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Fin des salons genevois et entrée rapidedans un longue ligne droite qui nous mènera maintenantd'un même soufflejusqu'à Bâle.
POUR CE DÉBUTDE SEMAINE,LA VIGIE DU LUNDI VOUS SIGNALE…
1)
••• LA TRADITIONNELLE SÉANCE DE RATTRAPAGE
POUR NE RIEN MANQUER DE CE QUI EST IMPORTANT…
C’est une des synthèses les plus lues de Business Montres, parce qu’on ne peut pas tout voir partout, surtout en période de salon : certains vont avoir beaucoup de retard de lecture à rattraper (Business Montres du 23 janvier)…
2)
••• L’INDISPENSABLE COUP D’ŒIL SUR L’AGENDA HORLOGER DE LA SEMAINE…
Histoire d’attaquer le lundi dans le bon tempo, quelques dates à ne pas oublier pour savoir ce qui va se passer et souvent découvrir la tonalité générale de la semaine (Business Montres du 24 janvier)…
3)
••• LA CHIFFRE PHÉNOMÉNAL DES COMMANDES ENREGISTRÉES PAR HUBLOT À GENÈVE…
Même source indiscrète que la semaine dernière (Business Montres du 21 janvier, info n° 7) : on en était à près de 5 000 montres pour 45 millions de commandes passées. Une fois les comptes bouclés, le bilan de la Wonder Week s’établit pour Hublot au chiffre proprement phénoménal de 77 millions de francs suisses, pour environ 8 000 montres commandées. Un engouement difficile à expliquer selon les règles classiques de l’économie marchande : on semble être en face d'une sorte de mini-bulle gonflée autour d’une seule marque, alors que toutes les tendances sociétales annoncent une « tribalisation » qui émiette les marchés et que ces tendances condamnent les best-sellers internationaux des mass markets du passé !
• Facteurs possibles d’explication, ou du moins d’accélération du phénomène : la séduction des produits, plutôt réussis cette année [on l’a dit et redit ici même, sans même parler des « bombes » qui exploseront à Baselworld], mais aussi les sacrifices personnels de Jean-Claude Biver en termes de vie privée. Ce diable d’homme ne respire, ne parle, ne mange, ne rêve et ne vit finalement qu’avec, par et pour sa marque – à un point qui défie l’entendement ! Quel autre manager pourrait en dire autant et tenir un tel agenda ?
• Ce n’est certainement pas ce montant inattendu de commandes (quasiment le double de ce qui avait été planifié) qui va décider Jean-Claude Biver à ne pas revenir à Genève en 2012 : au contraire, son triomphe à l’hôtel Kempinski confirme à toute la profession que le calendrier horloger s’est désormais calé sur deux dates, Genève et Bâle, qui se complètent et entrent en synergie pour offrir aux marques deux occasions de stimuler leurs réseaux de détaillants et de journalistes…
4)
••• LES INQUIÉTUDES CHINOISES POUR LA WONDER WEEK 2012
Les réseaux asiatiques ont prévenu le SIHH d’un problème pour l’année prochaine : le Nouvel An chinois – à peu près aussi incontournable en Asie que Noël en Europe occidentale – commence en 2012 le lundi 23 janvier. Impossible pour un Chinois de n’être pas sur place quelques jours auparavant pour préparer cette fête : si le SIHH était maintenu dans la troisième semaine de janvier, il faudrait s’attendre à ce que les gros bataillons asiatiques – qui représentent 80 % de commandes pour 20 % de la fréquentation – soient obligés de quitter Genève dès le mercredi ou le jeudi. D'autant que 2012 sera, selon le calendrier lunaire chinois, une Année du Dragon d’eau, signe on ne peut plus faste et « populaire » localement.
• Inconvénient pour les marques : commencer le SIHH le 9 janvier est un peu « court » après les vacances d’hiver. Problème connexe : en 2012, Baselworld sera exceptionnellement avancé dans le mois de mars (8-15 mars), soit à peine deux mois entre les deux salons. Plutôt insensé…
• Solution possible : adopter le même tempo que Bâle et ouvrir la Wonder Week en milieu de semaine (mercredi-jeudi 11-12 janvier, pour une fermeture mardi-mercredi 18-19 janvier). Ce qui permettrait aux Asiatiques de rejoindre leur famille à temps pour le Nouvel An, ses pétards et ses délices.
5)
••• LE GRAND ENSEIGNEMENT OCCULTE DU SIHH ET DES SALONS GENEVOIS…
Si tout le monde a bien travaillé, il faut maintenant analyser la structure des commandes passées pendant les salons : on s’aperçoit que seules les nouveautés ont été sur-commandées, les fonds de collection restant intouchés à des niveaux de stocks préoccupants. On sait que les marques réalisent l’essentiel de leurs marges avec ces fonds de collection, qui ne réclament pas d’investissements [ils sont déjà amortis] et qui sont le beurre et la confiture sur la tartine des managers : c’est un facteur qui peut éroder un peu plus des marges déjà sérieusement entamées par les frais de commercialisation colossaux exigés pour pénétrer en force des marchés comme la Chine, où les budgets de communication ont également tendance à exploser pour trouver un minimum de visibilité. Pas assez de nouveautés disponibles ou en production pour servir les marchés les plus demandeurs, mais trop de montres en voie d’obsolescence pour calmer les marchés traditionnels (privés de nouveautés au profit des nouveaux réseaux asiatiques) : on parie que le marché gris va repartir de plus belle ?
6)
••• L’ÉTRANGE HISTOIRE DE LA MONTRE BACKES & STRAUSS OFFERTE À MICHELLE OBAMA…
Qui a offert une montre de joaillerie à 48 000 dollars à la Frist Lady américaine ? Tout à coup, ce n’est plus personne… Business Montres (18 septembre 2009) avait signalé ce cadeau signé Backes & Strauss (groupe Franck Muller) et baptisé « The Black Star of Ghana » : la présidente de ce petit pays africain venait de l’offrir à Michelle Obama à l’occasion d’un voyage présidentiel américain sur place, en juillet 2009. Depuis, la polémique fait rage : qui a offert quoi ? Ce n’est pas moi, dit la première dame ghanéenne, Mrs. Ernestina Naadu Mills. C’est bien elle, dit le site de Backes & Strauss. L’affaire s’envenime politiquement : 48 000 dollars, c’est seize ans d’un bon salaire moyen local et 24 000 journées (65 ans) de revenu moyen pour 80 % de la population ! La First Lady ghanéenne avait pourtant promis d’en finir avec les dépenses extravagantes, dans un pays où les écoliers suivent la classe sous les arbres, faute de locaux scolaires…
7)
••• LES PRÉPARATIFS D’ONLY WATCH 2011 DANS LES MANUFACTURES EN PISTE POUR CETTE VENTE…
Liste provisoire et non arrêtée officiellement des marques qui seront présentes à la vente Only Watch (Monte Carlo, 21-22 septembre prochain, pendant le Monaco Yacht Show) : Audemars Piguet, Bell & Ross, Blancpain, Bovet, Breguet, Chanel, Chaumet, Chopard, Corum, De Bethune, deLaCour, DeWitt, Franck Muller, Frédérique Constant, Girard-Perregaux, Harry Winston, Hermès, Hublot, Ikepod-Marc Newson, Jaquet Droz, Laurent Ferrier, Louis Vuitton, Maurice Lacroix, MB&F, Montblanc, Patek Philippe, Piaget, RJ-Romain Jerome, Richard Mille, TAG Heuer, Ulysse Nardin, Urwerk, Vacheron Constantin, Van Cleef & Arpels, Vulcain, Zenith, ainsi que Celsius X VII II pour les « objets du temps ».
• Soit 37 marques, une ou deux pouvant encore se décider dans les jours qui viennent pour entrer dans une compétition qui sera arbitrée par le marteau de Julien Schaerer (Antiquorum), après une tournée internationale des pièces présentées. Si certaines marques ont vraiment compris l’esprit des vraies pièces uniques qui affolent les enchères à Monaco (Patek Philippe, Richard Mille, notamment), on s’inquiète davantage pour d’autres, trop tentées de céder à la facilité de la simple « tête de série » (n° 1/15) : les amateurs sont prêts à se battre [à tous les niveaux de prix] pour des pièces dont ils perçoivent l’originalité absolue et l’impossibilité d’en retrouver une autre sur le marché – mais ils ne se mobilisent pas pour des numéros sur un fond de boîte ou de simples variations de cadrans…
• Une regret dans le décompte des marques qui ont répondu à l’appel de Luc Pettavino (Association monégasque contre les myopathies, organisatrice de ces enchères « charitables ») : trop peu de marques de nouvelle génération, à quelques exceptions près (Laurent Ferrier, MB&F, Urwerk), alors que Cabestan ou Confrérie horlogère avaient bien tiré leur épingle du jeu en 2009. Asphyxie créative ou peur du ridicule ?
8 (x 7)
••• LES ARTICLES QUI MÉRITENT LE DÉTOUR DANS UNE RAPIDE REVUE DE PRESSE…
••• « Un nouveau job pour les horlogers de Parmigiani » : on les pensait débordés par les commandes passées au SIHH, mais ils ont assez de temps libre pour proposer leurs services à des musées et à des collectionneurs privées pour des missions de restauration des collections. Comme nous le raconte Reuters, c'est la dernière initiative de notre ami l’Himalaya de la pensée horlogère, jamais en panne d’idées originales : il estime que « cela donnera beaucoup de crédiblité » à Parmigiani…
••• « À chacun son métier » : l’avertissement est de Jean-Philippe Arm dans Watch Around (Suisse). L’article mérite une citation un peu longue : « Vous attendiez un dossier sur un nouvel affichage de l’heure ou sur un chronographe à rattrapante, et voici qu’on vous balance tous les détails de la dernière partie de polo entre l’équipe réserviste d’un prince déchu du Balouchistan et celle de son cousin émigré de la zone tribale… Le lendemain, ce sera le récit homérique d’une régate off shore en Mer d’Azov, suivi des résultats inouïs d’un manager du luxe dans une kermesse automobile. Produite par des gens engagés pour leur connaissance des produits horlogers et dont la déviance imposée n’est visiblement pas le métier, cette prose ne manque sans doute ni de charme ni de pittoresque, mais à qui s’adresse-t-elle? Même les rédacteurs sportifs sont largués, qui n’ont pas l’habitude que l’on monte en épingle la 7e place remportée dans une série mineure par un inconnu, sous prétexte qu’il est sponsorisé par une eau de source susceptible de vendre ses charmes minéraux dans quelques bulles publicitaires particulièrement bienvenues ! »…
• Ce n’est pas fini : « Reste que ces sujets surréalistes sont en effet publiés urbi et orbi, sans retenue, comme cent dossiers de presse coulés dans les colonnes, à peine retouchés. On ne parle même pas de distance critique ou de mise en perspective… Quant à la vérification des informations, vous plaisantez! Il y a longtemps que le journaliste dinosaure préposé à ces basses œuvres a été mis à la retraite anticipée. Corolaire de cette pratique démissionnaire largement répandue dans des médias univoques, leur sommaire est imposé par ces fournisseurs agréés du contenu rédactionnel et espérés de la manne publicitaire. Avec les nuances qui s’imposent et les exceptions qui rassurent, le phénomène touche l’ensemble des médias et l’éventail quasi complet des produits. Le luxe horloger n’y échappe pas, on l’avait compris. Même quand la Pravda s’habille en Prada, l’information ne progresse pas d’un iota »… Bienvenue au club, cher confrère, mais ça vise qui exactement ? Autant y voir plus clair tout de suite !
••• « Louis Vuitton emploie pour la première fois un Chinois dans une de ses publicités » : Le Quotidien du Peuple (Chine) en est très fier et y voit une réduction stratégique de la distance entre les marques et les consommateurs chinois. Stratégique ? Sans doute. Opportuniste ? Evidemment. Malin ? Pas forcément, mais l’histoire le dira…
••• « Notre vie privée et les nouvelles technologies » : Le Monde (France) se penche sur la technologie comme « architecte de notre intimité », dans un article d’autant plus passionnant à lire que l’horlogerie commence à basculer massivement vers le numérique…
••• « La Chine achète 25 % des montres haut de gamme dans le monde » : c’est le résultat un peu paradoxal de la dernière étude d’IC Agency, le traditionnel World Watch Report. Paradoxal quand la « Grande Chine » concentre dans son cœur et sa périphérie les deux-tiers des exportations de montres suisses (y compris les achats par les touristes chinois hors de leurs frontières)…
••• « De combien de montres un homme a-t-il besoin ? » : réponse dans le Wall Street Journal (Etats-Unis), qui rappelle quelques règles élémentaires dans ce domaine…
••• « 2000-2010 : dix ans d’augmentation des prix. Les dessous d’une escalade » : un article comme on les aime, trouvé sur Horlogerie suisse, à ne pas manquer pour ses chiffres et ses statistiques. Même si elles sont un peu faussées, elles sont imparables. L’approche de cette question très importante est excellente et il serait temps de la poser de façon argumentée. On pourra cependant reprocher à l’auteur de rester un peu à la surface des vrais facteurs d’inflation, qui engagent directement la responsabilité des horlogers :
• Leur manque d’anticipation de l’explosion de la demande mondiale du fait de la globalisation et de l’enrichissement dans les pays émergents. Les marques suisses ont refusé d’investir dans l’outil de production au moment où il le fallait, préférant les vertiges parfumés du marketing aux huileuses pesanteurs industrielles…
• Leur absence de réalisme dans la mise en place de nouveaux réseaux de distribution, avec un inflation des coûts d’accès aux marchés émergents qui obèrent le prix des montres neuves…
• Le surinvestissement en communication, souvent pour faire plus briller sa propre couronne managériale que celle de la marque : on a pu assister à des gaspillages insensés sous prétexte de se donner une visibilité planétaire rendue nécessaire par l’évolution non anticipée des marchés…
• La prise en main de l’horlogerie par les groupes de luxe, dont les objectifs de rentabilité trimestrielle sont incompatibles avec les constantes de temps de l’industrie des montres : une course au ROI qui aurait pu se révéler mortelle dans un contexte de bulle financière…
9)
••• LE PLAISIR DE REVOIR LA NOUVELLE UR-110 LANCÉE PAR URWERK LA SEMAINE DERNIÈRE...…
Business Montres a déjà écrit tout le bien qu'on pouvait penser de cette montre-événement, qui tient ses promesses de révolution tranquille, dans le design comme dans le concept mécanique (image ci-dessus). Qu'est-ce qu'on aime dans cette montre ? Tout ! Les formes et les lignes, les courbes et les volumes, l'affichage latéral de l'heure (il est 8 h 17) et le capuchon qui fait office de protège-couronne (à midi), les flancs du boîtier cannelés comme toute Breguet qui se respecte, l'affichage des secondes au fond du boîtier et l'indication du passage à l'atelier pour une vidange-graissage (disque barré de rouge à côté du 7 de 7 h)...
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