors que le boîtier noir est manifestement celui d’une montre ! Dans l’œil du cyclone, on ne lit rien : pour s’intéresser à l’heure, on presse du doigt sur une espèce de couronne latérale et deux LED (un court pour les heures, un plus long pour les minutes) s’illumine sur les bords intérieurs du boîtier pour situer heures et minutes selon le code horloger classique. Pas vraiment cher à produire, très philosophique dans son approche du temps, ce concept EOTS de « montre sans visage » [et donc sans marque visible : très moderne tout ça !] a reçu le Red Dot Design Award 2010 (Allemagne), mais ce n’est pas le premier Red Dot de ce prolifique designer, multi-primé dans différents domaines...
6)
••• REGRETTÉ QUE DES « CRÉATEURS » OSENT ENCORE TRAVAILLER LE GALUCHAT...
Comment peut-on accepter de massacrer une espèce sauvage menacée pour créer des sacs à main, des étuis pour iPhone ou des « bijoux » ? Tout le monde sait maintenant qu’il n’existe aucun élevage de raies asiatiques et que les peaux proviennent toutes d’un braconnage systématique et de prélèvements sauvages, qui, s’ils ne sont pas expressément interdits, n’en met pas moins gravement en danger de nombreuses espèces animales. Tout le monde a plus ou moins renoncé à ces « cuirs d’océan » qui sentent la mort, mais il y aura toujours un quelconque Erik Schaix, « créateur », pour « mettre en scène » l’agonie cruelle de ces raies. Impardonnable ! Surtout quand on organise des mondanités absurdes autour de ce carnage. Pour la façon dont les iguanes et les pythons sont cruellement massacrés en Indonésie, se reporter à l’édition du 12 octobre de Business Montres, info n° 1...
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••• REPÉRÉ QUELQUES ARTICLES QUI MÉRITENT UN CLIC D’ATTENTION...
••• « Assez de montres “de luxe“ : I want “luxury“ to die » : un coup de gueule d’Ariel Adams dans A Blog to Read. Il y a un an, dans son bilan 2009, Business Montres avait classé le mot « Luxe » parmi les « 10 mots qu’il ne faudrait plus utiliser en 2010 » (7 décembre 2009, info n° 5)...
••• « L’alchimiste qui transforme la nacre en or » : c’était un reportage passionnant du dernier numéro de Paris-Match sur Jacques Branellec, qui a réussi à maîtriser la croissance des « perles en or », qui sont aujourd’hui les plus valorisées dans l’industrie perlière et dans la haute joaillerie. Pas de lien pour cet article, mais on peut se reporter, à propos de ces « perles d’or », à une excellente vidéo diffusée cet été sur Sept à Huit (France)...
••• « Ce que pensent ses biographes de l’après-Nicolas Hayek » : un article qui n’apprendra rien aux lecteurs de Business Montres (voir nos deux analyses des 4 et 5 septembre dernier), mais ça va toujours mieux en le répétant...
••• « TAG Heuer chronométreur officiel du championnat de F1 et des jeux Olympiques » : surprenant, mais c’est en anglais dans le texte d’une interview officielle de Jean-Christophe Babin (Gulfnews, Dubai : « That's why we are the official timekeeper for the Formula One races and the Olympics »). Comme le président de TAG Heuer s’exprime généralement dans un anglais irréprochable, on en déduira que Saifur Rahman, le Business Editor qui signe l’article, n’a vraiment rien compris au film...
••• « Luxury Unlimited » : Hong Kong comme pôle asiatique du luxe, sinon comme pôle mondial devant Londres et Dubai, c’est la conclusion d’une série d’études marketing détaillées par Hong Kong Trader (HKTDC)...
••• « Trintec Industries : des montres instruments depuis 1990 » : un coup de projecteur sur une marque canadienne aussi originale que mal connue, qui s’est spécialisée dans la transposition au poignet des compteurs de bord aéronautiques, bien avant la ligne Instrument de Bell & Ross (un découverte du site Ze White Rabbit)...
••• « Les marques doivent-elles être communicatives ou communicantes ? » : le débat n’est pas académique et la tribune de Daniel Bô (fondateur de QualiQuanti) dans INfluencia est un excellent stimulant intellectuel, capable de réintroduire une dimension éthique dans le brand content...
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••• POSÉ QUELQUES QUESTIONS SUR DES RUMEURS OU DES INFOS PAS ENCORE OFFICIELLES
••• Que va s'acheter François-Henri Pinault en 2011 ? Si le groupe PPR finalise la vente de Conforama au groupe sud-africain Steinhof (1,6 milliard d’euros), il va devoir réinvestir ce cash et racheter quelques « relais de croissance » – sous peine de voir son rating dégradé par des analystes un peu myopes. On sait que François-Henri Pinault a toujours affirmé son intention de se développer dans le luxe, mais aussi dans le lifestyle. On sait aussi qu'il a confirmé, à plusieur reprises, ses ambitions dans l'horlogerie et dans la joaillerie. Donc, tout le monde est sur les dents pour anticiper la prochaine cible de PPR, dont on connaît le goût pour les « maisons familiales » que le groupe peut continuer à faire gérer par les créateurs ou les managers déjà en place. Pour les marques d’horlogerie indépendantes (en Suisse ou ailleurs), la liste est courte : deux ou trois noms au maximum si on recherche les vrais « relais de croissance », mais... ça pourrait aller très vite tellement le vent est porteur pour la grande régate de 2011 [d’autres groupes de luxe sont à l’affût, probablement pour le même gibier « familial » ou « indépendant »]. En tout cas, les grandes manoeuvres ont commencé...
••• Qui s'est offert Gilbert Albert, une des légendes contemporaines du design horloger [qu’on se souvienne de la mémorable série des montres asymétriques chez Patek Philippe] et de la joaillerie créative ? Le nouveau propriétaire n’est autre que Majid Pishyar, homme d’affaires iranien (32 Group) également patron-propriétaire de FC Servette (football, Genève). 32Group parce que son groupe financier est actif dans 32 secteurs d’activités. Dans la joaillerie, en plus de Gilbert Albert, le groupe a développé un réseau de boutiques spécialisées dans la diffusion de collections imaginées par différents designers comme Gilbert Albert (32-Design), qui dessine toujours et qui a plusieurs milliers de créations dans ses cartons. Pour l’instant, Majid Pishyar n’a pas encore investi dans l’horlogerie...
••• Quel sera le prochain « sport de masse » investi par les marques de luxe et les pionniers du marketing horloger ? Après le football, dont les pelouses sont déjà très labourées, il reste relativement peu de sports « libres » qui soient capables de rassembler, autour d’un stade ou d’un trophée, milliardaires et prolétaires dans un grand élan de communion médiatique mondiale. Deux valeurs à la hausse : le cyclisme – de plus en plus agrégateur de beautiful people sur deux roues – et le basket – de plus en plus agrégateur d’audience en Asie. Deux valeurs à la baisse : la voile (en cours de fragmentation d'audience faute d'une America's Cup mobilisatrice, mais la préemption d'un segment reste tentante) et le tennis (devenu trop institutionnel, avec un coût d'accès trop élevé pour un réel gain de notoriété)...
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