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Breguet pour la mécanique au silicium, Marvin pour le numérique d’avant-garde, Louis Moinet pour l’astronomie horlogère.
À la veille de la Wonder Week, ON PEUT SE POSER LA QUESTION DE SAVOIR...
1)
••• SUR QUELLE APPLICATION NUMÉRIQUE SE JETER TOUT DE SUITE ?
Réponse : sur le travail de 3D interactive réalisé par RTC (Real Time Concept, Nicolas Ruchonnet) pour le chonographe Sébastien Loeb de Marvin. C’est l’entrée dans cet âge de la 3D interactive dont parlait récemment Business Montres pour ses « mots-clés de 2011 » (5 janvier, mot-clé n° 1). Le Web Player Marvin Watch réinvente tout simplement la présentation des montres sur Internet : avec la souris, on peut faire tourner la montre dans tous les sens, sur 360°, au besoin en se servant d'un zoom pour regarder de plus près certaines parties, notamment le mouvement, visible à travers le fond saphir, et la masse oscillante, qui accompagne le déplacement de la montre ! Bluffant...
• Côté fonctionnalités, on déclenche et arrête le chrono avec la souris (même glissement de souris pour la remise à zéro), avec l’affichage du temps (analogique) sur la montre et un décompte numérique sur les côtés. A tenter sur le modèle mécanique – qui porte les sept étoiles du champion du monde – comme sur le modèle quartz. Ceux qui n’ont pas compris à quoi servaient les ressorts rouges entre les cornes n’ont qu’à tenter la démonstration – un clic de souris suffit (et ça marche dans toutes les positions de la montre).
• Etape suivante pour cette équipe qui a déjà conçu une animation similaire pour Bvlgari (iPhone et iPad, cette fois) : une interactivité encore plus poussée avec l’internaute, et pourquoi pas avec sa webcam pour des tests au porter virtuels. Décidément, les outils numériques sont bien en train de révolutionner la communication horlogère...
2)
••• QUELLE EXPOSITION NE MANQUER SOUS AUCUN PRÉTEXTE À LA CITÉ DU TEMPS DE GENÈVE ?
Réponse : celle que Breguet consacre, dès demain et jusqu’au 13 février, à la « révolution horlogère du 10 Hz », dans son espace de la Cité du Temps (pont de la Machine). Logé dans une Type XXII, le calibre battant à la vitesse phénoménale de 10 Hz (72 000 alternances/heure) avait fait une apparition des plus furtives à Baselworld 2010, avant de repartir en immersion totale : il revient pour affirmer sa prouesse technique de premier chronographe mécanique de série calé sur une fréquence de 10 Hz, performance autorisée par un échappement en silicium (roue d’échappement, ancre) qui résoud les classiques soucis de lubrication à hautes fréquences les huiles se trouvent « ventilées » et dispersées]. On va enfin pouvoir détailler cet échappement « révolutionnaire et ce qu’il apporte à l’horlogerie.
• On sait que les (très) hautes fréquences tentent de plus en plus de marques : Zenith, qui a maintenu la flamme envers et contre tout, mais aussi De Bethune, Chopard, Seiko, Rolex (étude en cours) ou même... TAG Heuer, qui présentera aussi la semaine prochaine un mouvement chronographe automatique de série conçu pour 360 000 alternances/heure...
3)
••• QUELLE EST LA MARQUE QUI ILLUSTRE LE MIEUX LE NOUVEAU « CULTE DU DÉTAIL » ?
Réponse (provisoire) : Louis Moinet avec son Astralis. Le « culte du détail » figurait parmi les onze macro-tendances analysées comme « structurantes » par Business Montres (8 janvier, point n° 8). Louis Moinet s’en donne à cœur joie avec son Astralis, nouveauté qui sera présentée pendant la Wonder Week genevoise (GTE) : la montre en série limitée (12 pièces) offre un cocktail de complications sans doute encore jamais tenté (tourbillon astral, chronographe à rattrapante et planétaire météoritique), mais elle se distingue surtout par la somme de ses marqueurs identitaires (image ci-dessus)...
• Sur le plan esthétique, au-delà de l’enchevêtrement des affichages et des ponts détaillés ci-dessous, c’est d’abord le « planétaire » à 6 h qui attire le regard sous son champ d’étoiles : il opère une rotation en 24 h, pour présenter successivement, sur fond d’aventurine, quatre fragments de météorites (réelles) issus de quatre « planètes » (Lune, Soleil, Mars, Soleil : cartouche de l'image ci-dessus) – le coût au gramme de ces météorites dépasse celui du plus précieux des métaux...
• Venons-en maintenant aux autres propositions de la montre : à 11 h, le tourbillon (lui aussi présenté sur un fond en aventurine), développé sur la base d’un ancien calibre Venus revu et corrigé, qui abrite également un chronographe à aiguille rattrapante et roue à colonnes bleuie. Détail intéressant : l’étoile filante gavée à la main sur l’aiguille de la rattrapante.
• Autres raffinements exclusifs : le guillochage « Côtes du Jura » du cadran (propre à Louis Moinet), les aiguilles « Gouttes de rosée », les poussoirs »champignon » gravés d’une rose des vents, le poussoir de la rattrapante dans la couronne, la lunette aux six vis, le boîtier ultra-complexe (50 éléments) en 46 mm, la fleur de lys Louis Moinet en applique, le très chic « Fabriqué en Suisse » préféré au banal Swiss Made. Rien n’a été laissé au hasard, pas même la doublure en crocodile du bracelet en alligator...
• Astralis : mieux que le culte du détail, la passion de l’excellence à tous les niveaux ! Après, des goûts et des couleurs, on discutera longtemps...
4)
••• COMBIEN IL FAUT DE CARRÉS POUR FAIRE UN DAMIER ?
Réponse : question de subtilité face à cette question bizarre ! Sous forme de calendrier, la proposition des créateurs-designers du studio White (« Barth » Nussbaumer et « Manu » Romero, Neuchâtel) prouve qu’ils ont réfléchi à l’essence du concept de luxe comme à l’existence du concept de marque...
5)
••• POURQUOI UN CONSOMMATEUR AVERTI N’EN VAUT PAS DEUX...
Réponse : à cause des réseaux sociaux, qui rendent les acheteurs plus conservateurs et les vendeurs plus sélectifs. Démonstration scientifique prouvée par une équipe de chercheurs, qui ont publié leur étude portant sur 13 700 internautes dans Marketing Science (« The Impact of Customer Community Participation on Customer Behaviors : An Empirical Investigation ») : eBay a voulu créer des « communautés » pour fidéliser les internautes et augmenter leur « panier moyen ». Sauf que ce réseau social a réduit le volume des échanges en rendant les consommateurs plus experts !
• Une façon de faire comprendre aux marques qu’elles ne peuvent pas ne pas s’engager dans les réseaux sociaux (sous peine de passer pour arrogantes ou méprisantes), mais que cette implication dans le « web social » peut ménager des surprises et déboucher sur des conséquences imprévues. Le défi n’est pas d’être ou ne pas être social (puisque la question ne se pose même plus), mais de trouver la stratégie pertinente pour limiter les risques et profiter au mieux de ces réseaux sociaux en fonction de chaque projet d’entreprise...
6)
••• QUI EST EXACTEMENT OLIVIER TSCHUMI (HORLOGER SUISSE ENLEVÉ AU MEXIQUE) ?
Réponse : le créateur et le propriétaire des montres Miliswiss, sorte de déclinaison purement hispanique des clones de Victorinox, avec croix suisse et Swiss Made certifié sur facture. La marque est enregistrée en Suisse. Business Montres (12 janvier, info n° 7) annonçait récemment l’enlèvement crapuleux d’Olivier Tschumi au Mexique, pays où il a développé la distribution de ces montres à partir de sa base de Cuernavaca (la ville chère à Malcolm Lowry, qui y a situé Au-dessous du volcan). Sa marque est également distribuée au Pérou, où il l’a lancée en avril 2009, comme on peut le découvrir sur les images de l’événement, où Olivier Tschumi apparaît en compagnie de ses représentants locaux. Il n’est cependant pas répertorié à l’AEMS (Association des entreprises mexicano-suisses) et il apparaît, de source locale, que son activité horlogère est secondaire par rapport à ses achats d’or et de métaux précieux [ce qui pourrait justifier le choix de ses ravisseurs : mieux vaut un marchand d’or local qu’un « horloger » suisse] !
• Sur Google Maps, à son adresse (General Mariano Arista 12B, Centro, Cuernavaca), le mode Street View nous dévoile, avec le logo de Miliswiss, une Relojeria Aleman qui ne transpire pas le luxe et qui tient plus du petit atelier provincial de réparations horlogères (pauvre, mais digne) que du flagship de grande classe. De là à penser que les ravisseurs se sont trompés de cible...
7)
••• QUI EST LE PLUS COURTOIS DES EXPOSANTS INDÉPENDANTS DU SALON GTE ?
Réponse : Thierry Fresart, le président de Saint-Honoré. Il précise aux journalistes : « Par souci de déontologie et pour ne pas vous mettre en porte à faux vis à vis du groupe Richemont (qui vous invite les trois premiers jours de la semaine), Thierry Fresart, président de Saint Honoré, serait heureux de vous rencontrer sur son stand au GTE (Geneva Time Exhibition) le jeudi 20 janvier pour vous présenter les perspectives 2011 de la marque »...
8 (x 8)
••• QUELLES « PETITES INFORMATIONS » MÉRITERAIENT UN DÉTOUR CE JEUDI ?
Réponse : celles qui captent l’air du temps, celles qui réenchantent le monde et celles qui enrichissent le quotidien d’un sourire, d’un clin d’œil ou d’une saine indignation...
••• Fabienne Lupo (SIHH) super-star : on repère ces jours-ci la « dame de fer du SIHH » dans Actu PME, dans Tribune de Genève (« Pendant le salon, je suis sur le pont 24 heures sur 24 ») et dans L’Agefi (« Le paradoxe de la haute horlogerie : le succès se mesure sur une certaine baisse de la fréquentation »)...
••• Cet après-midi, 13 janvier, à 16 h 30, ouverture de l’antenne pour la nouvelle webradio horlogère internationale What Time Is It : premier invité du live-call show de Meehna Goldsmith et Jérôme Pineau, Max Busser (MB&F)...
••• Encore une Deep Sea, mais pas chez Rolex : au SIHH, Jaeger-LeCoultre devrait rendre un hommage à sa Memovox Deep Sea (lancée en 1959), première montre automatique dotée d’une alarme, avec le lancement de deux séries limitées de Memovox Tribute to Deep Sea, directement reprises de l’ancienne édition (source : Le Club/Jaeger-LeCoultre)...
••• Le prototype d’une horloge mécanique dix fois millénaire : le projet Long Now (conception et construction d’une horloge mécanique capable de fonctionner 10 000 ans) en est au premier prototype, actuellement exposé au musée des Sciences de Londres. Des images et des technologies micro-mécaniques stupéfiantes, avec une moisson de nouvelles idées horlogères, développées sans la moindre implication des marques suisses...
••• Certina (Swatch Group) resigne avec l’écurie Sauber dans le championnat du monde de Formule 1 et accroît même la présence de son logo sur les voitures et sur les casques des deux pilotes engagés dans la compétition. Ce partenariat remonte à 2005 : à force, même sans résultats sportifs majeurs, ça finit toujours par payer...
••• « Jésus porterait une Rolex » : une vraie chanson oubliée du regretté Ray Stevens qui enchantera tous les amateurs de bizarreries horlogères (repérée grâce à Ed The Grocer, de Chronomania). Hilarant !
••• La nouvelle marque OwnEdition (...
••• Olivier Mag, dont le one man show (« La vie sans Rolex ») a déjà été signalé par Business Montres (8 septembre, info n° 8) est la nouvelle vedette des pubs télé de la Freebox Revolution (« M. Easy »)...
9)
••• SI LA MONDIALISATION PEUT S’EFFONDRER DANS LES ANNÉES QUI VIENNENT ?
Réponse : question idéologiquement très sensible, mais qui se trouve très directement liée à l’avenir de l’actuelle horlogerie, dont l’insolente prospérité de ces quinze dernières est assise sur le succès de cette globalisation. Deux éléments de réflexion sur cette mondialisation :
• L’avis d’un expert réputé, Hervé Juvin, dans une conférence donnée à l’Ecole militaire (Paris, France). Il y prédit l’« effondrement de la mondialisation » : trois épisodes d’un débat vraiment passionnant)...
• Le point de vue d’un philosophe : dans Le Monde, Edgard Morin critique cette mondialisation (« Mais le probable n'est pas certain et souvent c'est l'inattendu qui advient. Nous pouvons appliquer à l'année 2011 le proverbe turc : "Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra." »)...
••• EN FILIGRANE DE CES INTERROGATIONS sur la mondialisation, le statut de la montre comme symbole quasi-magique de l’arraisonnement du monde par le « moteur aux trois visages mondialisation-occidentalisation-développement » dont parle Edgar Morin. Si la montre-bracelet de luxe finissait par être définitivement assimilée aux excès d’une mondialisation contre laquelle les peuples se rebellent et qu’ils rejettent, ce serait une catastrophe « industrielle » aussi destructrice que la précédente « crise du quartz »...
• Or, c’est exactement ce qui s’est passé en France avec la Rolex de Nicolas Sarkozy, la marque devenant l’otage symbolique d’un conflit idéologique et du refus d’une vision purement techno-économique du monde. Ce qui est arrivé à Rolex peut arriver à l’ensemble d’une activité économique et d’une industrie emblématique du luxe et du règne de l’argent, qui se trouverait dès lors frappée d’indignité internationale. On jetterait le bébé montre avec l’eau du bain de l’occidentalisation. Attention, danger !
• Et l’effondrement de la mondialisation signifierait également la fin de l’économie horlogère telle qu’elle s’est rebâtie depuis quinze ans en élargissant au monde entier son socle de clientèle. La Bulle Epoque est née de cet élargissement brutal du champ opératoire travaillé par les horlogers : il a fallu d’urgence redimensionner l’offre et sa communication aux dimensions du nouveau village planétaire. Si la globalisation échouait et que les frontières se refermaient, que se passerait-il s’il fallait redimensionner – mais cette fois à la baisse – tout l’appareil de production ?
10)
••• QUELLES BONNES RÉSOLUTIONS 2011 POUR GARDER LES NEURONES EN ÉVEIL ?
Réponse : consulter Bernard Petitjean, un des gourous français du conseil médias (Seprem), qui nous les livre dans une de ses chroniques « Matière à réflexion » de la rentrée :
• 1) OBSERVER TOUT, PARTOUT, TOUT LE TEMPS : « La chance n’existe pas. Ce que vous appelez chance, c’est l’attention aux détails » (W.Churchill)...
• 2) DISCERNER LES SIGNAUX FAIBLES : « Les idées qui bouleversent le monde marchent à pas de colombe » (G-W-F Hegel)...
• 3) APPRENDRE, ENCORE ET TOUJOURS :« Avant de rêver, il faut savoir » (J. Rostand)...
• 4) REVER L’IMPOSSIBLE : « La passion favorite de l’esprit humain est toujours de croire à la possibilité de l’impossible » (S. Zweig)...
• 5) DECIDER DE BOUGER : « C’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser » (A. de Rivarol)...
• 6) IDENTIFIER ET PENSER LA DIFFERENCE : « L’innovation consiste à voir ce que tout le monde a vu et à penser ce que personne n’a pensé » (A. Svent-György)...
• 7) FIXER L’OBJECTIF : « Un problème sans solution est un problème mal posé » (A. Einstein)...
• 8) AFFINER LE POSITIONNEMENT : « Choisir, donc exclure » (H. Bergson)...
• 9) TESTER : « J’entends et j’oublie. Je vois et je me souviens. Je fais et je comprends » (proverbe chinois)...
• 10) SURMONTER LES CONTRADICTIONS : « Je n’ai jamais rien appris d’une personne qui était d’accord avec moi » (D.F. Malone)...
• 11) SE LANCER : « Aucune bataille n’a jamais été gagnée par les spectateurs » (J. Le Carré)...
• 12) RESTER LUCIDE, QUOI QU’IL ARRIVE : « Avoir l’optimisme de la volonté et le pessimisme de la réalité » (A. Gramsci)...
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