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Les plus belles
réussites des
« marques classiques »,
traditionnelles,
nouvelles, historiques,
néo-classiques,
para-classiques,
rétro-classiques,
avec ou sans twist
pour leur « retour aux racines ».
Un classement du Quotidien des Montres sur 98 des 104 marques qui organisaient quelque chose à Genève cette semaine.
QUE FALLAIT-IL ABSOLUMENT NE PAS MANQUER ?...
A)
••• FERMETURE DES SALONS, DÉMÉNAGEMENT DES COLLECTIONS ET AUTOSATISFACTION GÉNÉRALE...
Point final de la Wonder Week, avec quelques ultimes visites aux exposants ce samedi matin : le temps des bilans, des comparaisons et des extrapolations pour la suite de 2011. En quelques mots [des analyses plus développées suivront], on peut estimer que Genève 2011 a été une très bonne année – pas une année exceptionnelle ! – et que ce bon millésime rend raisonnables les espoirs qu’on peut fonder sur le reste de 2011.
••• AVEC CEPENDANT QUELQUES BÉMOLS, comme les incertitudes géo-économiques mondiales sur un plan général et, pour le contexte particulier de l’horlogerie suisse, les ravages de la « prime au leader », qui fait grossir les plus gros (les grandes marques, les grands groupes, les grands marchés, les grands détaillants, les grands salons) et maigrir les plus maigres (les autres). Business Montres y reviendra plus longuement dans les jours qui viennent...
••• EN ATTENDANT, QUELS SONT LES MEILLEURS SOUVENIRS de cette excellente Wonder Week, toutes marques et spécialités confondus ? Une sélection forcément arbitraire, avec un classement qui distingue les marques « classiques » (néo-classiques comprises) des marques de joaillerie et des marques de « nouvelle horlogerie » (classement par ordre alphabétique de marque à l’intérieur de chaque sous-groupe)...
B)
••• LES MARQUES DU SEGMENT CLASSIQUE ET NÉO-CLASSIQUE...
1)
••• BAUME & MERCIER : magistrale démonstration de re-branding en profondeur, de requalification horlogère de la collection (nouvel esprit Capeland et Linea), de repositionnement commercial (mix marketing) et de communication (nouvelle campagne « Hamptons »). Alain Zimmermann a pris des risques avec une vieille dame qui paraissait si fatiguée qu’on la pensait mourante, mais il l’a transformée en accorte et tentante jeune personne. « Maison d’horlogerie Genève 1830 », dit la nouvelle signature : c’est peut-être le début d’une nouvelle histoire d’amour avec une nouvelle génération d’amateurs...
• Le choix de Business Montres : la nouvelle collection Capeland (image ci-dessus : le chronographe fly-back tachy-télémètre), sensuelle dans ses rondeurs, rassurante dans son esthétique vintage de chronographe « à l’ancienne », percutante dans sa volonté de rester accessible et convaincante dans sa nouvelle expression d’un nouveau chic « Baume »...
2)
••• CORUM : on reparlera beaucoup à Bâle de la nouvelle Admiral’s Cup « élégante » – qui ne relève ni du sport chic, ni de la montre strictement « habillée », mais de ce nouvel easy wear qui décravate les hommes même au bureau, qui tolère les mentons un peu moins glabres que les bons usages ne le prévoient et qui aime les montres confortables, mais d’une élégance « tout-terrain » au poignet. Beau travail de fine tuning et de re-création sur tous les modèles des collections Admiral’s Cup et Ti-Bridge/Golden Bridge
• Le choix de Business Montres : l’Admiral’s Cup Elegance (nom provisoire) pour sa grande classe au poignet et son positionnement prix, aussi intelligent qu’agressif...
3)
••• DE BETHUNE : avec les années et l’enrichissement permanent des collections, on finit par mieux comprendre la démarche d’excellence sans concessions de David Zanetta et Denis Flageollet, qui réussissent une fois de plus à s’imposer aux premiers rangs du classement 2011. Mécaniquement impeccables, les nouvelles propositions jouent sur plusieurs registres, de l’esthétique ultime d’une DB 25 – celle qui entend créer les nouveaux codes d’une horlogerie superlative au XXIe siècle – à la main tendue aux nouveaux amateurs, qui auront désormais la réédition de la DB pour entrer dans l’univers De Bethune et songer qu’ils ont peut-être au poignet la « montre de souscription » d’un futur Breguet...
• Le choix de Business Montres : la DB 25 en régulateur tourbillon, avec son mouvement à grande seconde centrale, sa quasi-force constante à double ancre et double roue des secondes, son tourbillon 30 secondes en 36 000 A/h et son cadran en titane bleui selon des méthodes artisanales uniques...
4)
••• FRANCK MULLER : le retour de Franck Muller sur le devant de la scène est une des meilleures nouvelles de la saison 2011. Sans tomber dans la surenchère mécanique ou dans la course à l’hyper-complication [Franck Muller a déjà la « montre la plus compliquée du monde »], les collections ont été clarifiées : Infinity pour les montres serties, Elegance pour un nouveau sport chic urbain, Conquistador avec les nouvelles GP-Grand Prix, Cintrée Curvex pour la tradition. Beaucoup de nouvelles idées et d’énergies positives dans une manufacture repartie à l’attaque de ses parts de marché perdues...
• Le choix de Business Montres : le Giga Tourbillon inaugure une nouvelle esthétique, qui change notre regard sur le tourbillon et explore de nouveaux territoires mécaniques, dans le respect de l’esprit cher au « Master of Complications ».
5)
••• HERITAGE WATCH MANUFACTORY : la nouvelle marque lancée par Karsten Frassdorf tient ses promesses en s’imposant en nouvelle marque indépendante dont on aura le plus parlé pendant les salons (Business Montres du 10 janvier, info n° 7). Design qui reconfigure les codes du classicisme, concept mécanique très pointu, exécution impeccable et style général à l’emporte-cœur : HWM place d’emblée la barre très haut pour la compétition 2011 sur le segment du rétro-néo-contemporain...
• Le choix de Business Montres : un faible pour l’intégrisme mécanique de la Magnus, mais un coup de chapeau aux solutions techniques pas si classiques de la « force constante ». Deux montres irréprochables pour une première apparition en public : beau score !
6)
••• HUBLOT : sans prendre de risques créatifs majeurs [hormis sa très controversée MasterPiece 01 « tonneau »], Jean-Claude Biver a réussi à présenter une collection 2011 qui frappe par sa largeur, sa profondeur et son respect permanent des repères fondamentaux de la marque. Quelle que soit la taille et le style de la montre, l’offre reste juste – qu’on parle d’une joaillerie éclatante de couleurs ou de hautes complications au design très travaillé. Les détaillants ne s’y trompent pas : les carnets de commande dépassent largement les ordres de mise en production. Icônes de la première décennie du XXIe siècle, les Big Bang seront-elles les souveraines de la seconde décennie ? C’est le genre de couronne qui ne déplairait pas à Jean-Claude Biver...
• Le choix de Business Montres : pas facile d’opter pour l’une ou l’autre des nouveautés 2011, mais une des plus intéressantes reste la Black Brick Bang, qui serait un peu le mixage low cost d’une One Million et d’une Black Caviar. Ici, les « baguettes » – disons les « briques » – sont sculptées dans une céramique satinée pour renforcer leur impact visuel : on touche à une forme de quintessence du noir, en même temps qu’aux extrêmes d’une architecture horlogère magnifiée par la matière...
7)
••• JEANRICHARD : la marque-sœur de Girard-Perregaux semble avoir accepté de ne pas s’obliger à boxer dans la même catégorie que sa grande sœur. De quoi libérer des initiatives pour occuper un segment délaissé du marché des montres « manufacture » accessibles, d’un esprit plus contemporain et plus orienté vers le style de vie. Massimo Macaluso l’a compris et se repositionne sur les Highlands d’un nouveau concept horloger : des montres d’inspiration « militaire » [avec modération], travaillées comme des véhicules tout-terrain de grande classe [style Land-Rover] et intégrées dans un univers de protection de la faune africaine et de safari [ photo, évidemment]. Un univers global et cohérent, repositionné à un prix réaliste qui ouvre à la jeune marque du groupe Sowind non seulement de grands espaces aussi vastes que les hauts plateaux où vivent les Big Five emblématiques du continent noir, mais aussi de grandes espérances...
• Le choix de Business Montres : la Highlands Sand, avec son bracelet en toile « militaire », qui reprend le style JeanRichard (cadran rond sur boîtier coussin) avec une lunette GMT et une très virile démarche de lisibilité outdoor. Dans les années 1990, une collection Highlands avait déjà été lancée par Gino Macaluso : bel hommage d'un fils à un père !
8)
••• RICHARD MILLE : la machine RM s’emballe et met en piste des nouveaux numéros comme dans un tirage de Loto dont toutes les boules seraient gagnantes. La manufacture de Richard Mille a sans doute présenté cette année sa collection la plus complète de ses dix ans d’existence, avec une offre tous azimuts (hommes, femmes, classique, rupture, high tech, etc.), avec un enrichissement permanent du message de la marque et de ses territoires créatifs. Richard Mille n’est plus une marque de « nouvelle génération » : c’est la référence absolue, le parangon et le symbole quasi-unique de cette nouvelle horlogerie sortie de sa chrysalide dans les années 2000. Aujourd’hui, le papillon déploie ses ailes et M. Mille dîne à la table des plus grands noms de l’horlogerie – ce qui l’empêche pas de continuer à leur faire des pieds de nez, comme en témoigne son tourbillon ultra-light RM 038 « Bubba », dédié au golfeur Bubba Watson et taillé dans un magnésium-aluminium gris-blanc de toute beauté...
• Le choix de Business Montres : quoique les autres RM de 2011 soient tentantes, ce sera tout de même la RM 033, aussi ronde que plate, dont on ne se lasse pas de noter les détails parfaitement travaillés et l’indéniable réussite esthétique (Business Montres du 17 janvier). Le pari était de créer une Richard Mille on ne peut plus « classique » dans un registre on ne peut plus Richard Mille : encore une montre best-seller qui marquera l’orée des années 2010...
9)
••• ROGER DUBUIS : un rétablissement spectaculaire réalisé « à la force des bras » par Georges Kern (IWC), qui a remis la marque sur ses rails, les collections sur leur socle, l’esthétique au coeur du concept avec les coups de gomme devenus indispensables, les prix au bon endroit et le marketing dans son rôle moteur d’excitation de la demande. Sans parler du « nettoyage » des anciennes collections chez les détaillants qui acceptent de parier sur l’avenir d’une marque qui avait marqué par ses avancées la fin du XXe siècle. C’est donc reparti un peu partout à travers le monde : quel amateur de montres ne s’en réjouirait pas ?
• Le choix de Business Montres : la collection La Monegasque (Business Montres du 17 janvier) et la collection Excalibur Lady, qui témoignent d’une maturité assumée dans la maîtrise des codes et des légendes de la modernité...
10)
••• TAG HEUER : personne n’attendait TAG Heuer sur le terrain de l’hyper-chronographie mécanique, même si l’image de la marque a toujours été associée à la mesure de la vitesse dans un univers sportif. Ce goût de l’extrême est ici exalté par les efforts d’une équipe de R&D qui a pu développer en moins de deux ans, à partir d’une feuille blanche, un mouvement totalement innovant dans sa conquête de la centiseconde mécanique. Mieux : TAG Heuer s’est aujourd’hui donné les moyens de pouvoir produire en interne les premières séries d’un calibre dont l’industrialisation a été pensée dès l’origine pour une production en série à des coûts raisonnables. Soit une double percée (dans la logistique industrielle comme dans l’excellence mécanique) qu’il ne sera pas facile d’endiguer.
• Le choix de Business Montres : le nouveau Mikrograph, sévèrement tarifé, mais exceptionnel dans sa conception intégrée comme dans son exécution mécanique, avec un double échappement (celui du chronographe est calé sur 360 000 A/h, soit 50 Hz) capable de travailler au centième de seconde et de l’afficher directement sur le cadran. De quoi prendre un tour d’avance aux principaux concurrents, qui maîtrisent tout juste le dixième de seconde (pour les meilleurs !).
C)
••• DIX MARQUES QUI N’ONT PAS DÉMÉRITÉ ET QUI MÉRITERAIENT UN PODIUM...
• A. DUNHILL : plus personne ne parlait de Dunhill, mais le retour de la marque à la faveur de la vague néo-classique nous prouve qu’elle a encore des choses à raconter...
• A. LANGE & SÖHNE : un nouveau style, plus contemporain, qui jette un pont bienvenu entre le siècle d’or de l’horlogerie saxonne et le nouvel âge d’or de l’horlogerie allemande...
• BOVET : ce n’est plus seulement de la décoration avec de l’horlogerie autour, mais un vrai mariage de raison entre tradition mécanique et re-création esthétique du meilleur de cette tradition...
• CHRISTOPHE CLARET : le lancement de son Adagio le pose en vraie nouvelle marque de référence sur le créneau de la haute horlogerie compliquée et lui dessine un parcours plein de promesses...
• GIRARD-PERREGAUX : d’inspiration vintage, la 1966 Petite Seconde prouve que la manufacture peut, quand elle le veut, réimposer son style à tous les suiveurs et refonder sa légitimité dans un riche passé...
• LOUIS MOINET : une progression remarquable au fil des années et une louable application à bien faire le métier pour témoigner d’une horlogerie traditionnelle qui peut se permettre un peu de fantaisie créative...
• PIERRE MICHEL GOLAY : c’est l’outsider absolu dans les vraies manufactures intégrales vouées à la haute horlogerie, mais quel potentiel et quels fantastiques mouvements !
• VACHERON CONSTANTIN : un réel effort de réinterprétation de la tradition, tempéré par les codes de la plus ancienne maison d’horlogerie du monde et la nécessité de les apprendre aux nouveaux marchés émergents...
• VALBRAY : les « petits Français qui montent » n’ont pas cessé d’enrichir leur proposition de montre à double cadran (par couronne à diaphragme) et on commence à apprécier leur opiniâtreté...
• ZENITH : une offre de plus en plus séduisante sur le segment d’une horlogerie « manufacture », apaisée dans son expression formelle comme dans ses prétentions commerciales...
••• À SUIVRE :
• Les plus belles réussites de la Wonder Week(avec le classement des marques de nouvelle génération et des marques de joaillerie)...
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