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Impossible de publier simultanément toutes les images de ces bonnes surprises le même jour : le Quotidien des Montres vous les présentera régulièrement dans les semaines qui viennent.
En attendant, QUE FALLAIT-IL IMPÉRATIVEMENT VOIR AVANT LA FERMETURE DES SALONS ?...
••• DÉJÀ, LES PREMIERS BULLETINS DE VICTOIRE
SONT LANCÉS PAR LES MARQUES...
Bien sûr, il n’est pas question de nier l’évidence d’un niveau de commandes plus que satisfaisant et de l’optimisme général concernant l’évolution des marchés. Quels marchés ? L’Asie évidemment, mais la dynamique est beaucoup moins perceptible dans les marchés plus traditionnels, sauf quand ils sont exposés au passage des touristes asiatiques.
•••Prudence donc, et méfiance vis-à-vis des premiers communiqués concernant la fréquentation des salons, d’autant qu’il faudra tenir compte des évolutions dans ces statistiques globales : plus de détaillants physiques ou moins de raisons sociales ? Plus de médias représentés ou moins de journalistes physiques ? Plus d’Asiatiques ou moins d’Américains ? Moins de professionnels proche-orientaux ou plus de parallélistes russes ? L’heure des vrais bilans approche...
••• Quelques bonnes surprises d’une journée de chasse : on pouvait ces jours-ci se faire plaisir dans toutes les expositions de la Wonder Week (par ordre alphabétique de marque)...
1)
••• LA NOUVELLE VAGUE DES NOUVEAUX TOURBILLONS (TOUS SALONS CONFONDUS)...
On disait le tourbillon mort et banalisé au point de lasser les amateurs. S’il est vrai que l’effondrement apparent du marché officiel russe a porté un coup sévère aux ventes de cette complication, il semblerait que d’autres marchés, en Asie et au Proche-Orient, mais aussi dans les pays de l’ex-URSS (marché non officiel), prennent le relais et redonne des couleurs aux manufactures de tourbillons. Depuis quelques mois, une marque non-spécialiste comme RJ-Romain Jerome ne doit pas être loin de la centaine de pièces, aux limites du stock disponible. Au salon GTE, une marque tout aussi peu spécialisée que Snyper affirme avoir enregistré une trentaine de commandes de son prochain tourbillon (uniquement disponible en image de synthèse, le mouvement étant manufacturé par Les Artisans Horlogers de Laurent Besse). Même constat pour les maisons dont le tourbillon a toujours été le fond de commence : Piaget le décline en extra-plat (5,3 mm d’épaisseur, une performance) et Richard Mille fait de cette minceur le principal argument de sa nouvelle RM 017, avant de jouer l’ultra-légèreté de la « Bubba » RM 038 en magnésiu-aluminium ; Audemars Piguet l’automatise dans son chrono Royal Oak Offshore et Cartier le met en orbite quand Greubel Forsey le renverse en repensant totalement les rouages de son quadruple tourbillon (deux doubles) Invention 2. Hublot le transforme en Carrousel dans sa King Power. Concepto (Valérien Jaquet) vendrait encore plus de calibres tourbillon s'il pouvait les fabriquer et le risque de pénurie se profile dans les vallées, maintenant que les marques ont compris que la pompe était réamorcée. Sauf exceptions qui confirment la règle et avancées techniques de premier plan (Greubel Forsey, Richard Mille), les tourbillons ont toujours été un prétexte à rançonner les amateurs en alourdissant les carnets de commandes passées par les détaillants : donc, c'est reparti sur les marchés émergents...
2)
••• LE RETOUR AU MEILLEUR NIVEAU DE A. LANGE & SÖHNE (SIHH)...
La manufacture de Glashütte affirme sa nouvelle maturité [on revenait de loin !] en réussissant son grand écart entre le rétro-classicisme très travaillé du nouveau tourbillon « Pour le mérite » (Business Montres du 27 décembre) et la déclinaison Striking Time de l’ultra-contemporaine Zeitwerk, en passant par l’exercice obligé de l’année dans le « style SIHH » (relance de la collection Saxonia en ultra-mince). Des lignes affinées au dixième de millimètre, une esthétique enfin débarrassée des pesanteurs du « style néo-saxon », une intégrité mécanique réaffirmée, une marque en disposition de combat pour repartir à l’attaque de ses marchés : pourquoi bouder son plaisir à l’aube d’une renaissance ?
3)
••• L’EXTRAORDINAIRE COLLECTION JOAILLIÈRE DE CARTIER (SIHH)...
Si bonne surprise il y a, ce n’est pas de trouver Cartier à ce niveau d’excellence. Alors que l’horlogerie Cartier semble cett année bégayer sans vraie force de conviction et sans grande originalité d’expression par rapport aux autres années, l’étonnement naît de l’homogénité dans l’excellence de toute une collection de joaillerie, pratiquement sans fausse note. Il faudra revenir plus tard sur le tourbillon crocodile, magnifique expression de cette horlogerie narrative et figurative identifiée ici même comme une des tendances lourdes de l’année (Business Montres du 8 janvier, tendances n° 4, 8 et 10). Montée en puissance dans les vertiges précieux de la collection Mille et une heures, qui confirme l’émergence d’une nouvelle mode des « montres à secret » [heures cachées par des cabochons sur des bracelets joailliers]. On rangera également dans cette excellence les « gourmandises » serties de la collection Délices...
4)
••• LA NON MOINS EXTRAORDINAIRE COLLECTION DES MÉTIERS D’ART DE CARTIER (SIHH)...
Là encore, ce n’est pas l’importance attachée par Cartier aux métiers d’art qui est souligné, mais l’impressionnante cohérence de la collection 2011 dans la mise en valeur de métiers d’art célébrés par Cartier depuis près de 160 ans. On y verra la confirmation de la tendance narrative-figurative-animalière, interprétée ici avec une magistrale maîtrise graphique et esthétique (Business Montres du 8 janvier, tendances n° 4, 8, 9 et 10). On avait rarement mobilisé autant de savoir-faire au service de montres précieuses, rhabillées d’émaux, de marqueterie de bois, de mosaïques et de haut-reliefs. Ce bestiaire émotionnel doit évidemment beaucoup au nouveau « bon goût chinois » pour l’horlogerie décorative : loués soient les amateurs asiatiques qui ont poussé les marques à renouer avec les racines de leurs traditions artisanales !
5)
••• LA QUINTESSENCE NÉO-CLASSIQUE DE GIRARD-PERREGAUX (SIHH)...
La nouvelle 1966 Petite seconde se pose cette année en parangon de l’esprit néo-classique et de l’explosion du « style SIHH » pronostiqué par Business Montres (12 novembre, info n° 7) : heures-minutes, petite seconde et minceur élégante. En 40 mm, avec un discret mais très fiable mouvement automatique, une généreuse petite seconde à 6 h sur le cadran en émail grand feu permet de rester fidèle à l’esprit des anciennes montres de poche. Réussite totale, qui arrive au bon moment avec les bons arguments et qui dépasse d'emblée les propositions plus opportunistes des concurrents : un superbe hommage des héritiers de Gino Macaluso aux traditions d’une maison qui fête cette année les 220 ans de son établissement par Jean-François Bautte à Genève...
6)
••• LA DÉLICATE PUISSANCES DES GRAVURES DE CORNELIUS & CIE (GTE)...
Kees Engelbarts est-il le meilleur « sculpteur » graveur horloger de sa génération ? Si sa marque Cornelius & Co a connu un trou d’air, au point d’être un peu rapidement et abusivement « mise en sommeil » par Business Montres (6 juillet 2009), ses dragons minutieusement ciselés, presque écaille par écaille, soulèvent d’enthousiasme les détaillants asiatiques qui les découvrent. Ces mêmes dragons stupéfient les amateurs qui en restent interdits, bouche bée et les bras ballants : dans cette configuration, le tourbillon devient parfaitement anecdotique et se contente de souligner la soumission de la mécanique à la force d’une l’esthétique raffinée dans les moindres détails (image ci-dessus : détail, juste pour le plaisir des yeux). La façon dont les grandes et les petites marques – toujours à la recherche de nouvelles expressions figuratives – sont passées à côté d’un Kees Engelbarts reste symptomatique de l’intoxication collective au marketing et au profit à court terme...
7)
••• LA VITESSE SUPERSONIQUE MAINTENUE ET MÊME ACCÉLÉRÉE PAR HUBLOT (HÔTEL KEMPINSKI)...
La bonne question à se poser à chaque rentrée : verra-t-on se calmer cette année l’incendie Hublot ? Question complémentaire : comment se fait-il que ce qui n’aurait dû être qu’un feu de paille embrase à ce point la jungle horlogère ? Question 1 : réponse négative ! Question 2 : ça défie toutes les lois connues de l’économie ! L’« art de la fusion » cher à Jean-Claude Biver est en grande part celui de la fusion léthale des neurones chez les analystes d’un phénomène commercial exceptionnel, qui ne semble échapper à toute rationalité que pour mieux souligner l’indigence de nos routines intellectuelles. Donc, gros succès marchands des premières collections 2011, qu’on parle des Tutti Frutti [Hublot pourrait en vendre le triple ou le quadruple si les quantités n’étaient pas bridées], des cadrans opalins pour les Classic Fusion, de la Mag Bang, des tourbillons manufacture ou de l’extraordinaire Brick Bang en céramique sculptée comme une architecture de basilique romane (Business Montres reviendra sur toutes ces pièces après la Wonder Week). Indiscrétion au hasard d’un listing comptable : on a déjà vendu près de 35 000 montres Hublot en quatre jours, pour un total qui dépasse les 48 millions de francs suisses. Et la semaine n’est pas finie : la moisson genevoise devrait finalement avoisiner les 60 millions de francs. Hublot : la marque en apesanteur !
8)
••• LA PERCÉE LARGEMENT CONFIRMÉE DE LAURENT FERRIER (GTE)...
Etonnant succès de la marque Laurent Ferrier, nouvelle manufacture dont l’attractivité ne se dément pas, auprès des amateurs comme auprès des détaillants, qui ont largement passé commande non seulement du tourbillon Galet (meilleure montre masculine au Grand Prix d’Horlogerie de Genève), mais aussi de la version « tourbillon à secret » présentée au GTE et surtout de la Laurent Ferrier n° 2 qui sera présentée à Baselworld dans quelques semaines et qui proposera un calibre très innovant, autant par l’ingéniosité de son micro-rotor que par son échappement nouvelle génération, le tout dans un boîtier trois aiguilles d’une simplicité ostentatoire. Précision utile : pour une maison à vocation élitiste, largement signifie quelques dizaines de pièces commandées... De toutes les nouvelles marques de la fin des années 2000, Laurent Ferrier s’impose clairement comme la plus potentiellement pérenne et la plus vouée à une institutionnalisation « classique ». Les grands détaillants comme Mike Tay (The Hour Glass) ou Liam Wee (Sincere) ne s’y sont pas trompés...
9)
••• LE FABULEUX MUSÉE AUTOMOBILE ÉPHÉMÈRE CRÉÉ PAR TAG HEUER (ESPACE SÉCHERON)...
Pour sa première intervention pendant la Wonder Week genevoise, TAG Heuer a frappé très fort en créant dans un hangar industriel à portée de canon du SIHH un vrai musée de ces voitures exceptionnelles qui ont porté la légende de la marque au cours des dernières décennies. C’était l’écrin nécessaire à la présentation d’une avancée majeure dans l’horlogerie mécanique : le chronographe automatique au centième de seconde, dont Business Montres a déjà parlé, et sur lequel nous reviendrons, mais également quelques propositions très réussies, comme le chronographe Carrera MP4-12C (d’une rare complexité technique dans son inspiration supercar). Pour un coup d’essai à Genève, c’était un coup de maître : la fréquentation ayant été à la hauteur des estimations les plus optimistes de la marque, il est probable que TAG Heuer aura l’année prochaine son rond de serviette au festin genevois...
10)
••• LA MAGISTRALE RÉINTERPRÉTATION DES « HEURES DU MONDE » PAR VACHERON CONSTANTIN (SIHH)...
Pourquoi 37 fuseaux horaires ? Parce qu’il y a 24 « réguliers », mais beaucoup d’« irréguliers », avec des demi-heures ou même des quarts d’heure : pas facile de s’y retrouver ! Vacheron Constantin s’inscrit ici dans la tradition des Patek Philippe World Time, mais avec un regard moderne sur la taille de la montre, son mouvement automatique et ses fonctionnalités (indication simultanée de toutes les heures – quarts d’heure compris – et réglage direct par la couronne des heures locales. Esthétique modernisée de la carte du monde, élégance du boîtier en 42,5 mm et finitions Poinçon de Genève du calibre « manufacture » : la Patrimony Traditionnelle Heures du Monde est une pierre milliaire dans l’histoire de Vacheron Constantin [qui n’a peut-être pas réalisé que l’expression « Heures du monde » était protégée en Suisse]...
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