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Un coup de projecteur sur certains des acteurs de l'horlogerie qui feront le plus parler d'eux en 2011, pour le meilleur comme parfois pour le pire !
(image ci-dessus : The Lineman, 1949, de Norman Rockwell)...
A)
••• ILS SONT SUSCEPTIBLES
DE DONNER LE TON
DANS LES DOUZE PROCHAINS MOIS...
Qu’ils patronnent des marques, des groupes ou des manufactures, on peut considérer qu’ils marqueront 2011 par leurs entreprises ou leurs propositions dans tous les domaines (par ordre alphabétique d’entrée)...
1)
••• (groupes) – BERNARD ARNAULT (LVMH) : qu’il entre ou non au conseil d’administration d’Hermès, il aura réussi une belle opération en prenant pied dans un actionnariat ultra-fermé, mais, s’il parvient à s'inviter autour de cette table, il prendra d’un coup plusieurs longueurs d’avance sur ses concurrents – une prise de contrôle d’Hermès pouvant avoir des conséquences horlogères non négligeables sur l’actuel rapport de forces dans l’industrie suisse...
2)
••• (marques) – JEAN-CHRISTOPHE BABIN (TAG Heuer) : on ne l’attendait pas sur le terrain de la performance chronographique ultime, mais il va donner un coup de pied dans la fourlilière en dévoilant bientôt la première montre-bracelet automatique dotée d’un mouvement « manufacture » précis au 1/100e de seconde. Un exploit horloger qui relègue loin derrière ses concurrents et qui fait de lui un challenger de poids pour faire (enfin) grimper TAG Heuer sur cette troisième marche du podium mondial au pied duquel la marque campe depuis plusieurs années...
3)
••• (enchères) – AUREL BACS (Christie’s) : le virtuose du marteau horloger a pris de l’avance sur ses rivaux, mais il va devoir défendre en 2011 la suprématie de la place genevoise face à ses nouveaux concurrents européens et internationaux. Après avoir solidement verrouillé son territoire de prédilection (les plus fameuses références de la légende horlogère), il doit maintenir prouver son excellence sur les marchés complémentaires (montres de poche, pendules historiques, pièces contemporaines, et.). Attention, grand spectacle à prévoir dans les salles de ventes !
4)
••• (motoristes) – ENRICO BARBASINI ET MICHEL NAVAS (La Fabrique du Temps) : les duettistes de la complication mécanique (ex-BN de BNB) devraient littéralement « exploser » en 2011, avec des innovations à 360° pour un large spectre de marques qui apprécient leur loyauté autant que la fiabilité de leurs propositions horlogères. En petites comme en grandes complications, dans un registre disruptif comme en néo-classique, on peut déjà parier qu’ils seront à l’origine d’une large part des montres les plus excitantes du premier semestre 2011.
5)
••• (marques) – JEAN-CLAUDE BIVER (Hublot) : comme le roi Midas, il transforme en or tout ce qu’il touche, mais, contrairement au roi phrygien, il sait prendre le recul nécessaire pour ne pas pousser trop loin ses talents. 2011 devrait être pour lui une année très philosophique, marquée par une nouvelle éthique du partage, de la collaboration et de l’enracinement de sa marque dans le réel comme dans la durée. Ce qui ne l’empêchera pas de nous offrir quelques-uns de ces « coups fumants » dont il a fait sa spécialité et qui font enrager la foule de ses suiveurs...
6)
••• (marques) – MAXIMILIAN BUSSER (MB&F) : année stratégique pour le « Petit Prince » de la nouvelle horlogerie, qui a adopté les bonnes dispositions de combat pour survivre à la crise, mais qui doit maintenant gérer un succès qui l’aspire vers les plus grands noms de l’horlogerie. Consolidation d’un statut de marque « comme les autres » et de futur « classique » qui l’obligera sans doute à se repositionner sur d’autres terrains que ceux de l’ovni qui dérange et du concept de rupture. Le gamin sympathique et turbulent réussira-t-il à se muer en adolescent prometteur ?
7)
••• (motoristes) – GEORGES KERN (IWC, Roger Dubuis, Baume & Mercier) : il a tenté un coup de poker d’une audace folle – relancer Roger Dubuis et Baume & Mercier sans quitter les rênes d’IWC – alors que personne ne donnait cher de sa peau en cas d’échec. S’il réussit son pari [et tout laisse penser que la dynamique est positive !], plus rien ne s’opposera à ce qu’il passe au stade supérieur, avec une vraie grande marque internationale de premier plan, au sein du groupe ou ailleurs. Un défi à suivre de très près en 2011...
8)
••• (groupes) – FABIENNE LUPO (Fondation de la Haute Horlogerie) : la nouvelle patronne de la haute horlogerie a tous les atouts en main pour faire de sa FHH une plate-forme de référence – transversale et indépendante – au cœur de l’échiquier horloger européen, à équidistance des marques, des créateurs, des amateurs, des détaillants et des fournisseurs. De quoi la placer au centre du jeu, bien au-delà de son actuelle légitimité de patronne du SIHH. Libre de ses mouvements depuis le retrait de Franco Cologni, elle a les pouvoirs d’ouvrir ou de refermer la conception qu’on peut se faire de la haute horlogerie : c’est de ce degré d’ouverture que dépend aujourd’hui la survie créative des beaux-arts du temps au XXIe siècle...
9)
••• (groupes) – NAYLA ET NICK HAYEK (SwatCh Group) : un frère et une sœur à la tête d’un empire, comme chez les pharaons égyptiens ! L’année 2011 sera décisive pour l’impact sur les clients du groupe de la cessation des livraisons d’ébauche et de la menace de l’arrêt des livraisons de mouvements. Dans le même temps, se joue la profitabilité du pôle luxe (confié à leur fils et neveu), ainsi que la crédibilité d’un haut management atteint par la limite d’âge et la pertinence d’une stratégie commerciale encore trop fragilisée par une monoculture quasiment monomarque en Asie. Le tout est désormais de transformer en atouts stratégiques des facteurs de faiblesse face à des concurrents toujours plus agressifs...
10)
••• (groupes) – FRANÇOIS-HENRI PINAULT (PPR-Gucci Group) : on sait qu’il a envie de faire un peu de shopping dans le luxe, et si possible au rayon horloger, mais personne n’a encore deviné quels sont les ressorts de sa stratégie, ni même s’il en a établi une. Chez qui remplira-t-il son panier et que rapportera-t-il du marché pour créer le pôle d’horlogerie de luxe sans lequel un groupe international n’est pas crédible ? On en saura forcément davantage en 2011, quand il aura réglé l’addition de son ambition horlogère, renforcée par sa passion personnelle pour les belles montres...
11)
••• (marques) – STANISLAS DE QUERCIZE (Van Cleef & Arpels) : après avoir présenté en 2010 la collection la plus aboutie, centrée autour d’un Pont des Amoureux unanimement reconnu comme une des plus belles montres de l’année, le président de Van Cleef & Arpels peut-il recommencer son exploit ? Il a misé sur Jules Verne pour étayer son nouveau lyrisme mécanique, cet art de raconter des belles histoires de « complications poétiques » (Business Montres a ainsi forgé le concept d’« horlogerie narrative »). La minutieuse rigueur de son impeccable parcours horloger chez Van Cleef & Arpels le destine à présent à de plus importantes responsabilités au sein du groupe Richemont...
B)
••• ONZE TALENTS
QUI PROMETTENT DE RÉVEILLER
ET D’INFLUENCER PLUS OU MOINS FORTEMENT L’ANNÉE 2011...
••• 1) YVAN ARPA (Artya) : le dynamitero aux multiples casquettes (cette année : Jacob & Co, Artya, Black Belt et quelques autres concepts plus ou moins... volnatomisés) fait tout pour être à la hauteur de sa réputation de bad boy disruptif qui ne laisse personne indifférent. Il a préparé pour 2011 de quoi nous distraire sans jamais nous lasser...
••• 2) MATHIAS BUTTET (Hublot-Confrérie Horlogère) : « maître des forges » (comprenez : des robots d’usinage et des ateliers) de la manufacture Hublot, il peut enfin donner le meilleur de lui-même tant dans la production que dans l’imagination de nouvelles solutions horlogères, comme en témoignera son projet Anticythère, appelé à marquer 2011...
••• 3) JEAN-FRÉDÉRIC DUFOUR (Zenith) : avec un subtil mélange de séduction et de rouerie, il sait marier fausse candeur et calcul stratégique pour imposer la nouvelle image de sa manufacture, à l’orée de la haute horlogerie de luxe, exactement là où les rêves des amateurs cristallisent en intentions d’achat. 2011 devrait confirmer le retour de Zenith chez ceux qui font la course en tête...
••• 4) MANUEL EMCH (RJ-Romain Jerome) : il a rassuré son actionnaire, remobilisé son réseau, ressoudé ses équipes et relancé une dynamique créative qui devrait lui permettre de réaffirmer son identité et la singularité de son style. Avec ou sans volcan islandais, il a toujours quelques idées d’avance pour une éruption permanente de nouvelles idées...
••• 5) LAURENT FERRIER ET OLIVIER MULLER (Laurent Ferrier) : révélation de l’année 2010, la marque Laurent Ferrier doit confirmer sa nouvelle place en tête du peloton tout au long de 2011. Laurent Ferrier et son complice Olivier Muller préparent des nouveautés qui devraient bousculer l’idée qu’on se fait de la tradition horlogère et qui donneront un coup de vieux à de vénérables institutions.
••• 6) ERIC GIROUD (designer) : le millésime horloger 2011 a toutes les chances d’être un « grand cru Giroud », avec plusieurs montres dont on parlera, en Suisse, en Europe et en Asie. Il s’amuse comme un fou dans tous les compartiments du jeu, en haute horlogerie comme dans les montres accessibles, la mode et même ailleurs...
••• 7) FRÉDÉRIC DE NARP (Harry Winston) : et si 2011 était l’année du grand retour – souvent annoncé, toujours espéré, mais rarement constaté – d’Harry Winston sur le devant de la scène ? Tout est prêt pour un nouvel acte : les hommes, les produits et la stratégie, voire même les budgets (le groupe ayant reconstitué sa trésorerie). Il s’agit maintenant de profiter de cette exceptionnelle « fenêtre de tir »...
••• 8) JEAN-FRANÇOIS MOJON (Chronode) : le meilleur « horloger constructeur 2010 » (Grand Prix de Genève) est sur tous les fronts de la création et on le retrouve derrière beaucoup des montres les plus intéressantes de 2011. Il n’a pas fini de nous étonner... et de nous emballer !
••• 9) JESSICA SBARAGLIA ET JEAN-FRANÇOIS RUCHONNET (Ultraluxum) : ils ont créé une centrale d’énergie créative au service des marques de luxe (existantes, nouvelles ou à venir). Cabestan et Snyper ne leur suffisant plus, on les repérera bientôt sur d’autres théâtres d’opération, horlogers ou extra-horlogers. Avec eux, on ne s’ennuie jamais !
••• 10) JEAN-MARC WIEDERRECHT (Agenhor) : poète subtil de la néo-complication mécanique, il sait jouer sa petite musique sans effets sonores inutiles. La fidélité de ses clients témoigne de la pertinence de ses créations, mais il devrait encore nous surprendre en 2011 par la délicatesse de son style horloger très particulier...
••• 11) FRANCIS YEOH (YTL Corporation, Malaisie) : Tan Sri Dato, sir Francis Yeoh Sock Ping, commandeur de l’excellentissime ordre de l’empire britannique, a investi dans tous les « tuyaux » possibles et imaginables de la distribution en Asie (Sincere, Hengdeli, etc.). Le jour où il consolidera tout ça, les marques suisses le trouveront moins gentil...
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