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L’industrie du luxe se porte comme un charme
 
Le 18-01-2011

Genève est, jusqu’à vendredi, au centre de l’horlogerie haut de gamme. Reportage entre sourires et discrétion

Difficile de s’imaginer dans la halle 5 de Palexpo. Au Salon international de la haute horlogerie (SIHH), qui a ouvert hier ses portes à Palexpo, l’ambiance est classe et feutrée. Moquette soyeuse, faux plafonds et lumière tamisée nous transportent dans une ambiance réservée au show horloger de l’année. Cet événement destiné aux professionnels est devenu le must incontour­nable de l’horlogerie: 19 marques exposantes sont là pour accueillir quelque 12 000 visiteurs, soigneusement sélectionnés.


«Nous sommes souvent critiqués pour notre sélectivité, mais ce qui est small est beautiful», a expliqué Fabienne Lupo, directrice générale de la Fondation de la haute horlogerie. «Les détaillants et distributeurs les plus significatifs du marché ont été invités», précise-t-elle. A titre de comparaison, Baselworld accueille environ 100 000 visiteurs.


«La reprise est bien là»
C’est donc la crème de l’horlogerie de luxe qui vient passer commande durant cinq jours à Genève. Et la tendance est plus que prometteuse. Comme l’a confirmé le conseiller d’Etat Pierre-François Unger, qui a notamment déclaré: «Genève a bien résisté à la crise économique même si certaines de ses industries en ont souffert. Mais les exportations sont à la hausse et c’est avec plaisir que j’inaugure ce salon, qui se déroule sous de très bons auspices.»


En effet, le secteur bénéficie d’un retour à une très bonne conjoncture après la crise de 2009. Le segment de l’horlogerie haut de gamme a quant à lui davantage progressé l’an dernier que les exportations horlogères de la Suisse dans son ensemble. Chez Richemont, par exemple, le trimestre clé s’achevant en décembre 2010 s’est soldé par une hausse des ventes de 23%. Chez Audemars Piguet, on confirme cette tendance: «Nous sommes très confiants, c’est vrai. L’économie a connu des hauts et des bas ces dernières années mais la reprise est bien là», explique Octavio Garcia, directeur artistique de la marque du Brassus. Chez le fabricant, la progression dépasse le seuil de 4%, la manufacture vaudoise ayant
produit l’an dernier 25 000 pièces contre 24 000 en 2009.


Et la cherté du franc l’affecte peu. Le directeur des ventes, Wolfgang Sickenberg, estime que «les ventes en francs ne représentent pas la majorité de nos ventes même si le marché suisse reste un marché stratégique». Les ventes en euros et dollars favorisent l’attractivité du marché européen, rappelle l’industriel: «N’oublions pas les touristes chinois, coréens, japonais ou d’Amérique latine qui achètent en zone euro ou dollar. L’avantage est donc donné aux voyageurs dont les devises sont élevées.» Par ailleurs, Wolfgang Sickenberg souligne que «les pays comme l’Inde, le Brésil, la Russie, l’Argentine ou encore la Chine ont des structures de taxes particulièrement prohibitives sur les biens liés au luxe, d’où leurs achats effectués à l’étranger.» Les pays les plus affectés, ajoute-t-il, sont ceux qui n’ont peu ou pas de tourisme et vivent essentiellement avec une clientèle locale. Et de conclure: «Il faut donc adapter les prix sur la plupart des marchés euro/dollar et sur les marchés les plus affectés.»


Alors que les coupes de champagne et les bouchées de crevettes sont proposées sur des plateaux d’argent, la crise financière semble donc bien loin du SIHH. «En 2009, certains clients étaient gênés d’acquérir des produits haut de gamme et d’afficher ainsi leur fortune. Maintenant, ils peuvent de nouveau se faire plaisir, particulièrement les Chinois dont le niveau de vie a beaucoup augmenté», confirme Véronique Goerg, chargée de presse chez Piaget.


Fins connaisseurs
Originaires de Corée, de Hongkong ou encore du Japon, les Asiatiques sont de fins connaisseurs: «Ils recherchent des produits de petit gabarit, ajoute Véronique Goerg, et aiment particulièrement les diamants. Porter une montre sertie en or jaune ne posera aucun problème à un Chinois, par exemple.»


Et puis, si les détaillants découvrent les nouveautés des marques sous les flashes des photographes de presse, c’est dans des endroits bien plus discrets que les commandes sont passées. «Chaque marque dispose à l’arrière de son espace de dizaines de bureaux et c’est là que les négociations peuvent démarrer», précise Octavio Garcia. Si les prix des montres ne sont pas affichés en vitrine, on n’oublie donc pas pour autant de discuter chiffres sur les sofas en cuir des arrière-boutiques.

Anne-Elisabeth Celton et Roland Rossier - Tribune de Genève

 



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