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Votre Quotidien des Montre sa repéré quelques perles dans le flux continudes informationsqui intéressent les montres et ceux qui les font, un peu partout
à travers le monde...
CE MERCREDI, LE ZAPPEUR SACHANT ZAPPERA ZAPPÉ SUR...
1)
••• LA TROUBLE (ET TROUBLANTE) HISTOIRE
DE LA FAMILLE VAN CLEEF & ARPELS AU XXe SIÈCLE...
Pour l’instant, ce sont les confrères, amis et néanmoins concurrents vendômois de la maison Van Cleef & Arpels qui en parlent le plus, mais le livre L’histoire des Van Cleef et des Arpels (édité par Jean-Jacques Richard) n’a rien d’une histoire « officielle » en langue de bois corporate. L’auteur, un joaillier de formation devenu célèbre par ses articles sur l’histoire de la joaillerie (blog Bijoux et pierres précieuses) adore visiblement mettre les pieds dans le plat. Il vient même de créer un second blog, L’histoire des Van Cleef et des Arpels de Paris, pour relayer la polémique ainsi lancée et nous faire profiter de ses retombées presse...
• Faute de temps pour lire son ouvrage, difficile de se prononcer sur son contenu, mais le fond historique semble argumenté. En 256 pages, il nous explique : « Fils d'un marchand de draps du 19e arrondissement de Paris, après son apprentissage, Alfred Van Cleef va créer sa première entreprise de fabrication de joaillerie et en 1906, il s'installe place Vendôme. Ce livre nous fait découvrir sa fabuleuse ascension jusqu'à sa mort en 1938. Sa fille unique, majoritaire dans l'entreprise, va disparaître à Vichy en 1942, dans des conditions tragiques. C'en est fini des Van Cleef... Les cousins Arpels, qui avaient fui en 1939 aux Etats-Unis, reviennent en France après la libération de Paris et vont reprendre l'affaire qui avait été aryanisée. En 1999, ils vendent au groupe Richemont. Jean Jacques Richard va au passage révéler les dessous et les arrangements de l'aryanisation des entreprises, les compromissions de certaines entreprises françaises de la joaillerie ».
•Scénario qui ne correspond que très imparfaitementstory telling enchanteur de la marque, récit qui ne rapporte pas les mêmes prénoms, les mêmes tombes, les mêmes drames, les mêmes lieux (Auschwitz ou New York ?) et les mêmes événements pour la période 1940-1944, celle qui soulève le plus de questionnements [on croise dans ce livre quelques célébrités de la IIIe, de la IVe et de la Ve République, de Jean-Marie Le Pen à René Bousquet, mais aussi Philippe Pétain et sa « francisque » ou Pierre Laval sous l’Etat français].
• Une polémique sociétale où la maison Van Cleef & Arpels se trouve prise en otage d’une histoire (avec un grand H) qui la dépasse et qu’il est toujours vain de vouloir camoufler sous un émouvant rideau lyrique : avec Internet, un story telling bancal, insincère ou fumeux, est très vite repéré, disséqué et dénoncé. Surtout sur des sujets aussi sensibles et déflagrants que la collaboration, le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ou le monde de l’argent sous l’Occupation...
2)
••• LA NOUVELLE PATRIMONY TRADITIONNELLE HEURES DU MONDE DE VACHERON CONSTANTIN...
C’est une des montres les plus intéressantes du SIHH 2011, par son esthétique très équilibrée entre tradition et modernité, mais aussi par ses fonctionnalités techniques et sa qualité d’exécution. Dès les années 1930, on trouve dans le catalogue de Vacheron Constantin des « Heures du monde », qui étaient alors basées sur le brevet de Louis Cottier (24 fuseaux horaires), dont le dessin est entré dans la légende grâce à Patek Philippe. Le monde était alors simple, et ses divisions en 24 fuseaux horaires allaient de soi. La planète est désormais plus compliquée dans ses calculs d’heures locales, chaque tyranneau local exigeant la sienne, forcément différente de celle de ses voisins et ennemis...
• Pour cette Patrimony Traditionnelle Heures du Monde, Vacheron Constantin réussit l’exploit de loger 37 zones horaires dans un même cadran, en préservant les zones décalées d’une demi-heure ou d’un quart d’heure sur les fuseaux classiques, mais sans jamais cesser d’afficher le temps correspondant sur les autres fuseaux horaires. Utilisation très simple, mais complexité mécanique d’un réglage intégral par la couronne : on aligne l’heure de la ville de référence sur le triangle noir à 6 h. Les heures et les minutes de la montre sont alors affichées sur cette référence par les aiguilles et par le disque 24 h (image ci-dessus : il est 10 h 10 à Genève). Les 36 autres fuseaux horaires sont alors lisibles directement et simultanément : en noir, les fuseaux horaires « pleins » ; en rouge, les « irréguliers » (15 ou 30 minutes de décalage).
• Une des réussites majeures de cette montre reste, outre son mouvement mécanique « manufacture » qui porte le Poinçon de Genève, une esthétique qui rappelle en la rendant plus contemporaine l’esprit des anciennes « Heures du monde » : le bleu des océans sur la carte axée autour du pôle nord, la dialectique géométrique des méridiens, les villes énumérées pour un voyage sans fin à travers le temps et à travers l’espace, l’esprit d’ouverture du cadran où pénètre la lumière, la minceur d’un boîtier relativement modeste en 42,5 mm, avec une lunette et des cornes assorties à cette minceur, ainsi que d’élégantes aiguilles. Du rétro-contemporain ou du néo-classique : au choix ! En tout cas, une icône est née et une style a été posé : ces nouvelles Heures du monde peuvent faire le bonheur de Vacheron Constantin pendant de longues années...
3)
••• QUELQUES NOUVELLES VIDÉOS SUR LA « CHAÎNE IMAGES » DE BUSINESS MONTRES...
••• Urwerk avec la version longue de la présentation de la nouvelle UR-110 : un vrai film de science-fiction, dont Business Montres avait déjà signalé le teaser (24 décembre), mais dont la version longue va en asseoir plus d’un devant son écran, ne serait-ce que pour capter le moindre détail d’une montre de nouvelle génération parfaitement maîtrisée (chaîne images de Business Montres, 03:19 mn de bonheur – musique à fond si c’est possible)...
••• Bovet et l’art de créer des cadrans uniques : émail cloisonné, peinture maniature, mise en scène d’une nouvelle horlogerie narrative et figurative, réinterprétée selon la tradition dans un esprit contemporain (chaîne images de Business Montres, 01:46 mn)...
••• Une pendule murale comme vous n’en n’avez jamais vue, futuriste dans son design mais traditionnel dans son esprit, avec un concept de mini-panneaux qui découvrent l’heure grâce à des rouages mécaniques, concept dévoilé par Business Montres (27 avril 2010) et mis au point par des équipes très pointues d’horlogers des Franches-Montagnes (chaîne images de Business Montres, 00:41 mn)...
4)
••• LE SITE QUI PERMET UN TRAÇAGE COLLABORATIF INTERNATIONAL DES OBJETS...
Avec Sourcemap (« Open supply chains), les internautes peuvent désormais savoir quoi vient d’où et avec quels composants. Le site se présente comme une plateforme pour rechercher, comprendre et partager les chaînes logistiques : on peut établir des cartes qui sont enrichis dans une perspective collaborative. Amusant quand ça concerne certains aliments, une voiture (la Tesla Roadster chère à TAG Heuer) ou un ordinateur, pour lesquels on peut également dresser des bilans carbone et des « kilométrages logistiques » impressionnants.
• On peut imaginer que ça deviendra encore plus intéressant quand les amateurs – aidés par quelques professionnels – commenceront à se poser des questions sur les montres, avec des cartes suisses pour les modèles de luxe [dans une industrie structurée autour de la sous-traitance intra-frontalière, on attend avec impatience l’empreinte carbone de collections de grandes marques] et des cartes mondiales (Asie-Europe) pour les montres moins prestigieuses, dont la pratique de la sous-traitance internationale va probablement faire exploser le bilan carbone à des niveaux ahurissants. Encore un « signal faible » qui peut se muer en avis de tempête...
5)
••• UNE RENCONTRE UNIVERSITAIRE CENTRÉE SUR L’HORLOGERIE EN CHINE ET SON MARKETING...
L’Institut de l’entreprise organise à l’université de Neuchâtel son troisième Enterprise Institute Forum (demain jeudi 27 janvier, 17 h 30, à l’Unine). Thème : l’industrie horlogère en Chine et de ses implications marketing. Une enseignante de Beijing viendra notamment exposer les résultats d’une étude qualitative effectuée sur base d’une riche clientèle horlogère et la force de vente chinoise. Tingting Mo (assistante de la professeuer Elyette Roux et ancienne analyste pour IPSOS China) viendra parler du marché du luxe chinois et de ses perspectives. D’autres intervenants sont prévus, avec la présence de nombreux professionnels de la branche horlogère : un colloque particulièrement intéressant entre les salons de Genève et de Bâle, marquées cette année par la puissance des commandes destinées au marché chinois (renseignements : messagerie.iene@unine.ch)...
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••• DIVERSES INFORMATIONS EN VRAC INTÉRESSANTES À NOTER...
••• La mode du bronze horloger : au dernier SIHH, Panerai confirmait cette tendance, décidément très italienne puisque Anonimo (marque fondée par des anciens de Panerai) et d’autres marques avaient déjà imaginé de tels boîtiers. C’est maintenant au tour de Helson, une jeune marque germano-asiatique, de nous préparer une montre de plongée en bronze, la Shark Diver, intéressante par ses cinq couleurs de cadran...
••• Horodron HD-01 : un concept horloger intéressant, sur une base de design très strict pour une technologie d’affichage de l’heure et du calendrier à base d’encre électronique. Le designer français Jonathan Frey a eu l’idée de loger son Horodron HD-01, qui reprend en grande partie l’idée des montres drivers (pilotes au volant) à lecture latérale, dans un boîtier noir mat aux lignes très étudiées...
••• Le tout petit coffre-fort qui sert d’écrin rotatif aux néo-milliardaires de la nouvelle génération : c’est même de la folie en Californie où, pour l’équivalent de 17 000 euros, on peut s’offrir un mini-safe qui ne contient qu’une montre sur son écrin rotatif ! Signé Döttling (Allemagne), ce Colosimo – nom qui pourrait rendre hommage au fameux gangster Big Jim Colosimo, précurseur d’Al Capone – reprend tous les codes visuels des coffres-forts géants des grandes banques, mais à une échelle qui en fait le plus petit coffre-fort du monde : 16 barres radiales de sécurité et 32 rouages pour le blocage crypté de ce chef-d’œuvre de... « haute sécurithorlogerie »...
••• Beau contingent de marques horlogères espagnoles à Baselworld (en plus de quelques marques de joaillerie) : Carrera y Carrera, Festina-Lotus (groupe Festina), Franc Vila, Marea, Piero Magli (bracelets), Time Force (groupe Valentin), Viceroy-Sandoz (groupe Munreco). Une présence cependant moins forte que les années précédentes, l’industrie horlogère espagnole (180 millions de montres exportées annuellement) souffrant d’une sous-exposition chronique en Asie, mais d’une surexposition en Europe, en Suisse ou aux Etats-Unis, pays à très faible croissance.
••• En parlant d’Espagne, une nouvelle marque (cataloguée # 11/Génération 2011) lancée par l’artiste Bertin Osborne en partenariat avec Cristian Lay, un groupe local d’horlogerie-joaillerie (Badajoz, Espagne), qui a notamment le champion cycliste Alberto Contador sous contrat. Pas de quoi exciter les foules, mais le design est agréable (boîtier tonneau musclé, tout en noir) et les prix très accessibles
••• La nouvelle Edison Alarm Clock est un objet du temps singulier, qui s’autorise une ligne générale de balance d’épicerie pour l’affichage des heures et des minutes par fléaux, mais avec un style d’ampoule électrique pré-industrielle : il faut visser deux ampoules dans les logements prévus à cet effet pour déclencher le réveil (une ampoule pour les heures, une pour les minutes). Joli travail de création, par un designer, David Krawczyk, apparemment fasciné par les ampèremètres et les bulbes d’ampoules électriques...
••• Belle opération d’image de Breitling, qui vient de prendre en charge la restauration – aux couleurs de l’US Air Force et à ses propres couleurs de marque (logo et étoile filante) – du seul Starfighter (Lockheed F-104) visible en Suisse. Un chasseur de légende, qui a équipé de nombreuses armées de l’air européennes. On peut le voir à l’entrée de l’aérodrome de Granges : une façon pour Breitling, marque basée à Granges, de verrouiller un peu plus son territoire symbolique et géographique de marque...
••• La nouvelle collection Wize & Ope, un concept de nouvelle génération (franco-asiatique) qui propose une interchangeabilité totale de la montre, de son bracelet et de son « boîtier » (montants où se glissent le container du mouvement et du cadran, ainsi que les attaches du bracelet). Style fluo monochrome pour un affichage digital ou analogique, avec des personnages récurrents qui accompagnent le quotidien des consommateurs(trices)...
••• Au secours, même Tokyoflash donne dans la montre trois-aguilles ! Pour une marque abonnée aux concepts les plus ébouriffants, c’est une forme de... « révolution conservatrice » : quand Tokyoflash se met à dessiner une montre à trois aiguilles d’apparence analogique (design de l’espagnol Javier), c’est vraiment qu’on a changé d’époque. Heureusement, cette montre n’est pas qu’une trois-aiguilles sinon rien – si c'était le cas, on serait chez A. Lange & Söhne, pas chez Tokyoflash ! Quand on presse le bouton pour afficher l’heure, l’« aiguille » bleue (LED) indique les heures sur un cercle intérieur aux chiffres aléatoires : attention de bien lire. Il ne reste plus ensuite qu’à additionner les pinceaux-aiguilles de LED orange et vert pour calculer le total des minutes. On s’y fait vite...
••• Dates à noter pour l’agenda de la 34e America’s Cup : 7-22 septembre, en baie de San Francisco, le defender (vainqueur de la précédente 33e édition : Oracle) devant alors affronter le vainqueur de la Coupe Louis Vuitton, qui se disputera dans ma même baie, du 13 juillet et 1er septembre 2013...
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••• QUELQUES ARTICLES À SIGNALER POUR UNE REVUE DE PRESSE HORLOGÈRE TOUS AZIMUTS...
••• La reprise de l’expression Wonder Week par L’Agéfi (Suisse), où notre ami Stéphane Gachet l’estime « consacrée par le microcosme du journalisme spécialisé ». Le « microcosme » en question se limitant pour l’instant à Business Montres – qui n’a pas copyrighté le concept et qui n’en revendique certainement pas l’exclusivité, merci pour cette reconnaissance sémantique ! Les conclusions de L’Agéfi à propos de cette semaine genevoise sont d’ailleurs en parfaite phase avec celles de Business Montres...
••• « L’horlogerie suisse et la révolution communiste en Amérique latine » : curieux sujet pour un drôle de blog helvéto-colombien, The Schweizer Columbian Blog, qui donne aussi bien la recette du rösti que les adresses de night-clubs européens qui portent le nom de Pablo Escobar ! Los relojes suizos de la revolución comunista latinoamericana nous raconte les Rolex de Fidel Castro et de Che Guevara (qui a une Swatch à son effigie), ainsi que la Franck Muller et les Victorinox de Hugo Chavez...
••• Un bilan rapide de l’opération VSR lancée par Baume & Mercier au SIHH : deux VSR (Very Special Reporters) ont été invités par la marque à découvrir le SIHH. Nicolas Pittet (agence Details.ch, qui a conçu l’opération) la raconte sur Locita et annonce une Saison 2...
••• « Les montres mécaniques sont-elles dépassées ? » : une analyse de The Independent, qui explore les mystères de la « mentalité Meccano » qui alimente la fascination des hommes pour les mécaniques horlogères...
••• Jean-Christophe Babin raconte sa semaine à Genève et les nouveautés horlogères qu’il présentait dans son « musée automobile éphémère » de l’espace Sécheron, près du GTE : une vidéo d’Espiral.TV qui permettra à ceux qui n’y étaient pas de se faire une idée de ce décor inattendu (02:53 mn). Sur le même sujet : « Hausse de régime pour TAG Heuer » (Louis Nardin, pour Worldtempus)...
••• « Des consommateurs chinois assoiffés de luxe » : constat et analyse de cet « extraordinaire phénomène » par Peter Day dans BBC News Business (Royaume-Uni), à compléter par les déclarations de Zhang Zhifeng, le designer de NE-Tiger, qui affirme que cette marque « est la seule marque de haut luxe chinoise » (source : Jing Daily)...
••• Qui sont les utilisateurs des réseaux sociaux chinois ? Une page très pertinente de Marketing en Chine sur la typologie très ciblée des grands réseaux sociaux, ceux sur lesquels les marques de montres devraient déjà intervenir (Kaixin, Douban, Renren, QQ...
••• Zinézine Zidane en icône écornée : bruit de fond négatif autour de l’ancien champion du monde de football, aujourd’hui déconsidéré par sa pratique du mercenariat publicitaire ou marketing, tantôt prête-nom, tantôt porte-manteau. Attention, les « signaux faibles » se multiplient pour annoncer sa disqualification (lire sur le site du Monde une des nombreuses chroniques à ce sujet)...
••• Les blogueurs au SIHH : c’est la première année que leur présence est aussi massive. Une bon exemple de réaction dans le « Voyage initiative au SIHH avec Van Cleef & Arpels » mis en ligne par Darkplanneur, dont il ne faut pas manquer la seconde partie. Moralité : plus jeunes et moins blasés, ces blogueurs passionnés de montres ont une fraîcheur d’âme et une qualité d’enthousiasme qui transforme en vieux ronchons ergoteurs et capricieux les habituels caciques-stars du journalisme horloger...
••• « Les médias français entre crise des contenus de crise de société » : l’analyse d’un spécialistes des médias, qui met en avant la faible valeur informative, la soumission aux annonceurs et la médiocrité globale du « service » éditorial (blog Enquête et débat). Regard non focalisé sur la presse horlogère, mais est-ce vraiment si différent ? |