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Ça s'en va et ça revient, c'est fait de tout petits riens, cette actualité horlogère qui nous tient à coeur, avec le départ des uns, l'arrivée des autres et le sur-place des derniers...
CE MERCREDI, LE ZAPPEUR SACHANT ZAPPER A ZAPPÉ SUR...
1)
••• L ‘ÉMERGENCE D’UNE NOUVELLE HORLOGERIE « ILLUSTRÉE »
AUSSI NARRATIVE QUE FIGURATIVE...
... dans un style de bande dessinée plutôt dans les bondieuseries ou les galanteries classiques de l’horlogerie décorée du XVIe au XXe siècle. Le meilleur exempe en était cette année Le Pont des Amoureux de Van Cleef & Arpels, qui nous racontait l’histoire d’un baiser nocturne à minuit, mais on aurait pu imaginer bien d’autres épisodes, saynettes et illustrations de légende sur la seule base de ce mouvement conçu par Jean-Marc Wiederrecht. En 2011, Van Cleef & Arpels récidivera avec une série commémorative des Voyages extraordinaires de Jules Verne, veine imaginaire dans laquelle la marque avait déjà puisé pour sa haute joaillerie à la Biennale des Antiquaires. On verra donc cinq épisodes fameux de ces Voyages illustrés par cinq montres dont les complications ont été repensées dans une logique d’album de BD plus que de performance strictement horlogère...
• On trouvera une bonne illustration de cette tendance narrativo-figurative avec l’édition limitée que Arnold & Son (groupe British Masters) a dédié à la mémoire du fameux capitaine Cook, explorateur des mers australes. Ce n’est ni plus ni moins que de la bande dessinée en miniatures sur les trois cadrans de la série (25 trilogies), avec un prétexte horloger (un mouvement automatique exclusif Arnold & Son à triple fuseau horaire, grande date et indicateur de mois (image ci-dessus : « La mort du capitaine Cook, à Hawaï, en 1779 »).
• Au-delà de l’anecdote historique, on sent poindre dans toute l’horlogerie une fantastique envie de récits qui apportent à la montre une dimension supplémentaire en la greffant sur de nouveaux imaginaires : aujourd’hui, une montre doit raconter une histoire qui dépasse celle de sa bienfacture ou celle de sa précision mécanique. Le retour des cadrans en météorite est à greffer sur les prémisses de cette tendance lourde : la montre témoigne ainsi d’un autre univers de référence que son propre temps et sa manière de le décompter. Les « légendes » de RJ-Romain Jerome sont à inscrire dans ce courant testimonial à vocation romanesque. Les dernières collections de Van Cleef & Arpels ont posé les bases de cette émergence d’un nouveau story telling horloger. La montre « Chagall » de Vacheron Constantin et les modèles « lyriques » qui suivront ne font que confirmer l’intuition des premières séries de « Masques ».
• On verra éclore à Genève et à Baselworld de nombreuses « performances » artistiques traduites en émail grand feu et en miniatures sur cadran. Influence chinoise aidant, il faut s’attendre à quelques défilés de dragons rutilants et à des paysages enchantés comme on les aime sur les paravents de Coromandel : la montre est devenue un support de méditation esthétique, quasiment une sorte de mandala générationnel, qui ne peut qu’évoluer en vraies séries de bandes dessinées horlogères. Après l’hommage à Jules Verne, à quand l’hommage à Tintin, aux mangas, à Corto Maltese ou à Blueberry [quel dommage que Cartier n’ait pas profité de l’exposition Giraud à la Fondation Cartier pour prendre une position pionnière dans ce domaine]...
2)
••• LES PRÉPARATIFS CHEZ BREGUET D’UNE PUBLICATION DES « MÉMOIRES » D’ABRAHAM LOUIS BREGUET...
... dont le manuscrit avait été racheté, au printemps, par Nicolas Hayek en personne (reportage Business Montres du 7 mai). Une édition serait en cours pour 2011, mais l’opération est encore tellement top secret que seuls quelques initiés dignes de confiance sont dans la confidence...
3)
••• LES LANGUISSANTES SOIRÉES DU CERCLE DE L’HORLOGERIE DE GENÈVE...
... qui se réunissait hier soir, avec Jean-Claude Biver face à deux journalistes : une tête d’affiche alléchante, qui aura pourtant déçu toute l’assistance, laquelle espérait beaucoup du nouveau style donné à ces conférences par sa nouvelle direction (révélation du départ d’Eric Othenin-Girard : Business Montres du 31 août, info n° 2). Nouvelle direction dont on sait maintenant qu’Alain Carrier s’est lui aussi retiré pour préparer un nouveau concept éditorial différent de Movment.
• La froidure genevoise n’avait pas bien fait les choses et l’assistance était un peu maigre. La bise noire qui soufflait sur le lac avait même émoussé le mordant des journalistes chargés de relancer Jean-Claude Biver, une « bête de scène » face à laquelle ni Louis Nardin (Worldtempus), ni Vincent Daveau (La Revue des montres) ne faisaient le poids pour le recadrer, couper ses « tunnels » oratoires, relancer sa verve et lui faire donner le meilleur de lui-même. Deux journalistes, habituellement non dénués de talent, pour remplacer un seul Othenin-Girard : c’est là qu’on prend la mesure du changement...
• Coincé sur un bureau trop petit pour lui, le président d’Hublot n’a pu donner qu’une trop petite idée de son talent, qui est immense dès qu’il a en face de lui un auditoire ou des interlocuteurs à séduire : là, abandonné à lui-même par des modérateurs confits en dévotion, on l’a trop peu laissé parler d’horlogerie pour le pousser – c'est son péché mignon – à s’ébattre dans ses habituels monologues épiques (les huguenots dans les vallées du Jura, les tricheries sur le Swiss Made thaïlandais, sa collection de Patek Philippe, sa vie, son œuvre, ses pompes et ses gloires). L'animal a du métier, et il sait en jouer, mais ça ne suffit plus à faire le show devant un public d'aficionados devenus exigeants. Bref, une sentiment de vacuité, sans vraies questions intéressantes et sans cet épice violent et stimulant qu’est une communication charismatique avec la salle : ceux qui avaient connu les épisodes Journe, Hayek ou Mille du Cercle de l'Horlogerie restaient un peu confondus face à la médiocrité de cette soirée et à l’évanescence de journalistes qui avaient choisi de tremper leur langue [susbtitut de leur plume] dans le cirage plutôt que dans l’eau-forte...
• Indice révélateur : une fois expédiée la traditionnelle photo avec la vedette de la soirée (« Moi et lui », « Lui et moi », « Nous et lui », « Lui et nous » : on retrouvera le tout sur les blogs), la vedette en question s’est éclipsée sans demander son reste et sans rester une minute de plus, sans doute pas très convaincue par sa propre performance. Pas vraiment de quoi (re)donner confiance dans l’avenir de ce Cercle d’Horlogerie saison 2, à une heure où beaucoup de membres se demandaient déjà s’il était utile de renouveler leur cotisation. Encore un effet pervers du bivérisme, élixir puissant et capable de révéler les limites et les contradictions – peut-être mortelles – d’un concept épuisé avant même d’avoir atteint sa maturité...
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••• QUELQUES INFORMATIONS EN VRAC ET SANS TROP DÉVELOPPER...
••• Tout arrive, et même les concepts ultra-pointus finissent par être livrés sur le marché : présenté à Baselworld cette année, le tourbillon-téléphone Celsius X VI II vient d’être livré chez Harrods. Trois exemplaires seulement, mais dans une vitrine spéciale qui présente tout l’ « éco-système » de ce téléphone Le Dix (holster, fourreau, base, etc.). Quelques exemplaires devraient également arriver ces jours-ci en Russie. Le développement de la marque Celsius X VI II (révélation Business Montres du début de cette année) prend d’ailleurs un tour intéressant sur lequel nous reviendrons : l’intérêt des collectionneurs américains, russes ou asiatiques, mais aussi européens, est tel que Celsius X VI II envisage une quatrième série limitée et pousse ses feux pour quatre nouveaux concepts, dont un développement a été confié à Jean-François Mojon (l’homme de l’Opus X). Business Montres reparlera de tout ça prochainement...
••• Franck Riboud (groupe Danone, France) devient administrateur de Rolex Genève (révélation du Le Temps, Suisse). Un amateur/collectionneur de montres dans le « saint des saints » de l’horlogerie suisse...
••• Un autre amateur de Rolex, un peu inattendu celui-là : Antoine Arnault (le « fils de... »), récemment nommé à la direction de Berluti (groupe LVMH), qui raconte dans Challenges (France) comment il « teste » les montres des maisons qui n’appartiennent pas à son père. « Tenez, aujourd’hui, j’ai une Rolex ». Et sa sœur Delphine de commenter : « Vraiment, tu exagères »...
••• « Carla et Nicolas », la chanson : encore une rengaine (signée Travel Agency, un groupe électro-pop) où il est question de Rolex et de bling bling, exercice obligatoire dès qu’il est question du président de la République française. Le clip en dessin animé de la ritournelle ( à télécharger sur le site dédié) est plutôt plaisant sur le « petit monsieur qui a sorti le grand jeu »...
••• Un nouveau concept jour/nuit et soleil/lune sur 24 heures : c’est une idée avancée par la Solar System Analogique (idée de Mario, Etats-Unis, pour le concours créatif Tokyoflash), qui entend prouver qu’on peut défricher d’autres territoires dans le domaine archi-vu et revu des affichages de ce type. A méditer comme réservoir d’idées...
••• Le retour annoncé de Tiger Woods dans le sponsoring sportif : une analyse de Bettor.com, qui voit se profiler une nouvelle ère dans l’utilisation publicitaire du « Tigre » – retour annoncé au moins dans les publicités Nike du début 2011...
••• Une montre caméra dans le goût James Bond : c’est une vénérable antiquité du temps de la guerre froide (années soixante) quand les espions faisaient semblant de regarder l’heure pour filmer les scènes inavouables (montre-camera allemande Kilfitt, sans doute prototype, exhumée par Koony Sun)...
••• Une pièce unique à « flocons de neige » en diamants pour la Quadrirotor « foudroyée » d’Artya, soit l’alliance de la neige et du feu. Spectaculaire et original...
••• Pierre Jacques, qui abandonne la direction des Ambassadeurs Genève (révélation Business Montres du 15 décembre) abandonne également la direction du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, dont il avait mené avec succès la « professionnalisation » et le développement international. Un surcroît de travail pour Carlo Lamprecht, l’ancien président du Conseil d’Etat de Genève, qui met actuellement en place la Fondation chargée de piloter ce Grand Prix...
••• Juste pour le plaisir des yeux, et pour l’étincelle créative, un des films publicitaires les plus amusants de cette fin d’année : Magic Moment nous vend l’idée d’une carte accréditive qui donne de vrais privilèges à ses détenteurs. Légèrement sexy et très drôle en même temps que très percutant !
5)
••• UN NOUVEAU SITE POUR LES ADORATEURS DU BRACELET NATO...
... qui ne jurent que par le nylon rayé pour leurs montres vintage (bracelets inspirés par les bracelets réglementaires dans les armées de l’OTAN – NATO en anglais – dans les années soixante). Le site Bracelets-nato a été lancé par Martin Péneau, qui anime par ailleurs Le Blog des montres (France). Sa promesse : des bracelets « Made in UK » – et non plus chinois – vendus à des prix inférieurs à ceux qui sont proposés sur le Net (13,90 euros pour les 18 mm et 15,90 euros pour les 20 mm, comme le « James Bond original ». Ces bracelets sont fabriqués à Cardiff (Royaume-Uni), selon les spécifications du ministère anglais de la Défense, par Phoenix Straps, qui fournissait les forces armées britanniques dans les années 1970. Le site vend également quelques outils et accessoires horlogers, dont la pâte PolyWatch, parfaite pour repolir un verre de montre rayé [ça marche aussi pour les écrans de téléphone portable ou de iPod]...
6)
••• UNE HORLOGE « DOMINO » QUI TRANSFORME EN POINTS LES HEURES ET LES MINUTES...
... à l'aide de trois dominos géants posés côte à côte sur un mur : c’est non seulement décoratif, mais c’est aussi un des plus beaux objets du temps – tendance murale – de cette année. La ligne de cette Domino Clock en trois volets (création Carbon Design Group,Seattle, Etats-Unis) est d’une grande pureté. Bloc de gauche : les heures – ça tombe bien, on décompte jusqu’à douze points (blancs) sur un domino (noir). Bloc du centre : les dizaines de minutes : de 1 à 5, selon la disposition classique d’un domino. Bloc de droite : les unités de minutes (également selon la configuration classique d’un domino). Lisibilité parfaite des points blancs sur le noir du bloc. Spectacle réjouissant des changements simples ou multiples (12 h 59). Proportions justes de l’objet, qu’on peut découvrir en vidéo si on n’a pas bien compris la méthode de décompte des heures (00:36 mn). On peut parier que cette Domino Clock s’imposera comme une des icônes de l’horlogerie design des années 2010...
7)
••• UNE PRÉCISION INDISPENSABLE POUR QUELQUES LECTEURS...
... qui seront déçus d'apprendre que les quizz sur l’actualité horlogère de l’année 2010 récemment mis en ligne par Business Montres (15 décembre) n’ont rien d’officiel et ne constituent une épreuve probatoire pour l’obtention d’un quelconque diplôme horloger ! Il ne s’agit que d’un divertissement éditorial pour permettre à chacun de relire en s’amusant une partie de ce qui a (ou n’a pas) marqué la planète Montres en 2010...
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